06 Juil

Trois nouveaux adjoints à la mairie de Toulouse pour cause de cumul des mandats

Pour cause d’entrée en vigueur de la loi anti-cumul des mandats, 3 adjoints au maire devenus parlementaires ont démissionné de leur fonction. Trois nouveaux adjoints ont été élus ce jeudi soir.

FullSizeRender

Les élus du conseil municipal de Toulouse qui ont l’habitude depuis 3 ans de séances marathon de plus de 10 ou 12 heures d’affilées, ont fait une simple apparition ce jeudi 6 juillet. La séance n’a duré que quelques dizaines de minutes, le temps de voter sur la nomination de trois nouveaux adjoints au maire.

Car pour cause d’entrée en vigueur de la loi anti-cumul, la sénatrice LR Brigitte Micouleau et les deux nouveaux députés LREM Elisabeth Toutut-Picard et Jean-Luc Lagleize ont démissionné de leurs responsabilités d’adjoints au maire (mais restent simples conseillers municipaux).

Pour les remplacer, petit jeu de chaises musicales… glissantes : du 1er adjoint au 7ème, pas de changement. A partir de la 8ème place, celle qu’occupait Elisabeth Toutut-Picard, tout le monde monte d’un cran. Les nouveaux venus dans l’équipe occupent donc les 3 dernières places : 24, 25 et 26ème adjoints au maire.

Le casting a été soigneusement choisi (même si c’est officiellement sur candidature) : Bertrand Serp (LR), Christine Escoulan (société civile) et Jacqueline Winnepenninckx-Kieser (MoDem) sont les 3 nouveaux adjoints.

Un dosage méticuleux au sein de la majorité de Jean-Luc Moudenc. Ils conservent leurs anciennes délégations.

Quant à la répartition des délégations des anciens adjoints, elles sont à la seule discrétion du maire. C’est donc Jean-Luc Moudenc, qui, sans doute à la fin de l’été, avant la rentrée, définira les nouvelles attributions au sein de son équipe. Dans son entourage, on affirme qu’il n’y aura pas de « révolution ».

Sans doute, mais la réorganisation d’une équipe municipale est toujours un levier important pour le maire : tel(le) ou tel(le) élu(e) en difficulté sur un dossier peut être discrètement exfiltré. Tel autre promu pour bons et loyaux services.

Réponse sans doute au coeur de l’été. Mais en douceur.

FV (@fabvalery)

Collaborateurs parlementaires : la moralisation, c’est presque ça

Depuis l’affaire Fillon, les collaborateurs parlementaires sont sous les projecteurs. Une liste doit être publiée par l’Assemblée. Mais, en Occitanie, des député(e)s ont fait leur choix.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Soupçon d’emplois fictifs. Recrutement d’enfants ou de conjoint(e)s. Les collaborateurs parlementaires ont défrayé l’actualité ces derniers mois. L’affaire Fillon est à l’origine d’un grand déballage. L’Occitanie n’a pas échappé à cette « lessiveuse » avec, notamment, des doutes sur l’assistant familial d’une ancienne députée du Lot. Pour lutter contre des dérives, Emmanuel Macron a promis, pendant la campagne présidentielle, d’interdire les emplois familiaux. Le texte est actuellement en discussion au Sénat.

Des interrogations autour des recrutements en amis

Sans attendre une réforme législative, l’Assemblée a rendu public, en plein Pénélope Gate, les noms des collaborateurs de la XIVe législature. S’agissant des nouveaux député(e)s et de la nouvelle législature, il va falloir attendre quelques semaines. Les noms des assistants seront mis en ligne avant la fin de l’été. Autrement dit, la transparence interviendra plusieurs mois après l’élection de l’Assemblée 2017-2022. Cela peut paraître long. Mais, comme le précise, un député de la majorité, « les services sont débordés et justifient un certain flottement par l’arrivée massive de nouveaux députés ».

Une autre source parlementaire estime que la divulgation du nom des collaborateurs est « noyée » sous des problèmes pratico-pratiques : l’attribution des bureaux.

A priori, l’identité des assistants parlementaires est moins sensible qu’autrefois. Le vote imminent d’une loi anti-emploi familiaux rend la transparence moins stratégique. Après l’affaire Fillon et avant l’élection d’Emmanuel Macron, le patronyme permettait d’identifier « la femme ou le mari de…. », la fille ou le fils. La pratique du fiston ou de la conjointe doit être prochainement encadrée.

Dans ce contexte, la publicité autour des assistants parlementaires semble perdre de son intérêt. Mais ce n’est pas évident.

La loi n’est pas encore votée et des pratiques peuvent perdurer. Mais, surtout, l’adoption de la loi peut laisser en suspens des problèmes. C’est notamment le cas des « emplois croisés ». Le  » tu emploies ma fille, j’embauche ta femme » peut être un moyen de contourner la future barrière juridique. Dans le projet gouvernemental, les recrutements croisés sont encadrés. Un encadrement relatif. Les conjoints ou enfants d’un(e) député(e) employé(e) par un(e) autre parlementaire doivent simplement figurer dans la déclaration d’intérêt déposée auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.

Le problème des beaux-fils ou des belles filles est également en suspens. S’agit-il d’emplois familiaux et qui, à ce titre, sont interdits ou seuls les liens du sang sont-ils visés ?

Il faut attendre la fin des travaux législatifs pour connaître la réponse. Mais le projet de loi ne prévoyait rien s’agissant des belles familles. Seuls les descendants, les ascendants et les conjoints sont visés.  Les parlementaires vont-ils durcir le cadre ?

En attendant la loi, des recrutements dans le Tarn et Haute-Garonne

En attendant ces éclaircissements, la connaissance de l’identité des collaborateurs parlementaires permettrait de savoir si les nouveaux député(e)s ont « intériorisés » les leçons de l’affaire Fillon. En l’absence de communication officielle de l’Assemblée, France 3 Occitanie a contacté plusieurs député(e)s d’Occitanie pour leur demander le nom et le profil de leurs assistants.

La députée (LREM) de la Haute-Garonne, Monique Iborra précise qu’elle a recruté 3 emplois à temps complet. Une secrétaire et une assistante en circonscription, une collaboratrice à Paris. Députée sortante, Monique Iborra a reconduit son équipe. Peu de temps avant la fin de son précédent mandat, Monique Iborra a arrêté sa collaboration avec sa fille. C’est le staff issu de ce remaniement qui rempile. La député du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault a également bouclé son équipe. Elle continue avec les mêmes collaborateurs.

En revanche, les nouveaux élus sont toujours en recherche de collaborateurs. Les candidatures ne manquent pas. Elles sont nombreuses et correspondent, selon une députée, à des profils. Mais ce vivier ne suffit visiblement à boucler les recrutements. Dans le Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas (LREM) déclare :

Pour l’instant, je n’ai contractualisé qu’avec la personne sur Paris. Pour les deux autres sur ma circonscription, je suis en train de finaliser et ne peux donc rien avancer

Toujours dans le Tarn, le député (LREM) Jean Terlier est également en train de boucler son staff  et joue la transparence :

Je n’ai pas encore finalisé le recrutement de mes collaborateurs. Je communiquerai leur CV dès que cela sera fait

Selon nos informations, plusieurs nouveaux député(e)s envisageraient de recruter comme assistant leur suppléant. Ce serait notamment le cas de trois député(e)s LREM de la Haute-Garonne, Sandrine Mörch, Mickaël Nogal et Corinne Vignon Cette formule pourrait se heurter à la loi sur le rétablissement de la confiance publique. Ce jeudi 6 juillet, le groupe LR au Sénat vient de déposer un amendement afin d’interdire le recrutement des suppléants.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Hausse de la CSG : 8 millions de retraités frappés par une baisse de revenus selon la députée (PS) Valérie Rabault

La députée (PS) du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault, a chiffré l’impact d’une hausse de la CSG. Selon la parlementaire du Tarn-et-Garonne, 8 millions de retraités vont perdre du pouvoir d’achat.

Valérie Rabault, députée de la Tarn-et-Garonne; Photo MaxPPP

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne; Photo MaxPPP

Première séance de questions au gouvernement et première passe d’arme. Mercredi 5 juillet, la députée (PS) Valérie Rabault a interpellé le nouveau ministre des Comptes Publics, Gérald Darmanin, au sujet de la hausse de la CSG. La parlementaire a chiffré le nombre de français qui vont passer à la caisse. Valérie Rabault justifie son calcul par le soucis d’être concret :

Je chiffre toujours pour me rendre compte de l’ampleur des choses. Sur la CSG, je trouve le débat hypocrite. Le gouvernement parle toujours de 1,7% (ndlr : de hausse), c’est un chiffre qui donne l’impression que cela n’aura pas d’impact. La seule façon de prendre conscience des choses est de regarder ce que cela donne en euros sonnants et trébuchants

Durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a promis un « donnant-donnant » : plus de CSG mais la suppression de la taxe d’habitation. Par un effet de vases communicants, les contribuables devaient récupérer du pouvoir d’achat. Lors de son discours de politique générale, ce mardi 4 juillet, le premier ministre a annoncé un maintien, pour une durée indéterminée, de la taxe d’habitation. Pour Valérie Rabault, cet absence de compensation va se traduire par une perte nette :

Au moins 8 millions de retraités, sur près de 14 millions, vont payer plus de CSG. Pour une retraite à 1300 euros par mois cela donne une hausse sur l’année de 265 euros, soit l’équivalent d’une facture d’eau à payer en plus. Pour 2000 euros de retraite, cela donne 408 euros de plus en payer

Selon les chiffres de l’ancienne rapporteure du Budget, plus de la moitié des retraités français sont concernés par une ponction de leur pouvoir d’achat. En Occitanie, 1,1 millions de personnes ont fait valeur leur droit à la retraite.

En revanche, les fonctionnaires et les salariés doivent échapper au coup de guillotine fiscal. Le gouvernement prévoit une réforme des cotisations sociales. Pour les « actifs » du secteur public et privé, la hausse de la CSG sera contrebalancée.

Le député (LREM) du Tarn, Jean Terlier, insiste sur ce point :

La suppression des cotisations salariales sur l’assurance maladie et l’assurance chômage, financée par un transfert sur la CSG, redonnera dès 2018 du pouvoir d’achat à plus de 20 millions d’actifs. Cela représente 250 euros par an au niveau du SMIC

S’agissant des retraités, le représentant tarnais d’Emmanuel Macron conteste l’analyse de Valérie Rabaut :

Une concertation sur la réforme de la taxe d’habitation aura bien lieu dans le cadre du quinquennat. Cette réforme compensera très largement la hausse de la CSG

En attendant une remise à plat, Valérie Rabault et Jean Terlier sont au moins d’accord sur un point : la hausse c’est maintenant.

Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Juil

Mouvement du 1er juillet : Philippe Martin et Pierre Cohen, proches de Benoît Hamon, ne vont pas quitter le PS

Benoît Hamon, en lançant samedi son Mouvement du 1er juillet, a annoncé qu’il quittait le PS. Dans la région, ses proches, notamment Philippe Martin ou Pierre Cohen, vont adhérer au mouvement tout en restant au Parti Socialiste. Explications.

Benoît Hamon le 1er juillet. (Photo : Jacques Demarthon/AFP).

Benoît Hamon le 1er juillet. (Photo : Jacques Demarthon/AFP).

Le départ de Benoît Hamon du PS ne va pas s’accompagner d’une hémorragie de militants ou élus locaux socialistes. A la question allez-vous vous aussi quitter le Parti Socialiste, deux grands élus et proches de l’ex-candidat à la présidentielle, donnent la même réponse : non ! Il s’agit de Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers, ancien député et ancien ministre et de Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse, conseiller municipal et communautaire d’opposition.

« Benoît Hamon nous a réuni, explique Pierre Cohen, avant de faire cette annonce dans son discours samedi pelouse de Reuilly. Il ne demande pas que l’on quitte nous aussi le parti. Et pour une bonne raison : lui a besoin de sa liberté. Il ne veut pas créer un courant de plus au PS ou seulement rénover le parti. Il veut la reconstruction de toute la gauche. Et le PS doit y participer, de l’intérieur ».

En d’autres termes, les élus hamonistes restent au PS pour être des leviers pour l’ex-candidat qui veut recomposer la gauche. Surtout, c’est sous-entendu, en quittant le navire ils laisseraient les clés du camion à la frange la plus centriste du PS. Ce serait jeter le parti dans les bras d’Emmanuel Macron et là, toute recomposition de la gauche, avec les écologistes, les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, le PS et une partie de la gauche serait impossible.

Les adhérents du futur Mouvement du 1er juillet auront donc la possibilité de garder leur carte dans un autre parti. Pour l’instant le mouvement n’en est qu’à ses balbutiements. Il lui faut trouver un statut juridique compatible avec l’appartenance à un parti politique, créer des émanations locales, trouver des référents départementaux. Un travail de longue haleine.

FV (@fabvalery)

30 Juin

Que devient l’ex-députée (LR) de la Haute-Garonne Laurence Arribagé ?

Laurence Arribagé a perdu son siège de députée dans une circonscription jugée imperdable pour la droite. Sa réaction face à un échec brutal et imprévu ?

Laurence Arribagé. Photo AFP J.Demarthon

Laurence Arribagé. Photo AFP J.Demarthon

C’est la première sortie de Laurence Arribagé. Après 10 jours de black-out et de spleen, l’ex-députée de la Haute-Garonne renoue avec son agenda d’élue locale. Jeudi 29 juin, Laurence Arribagé a participé à un conseil communautaire à Toulouse Métropole. En marge de la réunion, l’adjointe au Capitole a confié « aller mieux ». Cet aveu traduit la violence du choc.

Laurence Arribagé a été battue au terme de son premier mandat. Mais, surtout, sa défaite a été une vraie surprise.

Beaucoup pensaient que la circonscription était imperdable. En plus, En Marche ! a mis en face de Laurence une candidate que l’on disait faible. A droite, on pensait même que c’était un cadeau d’En Marche!

Les propos d’un responsable de la droite toulousaine explique la sidération de Laurence Arribagé. Son entourage politique tablait sur une circonscription en « béton armée ». Une circonscription découpée par un ministre de droite, Alain Marleix, pour un candidat local, Jean-Luc Moudenc. Mais Alain Marleix n’avait pas prévu une chose : la vague Macron. Une vague qui a submergé les clivages traditionnels et la vieille distinction entre la droite et la gauche.

Un cadre LR résume parfaitement la situation :

Laurence a fait une belle remontée, de plus de 7000 voix entre le 1er et le 2nd tour. Cela veut dire que notre électorat s’est remobilisé et a essayé de la sauver. Mais ça ne suffisait pas. Corinne Vigon (ndlr concurrente de Laurence Arribagé) a profité à fond de son étiquette et d’une dynamique nationale

Ce dernier point est essentiel et explique la coup de blues (post défaite) de Laurence Arribagé. L’ex-députée a dû céder son siège à Corinne Vignon. La « tombeuse » de Laurence Arribagé a été élue dans un drôle de contexte. Juste avant le 2nd tour des législatives, l’actuelle députée de la 3ème circonscription a fait l’objet d’une procédure judiciaire. Pour un cadre LR, « perdre son siège, c’est dur mais ce faire éliminer par Vignon pour Laurence, c’est juste insupportable« .

La semaine dernière, Laurence Arribagé et son équipe ont passé trois jours dans les cartons pour libérer son bureau parisien. La permanence toulousaine a également dû être vidée. Ces moments ont été éprouvants selon son plus proche collaborateur, Yoan Rault-Wita. Un collaborateur qui, d’ailleurs, envoie des CV pour retrouver un emploi dans le privé.

S’agissant de l’avenir, c’est d’abord un retour à la normale. Après un conseil communautaire ce 29 juin et un conseil municipal, Laurence Arribagé renoue avec la politique. L’élue toulousaine va participer, la semaine prochaine, à un bureau national des Les Républicains. Un bureau national au cours duquel Laurence Arribagé compte « faire entendre sa petite voix ». L’ex-députée se projette également vers la rentrée. Laurence Arribagé va lancer, en septembre, des Etats Généraux. Le but est de préparer… 2020 et les prochaines municipales. Découverte de nouveaux talents et conquête de nouvelles communes.

Laurence Arribagé est touchée. Elle confesse même avoir « beaucoup pleurer » après sa défaite. Mais elle ne sombre pas. Laurence Arribagé veut s’investir à fond dans sa présidence départementale de LR et son mandat municipal.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Mickaël Nogal, un ex-lobbyiste vice-président de la commission économique de l’Assemblée Nationale

Mickaël Nogal, député LREM de la Haute-Garonne, est un ancien lobbyste pour le groupe Orangina Suntory France. Il vient d’être élu vice-président de la commission des Affaires Economiques de l’Assemblée.

Michaël Nogal. Député de la Haute-Garonne. Photo AFP/Samson

Mickaël Nogal. Député de la Haute-Garonne. Photo AFP/Samson

Mickaël Nogal est un des benjamins de l’Assemblée Nationale. Mais le jeune député de 26 ans a une autre spécificité. De décembre 2015 à janvier 2017, c’est-à-dire pendant 1 an et 2 mois, le nouveau député de la Haute-Garonne a défendu les intérêts du groupe Orangina Suntory France. Sur son profil Linkedln, Mickaël Nogal précise sa fiche de poste : stratégie d’influence, représentation auprès des pouvoirs publics, communication corporate.

En soi cette expérience professionnelle n’est pas gênante. Un géant des boissons gazeuses a parfaitement le droit de se dépenser tous azimuts pour écouler sa marchandise. Rencontre avec des élus locaux. Calinothérapie pour écouler du soda. Le lobbying est une activité qui n’a pas bonne publicité. Les lobbyistes sont généralement présentés comme des mercenaires, prêts à tout pour leur business. Mais le lobbying existe et il a même ses entrées dans les palais nationaux.

L’Assemblée et le Sénat prévoient une réglementation « draconienne » pour éviter le trafic d’influence. Les lobbyistes sont priés de porter un badge lorsqu’ils déambulent dans les couloirs ou sont attablés avec un parlementaire. Mickaël Nogal va probablement croiser ses anciens collègues dans ses nouveaux locaux.

Le député de la Haute-Garonne a même toutes les raisons de revoir son ancien employeur… en matière de santé publique. La consommation de sodas joue notamment un rôle dans l’épidémie de diabète qui frappe la population française. Mickaël Nogal peut être amené à voter des textes portant sur la santé publique et ces textes peuvent concerner Orangina Suntory France. Mais Orangina c’est surtout un mastodonte économique. En 2015, l’entreprise a dégagé un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros. Le groupe emploie 42 000 collaborateurs sur les 5 continents. Orangina a toutes les raisons d’apparaître sur l’écran radar des Affaires Economiques de l’Assemblée. Des textes peuvent concerner le groupe multi-national.

Sans parler d’un aspect plus prosaïque mais hautement stratégique. Avoir un ancien directeur des relations publiques au cœur du réacteur économique de l’Assemblée peut faciliter les contacts. Et ouvrir des portes. Juridiquement, rien n’empêche à un ancien lobbyste de devenir vice-président de commission. Mais, politiquement, cela pose question.

Les députés sont tenus de faire une déclaration d’intérêts. Mickaël Nogal va devoir mentionner son ancien employeur et son activité de lobbyiste pour le compte d’Orangina. Cette transparence élémentaire reste toutefois symbolique. En revanche, le signal politique n’est pas anecdotique.

Emmanuel Macron et sa nouvelle Garde des Sceaux, la Toulousaine Nicole Belloubet, vont présenter, dans les prochains jours, un projet de loi pour renforcer la confiance entre les politiques et les citoyens.

En terme d’image, la nomination d’un ancien lobbyste comme numéro 2 de la commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale, ça peut étonner et détoner.

Laurent Dubois (@laurentdub)

29 Juin

Valérie Rabault et le « bateau ivre » de l’Assemblée Nationale

Elle est l’une des rares députées sortantes socialistes de Midi-Pyrénées à être retournée à l’Assemblée Nationale cette semaine. Valérie Rabault, députée socialiste du Tarn et Garonne et ancienne rapporteure du budget revient pour nous sur cette folle semaine au Palais Bourbon.

Valérie Rabault. Photo AFP Eric Piermont

Valérie Rabault. Photo AFP Eric Piermont

Le Blog politique : Revenons tout d’abord sur votre candidature à la Présidence de la Commission des Finances où vous avez échoué ce jeudi. Pourquoi cette candidature ?

Valérie Rabault :Ma démarche reposait sur l’article 39 qui stipule que la présidence de cette commission doit revenir à un membre de l’opposition. Il n’y pas de règlement écrit mais la Vème République a toujours tenu à respecter l’opposition, par son temps de parole et sa représentativité.

Or certaines candidatures étaient plus vicieuses que d’autres à l’image du groupe des « constructifs » qui sur sa déclaration explique pourtant être « dans l’opposition ». Peut-on être « constructifs » et « dans l’opposition » face au gouvernement et à Emmanuel Macron ?

LBP : Mais ce vote était-il biaisé dès le départ ?

V.R : Je ne dirai pas ça… Tout est parti du désordre sans nom au moment de l’élection du poste de questeur hier soir. Au lieu d’élire un Républicain, l’Assemblée a choisi un « constructif », en l’occurrence Thierry Solère. Initialement Les Députés La République En Marche devait participer à cette élection pour la Commission des finances mais suite au pataquès d’hier soir, ils y ont renoncé. En 2012, la majorité (NDR : Socialiste) avait tenu à participer au vote.

Certains ont bien su exploiter les failles »

LBP : Et ça a donc donné le résultat qu’on connaît : l’élection comme président de la Commission des Finances du Républicains « non-constructif » Eric Woerth. Comment avez-vous vécu cette première semaine ?

V.R : Franchement ? J’ai eu l’impression d’être dans un bateau ivre sans commandant à bord. Nous sommes pour l’instant assis par ordre alphabétique et non par groupes politiques. Hier soir, mes voisins, nouveaux députés LREM étaient pour la plupart inquiets et ne comprenaient pas ce qui se passait pendant la suspension de séance de plus de deux heures. Ce n’est peut-être que le début, et il faut leur laisser le temps. Mais hier soir, tout a dérivé. Et puis certains ont bien su exploiter les failles comme Jean-Luc Mélenchon. Il a été malin. D’autres chefs de groupes  expérimentés comme Christian Jacob (LR) sont aussi capables de s’emparer de ces moments de flottement. Quand Claude Bartolone était au perchoir, il avait cette capacité à percevoir quand il fallait s’arrêter ou suspendre. Hier, je le répète, ça a dérivé.

Il faudra maintenant voir comment vont être abordés les dossiers de fond. Mélenchon veut s’imposer comme le seul opposant à Macron, mais ce n’est pas le cas. C’est aussi pour ça que j’ai tenu à me présenter à la Commission des Finances.

On peut encore faire bouger les lignes »

LBP : Dans ces conditions et dans l’opposition, quels sont justement vos objectifs sur cette mandature qui débute ?

V.R : Tout d’abord les volets de fond comme l’augmentation de la CSG. Je pense que sur ce dossier on peut encore faire bouger les lignes. Il y a 55000 retraités en Tarn et Garonne.

Ensuite, il y a les dossiers locaux comme la Ligne Grande Vitesse Toulouse-Paris. Je suis affligée par l’annulation de la déclaration d’utilité publique. Il est indispensable qu’en juillet-août des personnes sérieuses refassent une étude sur l’impact économique de cette ligne. Et puis la SNCF bloque également. Elle devait rendre ses études relatives au projet en janvier pour que nous puissions affiner le coût de la réalisation. Nous les attendons toujours. J’ai écrit à Guillaume Pepy pour le lui dire. Il faut maintenant que le gouvernement s’empare de ce dossier. Nous ne pouvons pas ne pas avancer sur ce projet et laisser pendant que les autres villes et métropoles déjà desservies par le TGV prospèrent.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

Le maire de Beaucaire, Julien Sanchez, futur président du groupe FN au Conseil Régional ?

La présidente du groupe FN au Conseil Régional, France Jamet, va siéger au Parlement Européen. Le nom de son successeur circule : Julien Sanchez.

Julien Sanchez. Conseiller Régional (FN) d'Occitanie; Photo : MaxPPP/Isorel

Julien Sanchez. Conseiller Régional (FN) d’Occitanie. Photo : MaxPPP

Le succès des uns fait le bonheur des autres. Lors des dernières législatives, Louis Aliot a été élu dans les Pyrénées-Orientales. Mais le numéro 2 du Front National disposait déjà d’un mandat parlementaire européen. Ce cumul est impossible et Louis Aliot doit laisser son siège strasbourgeois à sa suppléante. France Jamet va donc connaître prochainement les délices de la ligne Montpellier-Strasbourg. Mais la future députée européenne est elle même en situation de cumul. L’élue frontiste dispose de mandats locaux : la mairie de Montpellier et le Conseil Régional.

France Jamet va devoir démissionner du conseil municipal montpelliérain ou de l’assemblée régionale. Contactée par France 3 Occitanie, France Jamet affirme ne pas avoir fait de choix. L’élue frontiste précise surtout qu’elle a encore du temps pour réfléchir. L’interdiction de cumul intervient 30 jours après l’installation dans le nouveau mandat. France Jamet n’a pas reçu de notification de la part du ministère de l’Intérieur concernant son remplacement de Louis Aliot au Parlement Européen.

La conseillère régionale FN aura, au minimum, jusqu’au mois d’août pour trancher. L’échéancier peut même enjamber la trêve estivale et se clôturer en septembre prochain.

Cela convient parfaitement à France Jamet. « Il est urgent de ne pas se précipiter » déclare la future députée européenne.

Montpellier ou le Conseil Régional, ce n’est pas encore d’actualité. Mais, en revanche, la question de la succession à la présidente du groupe est posée.

Ce jeudi 29 juin doit se tenir la dernière Assemblée Plénière avant les vacances d’été. Le dernier rendez-vous institutionnel est fixé pour la première semaine de juillet.

Mais, selon nos informations, France Jamet doit laisser sa place à Julien Sanchez. 

Le maire de Beaucaire aura en charge la gestion et l’animation du principal groupe d’opposition au Conseil Régional.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

 

Que vont devenir les « éléphants » du PS de Haute-Garonne après leur défaite aux législatives ?

Un ancien ministre, Kader Arif, le numéro 3 du PS Christophe Borgel et l’ex-présidente de la commission des affaires sociales Catherine Lemorton ont été battu(e)s aux législatives. Ils sont à la recherche d’un emploi ou d’une nouvelle vie.

Catherine Lemorton (Photo : AFP)

Catherine Lemorton (Photo : AFP)

La casse est lourde au PS. Plusieurs personnalités n’ont pas résisté aux législatives et ont été battu(e)s dès le 1er tour. En Occitanie, c’est en Haute-Garonne qui concentre le plus grand nombre de « blessés ». Un ancien ministre, Kader Arif, la présidente de la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée, Catherine Lemorton, et le responsable national des élections, Christophe Borgel sont au tapis. La rentrée parlementaire est en cours. Les nouveaux députés intègrent les groupes et les commissions. Une sortante-réélue a tenté de décrocher la présidence des Affaires Sociales. Mais tout ce tohu-bohu se déroule sans Kader Arif, Christophe Borgel et Catherine Lemorton.

Quels sont les projets de ces ex député(e)s ?

Christophe Borgel : une reconversion dans le privé

Les séances de nuit et les réunions rue de Solférino, c’est terminé. Christophe Borgel a perdu son siège de député de la Haute-Garonne. Mais il a également démissionné de ses responsabilités au sein du PS national. Christophe Borgel a anticipé sa défaite aux législatives. Avant le premier tour, le futur ex-parlementaire a demandé à ses collaboratrices de chercher un emploi. Cette anticipation a probablement limité le choc du résultat. Cela explique le rebond quasi-immédiat de Christophe Borgel.

Moins d’une semaine après le 2nd tour, Christophe Borgel a lancé sa reconversion. Dans une autre vie, l’ancien n°3 du PS a été nommé inspecteur général de l’Education Nationale. Mais le corps a été dissous et, depuis 2011, Christophe Borgel n’appartient plus à l’administration. C’est vers le secteur privé que se tourne donc l’ancien député.

Spécialiste de la carte électorale, Christophe Borgel peut difficilement monnayer son expertise auprès d’une entreprise. En revanche, l’ex « Monsieur Election » du PS a un joli carnet d’adresse.

Un poste de directeur des relations publiques est jouable. Même chose s’agissant de la communication. Christophe Borgel est un habitué des médias. Il maîtrise cet univers en tant que « client », face à un micro ou une caméra. Mais il dispose également d’entrées dans les rédactions.

Christophe Borgel ne donne pas de détails sur ses recherches d’emploi. Mais une chose est certaine. Pour Christophe Borgel, c’est une nouvelle vie professionnelle mais aussi personnelle qui commence.

Loin de la politique. Même si le business et la politique ne sont jamais très éloignés.

Kader Arif : « il faut bosser »

Ancien ministre et, depuis le 18 juin, ex-député. Kader Arif a passé 7 ans au Parlement Européen, 2 ans au Palais Bourbon et 22 mois au gouvernement. Mais, désormais, il se retrouve sans mandat et sans emploi. Comme tous les député(e)s battu(e)s, il va percevoir, pendant 6 mois, 100% de son ancienne indemnité parlementaire. Une indemnité qui s’élève à 5 999,80 euros brut par mois. Malgré une confortable assurance chômage, Kader Arif va devoir trouver un emploi :

Il faut rebosser. Je repars à la recherche d’un emploi. Je ne pleure pas. Je ne me plains pas. Beaucoup de gens sont plus en galère que moi. Mais il me reste 5 ans avant de pouvoir faire valoir mes droits à la retraite

Kader Arif reste un militant socialiste. L’ancien ministre précise qu’il participera « à la reconstruction de la famille socialiste ». Mais sa priorité du moment est de trouver un emploi. En Haute-Garonne, une collectivité est particulièrement attentive à la situation professionnelle des « camarades de parti ». Selon nos informations, le conseil départemental du socialiste Georges Méric pourrait « récupérer » les anciens collaborateurs de Kader Arif. En revanche, comme le précise une source, « ce n’est pas vraiment ce que cherche et veux Kader Arif le concernant. En plus ce serait un peu gros ».

Kader Arif a eu une existence professionnelle avant son long parcours politique. Avant d’être repéré par Lionel Jospin, il a travaillé dans un cabinet d’architecte et a été voyagiste.

Catherine Lemorton : le choc

Pendant 5 ans, Catherine Lemorton a présidé la commission des Affaires Sociales de l’Assemblée. Ce poste stratégique lui a assuré une vraie visibilité. Fer de lance de la lutte anti-lobby, Catherine Lemorton a arpenté les plateaux de télévisions et trusté les colonnes des journaux. Localement, le nom de la députée toulousaine circulait pour une éventuelle reconquête du Capitole. Mais cette période d’exposition et cette phase d’ascension ont été brisées nettes.

Le choc a été brutal et, surtout, inattendu. Avant les législatives, Catherine Lemorton était confiante. Preuve de cet optimiste, l’ex-député a vendu les parts de sa pharmacie à son associé. une vente qui, selon Catherine Lemorton, a juste permis de souscrire à deux assurances vies. Pas de quoi vivre de placements. Catherine Lemorton ne se plaint pas et ne parle absolument pas de difficultés matérielles. Son mari travaille et elle bénéficie, comme tous les battus, d’une assurance chômage.

Catherine Lemorton tablait sur une réélection et voulait couper court à toute suspicion. Connue nationalement et localement comme la « députée-pharmacienne », Catherine Lemorton voulait mettre en ordre ses affaires avant un nouveau mandat.

La vague Macron des législatives a  fissuré cet édifice. Catherine Lemorton ne se plaint pas. Mais, pour elle, ce n’est pas encore le moment d’un rebond.

Laurent Dubois (@laurentdub)

RSS