23 Mai

Législatives : duel Marine Le Pen-Marion Maréchal dans le Tarn-et-Garonne

Deux lignes politiques qui s’opposent et s’affrontent. Dans le Tarn-et-Garonne, les investitures pour les législatives de 2017 ne vont pas simplement opposer des ambitions et des profils différents. Dans le camp FN, c’est un « duel » entre la ligne Marion Maréchal Le Pen et le Front National version Marine Le Pen qui se dessine. Avec un siège gagnable dans la ligne de mire.

Marion Maréchal Le Pen et Marine Le Pen. Photo @MaxPPP

Marion Maréchal Le Pen et Marine Le Pen. Photo @MaxPPP

La première tendance s’incarne dans la candidature de l’assistant parlementaire de Marion Maréchal, Romain Lopez. Originaire de Moissac, candidat aux régionales et aux municipales, le jeune membre du FN vise l’investiture sur la 2ème circonscription. Une circonscription actuellement détenue par la radicale de gauche, Sylvia Pinel.

Une autre figure locale du Front National est également en piste. Selon plusieurs sources, Valérie Rabassa est candidate à la candidature. La procédure au sein du FN prévoit une phase de pré-selection au cours du mois de mai et la décision finale (prise au niveau national) interviendra en octobre prochain.

Romain Lopez et Valérie Rabassa incarnent les deux facettes du Front National. Comme le précise un cadre du parti, « bien-sûr Romain Lopez est sur la ligne de Marion. Il travaille avec elle« . La ligne Marion Maréchal Le Pen s’affiche à longueur de colonnes et de temps d’antenne dans la presse nationale.

A la différence de sa tante, la benjamine du Front National n’est pas une adepte de la « dédiabolisation » du FN. Un seul exemple. Marion Maréchal Le Pen a récemment déclaré : « Je suis d’une génération un peu saoulée par les valeurs de la République« .

Du côté de Marine Le Pen (qui ne cache pas un certain agacement envers sa jeune nièce), ce genre de propos n’appartient pas à son vocabulaire. La présidente du Front National revendique, au contraire, son républicanisme. Elle se définit même comme plus républicaine que les donneurs de leçons (républicains) du PS ou de LR.

Sur la 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabassa est en phase avec le FN version Marine Le Pen. Ancienne conseillère régionale, venue des rangs de la droite, Valérie Rabassa n’est pas fan de polémique et de sorties tonitruantes. Son concurrent, Romain Lopez, agite Twitter et Facebook avec des déclarations sur Israël et l’élection du premier maire musulman de Londres. Sur Twitter, il lui arrive également de dialoguer avec un ami de Dieudonné, Alain Soral.

Capture d'écran Twitter

Capture d’écran Twitter

Pour un cadre du parti, malgré le parcours de Romain Lopez et le profil de Valérie Rabasse il n’y aura pas de « nationalisation » des investitures dans le Tarn-et-Garonne et de confrontation (par personnes interposées) entre la présidente du FN et Marion Maréchal Le Pen : « La zone d’influence de Marion est dans le Sud Est pas ici« .

Pas évident. Le Sud-Ouest est bien dans une « zone d’influence« . Celle du numéro 3 du FN et compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot. De plus, comment Marion Maréchal pourrait-elle se désintéresser du sort de son collaborateur ? Au delà d’une question de proximité politico-professionnelle, c’est une affaire éminemment stratégique : créer un réseaux de fidèles et peser sur le fonctionnement interne du parti.

Le terrain sur lequel se déroule ce jeu d’influence est loin d’être neutre. La 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne est perçue comme une circonscription gagnable. La sortante est une ancienne ministre de François Hollande. Sylvia Pinel monte au front avec une cible dans le dos : le bilan du quinquennat. De plus, le crépuscule du système Baylet et les bons scores du FN aux régionales, aux départementales et aux municipales dopent les enjeux.

Le Front National est persuadé qu’il peut remporter un siège. Marine et Marion ont toutes les raisons d’entrer dans le jeu tarn-et-garonnais.

Laurent Dubois (@laurentdub)

21 Mai

Loi Travail : le domicile de Jean-Michel Baylet tagué

Rude semaine pour les deux figures régionales du PRG. Mardi 17 mai, la permanence parlementaire de l’ancienne ministre et présidente des Radicaux de Gauche a été murée par des syndicalistes de la CGT. Deux jours plus tard, le jeudi 18 mai, une réunion toulousaine présidée par Sylvia Pinel a dû être annulée suite à l’invasion de la salle.

Jean-Michel Baylet, président du PRG

Jean-Michel Baylet.

Ce n’est pas plus calme du côté de Jean-Michel Baylet. Les murs du domicile tarn-et-garonnais de l’ancien président du PRG et actuel ministre ont été tagués dans la nuit du 19 au 20 mai.

Des inscriptions (« Loi El-Khomri Baylet, vendu, démission« ) sont apparues sur l’enceinte de la demeure de Jean-Michel Baylet à Valence d’Agen. L’opération n’a pas été revendiquée. Elle n’est pas… signée.

En revanche, la CGT revendique publiquement et ouvertement le murage de la permanence de Sylvia Pinel. Le syndicat reproche à la députée du Tarn-et-Garonne d’avoir laisser passer l’utilisation de l’article « 49-3 » (permettant l’adoption sans vote d’un texte) par le gouvernement.

Permanence parlementaire de Sylvia Pinel à Castelsarrasin

Permanence parlementaire de Sylvia Pinel à Castelsarrasin

Du côté des tagueurs de Valence d’Agen, l’opération nocturne n’est pas seulement anonyme. Elle sera restée « discrète ».

Selon nos informations, des véhicules de gendarmerie et de la police municipale sont intervenus et les services municipaux ont rapidement effacé les inscriptions.

Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Mai

Le rapporteur public demande au Conseil d’Etat d’annuler l’élection de Dominique Reynié aux régionales

INFO FRANCE 3 MIDI-PYRENEES – Lors de l’audience sur le recours dirigé contre l’éligilité de Dominique Reynié, tête de liste des Républicains aux élections régionales en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées en décembre dernier, le rapporteur public a demandé l’annulation de l’élection du candidat.

reynie

Après son élection comme tête de liste, après sa campagne électorale, après sa défaite face à Carole Delga (PS), devancé par Louis Aliot (FN), et après sa désignation comme président du groupe d’opposition de droite au Conseil Régional, Dominique Reynié avait ce mercredi 18 mai un autre rendez-vous, d’importance : l’audience au Conseil d’Etat concernant le recours contre son élection.

C’est le sénateur de l’Hérault Jean-Pierre Grand, opposant à Dominique Reynié au sein de sa famille politique des Républicains, qui avait introduit ce recours. Le sénateur s’était insurgé contre la désignation du professeur de science politique en avril dernier. Il s’était notamment interrogé sur l’éligibilité de Dominique Reynié, inscrit sur les listes électorales à Onet-le-Château (Aveyron).

Cette information, révélée par le blog politique de France 3 Midi-Pyrénées en octobre dernier, avait secoué la campagne des Régionales. Suite à ces révélations, Dominique Reynié a fourni à France 3 des documents attestant de sa « résidence » à Onet, hébergé chez sa mère, en présentant notamment un bail de location. Or nous avions également révélé qu’un avocat qu’il avait consulté lui avait conseillé en mai 2015 de « prendre un bail » à Onet afin de régulariser sa situation. Pourquoi lui demander en mai de prendre un bail s’il en avait déjà un en mars ? Simple problème de concordance de date ou document anti-daté ?

Juste après les élections, le sénateur Jean-Pierre Grand a déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre l’élection de Dominique Reynié. Après plusieurs mois d’instruction, l’audience s’est déroulée ce mercredi 18 mai et le rapporteur public a demandé au Conseil d’Etat d’annuler l’élection de Dominique Reynié. 

Les mots utilisés lors de l’audience ont été particulièrement sévères. Le rapporteur public a parlé de « domiciliation fantôme » et de « contrat de convenance » au sujet du bail de location signé entre la tête de liste régionale et sa mère. 

Les conclusions présentées par le rapporteur public ne valent pas arrêt de la plus haute juridiction administrative française. L’affaire a été mise en délibéré. Les magistrats rendront leur décision dans les deux à trois semaines. Mais, dans l’immense majorité des cas et particulièrement en matière électorale, le Conseil d’Etat suit l’avis du rapporteur public.

Suite à l’audience devant le Conseil d’Etat, Dominique Reynié a réagi par le biais d’un communiqué de presse. L’élu régional prend acte de la demande d’annulation de son élection mais il « s’abstient de tout commentaire jusqu’au délibéré de la décision (qu’il) espère favorable« .

Dans quelques semaines, Dominique Reynié pourrait se retrouver privé de son mandat régional. Le groupe d’opposition de la droite et du centre au Conseil Régional risque de perdre son président. Un nouveau scrutin interne se profile peut-être à l’horizon.

En attendant, Dominique Reynié annonce qu’il « considère devoir suspendre (sa) participation aux prochaines séances (du) Conseil Régional ».

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valéry (@fabvalery)

13 Mai

Loi travail : le PS de Haute-Garonne se prononce contre l’usage du 49-3

Manuel Valls à l'assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Manuel Valls à l’assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Le Conseil Fédéral du Parti Socialiste de Haute-Garonne a adopté jeudi soir une motion contre l’usage par le gouvernement de l’article 49-3 pour faire passer le projet de loi El Khomri de réforme du code du travail. Une motion adopté à l’unanimité du conseil fédéral (qui est un peu le parlement du PS de Haute-Garonne), réuni exceptionnellement à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne) à l’occasion de l’inauguration d’une exposition sur François Mitterrand (qui, soit dit en passant, est le chef de l’Etat sous lequel le 49-3 a été le plus utilisé !).

Cette motion, que nous nous sommes procuré, évoque « un profond regret de voir le gouvernement avoir recours au 49-3 » privant ainsi « ce texte aux conséquences majeures pour les droits des salariés, de la poursuite du travail parlementaire entamé« .

Cette motion est purement symbolique et les mots y sont soigneusement choisis pour ne pas se positionner trop violemment face au gouvernement. D’ailleurs, les socialistes de Haute-Garonne en profitent pour demander l’ouverture d’une réflexion sur les institutions de la Vème République.

Ce n’est pas la première que le PS de Haute-Garonne se démarque officiellement du gouvernement de Manuel Valls. Déjà, en mars, le conseil fédéral avait adopté une motion contre la loi El Khomri. Un peu plus tôt, les socialistes de Haute-Garonne, avaient pris position contre la déchéance de nationalité.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

12 Mai

Grande région : l’opposition demande des comptes à Carole Delga sur le coût de la fusion

La lettre est arrivée sur le bureau de Carole Delga mercredi 11 mai . Dans ce courrier, Elisabeth Pouchelon demande des comptes sur le coût de l’assemblée plénière du 15 avril dernier et sur le montant des travaux dans les hémicycles toulousain et montpéllierain. La conseillère régionale (LR) souhaite obtenir la communication de factures et de devis.

maxnewsworldthree091662

60.000 euros pour la plénière du 15 avril. 10 millions d’euros concernant un (éventuel) agrandissement de l’hémicycle montpelliérain. 8 millions s’agissant d’un (virtuel) aménagement de l’enceinte toulousaine. Les montants ont été communiqués par la présidente de Région. Ce chiffrage ne suffit pas à Elisabeth Pouchelon : « Je vous demande de bien vouloir me communiquer tous les éléments comptables permettant de chiffrer les prestations réalisées à Montpellier mais également l’ensemble des demandes pour l’évaluation des travaux d’aménagement des deux hémicycles ». 

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, l’Hôtel de Région déclare : « nous sommes en pleine préparation du budget, la comptabilité analytique n’est pas vraiment notre priorité ». Néanmoins, la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) range dans la catégorie des documents communicables « l’ensemble des documents comptables, des pièces liées à l’exécution des dépenses« . L’autorité administrative indépendante cite comme exemple : «  les factures, les mémoires« . Les seules restrictions concerne le secret commercial ou professionnel ainsi que les brevets. Ces deux limites ne sont pas opposables s’agissant de la location d’une salle et des services annexes.

Elisabeth Pouchelon risque de devoir attendre. Sa demande n’est (visiblement) pas prioritaire. Néanmoins, sa requête est juridiquement fondée. De plus, un blocage ou une rétention volontaire d’information est difficilement imaginable. Cela cadrerait mal avec la politique de transparence affichée par Carole Delga.

C’est du côté des devis pour les travaux à Toulouse et Montpellier qu’il existe une inconnue. Ce type de document entre dans la catégorie des documents communicables. Encore faut-il qu’ils existent.

En Midi-Pyrénées, Martin Malvy a lancé, avant la fin de son dernier mandat, une étude. L’ancien président pensait normal et naturel que la future assemblée régionale de la Grande Région se réunisse à Toulouse. Martin Malvy a donc signé le 25 juin 2015 une convention afin d’établir une simulation graphique d’un nouvel hémicycle. Un nouvel hémicycle capable d’accueillir 158 élus. Les 8 millions d’euros de travaux annoncés par Carole Delga reposent donc (visiblement) sur des études menées par les services ex-midi-pyrénéens. En revanche, du côté de Montpellier, aucune information concernant d’éventuels devis. A la fin du mandat de l’ancien président de l’ex-Languedoc, son cabinet affirmait n’avoir lancé aucune étude prospective. Mais la situation a peut-être évolué dans les toutes dernières semaines de la présidence Alary.

La demande d’Elisabeth Pouchelon apportera (peut-être) une réponse.

Laurent Dubois (@laurentdub).

11 Mai

Grande Région-Fusion : la grogne monte chez les agents et les fonctionnaires

 En février dernier, la CGT-Région a dégainé la première. C’est le second tract syndical qui dénonce les conditions de la Fusion entre les deux ex-régions, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Mais le coup de sang de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) prend une dimension particulière. Comme le précise un vieil habitué de l’Hôtel de Région, « si la CFDT commence à bouger, c’est que ça secoue vraiment. C’est très, très rare que ce syndicat plutôt conciliant monte au créneau ».

Hôtel de Région - Toulouse

Hôtel de Région – Toulouse

Le syndicat (toulousain) n’a pas l’image d’un « agitateur-agité ». Au contraire. « La CFDT a permis un atterrissage en douceur à la fin du mandat Malvy alors que des avantages pour les agents et les fonctionnaires ont été supprimés » déclare une source.

Visiblement, le début du mandat de Carole Delga ne bénéficie pas de cette entente cordiale. Dans un paragraphe consacré à la réorganisation des services, la CFDT écrit : « officiellement le nouveau exécutif concentre ses efforts sur le fonctionnement des Directions, sans rupture de service…Des rumeurs courent sur le partage de compétences et de responsabilités (ressources humaines, agriculture, tourisme) entre chacun des deux sites (ndlr Toulouse et Montpellier) sans y associer à ce stade les organisations syndicales ».

Autre sujet de préoccupation la mobilité géographique et les déplacements entre Toulouse et Montpellier :  » La présidente s’est engagée à ne pas prescrire de mobilités géographiques, mais la frontière entre le forcé et le fortement suggéré est ténue…De plus, les nombreux déplacements des agents subissent depuis janvier, peuvent s’apparenter à de la « mobilité forcée ». Ils génèrent du stress, de l’anxiété, de la fatigue et ont des répercussions sur la vie familiale et personnelle« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

10 Mai

Idex : la présidente de l’Université de Toulouse demande un entretien à Manuel Valls

La présidente de l’Université de Toulouse, Marie-France Barthet interpelle le premier ministre. Elle a écrit à Manuel Valls au sujet de l’exclusion des 3 universités et 17 grandes écoles toulousaines du projet Initiative Excellence. Un projet Idex dans lequel établissements d’enseignements supérieurs et laboratoires de recherche de la ville Rose étaient engagés depuis 2013.

Marie-France Barthet (Photo : MaxPPP)

Marie-France Barthet (Photo : MaxPPP)

Dans la lettre adressée à Matignon et que France 3 Midi-Pyrénées a pu consulter, Marie-France Barthet emploie des mots forts. La présidente de l’Université de Toulouse exprime « une incompréhension totale suite à la décision de l’arrêt brutal de l’idex » et justifie son courrier par le « souhait d’exprimer les raisons de la perplexité »

Marie-France Barthet ne comprend pas pourquoi le jury international (à l’origine du retrait de Toulouse de l’Idex) « a ignoré la convention signée avec l’Etat« . Une convention qui remonte à 2013 et qui a été signée avec le premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Marie-France Barthet estime que l’accord avec l’Etat a été totalement respecté et intégralement appliqué : « nous avons pleinement rempli en temps et en heure les objectifs que vous nous aviez assigniez tant du point de vue institutionnel que pour la réalisation des programmes scientifiques« .

Marie-France Barthet dénonce le modèle mis en avant par le jury international (la fusion) et estime que l’imposition de ce canevas suscite « un trouble profond dans la communauté universitaire« . La présidente de l’Université de Toulouse précise que la rigueur du jury handicape lourdement le site toulousain : « une priorité à la fusion des universités nous demande de nous amputer de la richesse de nos grandes écoles (ndlr : conformément aux textes en vigueur le modèle d’une fusion ne permet pas d’inclure une grande école) ».

Marie-France Barthet a « besoin de connaitre le choix du gouvernement » et si, effectivement, comme l’exige le jury international, le seul moyen pour Toulouse de réintégrer l’idex passe par une fusion.

La présidente de l’Université de Toulouse termine son courrier en sollicitant un entretien avec le premier ministre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

09 Mai

Un deuxième député PS refuse de voter la loi El-Khomri

Semaine décisive pour la loi El-Khomri. Les débats reprennent ce lundi 9 mai, à 16 heures et un vote doit intervenir jeudi. Les députés de la Grande Région remontent sur Paris et un deuxième parlementaire socialiste annonce qu’il votera contre le projet du gouvernement. Après le gersois Philippe Martin la semaine dernière, c’est au tour de l’Audois Jean-Claude Perez.

Assemblée Nationale - Paris

Assemblée Nationale -Paris

Le brouillard est épais. Mais l’écueil est clairement identifié. Le gouvernement ignore si la loi El-Khomri pourra être votée. En revanche, Manuel Valls sait parfaitement ce qui bloque et menace d’engloutir la réforme du travail. Il s’agit de l’article 2 sur les accords d’entreprise. Aubrystes et Frondeurs refusent catégoriquement d’entériner ce nouveau dispositif. Jean-Claude Perez est (comme Philippe Martin) un fabiusien. Néanmoins, il partage le point de vue de la gauche du PS : « Depuis la semaine dernière, je me suis aperçu (ndrl : après le passage en commission des affaires sociales) de deux points durs : la période de licenciement de 6 mois et la hiérarchie des normes ». 

La hiérarchie des normes, c’est précisément le sulfureux article 2 et les accords d’entreprise. Le projet de loi prévoit que les accords concernant l’organisation du travail seront négociés au niveau de chaque entreprise (en relation directe avec le patron) et non plus au niveau des branches (dans lesquelles les syndicats sont plus présents et plus influents).

A l’image de Philippe Martin, Jean-Claude Perez insiste : « Je me suis décidé tout seul, comme un grand et je n’ai besoin de personne. Je ne suis pas un frondeur. J’ai voté 97% des projets de loi ».

Frondeur ou non, l’arithmétique a ses lois. Une (nouvelle) voix de moins c’est une adoption qui devient de plus en plus improbable.

Laurent Dubois (@laurentdub)

06 Mai

La Grande Région fait son cinéma

Tournage d’un film sur Pierre-Paul Riquet (2015) au château de la Réole ©MaxPPP

Une madame cinéma vient d’être nommée à l’hôtel de Région. Il s’agit de l’ancienne vice-présidente à la culture de Georges Frêche, Josiane Collerais. Mission : faire un état des lieux des sites de tournage. Cette prospection pourrait être la première étape avant la création d’une agence régionale. 

Des projecteurs et des figures du petit ou du grand écran sur les Larzac ou dans les rues de Nîmes. C’est un spectacle que souhaite développer la nouvelle présidente de région, Carole Delga. Il ne s’agit pas simplement d’exporter l’image de la Grande Région mais aussi d’alimenter l’économie du territoire. Un téléfilm ou un documentaire, c’est une publicité géante et vivante pour les paysages de Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées. Mais c’est également une manne financière. L’exploration et l’exploitation du filon de la filière cinéma/documentaire/courts-métrages est le cahier des charges de Josiane Collerais. Candidate (sortante) aux régionales dans les Pyrénées-Orientales, l’ancienne élue a dû quitter l’hémicycle en raison d’une place (8eme) non-éligible au second tour. Josiane Collerais espérait conserver sa vice-présidence à la Culture et au Patrimoine. A défaut, elle revient dans le jeu culturel.

Un jeu qui n’est pas à somme nulle. En 2015, l’ex-Languedoc a engrangé 9,2 millions d’euros grâce à 598 jours de tournage. La même année, sur Toulouse et dans ses départements limitrophes, 4 longs métrages et surtout des documentaires ont rapportés 9 millions d’euros. Les deux ex-régions sont sur les mêmes « enveloppes ». Néanmoins, différence de taille, du côté de Montpellier, les jours de tournages sont plus nombreux. La raison du succès porte un nom : Languedoc-Roussillon Cinéma.

Comme le précise un journaliste montpelliérain, Benjamin Téoule :  » La culture c’est surtout donner du pognon et distribuer des subventions mais Languedoc-Roussillon Cinéma, c’est une vraie réussite en pleine expansion« . En ex-Midi-Pyrénées, il existe depuis 1984 un fonds d’aide à la création audiovisuelle. Mais, malgré le souhait des professionnels du secteur, il n’existe pas d’agence régionale sur les bords de la Garonne. Selon une source, la mission de Josiane Collerais pourrait réparer cette lacune en ouvrant la porte à la création d’une grande agence sur la Grande Région. 

L’émergence de cette nouvelle structure correspond incontestablement à une attente et même à un besoin. Mais son lancement risque de se heurter à des résistances ou du moins à des réticences internes. Internes au Conseil Régional. Depuis le début du mandat, des passes d’armes opposent le président de la commission Culture (par ailleurs très introduit et actif dans le milieu du cinéma), Serge Regourd et la vice-présidente en charge de la Culture, Dominique Salomon. Il n’est pas certain que l’entrée en scène d’un troisième acteur (en la personne de Josiane Collerais) calme le jeu.

La future superproduction régionale pourrait s’intituler : peaux de bananes à Ok Corral.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

03 Mai

Toulouse-Université-Perte Idex : incompréhension et contestation

Des millions d’euros perdus et une dynamique brisée. Le retrait du label « Idex«  met la communauté universitaire toulousaine en émoi. Une émotion teintée d’incompréhension et même de colère. La décision du jury international retirant Toulouse du dispositif Initiative Excellence est jugée partielle pour ne pas dire partiale.

Le jury (indépendant du gouvernement mais nommé sous la présidence Sarkozy) a refusé de tenir compte d’une convention signée entre Toulouse et l’Etat. Les membres du jury ont (délibérément) exclu du dossier toulousain une pièce qui permettait de maintenir la ville rose dans le projet Idex. Selon nos informations, le gouvernement partage l’étonnement des universitaires toulousains.

Université du Mirail-Photo @MaxPPP

Université du Mirail-Photo @MaxPPP

En 2012, Toulouse obtient la possibilité d’évoluer vers une fédération. Cette formule permet de tenir compte des spécificités du site toulousain : 3 universités et 17 grandes écoles. La plupart des laboratoires de recherche  « mutualisent » des ressources humaines et des moyens entre universités et grandes écoles. De plus, les autorités de tutelle des grandes écoles vont du ministère de la Défense, en passant par celui de l’Agriculture ou de l’industrie. Face à ces spécificités toulousaines, le modèle fédératif (respectueux des particularismes des différents partenaires) apparaît comme la meilleure solution.

En 2013, les chercheurs et les universitaires toulousains entrent dans le dispositif Idex. Problème. Ils s’engagent à évoluer vers une fusion : une université pivot sur laquelle les autres établissements viennent se greffer. Mais le passage de la fédération à la fusion ne cadre pas avec le site toulousain.

Toulouse obtient alors de l’Etat que l’université toulousaine continue sur la base d’un modèle fédéral. Le jury international ne l’entend pas de cette oreille. Il s’arc-boute sur le modèle de la fusion. D’ailleurs, parmi les 3 universités qualifiées, deux sont des fusions « intégrales » et Bordeaux est une fusion partielle.

Juridiquement le jury international est indépendant du gouvernement français même s’il est financé par lui. Il n’est pas obligé de retenir une convention portant la signature du premier ministre français. Mais son rigorisme méthodologique (une fusion sinon pas d’Idex) fait grincer de nombreuses dents.

La perte du label Idex n’est pas simplement une mauvaise nouvelle pour l’université toulousaine. C’est également une belle couleuvre à avaler pour le gouvernement français. Manuel Valls a dû annoncer une décision qui foulait au pied un accord signé par son prédécesseur à Matignon.

Laurent Dubois (@laurentdub)