Un duel inédit. Pour la première fois depuis 25 ans, deux candidats se disputent la présidence du PRG. L’ancienne ministre et actuelle députée du Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel est confrontée à la candidature surprise du secrétaire national du PRG en charge de l’Économie, Guilhem Porcheron.
Mercredi 20 juillet, les instances nationales du parti vont valider les candidatures à la présidence du PRG. Pour franchir ce cap et se présenter au scrutin de septembre prochain, les concurrents doivent franchir une haie : le soutien de 10 fédérations départementales ou de 600 militants.
L’importance de l’obstacle aurait dû verrouiller l’élection interne et réduire la compétition à la candidature unique de Sylvia Pinel. Une candidature soutenue par Jean-Michel Baylet. Mais un homme d’affaire de 60 ans, encarté depuis 30 ans, vient troubler le jeu.
Selon nos informations, Guilhem Porcheron a obtenu le sésame : le parrainage d’une quinzaine de fédérations et parmi elles des fédérations de poids. Plusieurs parlementaires ont également exprimé leur soutien. Le 23 mars dernier, lors d’un comité directeur, Guilhem Percheron a officialisé sa candidature à la candidature. Violente colère de Jean-Michel Baylet.
Suite à son entrée au gouvernement, Jean-Michel Baylet a laissé l’intérim de la présidence de son parti à sa dauphine, Sylvia Pinel, l’ex-ministre du logement qui est aussi la première vice-présidente de la région Occitanie. L’intérim avait une vocation : devenir définitif au terme du Congrès de septembre prochain.
Cette issue (écrite d’avance) est contrariée par l’irruption subite d’une candidature alternative. Guilhem Porcheron est parvenu à recueillir les parrainages nécessaires pour se présenter devant les militants. Ce simple fait est un petit tremblement de terre sur la planète PRG.
Certaines candidatures sont de vraies-fausses candidatures. Elles servent à donner l’illusion d’une élection ouverte mais sont en réalité téléguidées. Pendant un temps, le nom du secrétaire général du parti, conseiller à Matignon auprès de Manuel Valls, a circulé. Mais, comme le décrypte un historique du PRG, « Guillaume Lacroix a joué un jeu avec la complicité de Jean-Michel Baylet en laissant croire qu’il envisageait une candidature dans le but de rendre impossible celle de Mézard (NDLR président du groupe RDSE) ».
Du côté du candidat-surprise pas de billard à plusieurs bandes. Guilhem Porcheron n’appartient pas à la « famille ». Le PRG est géré par quatre personnalités : Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel, Guillaume Lacroix et Patrick Molinoz. Guilhem Porcheron n’appartient pas ce club très fermé. Il n’a jamais eu (à la différence du quatuor de tête) de mandat local ou national. Après des études à Sup de Co Paris, ce Versaillais d’origine a travaillé dans la finance avant de diriger la station de Tigne et l’enseigne Jardiland.
Guilhem Porcheron, c’est un anti Sylvia Pinel. Selon un de ses proches, sa candidature n’est pas « contre quelqu’un » mais pour « proposer quelque chose« . Néanmoins, en terme de parcours, difficile d’imaginer plus opposé. Après des études de droit à Toulouse Sylvia Pinel a construit toute sa carrière politique et sa trajectoire professionnelle sous l’aile de Jean-Michel Baylet dans le Tarn-et-Garonne. Guilhem Porcheron, lui, a posé son attaché-case notamment en Amérique Latine et en Afrique anglophone.
Politiquement, les deux candidats sont également aux antipodes. L’ancienne ministre de Manuel Valls est sur la ligne Baylet. Un soutien ferme à François Hollande. Lors d’un comité directeur, Jean-Michel Baylet est interpellé sur son suivisme à l’égard de l’Elysée. Réponse tonitruante : « il faut être derrière et ceux qui ne veulent pas suivre sont des traîtres. Les traîtres, c’est une balle dans le dos ». Guilhem Porcheron est, au contraire, critique sur le bilan Hollande et il plaide pour une autonomie vis-à-vis du PS.
Pour ou contre un PRG autonome. Fidélité à François Hollande ou droit d’inventaire. C’est entre ces deux lignes contraires (et même incompatibles) que les militants vont (principalement) devoir trancher.
Les idées et les stratégies ne seront évidemment pas seules en piste. Les délices (souvent) empoisonnés de la démocratie interne passent par les fichiers et le contrôle des urnes. Sur ce point, Sylvia Pinel dispose d’atouts indéniables
Laurent Dubois (@laurentdub)