Un texte peut cacher une élection. Derrière le projet de loi El Khomri se trouve une échéance qui se rapproche de plus en plus : les législatives. Les députés le savent parfaitement et agissent en conséquence. Dans une poignée de mois, ils vont se retrouver devant les électeurs.
Dans une circonscription marquée à gauche ou dans une fédération (socialiste) hostile à la réforme gouvernementale, il est dangereux de voler au secours du projet El Khomri. Dans ce contexte, la sortie publique de Philippe Martin (non je ne voterai pas la loi) peut-elle s’analyser comme une candidature (implicite) pour les législatives ?
La fin est programmée. La plus française des spécialités nationales va s’éteindre. Le cumul des mandats doit disparaître en 2017. Le texte a été voté au milieu des grincements des dents et dans la douleur. Mais il a été voté. Le député-président (ou membre) d’un exécutif est une espèce politique en voie de disparition. Député-patron d’un département, d’une ville ou d’une région, il va falloir choisir. Un choix qui s’impose notamment à Philippe Martin. Président du Gers et député de ce même département, l’ancien ministre de l’Ecologie va devoir abandonner une casquette. Et si son choix était le Palais Bourbon et un nouveau mandat parlementaire ?
Dans la perspective des législatives de 2017, une hostilité affichée à la réforme du travail est un bon calcul.
En effet, le positionnement de Philippe Martin est « raccord ». Raccord avec un électorat de gauche qui affirme (à longueur de sondages et de motions dans les « fédés ») son hostilité à la réforme du travail.
Pour Philippe Martin, c’est simple : « j’ai livré ma position car je trouve plus respectueux de dire au gouvernement ce qu’il en ait et sur quelles voix il peut compter. Je n’apprécie pas les gens qui font durer le suspens. J’ai voté 97% des lois du gouvernement. Je ne me transforme pas en frondeur ». Sur les bancs de l’assemblée, Philippe Martin se rapproche d’une figure régionale de la gauche socialiste, le député de l’Hérault Christian Assaf. Néanmoins, le « fabuisien » de souche réfute toute conversion tardive.
S’agissant d’un coup de billard à deux bandes pour préparer les législatives, Philippe Martin est clair : « Je me prononcerai en septembre. Je vais réfléchir et ceux qui disent savoir à ma place et qui le disent se trompent« .
Laurent Dubois (@laurentdub)