158 élus pour un hémicycle de 67 places. C’est mathématique. L’Hôtel de Région de Montpellier est trop petit pour accueillir le nouveau conseil régional.
Les deux premières assemblées plénières se sont déroulées à Toulouse. Mais la troisième est implantée, ce vendredi 15 avril, à Montpellier. Cette implantation inaugure une installation (pérenne) dans la préfecture languedocienne. Une fois par trimestre, quatre fois par an, d’autres sessions vont se dérouler.
Il était possible de faire tourner les bétonnières et de construire un nouveau bâtiment.
Carole Delga a choisi la solution d’une location. Les salles sont louées auprès d’une société, Montpellier Events, présidée par le président de Montpellier Méditerranée Métropole, Philippe Saurel.
La formule est présentée comme économique. Mais combien va coûter cet hébergement temporaire ? Un hébergement temporaire qui, d’ailleurs, va durer tout au long des 6 ans de mandat.
S’agit-il vraiment d’une économie ?
A la location de la salle, il faut ajouter des frais connexes : restauration, installations techniques pour enregistrer la séance, micros, tables, chaises et autres accessoires indispensables à la tenue d’une assemblée plénière. Certaines dépenses sont d’ailleurs obligatoires et imposées par la Loi. Notamment l’aménagement d’un espace réservé au public (art L 4132-10 du Code Général des Collectivités Locales).
Le coût de l’opération, comme l’ensemble des dépenses liées à la Fusion, est sensible. L’opinion publique est allergique à la gabegie et un des critères de réussite de la présidence Delga sera la maîtrise des cordons de la bourse.
Le montant de l’enveloppe pour les assemblées plénières est un des dossiers qui va peser dans la balance.
Est-bien géré par la présidence de la région ? Réponse en chiffres.
60 000 euros. C’est le chiffre donné en conférence des présidents par Carole Delga, lundi 11 avril. A la demande de Gérard Onesta, la présidente de Région a précisé le détail de l’enveloppe. Selon Carole Delga, la somme intègre l’ensemble des dépenses concernant la tenue de l’Assemblée Plénière : salle, sono, repas, parking….
Carole Delga n’a pas précisé que les 60 000 euros incluent également les frais d’hostellerie et de déplacements des conseillers régionaux. Des frais calculés et publiés dans une précédente enquête (Combien coûte un conseiller régional version Grande Région ?) du Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées.
D’après nos informations, la Région loue un auditorium du Corum au tarif habituel : 3 348 euros HT. Il s’agit d’un tarif (journalier) applicable à tous les clients de Montpellier Events. Mais le volet « immobilier » ne se limite pas à l’auditorium Einstein. Des salles annexes sont également mis à disposition : Joffre A, B et D pour un coût de 583 euros HT la journée.
A cela, il convient d’ajouter les frais de restauration, la sécurité, les moyens techniques de diffusion et d’enregistrement de la séance…
Pour l’ensemble de la mandature, Gérard Onesta chiffre le coût de l’ensemble des « Plénières » à 1,5 million d’euros.
Ce montant justifie largement, selon le service de presse de la Région, une dépense qui est présentée comme une économie. En effet, la location d’une salle évite de construire un nouveau Conseil Régional. La Région estime que les travaux coûterait 8 millions d’euros à Toulouse et 10 millions à Montpellier.
Ce chiffrage est étonnant. Il sont visiblement artificiellement « gonflés ». Comme le précise un architecte qui connait les bâtiments de Toulouse et Montpellier : « Dans l’hôtel de Région de Montpellier, les travaux sont énormes. L’hémicycle se trouve au neuvième étage. Il faut construire sur le vide et mettre des poutres. La facture peut effectivement coûter des millions d’euros. En revanche, à Toulouse, il s’agit de faire de la menuiserie et un peu de maçonnerie. 8 millions cela parait très cher ».
Le côté « marseillais » de la Région s’explique facilement. Il s’agit de montrer que la formule de la location est la meilleure et que le contribuable y trouve son compte.
L’intention est louable. Mais la méthode est un peu troublante. Inutile de faire flamber le comparatif « location-construction », le différentiel entre les factures de Montpellier Events et celles d’un architecte est clair. La formule la plus économique est indiscutablement dans un provisoire qui va durer.
Une formule économique sur le moyen terme. Le temps d’un mandat. En revanche, sur la longue durée, un projet immobilier pourrait bien être la meilleure option.
Des travaux à Toulouse permettraient d’amortir en moins de 20 ans un investissement dans la pierre.
Seul problème, cette gestion sur la durée, cette projection dans l’avenir se heurte à une promesse électorale de Carole Delga : laisser à Montpellier l’assemblée régionale.
Laurent Dubois (@laurentdub)