Les radicaux de gauche et le parti Radical se mettent autour de la table pour fusionner. Un déjeuner s’est déroulé ce mercredi 30 août à Toulouse.
Après 45 ans de séparation, la ré-union avance. A Toulouse, le rapprochement se prépare activement. Mercredi 30 août, des élus radicaux se sont retrouvés à l’occasion d’un déjeuner. La délégation « Valoisienne » était représentée par son président départemental. Jean-Jacques Bolzan était accompagné par le 1er adjoint du maire de Toulouse, Jean-Michel Lattes. Du côté des radicaux de gauche, le maire de Gruissan et conseiller régional, Didier Codorniou était présent avec le futur ancien maire de Blagnac, Bernard Keller.
Ce casting résume, à lui seul, la nature de la fusion. Jean-Jacques Bolzan siège dans l’opposition au sein de l’assemblée régionale. Bernard Keller et Didier Codorniou sont membre de la majorité et soutiennent la présidente d’Occitanie, Carole Delga. Que ce soit en Haute-Garonne ou ailleurs en France, c’est la même chose.
Depuis 1972, les radicaux ne sont pas simplement divisés. Ils ont des parcours opposés. En 2002, les « Valoisiens » soutiennent Jacques Chirac. Pendant ce temps, leurs « camarades » du PRG sont derrière l’adversaire de l’ancien maire de Paris, Lionel Jospin. Les « Valoisiens » ont participé à tous les gouvernements de droite : 1986, 1995, 2002. Les radicaux de gauche ont eu des ministères sous des présidents socialistes.
Lors de la dernière présidentielle, Sylvia Pinel a participé à la primaire organisée par le parti socialiste. Après son élimination, la présidente du PRG a soutenu Benoît Hamon. En revanche, l’UDI à laquelle appartient le parti Radical a oscillé entre Macron et Fillon.
Au niveau local, on retrouve le même « schisme ». Jean-Jacques Bolzan a été élu au Capitole grâce à la défaite du socialiste Pierre Cohen. L’élu toulousain a également obtenu un mandat régional en étant sur la liste concurrente à celle de la socialiste Delga. Un liste soutenue par ses « camarades » radicaux de gauche. Dans le Tarn, les Hautes-Pyrénées ou le Lot on peut multiplier les exemples dans lesquels les « frères » radicaux ont été « ennemis ».
Le PRG et le parti Radical ont bien saisi cette évidence historique et politique. Les appareils nationaux et les fédérations départementales repoussent les conséquences locales à plus tard. Pour Jean-Jacques Bolzan l’essentiel est ailleurs : « Il ne faut arrêter. Nous avons plus de choses en commun que de choses qui nous séparent« . Un responsable local des « Valoisiens » est plus prosaïque. Jean-Luc Rivière invoque une raison d’opportunité ou du moins le contexte politique : « Les gens œuvraient dans l’ombre depuis un moment et cherchaient une solution pour ne pas être absorbé par En Marche ».
Au sein du PRG, un cadre évoque des motivations encore plus pragmatiques : « les Valoisiens sont propriétaires de leur siège alors que nous sommes locataires. Il n’y a plus de fric au PRG. En revanche que ce soit en terme de militants ou d’élus, les radicaux de gauche sont les plus nombreux. Après sur le plan idéologique, on peut vraiment dire qu’il y a un projet idéologique. Ce qui sert de prétexte c’est le fait que nous sommes tous européens ».
Quelles que soient les raisons officielles ou officieuses, la fusion est en marche. Samedi 2 septembre, la secrétaire générale du parti Radical, Nathalie Delattre, organisera une réunion à Toulouse. Une semaine plus tard, lors d’une université d’été commune, les deux présidents des deux mouvements radicaux, Sylvia Pinel et Laurent Hénart, vont prononcer des discours.
En décembre, un congrès devrait consacrer la réapparition du plus vieux parti de France.
Une première conséquence pratique sera la constitution de groupes parlementaires au Sénat et l’Assemblée.
Laurent Dubois (@laurentdub)