13 Juin

Haute-Garonne : enquête sur un nouveau Comité Citoyen pour la Transparence Publique

Un Comité Local et Citoyen pour la Transparence de la Vie Publique est apparu en Haute-Garonne. Qui est-il ? Comment fonctionne-t-il ? Enquête.

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Les législatives 2017 ne bouleversent pas uniquement le paysage politique. Elles sont marquées, en Haute-Garonne, par l’émergence d’un nouvel acteur de la scène politico-médiatique. Le 2 juin dernier, les lecteurs de la presse toulousaine ont découvert un Comité Local et Citoyen pour la Transparence de la Vie Publique. Cette première sortie médiatique portait sur le profil d’une candidate La République En Marche. Le Comité dénonce un mensonge concernant le statut professionnel de Corinne Vignon.

La démarche du Comité est claire. Il s’agit de pointer le comportement d’une candidate aux législatives. Mais l’article de presse servant de support à ces « révélations » laisse dans l’ombre un point essentiel : l’identité des « justiciers masqués ».

La transparence est au goût du jour. Le grand déballage autour de l’affaire Fillon et le « laver plus blanc que blanc » d’Emmanuel Macron créent un vrai mouvement de fond. Les révélations se multiplient et les candidats aux législatives sont passés au scanner. C’est salutaire. Mais le danger est de passer d’un extrême à l’autre. Après la tolérance et le silence, le risque est de verser dans les dénonciations tous azimuts. Dans ce contexte, l’émergence d’un Comité Local de Transparence pose question.

Contacté par France 3 Occitanie, un fondateur du Comité joue la transparence : « on ne va pas travailler à la transparence et ne pas être nous même transparent« .

Ce responsable préfère rester anonyme. Mais, selon lui, c’est uniquement pour des raisons internes : éviter de « court-circuiter » les membres du Comité Toulousain. Originaire des Hautes-Pyrénées, le « porte-parole »  revendique uniquement un rôle de mise en relation avec la presse. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine de la brève publiée dans un média toulousain.

En revanche, la composition du comité doit être révélée prochainement. Actuellement, le comité est composé de 4 personnes. Ce nombre doit évoluer. Le porte-parole du Comité lance un appel aux adhésions. Une exigence : l’absence d’appartenance politique. Cette précaution (élémentaire) est indispensable. Le risque d’un noyautage et d’une instrumentalisation est réel.

S’agissant de la philosophie du Comité son porte-parole revendique le parrainage de Tocqueville : « la démocratie repose sur des contre-pouvoirs« .

Au niveau des moyens, le Comité n’exclut pas de saisir la justice si nécessaire. L’association ANTICOR (créée en 2002 par le juge Halphen) saisit régulièrement les tribunaux. Son dernier fait d’arme porte sur l’affaire Ferrand et un dépôt de plainte visant un ministre du nouveau gouvernement Macron. Ce genre d’action est spectaculaire. Mais elle suppose des ressources juridiques (avocat) et une expertise.

Le Comité Citoyen de la Haute-Garonne aura-t-il les moyens pour se lancer dans des procédures judiciaires ? La question reste entière.

De manière beaucoup plus simple, un Blog doit être créé prochainement. Ce support sera un lieu d’expression. Mais il sera également un outil. Les internautes pourront contacter le Comité. Ce contact débouchera sur une collecte d’informations. Le Comité devra faire preuve d’une capacité de tri et d’une vigilance extrême. Le Blog du Comité ne doit pas devenir « Radio Corbeau », avec de fausses révélations et de vraies diffamations.

Cet aspect est d’ailleurs capital pour l’avenir du Comité Citoyen. C’est une question de crédibilité et même de survie. Des dérapages incontrôlés peuvent conduire à des actions en justice et au paiement de dommages et intérêts.

Il ne suffit pas de brandir l’étendard de la Transparence pour tenir la route.

Que ce soit au niveau de sa composition comme de son fonctionnement, le nouveau Comité Citoyen va devoir faire ses preuves.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

12 Juin

Législatives : le PS se mobilise pour sauver l’unique « survivant » du 1er tour en Haute-Garonne

Le parti socialiste de la Haute-Garonne se mobilise pour sauver le seul candidat PS encore en piste pour le second tour.

Joël Aviragnet / Facebook

Joël Aviragnet / Facebook

Pour les socialistes, en Haute-Garonne, la vague Macron vire au Tsunami. 7 député(e)s sortant(e)s (dont un ancien ministre et le numéro 3 du PS) ont été balayé(e)s. Un seul candidat parvient à surnager et obtient un ticket pour le second tour. Joël Arivagnet est (largement) devancé par La République En Marche et Michel Montsarrat. Mais le représentant du PS sur la 8ème circonscription fait figure de survivant.

Dans ce contexte de Bérézina, le sort de Joël Arivagnet prend une dimension symbolique. Avant le 1er tour, le dauphin de Carole Delga a bénéficié du soutien massif de la présidente de Région. Le candidat du PS a (également) été appuyé par le président (PS) du département, Georges Méric. Cette mobilisation n’épargne pas à Joël Arivagnet un ballottage défavorable.

Le PS 31 pousse donc les feux. Tout au long de l’entre-deux tours, militants, cadres et élus vont distribuer des tracts et décrocher leur téléphone. Le PS ne va pas simplement battre le pavé. Il va également éplucher le listing des abstentionnistes et rabattre les « électeurs égarés ».

Le patron des socialistes de la Haute-Garonne, Sébastien Vincini, sera mardi 12 juin avec ses troupes dans le Comminges. Mais d’autres responsables du parti vont suivre. Les élus du conseil départemental seront particulièrement sur le pied de guerre.

L’opération « il faut sauver le soldat Arivagnet » a débuté ce lundi 11 juin. La rapidité traduit l’urgence de la situation. Le marché de Montréjeau est la première cible visée.

Face à ce déploiement de force, l’adversaire de Joël Arivagnet reste stoïque. Michel Montsarrat déclare :

Ils luttent à l’ancienne. Ils confondent tout. Un député, ce n’est pas fait pour discuter d’un banc public ou d’un abribus. Un député c’est fait pour représenter ses concitoyens, faire remonter les problèmes et aider dans les dossiers. De mon côté,  je continue ma campagne et mon travail sur le terrain, loin des appareils politiques

La méthode de l’ancien international de rugby lui a permis de récolter 33,3% des voix.

Laurent Dubois (@laurentdub)

09 Juin

L’intense campagne législative de la non-candidate Carole Delga

Carole Delga est députée PS sortante de la Haute-Garonne mais n’est pas candidate. Mais la présidente de Région est très active dans la campagne des législatives.

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Carmaux, Cahors, les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne ou l’Aveyron. Carole Delga sillonne la campagne des législatives. L’ancien président (socialiste) de Région, Martin Malvy, a toujours soutenu les candidats de son parti. Mais Carole Delga va bien au-delà d’un réflexe militant. Son investissement est conforme à son tempérament. Carole Delga n’est pas vraiment du style « service minimum ». Un cadre PS déclare : « Carole est une vraie guerrière et elle est infatigable. Elle n’est pas du genre à regarder passer les trains ».

Cette mobilisation ne passe pas inaperçu. Et elle agace franchement l’adversaire le plus acharné de Carole Delga. La présidente du groupe FN au conseil régional, France Jamet, déclare :

Au lieu de s’occuper de la campagne électorale des législatives et d’entraver l’expression démocratique, Madame Delga serait bien inspirée de s’occuper des affaires régionales dont elle a obtenu la charge.

Carole Delga entretient des rapports houleux avec le principal groupe d’opposition au conseil régional. La confrontation a même dégénérée en incident (physique) en pleine séance plénière. Ce ne sont pas les remontrances du Front National qui vont modifier l’agenda et l’attitude de Carole Delga. Surtout que l’activisme de la présidente de Région a une dimension stratégique.

L’affirmation d’un leadership

Pendant la campagne présidentielle, Carole Delga est vraiment entrée dans la mêlée. A peine la page tournée, la présidente de Région est restée sur le terrain politique en fédérant les socialistes d’Occitanie. Difficile d’imaginer, après cette longue séquence, une mise en retrait de Carole Delga. Des primaires en passant par la présidence et maintenant les législatives, la présidente de Région déroule le même fil : asseoir son leadership.

Carole Delga reconnaît que le PS est, selon ses mots, « plutôt dans un cycle de faiblesse ». Dans ce contexte, l’ancienne ministre peut constituer un recours. Carole Delga vante sa méthode : « le terrain comme bureau ». Mais le présidente de Région met également en avant sa formule : « une alliance des gauches dans une majorité régionale ».

En réalité, Carole Delga mène une campagne dans la campagne. La tribune des législatives lui permet de promouvoir un modèle Delga. La présidente d’Occitanie revendique son appartenance au PS. Elle ne met pas sa carte au fond de sa poche. Mais elle a compris qu’une page se tourne : « Je ne crois pas que les idées socialiste vont mourir. Mais elles peuvent être portées au delà du PS, dans la gauche ». Carole Delga se situe dans une logique de recomposition. Impossible de participer au chantier, en restant sur le banc de touche;

L’intense campagne législative de Carole Delga repose sur un vieux principe : les absents ont gravement torts. Surtout en politique.

Impossible de squeezer l’agenda politique national. Surtout dans le contexte actuel. Le parti socialiste est en voie de dislocation. Les législatives (en Occitanie comme dans le reste de la France) s’annoncent désastreuses pour le PS. Carole Delga peut tirer bénéfice de cette déroute programmée. Les socialistes ont besoin de valeurs refuge. Carole Delga peut incarner un nouveau PS.

Pour la présidente de Région, les législatives ne sont pas uniquement un tremplin potentiel. Dans son ancienne circonscription, Carole Delga est directement impliquée. La 8ème circonscription de la Haute-Garonne, c’est son territoire. Une défaite de son successeur résonnerait comme un échec personnel.

Un enjeu personnel dans le Comminges

IMG_6017« Elle est terriblement impliquée ». Le constat émane d’un socialiste du Comminges et il faut être aveugle pour ne partager cette vision. Un détail est plus que révélateur. Sur les panneaux officiels, le nom de Carole Delga apparaît (sous forme de bandeau) à côté du visage du « vrai » candidat, Joël Aviragnet. Et avec l’image, il y a également le son. Carole Delga a participé à plus d’une demi douzaine de réunions publiques, sans parler des visites de communes.

Pour un élu du Comminges, cet investissement (lourd) est évident :

Le Comminges, c’est son terrain. Si Aviragnet gagne on dira Carle a gagné et si Aviragnet perd on dira Carole a perdu

Des signaux ont de quoi inquiéter la présidente de Région. Plusieurs élections au sein de communautés de communes et d’un PETR (Pôle d’Équilibre Territorial et Local) ont été défavorables au PS. Il s’agit uniquement de scrutins internes, entre élus. Mais ces revers ne sont pas bon signes.

Carole Delga n’a pas la chance de sa 1ère vice-présidente. Dans le Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel a obtenu un coup de pouce d’Emmanuel Macron : pas de candidat En Marche ! Joël Aviragnet, lui, doit affronter la concurrence du candidat « macroniste », Michel Montsarat.

Pour un militant socialiste, le candidat de Carole Delga bénéficie d’un vrai avantage face à l’étiquette Macron :

Carole Delga a une image. C’est la présidente de Région et ça pèse auprès des électeurs

Pour la présidente de Région, le pire ne serait pas un échec de son successeur. Le pire du pire serait que, dans d’autres circonscriptions, des candidats PS sauvent leur peau et que Joël Aviragnet trébuche.

Mais ce scénario reste de la pure politique fiction. Et, quoi qu’il se passe, Carole Delga restera, au lendemain des législatives, la présidente d’une des plus grandes régions françaises.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : une réunion de La France Insoumise interrompue par la police municipale à Toulouse

Jeudi 7 mai, La France Insoumise a organisé une fête pour clore la campagne des législatives. La police municipale a interrompu le rassemblement.

Police municipale à Toulouse. Photo : MaxPPP

Police municipale à Toulouse. Photo : MaxPPP

Une fin de campagne qui se voulait festive. 72 heures avant le 1er tour, la France Insoumise a organisé place Arnaud Bernard, à Toulouse, une soirée. Prise de parole et musique orientale. Vers 23 heures 30, en plein concert, l’ambiance a changé avec l’arrivée de la police municipale. Selon l’organisatrice, Claire Dujardin, 15 fonctionnaires ont troublé la fête.

En début de soirée, les forces de l’ordre sont passées. Un simple passage pour vérifier l’existence d’une autorisation. Mais la seconde intervention s’est soldée par la menace d’un renfort de le police nationale. La perspective d’un contrôle d’identité des participants a produit son effet. Claire Dujardin a préféré arrêter les festivités.

Avocate de profession, Claire Dujardin affirme avoir déposé en mairie et en préfecture une demande d’autorisation. Pour la juriste de formation, aucun doute, la France Insoumise était en règle. Pour Claire Dujardin, rien ne justifiait l’intervention (massive) de la police municipale. Une intervention qui pourrait déboucher sur une verbalisation pour tapage nocturne.

Claire Dujardin s’interroge. La candidate aux législatives (sur la 1ère circonscription) a décliné son identité. Selon elle, les policiers municipaux savaient parfaitement qu’ils avaient affaire à une candidate en campagne. La nature du rassemblement était également transparent, évident. Ce n’était pas un meeting. Mais le caractère politique de la réunion ne faisait aucun doute. Des panneaux et un marquage au sol, sans parler du logo de la France Insoumise, étaient en place.

Préparation de la réunion la France Insoumise place Arnaud Bernard, à Toulouse. Photo : Facebook/CDujardin

Préparation de la réunion la France Insoumise place Arnaud Bernard, à Toulouse. Photo : Facebook/CDujardin

Claire Dujardin se demande si la « France Insoumise » n’a pas eu droit à un traitement particulier. Son concurrent de droite, François Chollet, est adjoint au maire de Toulouse. Mais la représentante de Jean-Luc Mélenchon ne fait pas de lien entre ce statut et l’intervention de la police municipale.

Contactée par France 3 Occitanie, la mairie de Toulouse précise :

Il s’agissait d’une patrouille normale. La police municipale ne s’est pas déplacée et elle n’a pas été appelée. Ce qui a attiré l’attention des policiers, c’est la musique amplifiée. Les fonctionnaires ont demandé si les organisateurs avaient une autorisation pour l’occupation du domaine public et une autorisation pour la musique. Ce n’était pas le cas. Ils ont donc procédé au relevé d’identité de Claire Dujardin pour pouvoir verbaliser les deux infractions.

La maire de Toulouse précise également que les policiers municipaux ont bien identifié la nature politique du rassemblement.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : voyante, la candidate En Marche ! en Haute-Garonne a-t-elle prédit son élection dans les astres ?

Candidate aux législatives et astrologue, c’est possible. En Haute-Garonne, la représentante d’Emmanuel Macron sur la 3ème circonscription fait des consultations de voyance.

Corinne Vignon

Corinne Vignon

Il existe une boule de cristal. Celle des sondages. Mais la boule est (parfois) fêlée et les prévisions se révèlent (de temps en temps) trompeuses. C’est fâcheux et mauvais pour le rythme cardiaque. Mais, pour éviter le stress des résultats, les candidats aux législatives ne peuvent pas (vraiment) compter sur IPSOS ou OpinionWay. Une candidate de la Haute-Garonne a (peut-être) trouvé une solution.

A la place de la technique des quotas, Corinne Vignon, investie par En Marche ! sur la 3ème circonscription de la Haute-Garonne, dispose d’un outil de haut-vol : les astres.

La candidate La République En Marche ne se contente pas d’un coin de table ou d’un hobby. Corinne Vignon a exercé à titre professionnel.

Problème de travail et de cœur, famille ou boulot, la candidate a éclairé la lanterne de clients. La consultation est facturée 90 euros. Pour éviter les foudres du ciel (ou plutôt du fisc, ce qui revient au même), un chèque est demandé.

Ce prix permet (éventuellement) d’éclaircir son avenir. Mais, moins hypothétique, le montant de la consultation débouche sur deux biens matériels.

Un graphique illustrant le thème astral et une chose encore plus rare. L’expression « Astralement Votre ». La candidate-voyante signe en effet ses mails « astralement votre ».

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut croiser, dans son courrier électronique, une telle signature.

Contactée par France 3 Occitanie, Corinne Vignon, relativise son activité d’astrologue :

Ce n’est pas mon métier. C’est très anecdotique. Je m’intéresse à l’astrologie comme je m’intéresse aux tortues marines. C’est très personnel.

Les astres sont, visiblement, favorables à Emmanuel Macron. Le nouveau président est donné vainqueur et pourrait décrocher une (solide) majorité parlementaire.

Corinne Vignon peut parfaitement être élue et passer de la mairie de Flourens (qu’elle occupe depuis mars 2014) au Palais-Bourbon.

A un nouveau visage, la 3ème circonscription de la Haute-Garonne pourrait ajouter un usage très utile en politique : le sens de la prédiction.

Laurent Dubois (@laurentdub)

08 Juin

Législatives : le candidat Pierre Cabaré porte plainte après un « faux » tract signé… En Marche !

L’ex-candidat (désinvesti) La République En Marche ! dans la 1ère circonscription de la Haute-Garonne, Pierre Cabaré, porte plainte (pour usurpation d’identité) au sujet d’un tract signé…La République En Marche !

L'affiche de campagne de Pierre Cabaré (Photo : T. Bordas / MAXPPP)

L’affiche de campagne de Pierre Cabaré (Photo : T. Bordas / MAXPPP)

La Haute-Garonne est le seul département d’Occitanie pouvant revendiquer un candidat désinvesti par La République En Marche !

Et ce n’est pas tout. Ce même candidat déclare avoir porté plainte au sujet d’un tract signé…LREM. Le dépôt aurait eu lieu le jeudi 7 juin.

En soi, la démarche est cocasse.

Pierre Cabaré veut agir en justice à la place du parti d’Emmanuel Macron. Mais il a (officiellement) perdu son investiture LREM.

On comprend le sens de la démarche : entretenir une confusion entre la situation réelle de Pierre Cabaré (la perte de son étiquette LREM) et une apparence trompeuse (représenter les intérêts du parti macroniste).

Politiquement, l’idée d’un dépôt de plainte a du sens. Même si cela relève d’un brouillage, version « piratage ».

Mais, juridiquement, une action en justice  est franchement « foutraque ».

Pour défendre en justice les intérêts d’une personne morale (parti, association, entreprise), il faut disposer d’un mandat. Seule la présidente de LREM peut saisir les tribunaux. Par délégation de pouvoir, un représentant local La République En Marche ! peut saisir les tribunaux à la place de Catherine Barbaroux. En Haute-Garonne, c’est (éventuellement) Michaël Nogal qui peut (sur la base d’un mandat) défendre judiciairement les intérêts de LREM.

Mais ce n’est pas Pierre Cabaré qui (de sa seule initiative) peut porter plainte. La seule mention du nom et du prénom du candidat ne suffit pas à ouvrir une voie de droit. Pierre Cabaré est au cœur du tract. Le texte distribué sur la voie publique a un seul sujet et un objet unique : la perte d’investiture de Pierre Cabaré. Mais cela ne suffit pas à constituer ce que les juristes appellent : l’intérêt à agir.

Pas d’intérêt, pas de plainte recevable.

L’ex candidat LREM peut toujours se rendre au guichet d’un commissariat de police ou écrire au Procureur de la République. La plainte finira au panier et la « salade » ne prendra pas auprès des autorités judiciaires.

Piment supplémentaire. Le tract est un « vrai-faux » tract. Il porte la signature LREM. Mais il a été rédigé et distribué par…le candidat de la droite et du centre, François Chollet.

Autrement dit, en évoquant une plainte pour usurpation d’identité, Pierre Cabaré vise François Chollet. Pierre Cabaré affirme avoir déposé une plainte contre X.

Mais François Chollet a « avoué » les faits. Il a déclaré au Blog Politique qu’il est l’auteur du tract.

L’information est donc sur la place publique. Inutile de demander au SRPJ de mobiliser ses plus fins limiers. Le laboratoire scientifique n’a pas besoin de dégainer son microscope.

Le « coupable » revendique sa responsabilité et assume.

Mais, cela ne change rien au fond du dossier. La justice a des lois plus complexe que la presse.

Il ne suffit pas de faire une déclaration pour avoir raison.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : la France Insoumise dénonce une « anarchie » dans la distribution des professions de foi

Professions de foi non distribuées, bulletins de vote absents ou en triple exemplaire. La distribution du matériel électoral connaît des « couacs » dans la région Occitanie.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Avant chaque élection, les électeurs reçoivent dans leur boîte des professions de foi et des bulletins de vote. C’est une formalité. Mais, s’agissant des législatives 2017, le rituel dérape dans les Hautes-Pyrénées. Cet éventuel dérapage est (plus que) relatif. Les professions finissent généralement en allume barbecue ou au fond de la poubelle. Les bulletins attendent les électeurs dans les bureaux vote. Mais le code électoral est le code électoral. Tous les électeurs doivent recevoir, à domicile, la prose des candidats.

Et dans les Hautes-Pyrénées, deux candidats de la France Insoumise dénoncent un dysfonctionnement :

C’est le cirque. C’est l’anarchie. Des professions de foi sont absentes de plis. Parfois, on trouve six fois le même bulletin. On lance un appel pour mesurer l’ampleur du phénomène.

Une question d’intendance pourrait expliquer le chaos décrit par les candidats de Jean-Luc Mélenchon. Les législatives 2017 inaugurent un nouveau système de distribution. La mise sous pli a été centralisé à Mérignac, en Gironde. Dans le passé, l’opération se déroulait au niveau départemental. Les candidats faisaient livrer (par leur imprimeur) les documents dans un entrepôt local. Cela permettait une vérification des « pièces » sur place.

La délocalisation en Gironde interdit cet auto-contrôle. Les bulletins de foi et les bulletins de vote ont quitté l’entrepôt girondin pour les préfectures et leur envoi a été effectué sans droit de regard des candidats. Bref, le grain de sable pourrait se situer dans la mise sous pli effectué en région bordelaise. Au delà d’un problème « géographique », une difficulté liée à l’automatisation des mises sous pli pourrait expliquer le « couac » pointé par la France Insoumise.

De son côté, la préfecture des Hautes-Pyrénées relativise :

Nous n’avons aucun retour d’électeur. Un seul candidat nous a signalé un problème et cela concernait 4 plis. A la marge, il peut y avoir des difficultés. Il suffit que les électeurs concernés s’adressent à la préfecture et nous renverrons les documents. Des documents qui sont d’ailleurs dématérialisés et consultables en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur.

Les Hautes-Pyrénées n’est pas le seul département concerné. En Haute-Garonne, sur la 9ème circonscription, des plis contenant plusieurs bulletins de vote d’un même candidat ont été distribués.

Laurent Dubois (@laurendub)

06 Juin

Législatives : enquête sur un « vrai-faux » tract En Marche ! en Haute-Garonne

Un tract circule sur la 1ère circonscription de la Haute-Garonne. Il porte l’estampille En Marche ! Mais le parti « macroniste » dément être à l’origine du document. Enquête.

 

© Juliette Meurin / France 3 Occitanie

© Juliette Meurin / France 3 Occitanie

Rien de flashy. Le tract est en noir et blanc et se réduit à une feuille A4. C’est le message qui attire le regard : « Il n’y a plus de candidats En Marche ! sur la 1ère circonscription de la Haute-Garonne« . Ce texte est complété (en recto) par la reproduction d’un dépêche AFP annonçant le retrait de l’investiture à l’ancien candidat En Marche !, Pierre Cabaré.

A première vue, le tract est parfaitement identifiable. Il porte le label En Marche ! et il comporte une adresse mail ainsi qu’un numéro de téléphone. Ces coordonnées renvoient (également) au parti d’Emmanuel Macron. Seul problème, les instances nationales et locales de La République En Marche n’ont jamais rédigé et encore moins distribué le fameux tract.

Il est apparu, ce dimanche 4 juin, sur les pare-brises des véhicules garés rue Matabiau. On devine l’intérêt politique du tractage : dégonfler les voix de l’ex-candidat LREM.

En insistant (publiquement) sur la perte d’investiture de Pierre Cabaré, il s’agit d’affaiblir un candidat qui reste (toujours) en piste.

Sans le « booster » LREM, l’ex-candidat « macroniste » perd un précieux atout.

Et cela débouche (forcément) sur un effet de vases communicants. Les concurrents de gauche et de droite peuvent profiter du « déclassement » de Pierre Cabaré.

Cette évidence semble signer le « vrai-faux » tract. Les concurrents de Pierre Cabaré ont intérêt à diffuser l’information sur sa perte d’investiture.

Côté PS, c’est un démenti formel. Dans le staff de Catherine Lemorton, on affirme ne pas être dans les coups « tordus ».

Un source livre une piste. Proche d’En Marche ! elle affirme avoir vu des militants Les Républicains distribuer des tracts. Des tracts mettant en avant la perte d’investiture de Pierre Cabaré. Cette information est confirmée par…le candidat de la droite et du centre. François Chollet déclare :

 Pierre Cabaré maintient une ambiguïté en continuant de se dire investi. Cette attitude nous a poussé à produire un document à destination du public reprenant cette information et renvoyant vers les sites LREM afin que chaque citoyen puisse avoir la possibilité de vérifier

Evidemment, l’affaire du « vrai-faux » tract est anecdotique.

Mais elle est révélatrice. Elle montre et démontre que les législatives 2017 se focalisent autour du label « macroniste ».

Emmanuel Macron n’a pas encore de majorité parlementaire. Il manque un point : le vote des électeurs.

Mais, avant le verdict des urnes, le nouveau président a déjà remporté une chose : son parti est au centre des préoccupations et de la mêlée.

Même si cela tourne (parfois) au théâtre de boulevard et au sketch de gare.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

 

 

 

Législatives : le PRG tarnais refuse de soutenir la députée (PS) sortante, Linda Gourjade

Le PRG a signé un accord électoral avec le PS. Mais, dans le Tarn, les radicaux de gauche refusent de soutenir une candidate socialiste, la députée sortante Linda Gourjade.

Linda Gourjade, député (sortante) du Tarn. Photo : MaxPPP/VincentIsorel

Linda Gourjade, député (sortante) du Tarn. Photo : MaxPPP/VincentIsorel

Sur le papier, le PRG et le PS sont des partenaires. Mais, dans les faits, certains radicaux de gauche jouent ouvertement contre leurs « alliés ». C’est le cas dans le Tarn. Le PRG 81 soutient publiquement l’adversaire de la candidate socialiste, Linda Gourjade.

Sur 2 des 3 circonscriptions tarnaises les radicaux de gauche jouent le jeu. Les candidats socialistes (Patrice Bédier et Claire Fita) ont droit à un franc soutien. Et même à de vraies éloges. Patrice Bédier est qualifié de « réelle chance de renouvellement et d’oxygénation » et le candidat PS possède, selon le PRG81, « toutes les compétences et les connaissances pour porter l’avenir des circonscriptions« .

En revanche, pas un mot sur Linda Gourjade. La députée sortante est bien candidate et elle est toujours socialiste, malgré sa ligne Frondeuse.

Ce silence n’est pas un vrai silence. Le PRG 81 évoque bien, dans un communiqué de presse, la circonscription de la socialiste. Mais c’est pour afficher son soutien au concurrent de Linda Gourjade, Jean Terlier.

Ce dernier est le candidat de la République En Marche ! En temps « normal », cette violation d’un accord électoral pourrait surprendre. Mais, dans le contexte actuel, c’est (simplement) une illustration supplémentaire du chaos ambiant. Depuis des mois, le PRG est sans gouvernail. La présidente du parti, Sylvia Pinel, a d’abord refusé toute candidature à la présidentielle avant d’être candidate. L’opération s’est soldée par un retrait en rase campagne. S’agissant de la primaire, le PRG a refusé de participer puis a participé. Sylvia Pinel a ensuite soutenu le vainqueur, Benoît Hamon. Mais sans vraiment le soutenir.

Enfin, dernière étape de ce rodéo politique, Sylvia Pinel a rejoint Emmanuel Macron. Petite précision. Moins de deux mois auparavant, les « macronistes » du PRG étaient menacés d’exclusion.

En foulant aux pieds l’accord avec le PS, le PRG tarnais reste dans la « ligne » nationale du parti. Un positionnement à géométrie variable.

S’agissant des conséquences pratiques et politiques, la déclaration du PRG 81 est relative. L’impact sur l’électorat est loin d’être évident.

Le poids des radicaux de gauche est faible.

Au pays de Jaurès, le PRG compte 11 élus locaux dont seulement 2 maires. Et encore certains de ces élus doivent leur mandat à un accord avec…le PS.

C’est, d’ailleurs, le cas du président du PRG 81. Le siège de conseiller régional de Vincent Garel repose sur…un partenariat PS/PRG.

Mais, en réalité, c’est le climat national qui est déterminant.

Dans le Tarn, sur la 1ère, la 2nde ou la 3ème circonscription, les législatives risquent de se transformer en simple « réplique » de la présidentielle.

Le jeu (électoral) peut se réduire à un vote d’étiquette. Un vote avec une prime pour les représentants d’Emmanuel Macron.

Dans ce contexte, le sponsor ou l’embargo du PRG se réduit à ce qu’il est : un communiqué de presse.

Laurent Dubois (@laurentdub)

RSS