03 Mai

Toulouse-Université-Perte Idex : incompréhension et contestation

Des millions d’euros perdus et une dynamique brisée. Le retrait du label « Idex«  met la communauté universitaire toulousaine en émoi. Une émotion teintée d’incompréhension et même de colère. La décision du jury international retirant Toulouse du dispositif Initiative Excellence est jugée partielle pour ne pas dire partiale.

Le jury (indépendant du gouvernement mais nommé sous la présidence Sarkozy) a refusé de tenir compte d’une convention signée entre Toulouse et l’Etat. Les membres du jury ont (délibérément) exclu du dossier toulousain une pièce qui permettait de maintenir la ville rose dans le projet Idex. Selon nos informations, le gouvernement partage l’étonnement des universitaires toulousains.

Université du Mirail-Photo @MaxPPP

Université du Mirail-Photo @MaxPPP

En 2012, Toulouse obtient la possibilité d’évoluer vers une fédération. Cette formule permet de tenir compte des spécificités du site toulousain : 3 universités et 17 grandes écoles. La plupart des laboratoires de recherche  « mutualisent » des ressources humaines et des moyens entre universités et grandes écoles. De plus, les autorités de tutelle des grandes écoles vont du ministère de la Défense, en passant par celui de l’Agriculture ou de l’industrie. Face à ces spécificités toulousaines, le modèle fédératif (respectueux des particularismes des différents partenaires) apparaît comme la meilleure solution.

En 2013, les chercheurs et les universitaires toulousains entrent dans le dispositif Idex. Problème. Ils s’engagent à évoluer vers une fusion : une université pivot sur laquelle les autres établissements viennent se greffer. Mais le passage de la fédération à la fusion ne cadre pas avec le site toulousain.

Toulouse obtient alors de l’Etat que l’université toulousaine continue sur la base d’un modèle fédéral. Le jury international ne l’entend pas de cette oreille. Il s’arc-boute sur le modèle de la fusion. D’ailleurs, parmi les 3 universités qualifiées, deux sont des fusions « intégrales » et Bordeaux est une fusion partielle.

Juridiquement le jury international est indépendant du gouvernement français même s’il est financé par lui. Il n’est pas obligé de retenir une convention portant la signature du premier ministre français. Mais son rigorisme méthodologique (une fusion sinon pas d’Idex) fait grincer de nombreuses dents.

La perte du label Idex n’est pas simplement une mauvaise nouvelle pour l’université toulousaine. C’est également une belle couleuvre à avaler pour le gouvernement français. Manuel Valls a dû annoncer une décision qui foulait au pied un accord signé par son prédécesseur à Matignon.

Laurent Dubois (@laurentdub) 

 

 

Aveyron : Loi sur le non-cumul des mandats, Luche passe la main

C’est suffisamment rare pour le souligner. Un président de département en exercice annonce qu’il va démissionner de son mandat, loi sur le non-cumul oblige. Il s’agit de Jean-Claude Luche en Aveyron. Il nous explique pourquoi.

 

Jean-Claude Luche, Président UDI du Conseil départemental de l'Aveyron et Sénateur. Photo Max PPP

Jean-Claude Luche, Président UDI du Conseil départemental de l’Aveyron et Sénateur.
Photo Max PPP

Le Blog Politique : Pourquoi cette décision ?

Jean-Claude Luche : Elle a été difficile. J’avais déjà été obligé de le faire pour mon mandat de maire de Saint Geniez d’Olt. Or là, si je n’avais pas décidé, au 1er octobre 2017, c’est mon mandat le plus ancien qui sautait, autrement dit celui de sénateur.

 

LBP : Vous n’avez jamais été favorable à cette loi sur le non-cumul. Pourquoi ?

J-C L : Parce qu’avoir un mandat local rapproche du terrain. J’aime être au contact, construire. En Aveyron, je suis plus un animateur de territoire qu’un politique. D’ailleurs avec cette loi, j’ai peur que les parlementaires ne soient plus que des politiques purs et durs. Regardez par exemple sur la Loi Travail, plutôt bonne au départ, comme elle a été remaniée par des apparatchiks de parti.

 

LBP : Mais pourquoi avoir choisi le Sénat plutôt que le Département alors ?

J-C L : Une décision pas si facile que ça…. J’y réfléchis depuis 2015. Je suis élu local depuis 33 ans donc je peux amener ces compétences au Sénat. Et puis, à 64 ans, c’est un juste retour des choses. Après 9 ans de présidence, le département a aussi besoin de sang neuf.

 

LBP : Quand et comment avez-vous annoncé cette décision à vos collaborateurs ?

J-C L : Je l’ai annoncée d’abord à mes collègues puis à l’ensemble des 1700 agents. J’ai fait des réunions de personnel pour cela.

 

LBP : Ont-ils été surpris ?

J-C L : Oui et non…

Vous savez la victoire de mars 2015 n’avait pas été si simple que cela. Mais j’ai été une tête de pont pour améliorer la majorité malgré le redécoupage électoral. Je ne sais pas si vous vous souvenez, mon slogan avait été « En marche avec Jean-Claude Luche ». Si vous enlevez mon nom…

 

LBP : Justement, vous qui êtes assez indépendant, quel regard portez-vous sur Emmanuel Macron et son initiative ?

J-C L : Il est brillant, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Les français n’ont plus confiance dans les syndicats ou les partis politiques. Ils se retrouvent sur des identités qui leur ressemblent. Macron s’éloigne du PS. Regardez le Président de la République, il gouverne avec ne coalition. Je ne prends pas tout dans ce que dit et fait Macron mais il y a des choses qui me plaisent. Peut-être une sorte de socialisme libéral…

 

LBP : Comment va se mettre en place votre succession à la tête de l’Aveyron ?

J-C L : Dans mon hémicycle, beaucoup sont capables de me succéder. Pour l’heure, personne ne se détache. On va voir s’il y aura des Primaires. Je suis moi-même d’ailleurs passé par là. Mais quoi qu’il arrive, j’aurai laissé un bon bilan et une situation financière saine.

 

LBP : Votre démission officielle c’est pour quand ?

J-C L : Entre le 1er janvier 2017 et juillet. J’ai ma petite idée personnelle…

Propos recueillis par Patrick Noviello

Cérémonie du 8 mai à Toulouse : polémique autour du « risque » terroriste

Les cérémonies du 8 mai « victimes » de l’état d’urgence. Dans certains quartiers, les commémorations pourraient être réduites à un « fleurissement ». Motif : protéger les enfants des écoles des…attaques terroristes. 

Cette version des faits peut faire sourire. Les gerbes du 8 mai ciblées par Daesh dans le quartier de Saint Aubin ou à Saint Simon, cela ne semble pas très sérieux et largement excessif. Mais, c’est l’explication fournie par la mairie et reprise par un élu socialiste. Retour sur une drôle de polémique.

Cérémonie du 8 mai à Toulouse

Cérémonie du 8 mai à Toulouse

De simples dépôts de fleurs au pied des monuments aux morts célébrant la victoire sur le nazisme. L’affaire a fait du bruit dans le milieu des anciens combattants. Le président de la plus emblématique des associations a pris plume et a adressé un courrier au maire de Toulouse.

Le vice-président en charge des anciens combattants au conseil départemental, Jean-Jacques Mirassou a  également écrit à Jean-Luc Moudenc : « personne ne saurait nier les contraintes justifiées en matière de sécurité mais pour autant, il est évident que l’attachement du Monde Combattant, des Toulousains et des Toulousaines, à cette date emblématique mérite une véritable organisation« .

La députée de la plus toulousaine des circonscriptions hautes-garonnaises, Martine Martinel, s’étonne de la tournure des événements. « Les terroristes ont des cibles plus fortes et symboliques que les cérémonies du 8 mai. Il y a l’Euro dans quelques semaines avec des centaines de milliers de personnes et les terroristes s’attaqueraient  à des monuments aux morts  » déclare la parlementaire. Mais ce qui l’étonne le plus, c’est l’absence d’information :  » je voudrais bien comprendre et que l’on m’explique« . Comme son collègue Jean-Jacques Mirassou, Martine Martinel a pris sa plume et a envoyé un mail à l’élu municipal en charge de la mémoire et des anciens combattants, Jean-Baptiste de Scorraille.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Jean-Baptiste de Scorraille s’explique.  L’élu municipal dénonce une polémique pitoyable :  » Aucune annulation. Il y aura 27 cérémonies et 5 dépôts de fleurs pour des raisons de sécurité en raison de la venue des enfants. C’est à la demande des enseignants, de l’Académie et d’une association qui organise les cérémonies. Quand le gouvernement dit que nous sommes en guerre, il faut bien tenir compte de la sécurité. Je suis très en colère contre Jean-Jacques Mirassou qui se livre à une polémique pitoyable. Quand on est dans un état de guerre, il faut soutenir les armées et penser à nos morts ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

01 Mai

Université-Label « Idex » : Philippe Saurel demande une réunion de crise à Carole Delga

Les deux métropoles régionales au bord de la route. Janvier 2016, Montpellier échoue et ne parvient pas à décrocher le label « Initiative Excellence » (Idex) pour ses universités. 29 Avril 2016, Toulouse est exclue du projet Idex. Désormais, les deux pôles universitaires de la région sont sur le banc de touche.

Le maire de Toulouse s’est exprimé samedi 30 avril. Jean-Luc Moudenc parle d’une « profonde déception » et estime que l’arrêt du projet Idex « sanctionne le manque d’ambition des acteurs universitaires toulousains ». Mais l’élimination de Toulouse fait également réagir le premier magistrat de Montpellier.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole

Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de Montpellier Méditerranée Métropole

Philippe Saurel « demande que le conseil régional qui a compétence sur l’université et l’enseignement supérieur rassemble les responsables de l’université et les présidents des deux métropoles et leur demande expressément de se mettre au boulot pour présenter une université unifiée qui intègre les sciences humaines et les sciences sociales. Nous sommes quasiment la seule région en France a être absent du dispositif Idex. C’est trop grave en terme d’université et de repérage mondial. J’en ai parlé avec Jean-Luc Moudenc nous avons la même position ».

Nous sommes quasiment la seule région à être absente du dispositif Idex, c’est trop grave.

En janvier 2016, Philippe Saurel s’est exprimé sur la disqualification des universités montpelliéraines du dispositif Idex. Mais le président de la Métropole a surtout accompagné ses paroles d’annonces fortes : le gel de 15 millions d’euros dans le cadre du plan Etat-Région et l’arrêt d’un financement de 40 000 euros au profit de la Communauté d’Universités et d’établissements, Languedoc-Roussillon (Comue-LR).

Dans sa décision de refus, en janvier 2016, le jury pointe du doigts des problèmes d’organisation et de gouvernance au sein des différentes universités et établissements de Montpellier. La réaction de Philippe Saurel correspond à ce « réquisitoire » et vise à mettre les universitaires face à leur responsabilité. En avril 2016, le jury international (qui retire Toulouse du dispositif « Initiative Excellence« ) emploie des mots voisins à ceux utilisés pour refuser le ticket d’entrée à Montpellier. La réaction du maire de Toulouse est moins cinglante que celle de Philippe Saurel. Mais Jean-Luc Moudenc pointe également une responsabilité des universitaires toulousains : « on ne pouvait observer une adhésion des acteurs à une démarche de transformation conduisant à une université de recherche intégrée ».

Mais, au delà des différences de tempérament, il existe une position commune et un diagnostic partagé entre Philippe Saurel et Jean-Luc Moudenc. La présidente de région, Carole Delga, va-t-elle entendre cet appel des deux présidents de métropole et organiser une réunion de crise ?

Réponse dans les prochains jours.

Laurent Dubois (@laurentdub)