Le bonheur politique, c’est simple comme une démission. Jean-Michel Baylet risquait de perdre son siège de délégué communautaire dans son département du Tarn-et-Garonne. Par effet ricochet, le ministre des Collectivités locales aurait pu perdre la présidence d’une Communauté de Communes et d’une structure intercommunale. Mais la démission (judicieuse) d’un 1er adjoint et l’effacement (volontaire) du maire de Monjoi lui permettent de conserver les manettes. Explications.
Une élection municipale met en danger Jean-Michel Baylet
La commune de La Magistère doit procéder à une nouvelle élection municipale début novembre. Pas de quoi secouer la planète politique. Sauf que, par un jeu de domino, un ministre de la République est concerné. La municipale de La Magistère conduit à une redistribution des cartes au niveau des structures intercommunales. Une entente cordiale (établie à l’époque ou Jean-Michel Baylet présidait le Tarn-et-Garonne) permettait à chaque commune de disposer du même nombre de représentants dans les Communautés de Communes. Problème, ce système (égalitaire) n’est pas conforme à la loi. Ce fonctionnement convenait aux maires. Valence d’Agen et ses 4000 habitants pesait le même poids que Montjoi et ses 173 habitants. Mais, d’un point de vue légal, la représentation doit être démographique, à la proportionnelle de la population.
La commune de Montjoi perd donc 1 délégué communautaire et le délégué qui doit « sauter » s’appelle…Jean-Michel Baylet. C’est tout un édifice qui est en danger.
C’est juste un trucage, on essaie de trouver un moyen de contourner la loi« .
En 2008, Jean-Michel Baylet quitte Valence d’Agen et s’implante dans la petite commune de Montjoi. Comme le précise un élu du département : « Cela a fait un peu sourire. On se demandait ce qu’il est allé faire là-bas ». Jean-Michel Baylet est arrivé par la « petite » porte. Il est élu simple conseiller municipal. Mais ce strapotin lui permet d’être délégué communautaire de Montjoi. A ce titre, il peut présider la Communauté de Communes de Deux Rives (28 communes, 18 530 habitants). Mais ce n’est pas tout. Le titre de délégué communautaire de Montjoi et président de la Communauté de Communes des Deux Rives lui permet (également) de présider une importante structure inter-communale, le PETR (pôle d’équilibre territorial et rural) Garonne-Quercy-Garonne. Un organisme qui regroupe 7 Communautés de Communes et dispose d’un budget de plusieurs millions d’euros.
Sur le fond, l’action du président Baylet est apprécié. Un élu du département précise : « Baylet fait la pluie et le beau temps aux Deux-Rives et au PETR. Mais c’est positif et personne ne pourrait apporter ce qu’il apporte et c’est une chance de l’avoir ».
Face au péril, Jean-Michel Baylet n’est pas resté inactif. Un élu du département ne mâche pas ses mots : « C’est juste un trucage, on essaie de trouver un moyen de contourner la loi« .
La contre-attaque de Jean-Michel Baylet : une élection express et une défection opportune
Ne plus être délégué communautaire et, par un jeu de domino, perdre deux importants leviers politiques du département, ce n’est pas possible. Après la perte de la présidence du département et de son siège de sénateur, Jean-Michel Baylet ne peut pas abandonner ses derniers points d’appui. Problème, la loi est la loi. Elle n’a pas été appliquée pendant des années. Mais il n’est plus possible de maintenir les petits arrangements du passé. Pour sauver Jean-Michel Baylet, ce n’est pas très compliqué. Il suffit que le simple conseiller municipal Baylet devienne 1er adjoint à la place du 1er adjoint de Monjoi. C’est fait depuis une dizaine de jours. Une démission de l’ancien titulaire du poste, une délibération en conseil municipal et c’est réglé. L’élu local Jean-Michel Baylet peut compter sur le ministre des Collectivités Baylet pour convaincre ses collègues du conseil municipal.
Mais, surtout, la coopération active du maire de Montjoi permet de définitivement assurer l’avenir inter-communal de Jean-Michel Baylet et donc de rassurer le ministre des Collectivités locales.
Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le premier magistrat Christian Eurgal déclare :
Aujourd’hui je suis le titulaire et Jean-Michel Baylet le suppléant. Si je donne ma démission, c’est lui qui devient le titulaire. C’est envisagé et cela ne me gêne pas du tout »
En résumé, la loi est enfin appliquée en Tarn-et-Garonne. Pour autant, le ministre des collectivités locales et de l’aménagement du territoire a trouvé un bon moyen pour en éviter ses désagréments.
Laurent Dubois (@laurentdub)