13 Mar

Baylet en marche avec Macron : ça grogne chez les « macronistes » d’Occitanie

Jean-Michel Baylet chez Emmanuel MacronCette perspective suscite une levée de boucliers chez les « macronistes » d’Occitanie.

Emmanuel Macron et Jean-Michel Baylet (photo d'archives : MaxPPP)

Emmanuel Macron et Jean-Michel Baylet (photo d’archives : MaxPPP)

Jean-Michel Baylet n’a jamais caché son intérêt pour Emmanuel Macron. Le 25 avril 1016, lors d’une émission radio, le ministre de l’Aménagement du Territoire déclare :

Ce n’est pas un secret, en ce qui me concerne, la ligne politique d’Emmanuel Macron est assez en harmonie avec la mienne et celle des radicaux.

Depuis cette déclaration, les primaires sont passées par là. La « Macron-compatiblité » de Jean-Michel Baylet est devenue une question hautement stratégique.

La victoire de Benoît Hamon place Jean-Michel Baylet et le PRG face à un dilemme. Respecter la parole donnée et soutenir le vainqueur de la primaire au risque de se retrouver dans le camp du perdant. Etre fidèle à la fibre « macroniste » de Jean-Michel Baylet et de la majorité (écrasante) des radicaux et renier l’engagement de soutenir Benoît Hamon.

Selon nos informations, le choix est fait. C’est Emmanuel Macron. La seule question encore en suspens est un problème de forme. La présidence du PRG souhaite un écrin pour habiller et valoriser le ralliement. En revanche, dans le staff d’Emmanuel Macron, pas question de sortir les tambours et les trompettes.

Les radicaux de gauche et Jean-Michel Baylet sont les bienvenus. Mais c’est tout.

Jean-Michel Baylet et Sylvia Pinel ne sont pas François Bayrou ou Jean-Yves Le Drian.

François Bayrou permet à Emmanuel Macron de mordre sur l’électorat centriste. Un électorat charnière dans toutes les élections présidentielles. S’agissant de Jean-Yves Le Drian, c’est un vrai supplément d’âme. Emmanuel Macron souffre d’un déficit d’expérience et de crédibilité sur les questions « régaliennes », Jean-Yves Le Drian compense ce handicap.

Jean-Michel Baylet ne peut se prévaloir d’une telle plus-value.

Un soutien d’Emmanuel Macron est même réservée sur l’arrivée de Jean-Michel Baylet.

On ne peut pas refuser un soutien. Mais franchement en terme d’image de renouvellement et de modernité, Jean-Michel Baylet c’est pas top.

Les réserves exprimées au niveau national se transforment en franche hostilité dans le département de Jean-Michel Baylet, le Tarn-et-Garonne. Un maire prévient :

Si Baylet débarque chez Macron. C’est clair, ce sera sans moi pour Macron.

Un responsable local d’En Marche ! est sur la même ligne :

Nous disposons d’un tchat sur Télégram et la réaction a été immédiate. Dès que l’on a entendu parler d’un rapprochement entre Macron et Baylet, la réaction a été unanime. Macron ne peut pas accepter un parrainage de Baylet. C’est pas possible. On le connaît. Il ne fait jamais rien gratuitement. S’il soutient Macron, c’est pour obtenir quelque chose.

Dans le Tarn-et-Garonne, le mouvement En Marche ! dispose d’une douzaine de comités locaux. Ils sont de tailles variables et leur activité est inégale. Evidemment, ce ne sont pas quelques centaines d’adhérents qui peuvent peser face à des enjeux nationaux. Mais leur crainte ne tombe pas dans le vide.

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on rappelle les règles de base. Des règles qui s’appliquent à tous les soutiens, qu’ils viennent de la droite, du centre ou du PRG. Pas d’accord d’appareil et pas de négocations.

Laurent Dubois (@laurentdub)

10 Mar

Jean-Michel Baylet va rejoindre Emmanuel Macron

Emnanuel Macron engrange les soutiens. Et ce n’est pas fini Jean-Michel Baylet va rejoindre la liste des « macroniens ».

Jean-Michel Baylet et Emmanuel Macron (Photo MaxPPP)

Jean-Michel Baylet et Emmanuel Macron (Photo MaxPPP)

Après Bertrand Delanoë, Jean-Michel Baylet. Selon nos informations, le ministre de François Hollande va rejoindre Emmanuel Macron. Ce ralliement se déroulera en deux temps. Mercredi 15 mars, le comité directeur du PRG va se prononcer et annoncer son choix pour la candidature Macron. Le PRG, en participant à la primaire, s’est engagé à soutenir le vainqueur. Mais la victoire surprise de Benoît Hamon a bousculé le parti. Au sein du PRG de nombreuses voix se sont élevées pour prendre une distance avec la ligne Hamon. Une ligne jugée « trop à gauche ». la signature de l’accord Hamon-Jadot n’a pas arrangé les choses. De nombreux radicaux de gauche estiment que le socialiste se désintéresse du PRG et est aux petits soins avec les écologistes et ‘la gauche de la gauche ».

Un ralliement à Emmanuel Macron est un reniement vis-à-vis des engagements de la primaire. Mais c’est une clarification prévisible.

S’agissant de Jean-Michel Baylet, le calendrier du ralliement est particulier.

La jurisprudence « Le Drian » s’applique. Le ministre de l’Aménagement du Territoire comme son collègue de la Défense, ne pourra pas afficher son ralliement avec le 20 mars. Date de la publication de la liste des candidats à la présidentielle par le Conseil constitutionnel.

C’est une règle édictée par François Hollande et qui s’applique à l’ensemble des membres du gouvernement.

Selon nos informations, un rapprochement entre Jean-Michel Baylet et Emmanuel Macron est envisagé depuis plusieurs semaines. Au sein du PRG, Emmanuel Macron dispose de fort relais Le patron des sénateurs radicaux, Jacques Mézard, oeuvre depuis plusieurs mois à une « macronisation » du parti. Mais Jean-Michel Baylet a également mené des travaux d’approche. Le ministre de François Hollande a notamment rencontré un fidèle d’Emmanuel Macron, le maire de Lyon, Gérard Collomb.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Opération « transparence » au Conseil régional d’Occitanie : des oublis troublants

Le conseil régional d’Occitanie lance une expérience unique en France. Les élus doivent remplir des déclarations de transparence. Le Blog Politique de France 3 Occitanie s’est procuré une de ces « fameuses » déclarations. Le document comporte des manques. Le résultat n’est pas à la hauteur de l’objectif affiché.

Hôtel de Région Occitanie à Toulouse. Photo MaxPPP

Hôtel de Région Occitanie à Toulouse. Photo MaxPPP

Le conseil régional d’Occitanie promettait un vrai coup de projecteur. L’attribution des moyens humains, matériels et financiers devait être mis sur la table. Problème. Le document distribué aux élus régionaux est incomplet. La transparence est entachée de zone d’ombre.

Le premier rendez-vous manqué concerne la publicité des déclarations remplies par les conseillers régionaux. Elles devaient être mise en ligne et accessible d’un simple clic.

Désormais, les documents sont uniquement susceptibles d’être publiés. Certaines déclarations seront consultables et pas d’autres ? Toutes les déclarations sont accessibles mais il faut en faire la demande ?

L’opération « transparence  » devait permettre de clarifier la situation des conseillers régionaux. Elle vire à l’usine à gaz. Au lieu de donner des gages de clarté, elle rajoute une couche d’opacité.

Et ce n’est pas tout. Des rubriques qui devaient figurer dans la déclaration de transparence ont disparu. Exit la rémunération perçue au titre de la présence dans les organismes extérieurs. Exit l’utilisation des voitures. Exit la référence à la mise à disposition des ressources humaines du cabinet de la présidente de Région par les vice-présidents et les présidents des commissions sectorielles.

La mise à la « trappe » de ces trois rubriques est loin d’être négligeable. Elles correspondent à des sujets « chauds » : l’argent, les voitures officielles et le cabinet.

L’opinion publique soupçonne les élus de gagner des fortunes ou pire d’être payés sans vraiment travailler. C’est (largement) injuste. Mais ce (res)sentiment existe et il est fort. L’absence des sommes perçues au titre des organismes extérieurs est une vraie occasion manquée. Le conseil régional glisse sous le tapis une question qui méritait d’être mise en lumière. Même constat s’agissant des voitures. L’image des élus roulant carrosse et aux frais de la princesse est tenace. Le conseil régional pouvait apporter un démenti par les faits.

Enfin, s’agissant du cabinet, les habitants d’Occitanie comme l’ensemble des Français associent cette structure à une « boîte noire ». Dans les rues de Toulouse ou de Montpellier, comme de Bordeaux ou Strasbourg, l’expression « membre de cabinet, chef ou directeur de cabinet » est connue. Mais elle reste associée à une zone d’ombre. Le fait d’éclairer son rôle auprès des élus pouvait apporter une information sur une utilité et son travail concret.

Selon nos informations, le conseil régional a parfaitement conscience des lacunes et des ratés de l’opération transparence. Des correctifs et des corrections doivent être apportés. Les oubliés sont présentés comme de simples problèmes d’intendance. Entre le document qui devait être imprimé et celui qui a été véritablement distribué, ce serait des problèmes d’intendance.

C’est possible. Même si cela reste très étonnant. C’est trop tard pour le lancement de l’opération « transparence » et les déclarations versions 2016. 2017 dira si le tir a été corrigé et si les oublis sont de simples couacs.

Laurent Dubois (@laurentdub)

24 Fév

Législatives : le PS offre une circonscription aux écologistes en Haute-Garonne

L’accord signé entre Benoît Hamon et Yannick Jadot comporte un volet « législatives ». Selon nos informations, l’Occitanie est concernée. Deux circonscriptions sont réservées aux écologistes : dans l’Hérault (pour un député EELV sortant) et sur la Haute-Garonne.

Yannick Jadot et Benoît Hamon, Photo : AFP

Yannick Jadot et Benoît Hamon, Photo : AFP

Le ralliement de l’ex-candidat écologiste Yannick Jadot à la candidature du socialiste Benoît Hamon passe par une plate-forme programmatique : sortie du nucléaire, constitution pour une VIème République, abrogation de la loi Travail.

Mais il existe un autre aspect : des circonscriptions réservés aux écologistes pour les prochaines législatives. Selon nos informations, deux sortes de circonscriptions sont inscrites dans l’accord entre le PS et Europe-Ecologie. Des circonscriptions détenues par des sortants et des circonscriptions « nouvelles », considérées comme gagnables. L’ensemble représente 38 circonscriptions sur l’ensemble de la France. Cécile Duflot, ex-ministre, et Emmanuelle Cosse, actuelle membre du gouvernement, sont concernées. Le signataire de l’accord, Yannick Jadot, est lui-même pressenti dans le département de la Seine-Saint-Denis.

En Occitanie, deux départements sont concernés : l’Hérault et la Haute-Garonne.

Dans l’Hérault, il s’agit de la 1ère circonscription. Une circonscription actuellement détenue par un sortant, le député (EELV), Jean-Louis Roumégas. Il n’aura donc pas de candidat socialiste face à lui.

Selon plusieurs sources, la Haute-Garonne est aussi concernée. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le patron du PS 31, Sébastien Vincini déclare :

J’apprends que nous serions concernés. Je le mets au conditionnel car je suis surpris. J’ai eu des contacts téléphoniques et on ne m’a rien dit.

Néanmoins, une source nationale confirme bien qu’une circonscription de la Haute-Garonne est réservée à un candidat écologiste. L’information n’est pas (encore) publique et elle est tenue confidentielle. Les instances du PS doivent informer les fédérations départementales. De plus, il s’agit de ménager les malheureuses « victimes ». Le but est d’éviter que les candidats PS débarqués (suite à l’accord national avec Europe Ecologie) ne l’apprennent par la presse.

Selon nos informations, la 3ème circonscription (réservée en 2012 aux Verts) n’est pas impactée. Il pourrait s’agir de la 5ème circonscription. Une circonscription actuellement détenue par la députée (sortante) François Imbert qui ne se représente pas et sur laquelle est investie la conseillère départementale PS Sandrine Floureusses.

De son côté, la candidate socialiste affirme qu’elle ira « jusqu’au bout » et qu’elle  » fera campagne chaque seconde jusqu’au 18 juin ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

23 Fév

Le collaborateur « fantôme » de Jean-Michel Baylet

La France se demande s’il n’existe pas d’emplois fictifs à l’Assemblée Nationale. Mais dans le Tarn-et-Garonne, c’est un emploi bien réel qui aiguise toutes les curiosités. Un proche de Jean-Michel Baylet dirige une structure intercommunale (PETR Garonne Quercy Gascogne) présidée par le ministre. Problème : ce collaborateur omniprésent et très influent est fantôme. Aucun arrêté de nomination en préfecture. Aucune trace dans les effectifs du PETR. Retour sur un « mystère ».

Jean-Michel Baylet (AFP)

Jean-Michel Baylet (AFP)

Jean-Michel Baylet est le ministre de l’Aménagement du Territoire de François Hollande. Mais il préside également une importante structure inter-communale dans son département, le Tarn-et-Garonne. Ce simple fait n’est pas banal. Le PETR (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) de Jean-Michel Baylet permet un financement au travers de contrats de ruralité créés par…  le ministre Baylet.  Mais le côté cocasse ne s’arrête pas là. Le PTER Garonne-Quercy-Gascogne présidé par Jean-Michel Baylet est dirigé par un proche à la fois très présent et totalement « transparent ».

Un rôle opérationnel

Max Courrègelongue est très régulièrement présent dans les locaux du PETR, à Castelsarrasin. Il assiste aux commissions. Mais, ce n’est pas tout. Max Courrègelongue a un véritable rôle opérationnel. Il a, notamment, organisé et coordonné la réunion du conseil syndical du 10 février dernier. Selon plusieurs sources, Max Courrègelongue se comporte comme le « patron » du PETR. Des élus se plaignent, d’ailleurs, d’un interventionnisme permanent. Et pourtant. L’omniprésent et actif Max Courrègelongue n’apparaît pas dans les effectifs. Dans un rapport présenté en février 2017, l’état du personnel mentionne trois agents : un attaché principal (contractuel) en charge de la coordination des politiques territoriales et du projet de territoire, un attaché (fonctionnaire stagiaire) en charge de l’animation des politiques territoriales, un attaché (contractuel) gestionnaire d’un programme.

Ces 3 agents à temps complet représentent près de 186 000 euros de charge de personnel.

Aucune trace de Max Courrègelongue. Selon nos informations, la préfecture n’a aucune trace d’un arrêté de nomination. Selon la Cour des Comptes, le Tarn-et-Garonne ne brille pas en terme de contrôle de légalité. Mais, malgré cela, le préfet devrait avoir trace d’un arrêté portant nomination.

Un très proche de Jean-Michel Baylet

Cette absence des écrans radars est pour le moins surprenante. Max Courrègelongue est l’ancien directeur général des services (DGS) de Jean-Michel Baylet au conseil général. C’est dans le cadre de cette fonction qu’il a connu en 2011 une condamnation pour délit de favoritisme. Sa grande proximité et sa fidélité absolue envers le ministre-président du PTER peut expliquer son implication.

Mais une question reste en suspens : quel est son statut dans une structure regroupant 4 communautés de communes et 113 municipalités ?

Pas bénévole mais pas non plus rémunéré par le PETR

Absent des effectifs du PETR, Max Courrègelongue est une sorte de « DGS » bénévole. Juridiquement, le statut de collaborateur occasionnel est encadré par la jurisprudence du Conseil d’Etat. Max Courrègelongue semble correspondre aux critères : une participation effective, une contribution à une activité d’intérêt général. Généralement ce cas de figure s’applique à des parents assurant la circulation à la sortie de l’école. En revanche, la gestion opérationnelle et la direction d’un PETR, c’est vraiment pas banal.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Max Courrègelongue se présente « comme un fonctionnaire retraité ». L’ancien DGS reconnaît un travail de secrétariat et dément avoir le moindre rôle dans la préparation des réunions de travail. Max Courrègelongue refuse le qualificatif de chargé de mission. Mais il reconnaît « assumer les missions qu’on lui confie ».

Sur la question de la rémunération, Max Courrègelongue réfute le terme de bénévole. Mais il refuse de préciser qui le rémunère et insiste uniquement sur un point : il n’est pas appointé par le PETR, ni par le ministère de Jean-Michel Baylet.

Laurent Dubois (@laurentdub) et Fabrice Valery (@FabValery)

L’Occitanie expérimente la « transparence » des élus au Conseil Régional

L’expérience est unique en France. Le Conseil Régional d’Occitanie va publier les revenus, les moyens matériels et humains dont bénéficient les élus régionaux. Cette initiative remonte à la signature dun accord de mandature. Un accord signé en décembre 2015, aux moment des régionales, entre Carole Delga et l’actuel président du bureau de l’assemblée régionale, Gérard Onesta. En plein déballage autour de l’affaire Pénélope Fillon, l’opération transparence menée en Occitanie prend une autre dimension. Détails.

Hôtel de Région - Toulouse

Hôtel de Région – Toulouse

« On n’a rien à cacher. On dit tout ». Gérard Onesta relativise : « il ne s’agit pas de demander aux élus si leur grand-mère a un hors-bord ». Mais pour le président du bureau de l’assemblée régionale, le fait d’envoyer aux élus des formulaires retraçant le montant de leurs indemnités et détaillant leurs ressources humaines et matérielle est de salubrité publique :

C’est le hasard de l’histoire si cela tombe maintenant (ndlr : en pleine affaire Fillon). Mais la transparence que nous mettons en place permettra de montrer que dans le troupeau des élus, l’essentiel du cheptel est sain. Contrairement à ce que peut laisser à penser toute ce que l’entend à la radio et à la télé.

Le dispositif inauguré par le Conseil Régional d’Occitanie n’est pas équivalent aux déclarations obligatoires imposées, par la loi, aux députés. Les représentants de la Nation doit déposer auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Politique (HATVP) des déclarations retraçant l’intégralité de leurs revenus : honoraires liées à une profession libérale exercée en marge du mandat de député, revenus fonciers et immobiliers… L’opposition de droite et le Front National ont voté contre l’innovation menée par Gérard Onesta et Carole Delga. Une conseillère régionale d’opposition, Elisabeth Pouchelon, justifie (précisément) ce vote négatif par la différence entre le régime (contraignant) prévu pour les parlementaires et la version « light » adopté en Occitanie. Pour Elisabeth Pouchelon, la transparence introduite au conseil régional est un « trompe l’oeil » et même un « alibi » car elle ne permet pas d’aller au fond des choses.

Concrètement, la transparence made In Occitanie passe par un formulaire. Selon nos informations, il est en cours de réalisation et il sera envoyé aux élus afin la fin février. Les conseillers régionaux devront le signer, éventuellement le corriger (des cases sont pré-remplies par l’administration régionale) et le renvoyer courant mars. Le document comporte trois volets.

Un volet financier

Le premier volet du document (accessible au public) comportera le montant des indemnités nettes. Une case est également prévue pour les indemnités perçues au titre de la représentation du Conseil Régional dans des organismes extérieurs. Le montant s’élève à quelques centaines d’euros. Mais cela permettra de connaître le détail et la totalité des sommes versées à chaque élu par l’institution région. Une case est également prévue s’agissant des prêts bancaires à taux zéro. Ce type d’emprunt (très favorable à l’emprunteur) est courants à l’Assemblée Nationale. Mais ils sont inconnus au Conseil Régional. La case « non » sera donc forcément cochée. Ce détail montre que les concepteurs du formulaire ne souhaitent pas seulement établir des « parois de verre ». Ils souhaitent communiquer en affichant une certaine « exemplarité » et en allumant des contre-feux.

Les moyens matériels

Quels élus disposent d’un téléphone portable fournit par le conseil régional ? Quels sont les conseillers régionaux bénéficiant d’un ordinateur portable ou d’une tablette, d’une voiture et d’un chauffeur, d’un bureau particulier ? Le second volet retrace les moyens matériels dont disposent les conseillers régionaux.

Les moyens humains

Cette semaine, l’Assemblée Nationale a publié la liste des collaborateurs parlementaires. Cette publication est directement liée au soupçon d’emploi fictif visant Pénélope Fillon.Il s’agit de rendre public les éventuels liens familiaux entre les député(e)s et leurs assistants. Le Palais-Bourbon n’a pas poussé la transparence jusqu’à publier les salaires et la nature du contrat de travail (temps partiel ou temps complet). Mais un cap est franchi. Le conseil régional d’Occitanie ne va pas aussi loin. Les élus ne vont pas devoir déclarer le nom des collaborateur de groupes ou l’identité des assistants (individuels) rattachés aux vice-présidents. Mais les sommes allouées à chaque groupe pour recruter des collaborateurs va être publique.

A suivre : le taux d’assiduité

En mars prochain, lors d’une prochaine commission permanente (CP), l’opération transparence va être complétée par un second étage. Le taux d’assiduité des conseillers régionaux sera rendue publique. Au delà d’un pointage, cette comptabilité permettra de calculer d’éventuelles retenues. Le principe est simple : sauf excuse valable, 10% d’absence = 10% de retenue sur les indemnité, 30% = 30% de retenues…

Ce dispositif n’est pas nouveau. En ex-Midi-Pyrénées, sous la présidence de Martin Malvy, des absences non excusées étaient sanctionnées financièrement. Mais, dans les faits, la menace restait purement virtuelle. Cela permettait (notamment) à l’actuelle 1er vice-présidente de Carole Delga, Sylvia Pinel, de toucher l’intégralité de ses indemnités tout en multipliant les absences excusées.

Les prochaines semaines diront si le système Delga-Onesta est plus vertueux.

Laurent Dubois (@laurentdub)

17 Fév

La conférence de Pénélope Fillon à Toulouse le 28 février est finalement annulée

L’épouse de François Fillon devait participer à une conférence de l’Université du 3ème âge à la fac de droit de Toulouse. Le thème : « L’éducation tout au long de la vie et la santé« . En pleine « affaire », la prise de parole de Pénélope Fillon n’est cependant pas confirmée. Finalement, la conférence est annulée.

Pénélope et François Fillon (Photo : MaxPPP)

Pénélope et François Fillon (Photo : MaxPPP)

L’université du 3ème âge de l’université Toulouse 1 Capitole aurait pû être le mardi 28 février prochain entre 15h30 et 16h30 prise d’assaut par des dizaines de journalistes et de curieux alors que ses conférences s’y déroulent habituellement dans le plus grand calme et la plus grande sérennité.

Car ce jour-là, comme l’avait remarqué Le Canard Enchaîné, devait se dérouler une conférence sur le thème « L’éducation tout au long de la vie et la santé ». Parmi les conférenciers annoncés : Pénélope Fillon.

Rompre le silence ?

Silencieuse depuis la révélation, le 25 janvier, par Le Canard de ses émoluments d’assistante parlementaire de son mari puis de son suppléant, les doutes sur la réalité du travail effectué et l’ouverture dans la foulée d’une enquête du parquet national financier (PNF) pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux, Pénélope Fillon serait donc venu s’exprimer sur l’éducation et la santé devant des tempes grises dans un amphi toulousain ? En plein #Penélopegate ? Rien n’était moins sûr. Au moment où nous publiions cet article, un cadre des Républicains de Haute-Garonne résumait ainsi la situation : « A sa place… ». Comprenez : « je n’irai pas me mettre dans cette galère ».

Finalement annulée

Mais après la parution de cet article, la direction de l’université Toulouse Capitole, jusqu’alors injoignable et silencieuse, a annoncé dans un tweet que la conférence était finalement annulée.

L’autre conférencière est… la suppléante de François Fillon

Le professeur François Vellas, qui dirige l’université du 3ème âge, n’a pu être joint. On ignore pour quelles raisons il avait été demandé à Pénélope Fillon de venir s’exprimer sur la formation et la santé. Elle devait d’ailleurs pour cette conférence être accompagnée d’une spécialiste : le docteur Dominique Stoppa-Lyonnet dirige le département génétique de l’Institut Curie. C’est une sommité dans son domaine. Mais c’est aussi… la suppléante du député François Fillon dans la 2ème circonscription de Paris !

FV (@fabvalery)

07 Fév

Ce qui s’est (vraiment) dit à la réunion des leaders socialistes d’Occitanie à Carcassonne

Une semaine après la victoire de Benoit Hamon, Carole Delga est à l’origine de l’initiative. Lundi 6 février, la présidente de Région a réuni, dans les locaux du PS de l’Aude, les parlementaires, présidents de départements, des maires et responsables fédéraux d’Occitanie. Les discussions ont porté sur Emmanuel Macron, son soutien montpelliérain Philippe Saurel, les Frondeurs ou encore le programme de Benoît Hamon.

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La réunion a débuté vers 17 heures 15. Elle s’est achevée bien après 19 heures. Pendant plus de deux heures, 60 grands élus et responsables socialistes ont échangé derrière les murs de la fédération départementale de l’Aude. Des parlementaires de la Haute-Garonne (Martine Martinel, Gérard Bapt, Claude Raynal, Kader Arif), de l’Hérault (Christian Assaf, Sébastien Dénaja), du Gers (Philippe Martin, Franck Montaugé), du Tarn-et-Garonne (Valérie Rabault) se sont réunis dans une salle autour de Carole Delga.

Delga à fond derrière Hamon !

La présidente de Région a ouvert la « séance ». Carole Delga a fortement soutenu Manuel Valls pendant la primaire. La défaite cinglante de l’ancien Premier ministre au niveau national mais aussi en Occitanie est un peu la sienne. Mais, dans son discours d’ouverture, Carole Delga a insisté sur un fait : Benoît Hamon est le vainqueur et les socialistes d’Occitanie doivent le soutenir.

La présidente de Région a également insisté sur une qualité de Benoît Hamon. Selon Carole Delga, le candidat à la présidentielle sait parler aux jeunes. Il fait revenir vers le PS des catégories de la population qui tournaient le dos aux socialistes.

Un participant salue la lucidité de la position de Carole Delga : « Je ne sais pas si elle le pensait vraiment. Mais elle paraissait sincère et franchement elle a été claire et sans aucune ambiguïté. C’est bien ce qu’elle a dit, c’était clair et net« .

Dans la salle, certains n’ont pas caché leur doute sur le programme de Benoît Hamon. Notamment au sujet du fameux revenu universel. Des parlementaires ont également exprimé leur agacement et même leur ressentiment envers les Frondeurs. Des Frondeurs proches de Benoît Hamon et qui ont « pollué », selon des députés, leur mandat.

Mais Carole Delga a réaffirmé le principe : tous derrière Benoît Hamon. Un autre participant a rapidement pris la parole pour aller dans le même sens. Conseiller d’un autre perdant de la primaire, Vincent Peillon, Kader Arif a plaidé pour un soutien sans faille de Benoît Hamon. L’ancien ministre de François Hollande a débuté son intervention par une critique de la primaire : une grave erreur. Mais une fois celle-ci organisée et les résultats connus, Kader Arif a insisté sur la nécessité d’être loyal et fidèle.

Pour appuyer ses propos, Kader Arif a insisté sur le fait qu’il a toujours été fidèle au parti. Même si cela lui a coûté. Un participant a vu dans ses propos une allusion à sa démission express et forcée du gouvernement de Manuel Valls.

Un meeting de Hamon à Toulouse ?

Pour passer du soutien politique à un appui pendant la campagne, un participant a proposé d’inviter Benoit Hamon en Occitanie. Les candidats socialistes clôturent, par tradition, leur campagne présidentielle à Toulouse. Les socialistes d’Occitanie vont proposer à Benoît Hamon de tenir son premier ou son dernier meeting dans notre région. Des participants ont également suggéré de faire remonter des propositions programmatiques à Benoît Hamon.

Ces pistes ont été jugée intéressantes mais insuffisantes par Valérie Rabault. De manière pragmatique, la rapporteure du Budget a insisté sur un fait : la victoire écrasante de Benoît Hamon en Occitanie. Puis, selon un participant, Valérie Rabault a demandé : on fait quoi maintenant ? Pour un des invités de Carcassonne, la question n’a pas vraiment reçue de réponse concrète.

Un député PS prêt à rejoindre Macron

Le seul véritable « accroc » de la réunion est venu d’un député de l’ex-Languedoc. Le parlementaire a ouvertement demandé du temps (15 jours) avant de se positionner. Il n’a pas caché son incompatibilité avec Benoît Hamon et son possible basculement chez Emmanuel Macron. Carole Delga est immédiatement montée au créneau pour contre-argumenter. Un participant retient deux choses de la séquence : l’argumentation de Carole Delga ne manquait pas de poids et le député en question a eu l’honnêteté de jouer la transparence.

L’évocation d’Emmanuel Macron ne s’est pas limitée au cas d’un député tenté par une sécession. Selon un participant, un de ses soutiens en Occitanie, Philippe Saurel a également été mis sur la sellette. Le député de l’Hérault, Kléber Mesquida a décoché des flèches. Pour un membre de la réunion, le ton n’était pas particulièrement virulent. Il s’agissait surtout de qualifier de « remake des régionales » l’implantation d’Emmanuel Macron en Occitanie. Philippe Saurel recyclerait les candidats de sa liste « Citoyens du Midi » des régionales de 2015.

Le dernier épisode Macron s’est déroulé à la fin de la réunion. Une partie des participants a quitté la salle lorsque une participante met en garde ses camarades. Attention de ne pas « insulter l’avenir ». Les sondages donnent une 2nd tour « Le Pen-Macron ». Si ce scénario se concrétise, les socialistes d’Occitanie (comme tous les autres socialistes de France et de Navarre) vont devoir voter Macron. Si les attaques sont trop brutales et frontales, ce ralliement (contraint et forcé) ne sera pas possible.

En attendant de voir si cette hypothèse se concrétise, les 60 socialistes réunis à Carcassonne ont décidé de préparer un appel. Un communiqué de presse doit « tomber » dans les prochains jours pour l’annoncer.

Laurent Dubois (@laurentdub)

03 Fév

Législatives dans le Gard : Christophe Rivenq a-t-il tenté d’imposer sa femme ?

Christophe Rivenq a été investi pour les législatives dans le Gard. Selon nos informations, le conseiller régional (LR) renonce à sa candidature. Cette décision est liée à sa situation juridique. Le conseiller régional pouvait difficilement ignorer cette évidence. Selon plusieurs sources, la « vraie-fausse » candidature du Gardois pourrait être juste un jeu de billard à deux bandes : bloquer une place pour la « transmettre »… à sa femme.

Christophe Rivenq, président du groupe de l'Union de la Droite et du Centre au conseil régional. Photo : MaxPPP

Christophe Rivenq, président du groupe de l’Union de la Droite et du Centre au conseil régional. Photo : MaxPPP

Conseiller régional, directeur de cabinet et directeur général des services de la commune d’Alès et de l’Agglomération du Grand Alès, Christophe Rivenq est un cas unique en France. Le président du groupe d’opposition cumule 4 emplois et un mandat politique. L’accumulation, sur la même tête, de 4 casquettes dans deux collectivités différentes est légale. La loi du 21 avril 2016 sur la déontologie et aux droits et obligations des fonctionnaires rappelle le seul principe applicable en la matière : le temps de travail et la rémunération ne doit pas dépasser 115 % d’un temps complet.

En revanche (et ce n’est pas une question de cumul) le simple fait d’exercer une fonction publique non élective est incompatible avec une candidature aux législatives. L’article LO 139 du Code Électoral est catégorique.

Christophe Rivenq n’est pas un fonctionnaire. Mais il exerce bien une fonction publique, sur la base d’un contrat de travail de droit public.

Selon une source, « Rivenq ne pouvait pas ignorer l’incompatibilité. Il a demandé l’investiture en toute connaissance de cause ».

Mais alors une question se pose. Pourquoi solliciter une investiture alors qu’une candidature est impossible ?

Une source livre une hypothèse :

Rivenq voulait bloquer, geler une place pour sa femme. On voit bien que les femmes ne portent pas vraiment chance aux politiques (ndlr : référence à l’affaire Pénopole Fillon). Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. Je ne sais pas s’il va aller jusqu’au bout. Mais il est certain qu’il a travaillé pour laisser sa place à sa femme.

Contacté par France 3 Occitanie, Christophe Rivenq confirme son retrait des législatives. Le conseiller régional précise également qu’il a parfaitement conscience, depuis le début, d’une évidence. Son investiture ne pouvait pas aller jusqu’à une candidature. En revanche, Christophe Rivenq dément (formellement) que sa femme puisse prendre sa succession. Nathalie Rivenq a été candidate aux départementales de 2015 sur le canton Alès 1. Mais, Christophe Rivenq est catégorique. Sa femme ne participera pas aux législatives de juin prochain :

Les gens sont étonnants et mal-intentionnés. Dans le contexte actuel, je cherche juste à protéger le nom de la personne qui va me remplacer. Mais son nom sera connu dans quelques jours.

Selon nos informations, l’heureuse « élue » pourrait être une adjointe au maire d’Alès et conseillère départementale, Marie-Christine Peyric. Christophe Rivenq « protégerait » son nom car son employeur (le maire d’Alès, Max Roustan) ne serait pas favorable à ce casting.

A suivre

Laurent Dubois (@laurentdub)

01 Fév

Pénélope Gate : un peu de réconfort pour François Fillon en Haute-Garonne

C’est une première. Ce mercredi 1er février, un député LR  « lâche »  publiquement François Fillon. Le parlementaire évoque ouvertement un débarquement du candidat à la présidentielle. François Fillon peut toutefois trouver un peu de réconfort du côté de la Haute-Garonne. La députée Laurence Arribagé affiche, en plein Pénélope Gate, son soutien à l’ancien premier ministre.

Laurence Arribagé avec François Fillon et Jean-Luc Moudenc (Photo : AFP)

Laurence Arribagé avec François Fillon et Jean-Luc Moudenc (Photo : AFP)

Le hasard fait bien les choses. A moins que cela ne soit volontaire. L’équipe de François Fillon lance une contre-offensive sur Twitter en lançant le hashtag #StopChasseàLHomme. Et, quasi simultanément, la députée de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé, met un clip en ligne sur Facebook. Un clip dans lequel la parlementaire lance sa campagne et revendique le soutien de François Fillon.

Les images font défiler des lieux connus des toulousains : la Place Saint Etienne, les Bords de Garonne, le pont Neuf. Et le film est scénarisé autour d’un avion en papier. Un avion fabriqué et lancé par le délégué de circonscription, Johnny Dunal, et qui circule de mains en mains. Au fil de la trajectoire, la question des territoriaux ruraux, l’avenir des jeunes, le rétablissement de l’autorité ou de l’Europe sont évoquées.

Et d’un seul coup, le slogan fuse :

Pour une élue (ndlr Laurence Arribagé) engagée auprès de François Fillon.

La phrase est prononcée dans un mouvement de bras lançant l’avion en papier. Le fameux avion fil d’ariane du clip. Les mauvais esprits pourront toujours voir dans cette métaphore « aéronautique » une allusion inconsciente à un risque de crash. Mais ce ne serait que du mauvais esprit.

Plus sérieusement, il sera intéressant de voir combien de temps ce clip va rester en ligne.

Laurent Dubois (@laurentdub).