13 Mai

Assemblée des Territoires : une vraie-fausse innovation

L’assemblée des Territoires, c’est parti. La création de cette instance unique en France est  un des marqueurs de la présidence Delga. Directement issue d’un accord électoral (d’entre deux tours) avec Nouveau Monde, cette structure originale « correspond  (selon les mots de la présidente de Région) à la volonté de renouveler la pratique politique« . Le projet arrive la semaine prochaine dans les tuyaux. Jeudi 18 mai va se réunir, pour la première fois, une commission inter-sectorielle (réunissant 5 commission dont celle des Finances) sur le sujet. Le projet est-il à la hauteur des ambitions affichées ? Eléments de réponse.

(Crédit : MaxPPP)

(Crédit : MaxPPP)

« Afin d’inscrire ses politiques dans la proximité et la solidarité mais aussi pour incarner la diversité de ses territoires, la Région souhaite créer une Assemblée des Territoires, organe consultatif et propositionnel auprès du Conseil Régional« . La première partie de la première phrase du projet de délibération est (relativement) banale. Proximité, solidarité, diversité des territoires. Ce sont des mots « valises » que tous les élus colportent de campagne électorale en campagne électorale et d’inaugurations en inaugurations. En revanche, l’expression « organe consultatif et propositionnel » est plus intrigante.

Les organes consultatifs sont bien connus et très présents dans le paysage politico-administratif. Conseil Economique, Social et Environnemental (CESER), Conseil Régional des Jeunes (CRJ), Conseil Régional Consultatif des Citoyens Handicapés (CCH). Les conseils régionaux sont entourés d’instances consultatives. Quelles différences et quelle plus-value s’agissant de l’Assemblée des Territoires ? S’il s’agit simplement de mettre en orbite un nouveau satellite, il n’y aura rien de neuf sous le soleil.

Au lendemain du scrutin régional, Gérard Onesta a justifié la création d’une Assemblée des Territoires par un état de nécessité : « on a bien senti pendant toute la campagne que trop de bassins de vie se sentent minorés, en déshérence, comme des oubliés de la République. Pour toute la Lozère, il y a 2 conseillers régionaux alors que la grand Toulouse en a près de 30« .

Les urnes sont rangées et la campagne est finie depuis (pratiquement) 6 mois. Le nouvel exécutif régional passe des paroles aux actes ou plutôt de la promesse électorale au projet. Sur le papier, les missions de l’Assemblée des Territoires peuvent séduire. Faire vivre l’équité des territoires, un organe de proposition et de réflexion, un lieu d’échange de bonnes pratiques, un lieu d’expérimentation, de mutualisation et d’innovation. Ce sont les mots et expressions utilisés dans la délibération transmise aux élus régionaux. De tels objectifs et qualificatifs sont positifs.

Mais là encore, il va falloir attendre les détails et surtout l’épreuve du feu. On juge une institution à l’usage.  L’Assemblée des Territoires ne va pas échapper à cette vieille loi institutionnelle : les textes conditionnent les pratiques mais les pratiques sont souvent plus forts que les textes. Il ne suffit pas de déclamer des grands et beaux principes pour que la réalité soit à la hauteur des belles intentions.

A cela, il faut ajouter un point essentiel. Le conseil régional Languedoc-Roussillon/ Midi-Pyrénées, comme toutes les collectivités de France et de Navarre, ne dispose d’aucun pouvoir fiscal et encore moins d’un levier législatif ou réglementaire. Une part importante de son job consiste à distribuer des subventions (prévues par des textes nationaux et communautaires) et à décliner des mesures nationales ou européennes. Ainsi, en matière agricole, la quasi totalité des subventions proviennent de normes définies à Bruxelles. Bref, l’Assemblée des Territoires va conseiller et proposer un conseil régional qui est privé d’un vrai pouvoir. Les régions ont gagné en km2. Mais ces créations XXL restent des « nains » politiques.  Face à certaines des propositions de l’Assemblée des Territoires le conseil régional pourra simplement faire du lobbying auprès du Parlement ou du Gouvernement pour essayer de faire bouger les lignes.

C’est mieux que rien. Mais ce n’est pas révolutionnaire.

S’agissant de sa composition, pas de bouleversement non plus. La délibération prévoit que l’Assemblée des Territoires sera composée…d’élu-es locaux. Des élu-es locaux qui (selon les mots du projet de délibération) « ne sièg(ent) pas au sein conseil régional« .

Les conseillers des Territoires ne sont pas de nouveaux visages venant de nouveaux horizons. On n’ouvre pas les portes et les fenêtres. La participation des citoyens et des associations n’est pas à l’ordre du jour. On se contente de mettre des élus à côté d’autres élus.

Par définition, ces « élu-es locaux conseilleurs des conseillers régionaux » représentent déjà les territoires  (PETR, Pays, PNR, Agglomérations et Métropoles). De plus, certains conseillers régionaux disposent d’un mandat municipal ou départemental et ont un pied dans les départements et les communes. Ils peuvent (parfaitement) partager leur expérience avec leurs collègues et faire remonter au niveau régional les problématiques locales.  Inutile de créer une Assemblée pour cela.

Enfin, dernière réserve, les élus régionaux participent à une multitude d’instances (conseil d’administration de lycées, agences…) qui représentent des acteurs associatifs, culturels, économiques implantés dans tous les coins et recoins du territoire régional. Faut-il réunir 158 élu-es locaux pour mettre les 158  conseillers régionaux au contact des réalités régionales ?

Que ce soit au niveau de sa composition ou de ses prérogatives, l’Assemblée des Territoires est une expérimentation présentée comme novatrice mais qui reste modeste et très basic au niveau des modalités pratiques. On est très loin d’un big-bang dans les pratiques politiques.

Ses inventeurs (Carole Delga et Gérard Onesta) considèrent que c’est un outil pour lutter contre l’exclusion des territoires et le vote extrême que suscite un sentiment d’abandon.

C’est l’ambition de départ. A l’arrivée, l’Assemblée des Territoires n’est pas vraiment une innovation et ressemble (beaucoup) à un coup de com’.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Nom de la Région : « une méthode floue et hors de prix » pour Dominique Reynié

Depuis le début de la semaine, ex-Midi-Pyrénéens et ex-Languedociens peuvent se prononcer sur le (nouveau) nom de la (nouvelle) Grande Région. La consultation ouverte le lundi 9 mai va s’étendre jusqu’au 10 juin et elle donne la parole à 4 millions de votants potentiels. Le président du groupe d’opposition de la Droite et du Centre au conseil régional s’exprime sur le choix de Carole Delga d’organiser un « référendum » ouvert à tous les habitants de plus de 15 ans et coûte 500 000 euros. Dominique Reynié évoque ses réserves sur un process qu’il juge « hors de prix » et pointe l’opacité d’une méthode qui donne la parole à une « population électorale dont on ne connait ni la taille ni les limites ».

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Dominique Reynié président du groupe de la Droite et du Centre au conseil régional

Le Blog Politique. Le nom d’une région, est-ce vraiment important ?

Dominique Reynié. Oui, sans aucun doute. A travers le choix d’un nom, nous allons dire qui nous sommes, comment nous souhaitons être nommés, donc identifiés. C’est une affaire d’identité. Nous contribuons aussi à écrire la cartographie nationale. En effet, la majorité a voulu la fusion de deux régions, ce qui implique la disparition des deux noms « Midi-Pyrénées » et « Languedoc-Roussillon ». Un nouveau nom prendra leur place. Ce sera notre identité au sein de la nation, mais également en Europe et dans le monde. Pour un territoire comme le nôtre dont l’avenir dépend à ce point de l’investissement économique, du tourisme, des exportations, industrielles ou agricoles, ou encore des échanges entre chercheurs du monde entier, l’identification par le nom joue inévitablement un rôle clé. Un échec dans ce domaine serait lourd de conséquences, d’autant plus que nous n’allons pas choisir un nom pour la durée du mandat, mais pour longtemps sinon pour toujours. On ne change pas le nom d’une région tous les 10 ans !

En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! »

Le Blog Politique. Les jeunes de plus de 15 ans, les résidents, la « diaspora » régionale et les électeurs inscrits sur les listes électorales vont pouvoir s’exprimer. Que pensez-vous de la composition du corps « électoral » ?

Dominique Reynié. Je suis frappé par cette composition. On ne peut pas en connaître les contours ! La diaspora, c’est quoi, c’est qui ? Sont-ce tous les français nés dans notre région mais travaillant à l’extérieur ? Les enfants de ces « expatriés » sont-ils concernés ? Leurs petits-enfants ? Pour le seul cas de l’Aveyron, mon département, on estime qu’il y a autant, voire plus, d’Aveyronnais à Paris, pour ne considérer que Paris, qu’en Aveyron. La grande région compte 5,6 millions d’habitants et 4,2 millions d’électeurs inscrits. Nous avions là des bases claires pour une consultation. On pouvait vérifier l’inscription sur les listes électorales. En décidant d’ouvrir la participation à celles et ceux qui sont des résidents non encore inscrits, les moins de 18 ans, et à la diaspora, c’est le flou complet ! La population potentiellement concernée est de combien ? 5 millions ? 10 millions, 20 millions de personnes ? Plus ? On peut même imaginer que le choix sera fait par la « diaspora » dont le nombre est évidemment supérieur à celui des habitants… Quantitativement, si la diaspora décide de voter, c’est son choix qui sera majoritaire. Ce serait étonnant que le nom soit choisi par ceux qui ne vivent pas ici !

Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail ».

Le Blog Politique. Vous seriez président de Région, vous auriez choisi le même process ?

Dominique Reynié. J’avais proposé dans mon programme une méthode comprenant une sorte de « Comité du nom ». J’y aurais, c’est sûr, associé l’opposition. Or, nous avons été entièrement écartés de ces discussions ! Je l’ai dénoncé publiquement lors des Assemblées plénières. Je trouvais plus logique, plus simple et beaucoup moins coûteux, pour ne pas dire gratuit, de confier ce travail au Conseil régional dont les membres ont été élus pour faire ce travail. A la fin, le paradoxe est complet : Carole Delga décide d’impliquer fortement un groupe de personnes dont pas une n’a été élue par les citoyens pour cela – c’est le « Comité du nom »-, et de tenir à l’écart les membres du Conseil régional qui ont pourtant tous été désignés par les électeurs !

Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? »

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les critères d’une consultation réussie ? La participation ? L’absence de fraude ? Un vote massif en faveur d’un nom qui s’impose sans appel ?

Dominique Reynié. La consultation aura lieu, elle produira un résultat, car un choix sera fait mais elle ne peut pas être réussie. En effet, la méthode est floue, la population électorale potentielle est immense et nul n’en connaît ni la taille ni les limites ! Carole Delga et Gérard Onesta eux-mêmes sont incapables de le dire ! Si le nom qui sera choisi suscite une sorte d’approbation, même sans enthousiasme, nous n’aurons pas trop de problèmes ; en revanche, si le nom est rejeté par une large partie de notre population ou s’il déplaît beaucoup à une forte minorité, souvenons-nous de « Septimanie », alors nous irons au devant de graves difficultés. Une participation massive serait un bon indicateur de réussite, mais là encore, quel est le chiffre, puisque nous ne connaissons pas la population électorale concernée ? Le choix d’un nom est une décision de fondation ; c’est l’acte de naissance d’une communauté.

Le Blog Politique. Carole Delga chiffre le coût de l’opération à 500 000 euros. C’est cher payé ?

Dominique Reynié. C’est hors de prix ! Je ne suis pas certain que ce soit compris et accepté en ces temps de disette budgétaire. Je le répète, par une procédure allégée, reposant sur le travail des élus, qui sont là pour ça, nous pouvions diviser par 20 ou 30 ce montant.

Le Blog Politique. Parmi les 5 noms soumis au vote, lequel a votre préférence ?

Dominique Reynié. Pendant la campagne électorale, j’ai toujours accepté de répondre à ce sujet, je le fais encore volontiers aujourd’hui. Je balance entre un nom qui ferait sens pour nous mais qui risquerait d’être énigmatique pour le reste du monde – « Occitanie/Pays Catalans » – et un nom qui fera sens pour le reste du monde mais qui apparaîtra énigmatique à une partie de notre population – « Pyrénées/Méditerranée ».

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

Loi travail : le PS de Haute-Garonne se prononce contre l’usage du 49-3

Manuel Valls à l'assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Manuel Valls à l’assemblée lors du débat sur la motion de censure (AFP)

Le Conseil Fédéral du Parti Socialiste de Haute-Garonne a adopté jeudi soir une motion contre l’usage par le gouvernement de l’article 49-3 pour faire passer le projet de loi El Khomri de réforme du code du travail. Une motion adopté à l’unanimité du conseil fédéral (qui est un peu le parlement du PS de Haute-Garonne), réuni exceptionnellement à Labarthe-sur-Lèze (Haute-Garonne) à l’occasion de l’inauguration d’une exposition sur François Mitterrand (qui, soit dit en passant, est le chef de l’Etat sous lequel le 49-3 a été le plus utilisé !).

Cette motion, que nous nous sommes procuré, évoque « un profond regret de voir le gouvernement avoir recours au 49-3 » privant ainsi « ce texte aux conséquences majeures pour les droits des salariés, de la poursuite du travail parlementaire entamé« .

Cette motion est purement symbolique et les mots y sont soigneusement choisis pour ne pas se positionner trop violemment face au gouvernement. D’ailleurs, les socialistes de Haute-Garonne en profitent pour demander l’ouverture d’une réflexion sur les institutions de la Vème République.

Ce n’est pas la première que le PS de Haute-Garonne se démarque officiellement du gouvernement de Manuel Valls. Déjà, en mars, le conseil fédéral avait adopté une motion contre la loi El Khomri. Un peu plus tôt, les socialistes de Haute-Garonne, avaient pris position contre la déchéance de nationalité.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

12 Mai

Une seule députée (tarnaise) de la Région a signé la motion de censure des gauches

La frondeuse monte d’un cran. Septembre 2014, Linda Gourjade s’abstient et refuse de voter la confiance au deuxième gouvernement Valls. Mai 2016, la députée PS du Tarn donne sa signature et endosse une motion de censure. Le geste est symbolique. Il manque deux noms pour déposer la motion et même déposée il n’existait pas de majorité (de  gauche) pour l’adopter. Néanmoins, le franchissement du Rubicon ne sera  pas sans conséquence. Au plan national, le Haut Comité Ethique est saisi. L’addition présentée aux frondeurs par les instances nationales du PS risque d’être salée. Des menaces de sanction et d’exclusion planent. Localement, la seule et unique apprentie-censeure de l’ex midi-pyrénées  risque (également) de payer une facture politique dans son département.

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

Linda Gourjade, députée PS du Tarn Photo : @LGourjade

« C’est vraiment du spectacle; Il n’y avait pas la volonté d’aller jusqu’au bout« . La coordinatrice de la loi El-Khomri au sein du groupe PS, la députée de Haute-Garonne Monique Iborra relativise la portée et l’importance du casus belli. Mais la tentative de présenter une motion de censure de gauche marque une vraie rupture. C’est une première. C’est la première fois que les dissidents socialistes vont aussi loin.

Linda Gourjade justifie cette « escalade » par un projet de loi comportant des « propositions libérales et régressives » et la volonté de « marquer (un) refus« . Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, son très présent et influent collaborateur parlementaire enfonce le clou en disant : « il s’agit de marquer un désaccord profond« . Selon les mots de Marc Gauché, « les loups ont été lâchés et les pressions très fortes avec notamment un chantage aux investitures« . Mais la député socialiste tarnaise a franchi un pas de plus dans l’escale des tensions. en approuvant le recours à l’arsenal nucléaire.

A quelques mois des investitures, cette dissidence va forcement laisser des traces.

Au sein du PS 81, les législatives sont déjà lancées. Une nouvelle candidature de Jacques Valax (député sortant de la 2ème) anime les dîners en ville et les discussions entre camarades. Sur sa circonscription, Linda Gourjade pourrait affronter une concurrence. Une concurrence pas vraiment sérieuse. Sur la 2eme circonscription, le nom d’une figure socialiste locale circule beaucoup.  La Graulhétoise Claire Fita (nouvellement élue au conseil régional) est, selon plusieurs sources, tentée par une candidature. Face à elle, Linda Gourjade ne doit pas redouter un(e) opposant(e) interne de poids. Sur ses terres, il n’existe pas une « Claire Fita »  Mais, même un poids plume, peut suffire à faire perdre une investiture.

Dans ce contexte, Linda Gourjade va-t-elle ressortir affaiblie de l’épisode tumultueux de la motion de censure ?

Pour le 1er Fédéral du Tarn (à qui on prête d’ailleurs des ambitions législatives), cela ne va pas être simple pour la frondeuse. Patrick Vieu déclare : « Je sens monter une forte réaction, trop de divisions ça suffit. Les militants n’aiment pas l’idée qu’un élu socialiste puisse voter une censure et que ceux qui tapent le plus sur le gouvernement soient de gauche. Cela risque de tendre les relations avec elle et sa motion. Après, sur le fond,  le projet de loi peine à rassembler. Les militants ont du mal à avaler la couleuvre. Mais je ne pense pas que cela suffise à racheter le geste de Linda Gourjade ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

Grande région : l’opposition demande des comptes à Carole Delga sur le coût de la fusion

La lettre est arrivée sur le bureau de Carole Delga mercredi 11 mai . Dans ce courrier, Elisabeth Pouchelon demande des comptes sur le coût de l’assemblée plénière du 15 avril dernier et sur le montant des travaux dans les hémicycles toulousain et montpéllierain. La conseillère régionale (LR) souhaite obtenir la communication de factures et de devis.

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60.000 euros pour la plénière du 15 avril. 10 millions d’euros concernant un (éventuel) agrandissement de l’hémicycle montpelliérain. 8 millions s’agissant d’un (virtuel) aménagement de l’enceinte toulousaine. Les montants ont été communiqués par la présidente de Région. Ce chiffrage ne suffit pas à Elisabeth Pouchelon : « Je vous demande de bien vouloir me communiquer tous les éléments comptables permettant de chiffrer les prestations réalisées à Montpellier mais également l’ensemble des demandes pour l’évaluation des travaux d’aménagement des deux hémicycles ». 

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, l’Hôtel de Région déclare : « nous sommes en pleine préparation du budget, la comptabilité analytique n’est pas vraiment notre priorité ». Néanmoins, la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) range dans la catégorie des documents communicables « l’ensemble des documents comptables, des pièces liées à l’exécution des dépenses« . L’autorité administrative indépendante cite comme exemple : «  les factures, les mémoires« . Les seules restrictions concerne le secret commercial ou professionnel ainsi que les brevets. Ces deux limites ne sont pas opposables s’agissant de la location d’une salle et des services annexes.

Elisabeth Pouchelon risque de devoir attendre. Sa demande n’est (visiblement) pas prioritaire. Néanmoins, sa requête est juridiquement fondée. De plus, un blocage ou une rétention volontaire d’information est difficilement imaginable. Cela cadrerait mal avec la politique de transparence affichée par Carole Delga.

C’est du côté des devis pour les travaux à Toulouse et Montpellier qu’il existe une inconnue. Ce type de document entre dans la catégorie des documents communicables. Encore faut-il qu’ils existent.

En Midi-Pyrénées, Martin Malvy a lancé, avant la fin de son dernier mandat, une étude. L’ancien président pensait normal et naturel que la future assemblée régionale de la Grande Région se réunisse à Toulouse. Martin Malvy a donc signé le 25 juin 2015 une convention afin d’établir une simulation graphique d’un nouvel hémicycle. Un nouvel hémicycle capable d’accueillir 158 élus. Les 8 millions d’euros de travaux annoncés par Carole Delga reposent donc (visiblement) sur des études menées par les services ex-midi-pyrénéens. En revanche, du côté de Montpellier, aucune information concernant d’éventuels devis. A la fin du mandat de l’ancien président de l’ex-Languedoc, son cabinet affirmait n’avoir lancé aucune étude prospective. Mais la situation a peut-être évolué dans les toutes dernières semaines de la présidence Alary.

La demande d’Elisabeth Pouchelon apportera (peut-être) une réponse.

Laurent Dubois (@laurentdub).

11 Mai

L’affaire des « gifles » de Montauban classée sans suite

Souvenez-vous, c’était le 7 avril dernier, jour d’élection universitaire. Le vote des étudiants avait pris une tournure particulière à Montauban où deux personnes en étaient venues aux mains.

Une bousculade et une gifle, rien de bien important. Si ce n’est que les deux belligérants n’étaient pas de simples étudiants mais des proches des deux « ennemies intimes » de la politique montalbanaise, Brigitte Barèges, maire Les Républicains, et Valérie Rabault, députée socialiste.

En l’occurence, à ma droite Pascal Ellul, chef de cabinet de Brigitte Barèges et ancien président du syndicat étudiant UNI et à ma gauche Paul Murat-Craïs, secrétaire général du Mouvement des jeunes socialistes du Tarn-et-Garonne.

Que s’est-il vraiment passé ce jour-là ? Les versions des deux camps divergent. Bousculade, gifle… Des plaintes avaient étaient déposées par les deux hommes, accusant l’autre de l’avoir agressé.

Après convocation au commissariat de Montauban et rappel à la loi, les deux bagarreurs ont été renvoyés à leurs chères études. Les deux plaintes ont été classées sans suite. La justice montalbanaise a sans doute autre chose à faire que de juger ce type de chamailleries, même si les mis en cause/plaignants sont des proches de deux (fortes) personnalités politiques.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

Primaire à droite : François Fillon reporte son déplacement sur Toulouse

François Fillon, député de Paris et ancien premier ministre à l'Assemblée Nationale. Photo : AFP

François Fillon, député de Paris et ancien premier ministre à l’Assemblée Nationale. Photo : AFP

François Fillon reporte son déplacement toulousain du jeudi 12 mai. L’ancien premier ministre et actuel député de Paris est retenu au Palais Bourbon par le dépôt d’une motion censure suite à l’engagement du « 49-3 » par Manuel Valls. Une motion (liée au vote de la loi El Khomri) qui sera examinée au moment même (jeudi 12 mai à 15 heures) ou François Fillon devait se trouver dans les locaux d’une start-up à Labège.

L’ancien premier ministre ne prendra pas la parole et ne montrera pas à la tribune de l’Assemblée mais il votera la motion déposée par la droite. 

S’agissant de sa venue sur Toulouse, le staff de François Fillon précise : « pas de nouvelle date définie pour le moment ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

Grande Région-Fusion : la grogne monte chez les agents et les fonctionnaires

 En février dernier, la CGT-Région a dégainé la première. C’est le second tract syndical qui dénonce les conditions de la Fusion entre les deux ex-régions, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Mais le coup de sang de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT) prend une dimension particulière. Comme le précise un vieil habitué de l’Hôtel de Région, « si la CFDT commence à bouger, c’est que ça secoue vraiment. C’est très, très rare que ce syndicat plutôt conciliant monte au créneau ».

Hôtel de Région - Toulouse

Hôtel de Région – Toulouse

Le syndicat (toulousain) n’a pas l’image d’un « agitateur-agité ». Au contraire. « La CFDT a permis un atterrissage en douceur à la fin du mandat Malvy alors que des avantages pour les agents et les fonctionnaires ont été supprimés » déclare une source.

Visiblement, le début du mandat de Carole Delga ne bénéficie pas de cette entente cordiale. Dans un paragraphe consacré à la réorganisation des services, la CFDT écrit : « officiellement le nouveau exécutif concentre ses efforts sur le fonctionnement des Directions, sans rupture de service…Des rumeurs courent sur le partage de compétences et de responsabilités (ressources humaines, agriculture, tourisme) entre chacun des deux sites (ndlr Toulouse et Montpellier) sans y associer à ce stade les organisations syndicales ».

Autre sujet de préoccupation la mobilité géographique et les déplacements entre Toulouse et Montpellier :  » La présidente s’est engagée à ne pas prescrire de mobilités géographiques, mais la frontière entre le forcé et le fortement suggéré est ténue…De plus, les nombreux déplacements des agents subissent depuis janvier, peuvent s’apparenter à de la « mobilité forcée ». Ils génèrent du stress, de l’anxiété, de la fatigue et ont des répercussions sur la vie familiale et personnelle« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

10 Mai

Idex : la présidente de l’Université de Toulouse demande un entretien à Manuel Valls

La présidente de l’Université de Toulouse, Marie-France Barthet interpelle le premier ministre. Elle a écrit à Manuel Valls au sujet de l’exclusion des 3 universités et 17 grandes écoles toulousaines du projet Initiative Excellence. Un projet Idex dans lequel établissements d’enseignements supérieurs et laboratoires de recherche de la ville Rose étaient engagés depuis 2013.

Marie-France Barthet (Photo : MaxPPP)

Marie-France Barthet (Photo : MaxPPP)

Dans la lettre adressée à Matignon et que France 3 Midi-Pyrénées a pu consulter, Marie-France Barthet emploie des mots forts. La présidente de l’Université de Toulouse exprime « une incompréhension totale suite à la décision de l’arrêt brutal de l’idex » et justifie son courrier par le « souhait d’exprimer les raisons de la perplexité »

Marie-France Barthet ne comprend pas pourquoi le jury international (à l’origine du retrait de Toulouse de l’Idex) « a ignoré la convention signée avec l’Etat« . Une convention qui remonte à 2013 et qui a été signée avec le premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Marie-France Barthet estime que l’accord avec l’Etat a été totalement respecté et intégralement appliqué : « nous avons pleinement rempli en temps et en heure les objectifs que vous nous aviez assigniez tant du point de vue institutionnel que pour la réalisation des programmes scientifiques« .

Marie-France Barthet dénonce le modèle mis en avant par le jury international (la fusion) et estime que l’imposition de ce canevas suscite « un trouble profond dans la communauté universitaire« . La présidente de l’Université de Toulouse précise que la rigueur du jury handicape lourdement le site toulousain : « une priorité à la fusion des universités nous demande de nous amputer de la richesse de nos grandes écoles (ndlr : conformément aux textes en vigueur le modèle d’une fusion ne permet pas d’inclure une grande école) ».

Marie-France Barthet a « besoin de connaitre le choix du gouvernement » et si, effectivement, comme l’exige le jury international, le seul moyen pour Toulouse de réintégrer l’idex passe par une fusion.

La présidente de l’Université de Toulouse termine son courrier en sollicitant un entretien avec le premier ministre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

[EDITO] Quand « La manif pour tous » détourne la journée de commémoration de l’esclavage

Cette journée du 10 mai devrait être sacrée. C’est la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Un moment où tous les Français devraient se retrouver autour de la même pensée : celle de se féliciter qu’en 1848, la France mit fin à cette abomination de croire qu’un être humain pouvait en posséder un autre et le réduire en esclavage. 

Cette journée mérite à elle seule un instant de communion. Pourtant, certains pensent que d’autres combats peuvent être menés en parallèle, en se raccrochant à cette commémoration de manière intellectuellement contestable. 

C’est de « La Manif pour tous » dont on parle ici. Mais si, souvenez-vous, ce mouvement né contre la loi Taubira sur le mariage pour tous et qui depuis la promulgation en 2013 survit de manière groupusculaire mais néanmoins spectaculaire en sautant sur toutes les occasions pour faire passer ses messages.

Lors d'une "Manif pour tous" à Toulouse (Photo : AFP)

Lors d’une « Manif pour tous » à Toulouse (Photo : AFP)

Dernier en date, donc, faire de ce 10 mai, la « journée d’action contre la GPA à l’occasion de la journée de commémoration de l’esclavage », avec un slogan-choc : « GPA = esclavage ».

Plusieurs rassemblements sont prévus en France, dont un mardi soir à Toulouse.

La GPA, c’est la gestation pour autrui. Autrement dit, une « mère porteuse » porte pendant 9 mois l’enfant d’un couple qui pour des raisons physiologique ne peut pas avoir d’enfant. Rappelons-le, cette pratique est interdite en France. 

Bien-sûr, il ne s’agit pas ici d’empêcher quiconque de participer au débat (qui d’ailleurs n’a pas véritablement lieu actuellement en France) pour ou contre la GPA. Chacun à le droit de penser ce qu’il veut. D’ailleurs, certains intellectuels (de gauche) s’étaient mobilisés en 2015 contre la GPA sur le thème de « l’exploitation des femmes les plus démunies », un argument tout à fait audible

Non, ce qui choque, c’est la méthode. Rattacher le débat sur la GPA à la journée de commémoration de l’esclavage, c’est souiller la mémoire des esclaves, ne pas respecter leurs descendants. 

« La Manif pour tous » n’en est plus à un coup d’éclat près. Mais en agissant de la sorte, elle ne sert pas ses idées. Faut-il rappeler que la France est le seul pays à avoir déclaré la traite négrière et l’esclavage « crimes contre l’humanité » ?

Cette journée appelait donc recueillement et silence. Pas de gesticulations idéologiques. Dommage.

Fabrice Valéry (@fabvalery)