Un remaniement peut en cacher un autre. Le 11 février dernier, François Hollande a remanié son équipe gouvernementale. Suite à cette valse des maroquins un autre chamboulement pourrait se produire dans le Tarn-et-Garonne. Un chamboulement discret et qui concerne l’équipe parlementaire de l’ancienne ministre du Logement, Sylvia Pinel.
Cet épisode illustre un aspect confidentiel de notre vie politique. Le retour des ex-ministres sur les bancs de l’Assemblée ou du Sénat se traduit (parfois) par des fins de contrat et des collaborateurs qui se retrouvent sans emploi.
C’est ce qui pourrait se produire dans le staff de Sylvia Pinel. Comme tous les parlementaires, l’ex-ministre dispose d’un budget mensuel de 9 504 euros pour salarier 3 collaborateurs. Avant d’entrer au gouvernement, Sylvia Pinel employait 3 salariés. Deux salariés dans sa circonscription à Castelsarrasin et un salarié à Paris.
Sylvia Pinel a demandé à son suppléant, Jacques Moignard de conserver ses collaborateurs. Le député (par intérim) du Tarn-et-Garonne a respecté cet accord. Pendant le bail de 4 ans (16 mai 2012-15 février 2016) de Sylvia Pinel au gouvernement, c’est la même équipe qui est restée en place. D’ailleurs, comme le précise, un vieux routier du Tarn-et-Garonne, «il n’y a quasiment pas eu de contact entre Pinel et Moignard pendant tout le passage de Sylvia Pinel au gouvernement. Pas un dossier qui circule ou une réunion de travail. En revanche, les assistants parlementaires ont continué à bosser pour la ministre».
Néanmoins, malgré cette proximité entre Sylvia Pinel et ses assistants parlementaires, les contrats de travail sont arrivés à échéance depuis le 31 mars et tous n’ont pas été renouvelés. Selon nos informations, l’assistant parisien a rejoint un autre employeur tout en restant dans la même «boutique» : le groupe parlementaire RDDP (Radical, Républicain, Démocrate et Progressiste) à l’Assemblée Nationale. Une assistante basée à Castelsarrasin est sans aucune nouvelle de sa «patronne» et se retrouve, de fait, sans emploi.
Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, cette dernière se refuse à faire le moindre commentaire. Elle se contente de ne pas exclure pas un coup de fil (providentiel) de Sylvia Pinel : «tout est possible». La réserve de ce «salarié» contraste d’ailleurs avec le vent de réprobation qui secoue une partie de la gauche Tarn-et-Garonnaise. Un élu déclare : «Sylvia peut très bien se séparer de sa collaboratrice mais elle doit le dire et le faire proprement. Ce n’est pas une méthode. C’est bien joli de parler des valeurs humanistes. Mais encore faut-il les appliquer et ne pas faire des leçons aux autres ».
Les péripéties autour du staff parlementaires de Sylvia Pinel sont banales. C’est loin d’être la face la plus obscure des «patrons-députés» ou des «employeurs-sénateurs». Violation du code du Travail. Emplois fictifs. Recrutement familiaux. Détournement d’argent public. L’emploi d’assistants parlementaires (recrutés librement par les représentants de la Nation et payés par les Assemblées) tombe parfois dans la rubrique «faits divers».
Le cas de Sylvia Pinel rappelle « simplement » qu’il existe dans la Tarn-et-Garonne comme ailleurs en France une poignée de salariés (3043 en 2013) qui exercent un drôle de métier. Un métier qui fait rimer flexibilité avec insécurité. Un métier dans lequel les patrons ne sont ni de droite ni de gauche.
Laurent Dubois (@laurentdub)