28 Juin

Annulation de l’AG de l’aéroport : le dessous des cartes

La réunion qui devait décider de la redistribution des dividendes (17,5 millions) réclamée par les actionnaires chinois (Casil, 49 ,9% des parts) a été reportée. Plusieurs avantages à cela. D’abord c’est le moyen de ne froisser personne. Ensuite les actionnaires publics opposés à cette redistribution de bénéfices auraient pu parler à presse et dénoncer le comportement du partenaire privé créant ainsi une division. Enfin, l’Etat détenteur de 10,1% d’actions aurait été obligé de se positionner.

Photo MaxPPP

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« Des considérations extérieures à l’entreprise pourraient interférer avec les débats ». Ainsi le directoire de l’aéroport justifie, dans un communiqué, le report de son Assemblée Générale. La lettre ouverte du président du Conseil Economique et Social Régional au Ministre de l’économie fait-elle partie de ces considérations ? Quoi qu’il en soit Jean-Louis Chauzy n’a pas mâché ses mots dans son courrier daté de lundi envoyé à Emmanuel Macron.

 

Où sont passés les investissements promis ?

 

« Aujourd’hui, l’actionnaire majoritaire au conseil de surveillance veut puiser dans les fonds propres de la société pour la rémunération des actionnaires ». Et le président du CESR d’expliquer que ce serait dangereux pour l’équilibre financier de la structure et de dénoncer l’attitude des partenaires chinois : « Dans sa campagne de séduction des collectivités, des acteurs économiques et de l’Etat, le groupe chinois s’était engagé à investir dans différents projets, notamment dans les infrastructures…à ce jour rien n’est venu ».

 

Une fois cela noté noir sur blanc, ce que veut aussi Jean-Louis Chauzy, c’est que l’Etat se positionne. Il appelle le Ministre à ce que « l’Etat préserve les 10,1% de parts qu’il détient dans ce montage financier et qu’il soit tenu compte de cette situation des concessions pour les aéroports de Nice et Lyon ». Parce que l’enjeu véritable de ce débat est là. L’aéroport de Toulouse-Blagnac est pour l’heure un exemple unique en France de montage financier public-privé d’une telle infrastructure de transport.

 

Beaucoup de salive pour 9 millions

 

Lors de sa conférence de presse de ce matin, la présidente du conseil de surveillance de l’aéroport a mis l’accent sur le fait que les actionnaires chinois ne souhaitaient se reverser au final que 9 millions d’euros : « Vous ne trouvez pas que ça fait beaucoup de salive ? » ironise Anne-Marie Idrac. Seul hic pour un des actionnaires publics locaux « ce n’est pas une question d’argent mais de principe ! ». Sous-entendu, un partenaire fraichement arrivé ne peut se reverser des bénéfices qu’il n’a pas contribué à produire.

 

Toujours lors de cette conférence de presse Anne-Marie Idrac a qualifié de « perturbations exogènes » ce qui l’a décidée à ajourner l’AG : « Une AG n’est pas une tribune politique(…) Une AG n’est pas quelque chose qui se positionne sur la place publique. Ça ne se tient pas en plein vent ! » Mais qui visait-elle puisqu’aucun représentant des actionnaires n’a accepté de nous parler face caméra à ce jour, hormis elle ? Sauf que si cette AG s’était tenue et qu’elle faisait des mécontents, sans aucun doute les micros et caméras seraient apparus comme bienvenus pour certains. Est-ce cela que redoutait la présidente du conseil de surveillance qui pointe tout de même « certains représentants des collectivités qui font un autre débat » ?

 

Le jour où l’Etat ne sera plus là

 

Au-delà de cette question à trancher sur la redistribution des bénéfices, un autre point était à l’ordre du jour : « une réforme des statuts sur lesquels les collectivités et la CCI obtiendraient d’avantage de droits que du temps de l’Etat » avance Anne-Marie Idrac. Elle évoque même « une majorité de blocage des deux tiers dans toutes les circonstances et quoi qu’il puisse arriver à l’avenir,  en particulier le jour où l’Etat ne sera plus là ». Seulement pour avoir cette majorité de blocage, il faut que tous les acteurs publics locaux s’entendent…

 

Or aujourd’hui, pour revenir à la polémique sur la redistribution des dividendes, c’est loin d’être le cas. Deux collectivités y sont clairement opposées : la Région et le Département de Haute-Garonne. Deux autres acteurs publics n’ont pas pris position : la Métropole toulousaine et la Chambre de Commerce et d’Industrie de Toulouse. Une division qui aurait là encore pu éclater au grand jour s’il y avait eu A.G. « Et si nous sommes divisés, il sera évidemment plus facile pour l’Etat de donner raison aux actionnaires chinois en disant : « vous n’aviez qu’à vous mettre d’accord » » prévoient déjà certains.

Patrick Noviello

22 Juin

Les maires renvoyés à leurs chères études ?

Question sensible qu’a soulignée l’élu LR du Tarn et Garonne François Bonhomme devant le Sénat ce mardi. Qui va payer pour les nouveaux manuels scolaires avec le changement de programmes annoncés dès la rentrée prochaine dans le Primaire notamment ?

Chers manuels scolaires ! (Photo MaxPPP) Les éditeurs font le maximum pour que les millions de manuels soient prêts à la rentrée 2016, date de la mise en place des nouveaux programmes scolaires (MaxPPP TagID: maxstockworld339539.jpg) [Photo via MaxPPP]

Chers manuels scolaires ! (Photo MaxPPP)

La pilule des rythmes scolaires pas encore digérée que les maires risquent d’en avoir une autre à avaler. Même si la saison est au retour des couleuvres, le serpent de mer de « qui paie les nouveaux livres de l’école » refait surface. « L’achat des manuels n’étant pas une obligation pour les communes (…) Dans la pratique, il est fréquent que celles-ci acceptent une prise en charge partielle ou totale. Le budget des communes pour l’équipement des écoles varie de 13 à 130 euros par enfant et par an ». François Bonhomme redoute d’emblée des disparités entre communes.  Sa question au gouvernement sur ce qu’il compte faire s’adresse donc à la secrétaire d’Etat en charge de l’égalité réelle.

L’option documents photocopiés ou en ligne

Réponse de Ericka Bareigts : « Les manuels ne sont pas un support obligatoire d’enseignement. Le recours à des documents photocopiés est pris en charge par l’État. 7,7 millions d’euros sont inscrits, à cette fin, en loi de finances initiale 2016 pour le premier degré. D’autres documents sont mis en ligne. En maternelle, par exemple, un livre numérique propose de nombreuses ressources didactiques et pédagogiques. Vous le voyez : le ministère propose des postes concrets aux collectivités territoriales, sans occasionner de nouvelles dépenses. »

Liberté pédagogique et réalité

Pas convaincu François Bonhomme reprend une dernière fois le micro : « Votre réponse me rend dubitatif. Certes, les enseignants jouissent d’une liberté pédagogique mais vous n’ignorez pas comment les choses se passent : c’est aux maires qu’il revient, lorsque les enseignants se tournent vers eux, d’assumer les contraintes nouvelles imposées par l’État – compétent, en la matière, plus que quiconque… »

Réponse concrète à la rentrée.

 

Patrick Noviello

20 Juin

Primaire à Gauche : Christophe Borgel « la primaire sera plus ouverte qu’en 2011 »

C’est l’annonce du week-end et elle conditionne la présidentielle de 2017. Vendredi 17 juin, le premier secrétaire du parti socialiste crée la surprise. Jean-Christophe Cambadélis annonce que les instances nationales de son parti vont se pencher sur l’organisation d’une primaire.

Samedi 18 juin, le bureau national approuve  le projet à l’unanimité . Ce n’est pas la première fois que le parti socialiste se lance dans une primaire ouverte. La précédente (co-organisée avec le Parti Radical de Gauche) remonte à 2011 et elle a ouvert les portes de la présidentielle à…François Hollande. Mais la cuvée 2016 présente une particularité unique : le président sortant peut participer à la compétition. Un chef de l’Etat toujours en exercice qui concourt à une primaire, c’est du jamais vu à gauche comme à droite.

Le numéro 3 du parti socialiste et député de Haute-Garonne Christophe Borgel revient sur ce tournant dans la course à l’Elysée. Interview.

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS et Christophe Borgel, numéro 3 du PS. Photo : MaxPPP

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS et Christophe Borgel, numéro 3 du PS. Photo : MaxPPP

Le Blog Politique. L’annonce de l’organisation d’une primaire à gauche a surpris tout le monde. Pourquoi cette accélération subite ? 

Christophe Borgel. Ce n’est pas subit. Jean-Christophe Cambadélis parle d’une primaire depuis le début de l’année. Il y avait sur la table trois hypothèses : pas de primaire, une primaire et l’organisation d’un congrès extraordinaire. Certains ont pensé qu’un congrès extraordinaire n’est pas une solution. Ne pas organiser de primaire n’était pas non plus une solution.

Le Blog Politique. Sur le papier, il s’agit d’une primaire ouverte. Mais, le PC et Europe Ecologie refusent de participer. Ce sera une primaire réduite aux courants du PS ? 

Christophe Borgel. J’ai vu la déclaration d’Europe Ecologie. Cela revient à acter la division de la gauche et c’est une erreur. C’est le meilleur moyen pour acter l’absence de la gauche du second tour de l’élection présidentielle. La division, c’est l’élimination du camp de la gauche. De notre côté, on veut réunir la gauche. Sur la plan social on voit ce que prépare la droite quand on regarde ce qui ressort de l’examen de la loi El Khomri par le sénat (ndlr un sénat dans lequel la droite est majoritaire) ou quand on entend le discours de Nicolas Sarkozy sur les minorités. Cela fait six mois que nous discutons avec nos partenaires et on nous ballade. Nous prenons nos responsabilités et nous continuerons à essayer de convaincre nos partenaires de nous rejoindre.

La primaire sera plus ouverte qu’en 2011

Le Blog Politique. Vous renvoyez le PC et EELV à leur responsabilité. Mais seul le résultat compte et votre primaire risque d’être une primaire light. Une micro primaire recroquevillée sur le PS.

Christophe Borgel. Non. La primaire sera plus ouverte qu’en 2011. Je ne veux pas parler à la place des radicaux de gauche. Mais ils ont accepté de participer en 2011 et je ne vois pas pourquoi ils ne rejoindraient pas en 2016. Mais il y a aussi tous les représentants ou toutes les composantes de la Belle Alliance Populaire (ndlr mouvement lancé en avril 2016) avec des écologistes  comme François de Rugy ou le Front Démocrate de Jean-Luc Bennhamias mais aussi des personnalités.

Le Blog Politique. L’organisation d’une primaire est plutôt une bonne nouvelle pour François Hollande. Cela peut libérer le terrain en éliminant des candidats avant le 1er tour. Vous avez eu un retour de l’Elysée ? Quel est l’état d’esprit de François Hollande.

François Hollande pas mécontent d’avoir un débat sur ce que nous avons fait pendant 5 ans au gouvernement

Christophe Borgel. Je ne parle jamais à la place du président de la République. Ce n’est pas moi qui l’ai eu directement mais le premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis. Il ne semble pas mécontent de pouvoir avoir un débat sur ce que nous avons fait depuis 6 ans au gouvernement mais également de pouvoir se projeter dans l’avenir. François Hollande a annoncé qu’il s’exprimerait pour dire s’il est ou non candidat fin décembre.

Le Blog Politique. Concrètement comment va se dérouler la primaire ? On connait la date. Ce sera fin janvier. Mais on va revivre ce que nous avons connu en 2011 avec des débats télévisés ?

Christophe Borgel. Je commence juste à travailler dessus. Je ne sais pas communiquer sur une organisation qui n’est pas encore en place. Mais cela ressemblera à 2011.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

15 Juin

Bac Philo – Les copies de Jean-Luc Moudenc et Philippe Martin

Travailler moins est-ce vivre mieux ? Le désir est-il par nature illimité ? Descartes, Arendt et Marleau-Ponty. Comme tous les ans à la même époque, les candidats au bac ont phosphoré sur la philo. France 3 Midi-Pyrénées a proposé au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et à l’ancien ministre-président du Gers, Philippe Martin de plancher. Les deux élus ont accepté de reprendre, le temps d’une copie, le chemin du bac philo.

Le sujet est taillée sur mesure. Mais il a vraiment été posée au bac philo 2016. La politique est-elle l’affaire de tous ?

Pour la notation, c’est à l’appréciation des lecteurs du Blog Politique.

En revanche, s’agissant de l’application et de la bonne volonté, c’est 20/20.

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

La question peut sembler binaire. La réponse ne l’est pas.
La politique est-elle l’affaire de tous ? Oui, mais pas tout le temps. Oui, mais pas encore.
S’agissant de l’organisation collective de la société, la « politeia » incline à considérer que l’assentiment explicite de ses membres doit être recherché par tous moyens. Que l’action publique menée n’en sera que plus robuste politiquement si elle est le fruit d’une délibération large, qui la rende légitimement opposable à ceux qui en contesteraient ultérieurement le bien fondé.
Encore faut-il que la chose publique à mettre mise en oeuvre – décision, loi – soit intelligiblement, préalablement et honnêtement présentée à ce « tous » qui fait Nation.
Oui donc, mais pas tout le temps si, comme Socrate, on ne croit pas à « l’universelle compétence des citoyens », où si l’on juge que celle-ci que doit être précédée d’une indispensable éducation philosophique et politique.
Oui, mais pas encore.
« L’affaire de tous » pose implicitement la question de la représentation politique et de sa légitimité dans la durée.
Dans le système démocratique que nous connaissons en Europe, « l’affaire de tous » est d’abord « l’affaire de ceux qui veulent », de ceux qui s’engagent, et l’on peut se désoler qu’en réalité elle devienne sous nos yeux « l’affaire de moins en moins ».
La politique ne peut pas être l’affaire de tous par intermittence, ni laisser le pouvoir politique démocratiquement élu exercer celui-ci, même au nom du peuple, à l’abri des regards et du contrôle de ce « tous », indéfinissable et curieux. C’est toute là question de l’aspiration nouvelle des citoyens pour une « démocratie continue » qui ne se résume pas son un aspect participatif, lui aussi discriminant, mais qui envisage aussi que des jurys tirés au sort puissent, autant et aussi bien que les 925 élu(e)s du peuple, faire en sorte que la politique devienne vraiment l’affaire de tous.
Philippe MARTIN

©PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI / XAVIER DE FENOYL / TOULOUSE / LE 29/08/15 LE MAIRE JEAN LUC MOUDENC, MAIRE DE TOULOUSE A L'OCCASION DE LA FIN DE L'EDITION ETE 2015 DE TOULOUSE PLAGE. (MaxPPP TagID: maxnewsworldthree820853.jpg) [Photo via MaxPPP]

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse. Photo @MaxPPP

Malheureusement, la vie politique nationale provoque un sentiment d’éloignement chez les citoyens.
En revanche, la vie locale génère davantage de proximité. Le projet choisi par les citoyens lors du vote devient la priorité pour l’élu : l’affaire est à faire !
Après une campagne électorale qui a souvent cristallisé des clivages, l’élu, manches retroussées, doit rassembler, chercher sans cesse le consensus autour de son action. Il doit agir pour tous et non pour défendre tel ou tel intérêt particulier. Rassembler, c’est nécessaire pour impulser une dynamique, créer une émulation collective, favoriser les liens sociaux.
Élus et citoyens : ce couple doit être l’un à l’écoute de l’autre : c’est toujours ensemble que les choses avancent, et pas les uns contre les autres.

J’exhorte tous les jeunes, qu’ils passent le bac ou non ces jours-ci, à s’engager dans la vie publique, pour que les décisions ne se prennent pas sans eux, pour que le quotidien ne soit pas changé sans qu’ils se soient exprimés, sans qu’ils aient enrichi le débat public. Parce que, comme l’écrivait si justement l’académicien Charles de Montalembert : « Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même. ».

Jean-Luc Moudenc

Copies relevées par Laurent Dubois (@laurentdub)

Patrimoine et Grande Région : les lieux du pouvoir

Dans son numéro de printemps, le magazine « Midi-Pyrénées Patrimoine » nous emmène à la découverte des Palais et autres sièges des institutions dirigeantes de notre grande région, à travers les siècles. Visites guidées du Palais d’Alphonse II d’Aragon à Millau, à la Préfecture de Toulouse en passant par la mairie de Montpellier et nos deux hôtels de Région. On y apprend une chose essentielle : « Le siège social du pouvoir est tout sauf neutre : architecture et implantation sont politiques »

Le numéro de printemps de "Midi-Pyrénées Patrimoine"Un pouvoir royal si l’on débute, comme ce dossier, par ordre chronologique avec notamment les rois d’Aragon. Nous est ainsi conté l’histoire du très avant-gardiste palais des rois de Majorque à Perpignan. Une « somptuosité inversement proportionnelle à la puissance et à la solidité de leur Etat » raconte Henri Pradalier, spécialiste de l’histoire de l’Art médiéval à l’université Toulouse Jean Jaurès. Alphonse II d’Aragon, lui, ne venait que très rarement à Millau mais il voulait en imposer au comte de Toulouse Raymond V, son rival. Pour cela, il fit donc ériger dans la capitale du sud-Aveyron un beffroi Monumental que l’on peut encore contempler de nos jours.

Les ors de la République

Puis les forteresses moyenâgeuses ont laissé la place à des châteaux plus raffinés qui sont devenus les « ors de la République ». Mais pourquoi, aujourd’hui encore, nombre des bâtiments représentant l’Etat sont des anciens Palais ? Bruno Tollon, professeur émérite d’histoire de l’art moderne à l’université de Toulouse nous explique que dans cette même ville la préfecture s’est installée dans le Palais des Archevêques après la Révolution et que « dans une étonnante continuité, murs et décors servent à l’exercice du pouvoir ».

 

Et puis quand une nouvelle institution naît, avant même qu’elle ne devienne un véritable lieu de pouvoir, il faut construire son siège. « Midi-Pyrénées Patrimoine » consacre aussi quelques pages à nos deux (anciens ou toujours actuels ?) Hôtels de région, trente ans pour celui de Toulouse, un peu moins pour son homologue montpelliérain. Signe des temps, le premier est d’influence américaine même s’il conserve encore un mur d’enceinte et des douves.

 

Une nouvelle page d’histoire

 

Fin de la ballade au cœur de ces lieux de pouvoir avec l’Hôtel de ville de Montpellier inauguré en 2011. Ses architectes Jean Nouvel et François Fontès l’ont voulu entre terre et mer, très méditerranéen. Que vont devenir maintenant tous ces bâtiments à l’aune de notre grande région ? Une nouvelle page d’histoire se tourne pour eux et les hommes et femmes de pouvoir qui les occupent.

Patrick Noviello

 

 

13 Juin

Loi Travail : l’explication de texte de la CGT 31

Avant la manifestation nationale de Paris demain, et celles annoncées en région, la CGT reprécise ses revendications. Photo Reuters

Avant la manifestation nationale de Paris demain, et celles annoncées en région, la CGT reprécise ses revendications. Photo Reuters

 

Des mobilisations qui se répètent mais souvent symbolisées par des cortèges en centre-ville dont on ne retient que les débordements. Face à ce constat, la CGT Haute-Garonne a décidé de passer en mode « explication de texte » et nous a fait parvenir, comme à d’autres confrères, son analyse du projet de loi et un argumentaire légitimant son retrait.

 

Non, les gens et surtout les jeunes ne sont pas « trop bêtes pour comprendre » ! Voilà en substance ce que veut prioritairement dire la Confédération Générale du Travail 31. En ce jour d’examen du projet de loi au Sénat, le syndicat veut croire que cette navette parlementaire « fait éclater la vérité ». « Le projet de loi El-Khomri n’est pas un projet de gauche qui s’opposerait au projet de droite au Sénat, les deux ne font qu’un ! »

 

Refus net de l’article 2

 

Dans son long communiqué à la fois explicatif et revendicatif, la tension monte encore d’un cran avec le syndicat dit « réformiste » CFDT, notamment sur l’inversion de la hiérarchisation des normes (vote en entreprise prioritaire sur l’accord de branche). « Si on l’accepte, il faut l’assumer et non pas mentir aux salariés ! ». Ainsi donc la CGT dirait la vérité et les autres non. Difficile d’envisager une reprise du dialogue sur cette base abrupte. Encore plus difficile d’entrevoir une discussion autour de l’article 2.

 

Donner la priorité à l’entreprise plutôt qu’à la branche reste  totalement inenvisageable pour le syndicat. « C’est nier le pouvoir exorbitant des employeurs qui peuvent sanctionner, déplacer, licencier un salarié, lui imposer des conditions de travail nocives et même casser l’outil de travail comme AZF, Molex, Freescale, SANOFI et bien d’autres exemples en Haute-Garonne, en ont fait la preuve ! »

 

Et les indemnités prudhommales qui ne sont finalement plus plafonnées, n’est-ce pas une source de satisfaction ? « Un barème indicatif est instauré, ce qui peut revenir quasiment au même vu la pression qui sera mise sur les juges » rétorque la CGT 31. Quant à la médecine du travail ? « Elle est quasiment rayée de la carte dans ses prérogatives protectrices ».

 

Syndicalisme de proposition

 

« La CGT, c’est bien connu, ne signe jamais aucun accord » a-t-on l’habitude de plaisanter (ou pas) du côté de la CFDT. Faux s’insurge le syndicat pour qui, avec cette loi, « le syndicalisme de proposition est attaqué, seuls des syndicats « maison » prêts à accompagner le MEDEF et l’Europe auraient leur place ».

 

Enfin la CGT se dit également soutenue par « de nombreux syndicats de toute l’Europe, pour certains déjà victimes de la nocivité des mesures contenues dans le projet de loi ». Des organisations qui devraient tenir meeting le 20 juin prochain à Toulouse. Le débat continue. En attendant que les discussions reprennent ?

 

Patrick Noviello

08 Juin

Bruno Le Maire : « Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy a de l’avance mais je n’ai pas de retard »

C’est le troisième homme de la primaire. Dans les sondages, Bruno Le Maire est dans le « tiercé » de tête, derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Secrétaire d’Etat a 39 ans, ministre à 40 ans, Bruno Le Maire passe un cap et se lance dans la course à la présidentielle.

En moins de 10 ans, l’énarque-agrégé de lettres est passé des couloirs de la diplomatie aux coulisses de Matignon et du statut de conseiller du Prince à l’arène politique. Le député de l’Eure est jeudi 9 juin à Toulouse. Ce sera son 376 déplacements. Bruno Le Maire s’exprime sur la primaire, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, son réformisme et les blocages qui grippent le pays. Interview.

Bruno Le Maire, député de l'Eure et candidat à la primaire de la droite et du centre Photo MaxPPP

Bruno Le Maire, député de l’Eure et candidat à la primaire de la droite et du centre Photo MaxPPP

Le Blog Politique -Vous venez de remporter le prix de l’humour politique pour votre phrase « mon intelligence est un obstacle ». Jacques Chirac qualifiait d’Alain Juppé de « meilleur d’entre nous ». Comme le maire de Bordeaux, vous êtes passé par les grandes écoles de la République. Il y a du Juppé en Bruno Le Maire ?

Bruno Le Maire. Chaque responsable politique a sa propre histoire, son propre parcours. Ce n’est pas parce que nous avons fait les mêmes écoles que nous portons les mêmes idées. J’ai démissionné de la fonction publique, je ne cumule pas les mandats et je n’ai jamais gouverné aux destinées de ce pays. C’est ma différence.

Le Blog Politique-Dans les sondages, vous êtes le troisième homme de la primaire. C’est une bonne surprise ou un résultat que vous analysez froidement et qui vous donne envie d’aller plus haut ?

Bruno Le Maire. L’objectif n’est pas d’être le troisième homme mais de gagner la primaire. Pour cela, le seul sondage qui compte, c’est celui des 20 et 27 novembre prochains. Ce que je ressens sur le terrain, c’est que les Français veulent que les choses changent et qu’ils sont prêts à faire le choix du renouveau. Prêt à renouveler la classe politique, prêt à refonder le dialogue social.

Les français veulent que les choses changent

Le Blog Politique- L’organisation de la primaire va, en partie, conditionner les résultats. Quels sont les points qui vous semblent décisifs : choix implantation des bureaux de vote, organisation des débats dans les fédérations départementales… ?

Bruno Le Maire. Nous n’avons pas le droit à l’erreur. Ce qui est décisif c’est d’effacer le souvenir honteux de l’élection interne de 2012 en s’assurant que l’élection de notre candidat soit incontestable et incontestée. Cela nécessite une organisation transparente et équitable pour tous les candidats. J’ai toute confiance en Thierry Solère, qui coordonne cette primaire et notamment l’implantation des 10 000 bureaux de vote, pour réussir ce défi.

Effacer le souvenir honteux de l’élection interne de 2012

Le Blog Politique-Vous êtes confiant dans la qualité et la sincérité de la compétition ? La lutte ne va pas trop laisser de traces ?

Bruno Le Maire. Ce n’est pas une question de confiance mais de nécessité : nous n’avons pas le choix. Après le désastre du quinquennat Hollande et le pitoyable spectacle de l’UMP en 2012, notre famille politique a le devoir de rester unie. Je compte sur le sens des responsabilités de chacun.

Le Blog Politique-Nicolas Sarkozy a-t-il une longueur d’avance sur ses concurrents parce qu’il est le président de LR ?

Bruno Le Maire. J’ai effectué 375 déplacements depuis janvier 2013 pour aller à la rencontre des Français et échanger avec eux. J’ai tissé depuis quatre ans un tissu solide d’élus locaux et nationaux qui me soutiennent avec loyauté. Avec mon équipe nous pouvons compter sur des milliers de bénévoles, de jeunes et de donateurs qui partout en France croient au renouveau politique que je porte. Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy a une longueur d’avance, mais je n’ai pas pris de retard.

Le Blog Politique-La primaire se marque à droite pour séduire militants et sympathisants. Cette « droitisation » est-elle un handicap car il faudra ensuite parler à l’ensemble des français ?

Bruno Le Maire. Je m’emploie depuis plusieurs années à défendre avec constance des idées et des valeurs qui sont les miennes et auxquelles je suis profondément attaché. Il n’a jamais été question de déroger à celles-ci. Je veux être élu sur un programme et ne ferai pas de compromis par opportunisme.

Le Blog Politique-François Hollande et Manuel Valls battent des records d’impopularité. C’est gagné pour la droite en 2017 ?

Bruno Le Maire. Rien n’est jamais gagné. La droite ne doit pas l’emporter par dépit ou par revanche mais parce que le projet qu’elle porte insuffle le renouveau capable de redresser la France et de redonner confiance à tous nos compatriotes. Il est de notre devoir de faire preuve d’audace et de renouveler nos pratiques politiques comme je le demande depuis maintenant plusieurs années : fin définitive du cumul des mandats, limitation à 3 mandats parlementaires successifs, réduction du nombre de parlementaires et d’élus régionaux, et démission de la fonction publique pour les hauts fonctionnaires élus. Je me bats contre les pratiques dépassées, les postures partisanes et les discours incantatoires qui ne trompent plus personne. En 2017, les Français doivent avoir le choix d’une nouvelle offre qu’ils attendent depuis si longtemps.

La droite ne doit pas l’emporter par dépit ou par revanche

Le Blog Politique-Vous avez annoncé que vous ne serez pas le premier ministre du prochain président de la République. Pourquoi ? Matignon est un « cadeau empoisonné » ?

Bruno Le Maire. Je n’ai qu’un seul objectif : gagner la primaire pour devenir le prochain Président de la République Française et réformer le pays. C’est le seul message qui vaille et notre électorat n’en peut plus des manœuvres d’appareil et des parcours sinueux. Il faut offrir un choix clair aux Français pas un plan de carrière.

Le Blog Politique-Dans la galerie des présidents de la Ve République, du Général jusqu’à François Hollande lequel est, selon vous, le meilleur et le pire ?

Bruno Le Maire. Nous devons nous tourner vers l’avenir pour écrire une nouvelle page de l’Histoire de France. Néanmoins je garde une admiration toute particulière pour le Général de Gaulle, et je pense que François Hollande a abaissé la France comme jamais sous la Ve République.

Une admiration particulière pour le Général de Gaulle

Le Blog Politique-Vous venez dans le Sud-Ouest au milieu des grèves de trains et des blocages anti-El Khomri. C’est le côté « gaulois » d’un peuple qui résiste toujours et encore aux réformes ?

Bruno Le Maire. Ce n’est pas la France qui résiste. C’est une minorité qui se dit représentative mais qui en réalité ne représente qu’elle-même et qu’une idéologie totalement obsolète. L’idée selon laquelle le pays serait difficilement réformable ne me semble pas juste. La réalité est que nous nous y prenons mal depuis plusieurs décennies, en refusant d’être clairs sur nos projets et en faisant une fois au pouvoir l’inverse de ce qui a été annoncé en campagne. Or, le rôle du chef de l’État est de respecter la majorité et d’appliquer son contrat de mandat conclu avec le peuple français. La France n’est pas plus difficilement réformable que d’autres pays en Europe. Dans tous les pays européens, quand on porte des changements profonds, comme en Allemagne ou en Italie, cela crée des résistances et des réactions. C’est bien normal, nous sommes en démocratie. Ce qui pose problème en France c’est que nous cédons aux minorités contre la majorité depuis trente ans. Il est temps que la majorité soit respectée.

En France nous cédons aux minorités contre la majorité depuis trente ans

Le Blog Politique-Vous faites une visite à Toulouse. Quels sont vos soutiens en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon ?

Bruno Le Maire. J’ai l’honneur d’être soutenu par des élus qui font un travail remarquable et sans qui rien ne serait possible. La liste complète des parrainages que j’ai recueillis est disponible sur mon site Internet.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

02 Juin

Collectivités locales : le rapport qui veut réformer

Claudy Lebreton, ex-président de conseil général, lors de la remise de son rapport à Manuel Valls. Photo MaxPPP

Claudy Lebreton, ex-président de conseil général, lors de la remise de son rapport à Manuel Valls. Photo MaxPPP

Avec le Congrès des Maires de France qui se tient jusqu’à ce soir Portes de Versailles à Paris et la campagne de la Présidentielle qui se dessine, l’heure est plus que jamais à l’écoute des élus locaux. Ce matin, un rapport pour réformer les relations entre l’Etat et les institutions locales a donc très opportunément été remis à Manuel Valls par Claudy Lebreton. Détails.

Avant les propositions : le constat, et il n’est pas tendre. Selon ce rapport, la réforme des territoires a bel et bien généré « une zone de turbulence » qui pourrait bien durer 10 ans. Quant aux économies promises avec la fusion des régions, il y a « des doutes sur un retour rapide sur investissement ».  Quant au Commissariat général à l’Egalité des Territoires (CEGT), là encore le jugement est sans appel, il a « déçu ».

Mesure sans doute phare préconisée par ce document : un vice-Premier Ministre chargé des territoires. Si à l’heure actuelle le portefeuille de Jean-Michel Baylet symbolise un ministère à part entière de l’aménagement du territoire et des collectivités territoriales dont se félicite le rapport, un étage supplémentaire serait une garantie de plus.

Un conseil des collectivités

Même si le Sénat reste la chambre des territoires, une nouvelle assemblée est préconisée. Nommée « Conseil des collectivités » et réunissant des élus locaux et régionaux, elle n’aurait toutefois qu’un pouvoir consultatif pour se prononcer sur les projets et textes susceptibles d’avoir des répercussions pour les collectivités.

Autre changement recommandé par ce rapport : revoir les modalités d’élection au Sénat. Actuellement ce sont des grands électeurs qui s’expriment. Claudy Lebreton suggère de désigner les sénateurs « au vu des résultats électoraux et de l’examen individuel des possibilités ou non cumul ». Ça va grogner…

L’effet « Robin des bois »

Enfin parlons de ce qui fâche encore plus : les 240 milliards d’euros que verse chaque année l’Etat aux collectivités territoriales. Actuellement intégré au projet de loi de finance, le rapport propose une loi qui lui serait spécifique pour plus de transparence et une bonne gestion publique. Et puis bonne gestion toujours, les collectivités les plus riches ont obligation de reverser une partie de leur fond aux plus modestes. C’est ce qu’on appelle « la péréquation ». Elle représente aujourd’hui 4,5% du total des budgets locaux. Selon le rapport, elle devrait être portée à 20%.

 

Patrick Noviello avec AFP

01 Juin

Les blogueurs poursuivis par le maire de Rodez, Christian Teyssèdre, jugés aujourd’hui

18 mois de procédure. Un interrogatoire à la gendarmerie, une audition par un juge d’instruction et, aujourd’hui, mercredi 1er juin, une audience devant le Tribunal de Grande Instance de Rodez. Le journaliste et le webmaster poursuivis par le maire de Rodez pour diffamation ne sont pas encore au bout du tunnel judiciaire. Après les plaidoiries des avocats, l’affaire a été mise en délibéré. Le jugement tombera le 28 juillet prochain. La défense demande une annulation de la procédure.

Le procès se joue autour d’un point technique et pourrait se conclure par une fin de non recevoir. Une fin de non recevoir opposée au maire de Rodez et qui clôturerait le dossier.

Christian Teyssèdre, maire de Rodez photo MaxPPP

Christian Teyssèdre, maire de Rodez photo MaxPPP

Liberté d’expression face au respect de la personne. C’est un vieux conflit que les tribunaux traitent régulièrement. Particulièrement à Rodez et s’agissant du maire de la ville. La précédente procédure remonte à …juin 2014. Christian Teyssèdre a alors poursuivi en justice un journal local pour « diffamation envers un dépositaire de l’autorité publique« . L’organe de presse sur la sellette ne jouit pas d’une grande crédibilité dans le milieu médiatique aveyronnais. Mais ce n’est pas fréquent qu’un responsable politique attaque en justice un média. C’est même une règle tacite (mais « sacrée ») dans le microcosme des élus : un différent se traite à coup de téléphone, parfois par des coupure dans les marchés « pubs » ou une explication de texte autour d’une assiette. Jamais dans une salle de tribunal.

Visiblement, ce n’est pas le cas de Christian Teyssèdre. Le premier magistrat de la préfecture aveyronnaise n’hésite pas à déposer plainte contre un média. Le nouveau dossier concerne un blog satirique (Aligorchie), son webmaster (Olivier Montbazet) et un journaliste (Hugues Robert). Répétition de l’histoire, Hugues Robert a d’ailleurs été le rédacteur en chef du journal local poursuivi en 2014 par Christian Teyssèdre.

Pour le maire de Rodez, « cette affaire n’aura jamais du finir devant un tribunal et encombrer la justice. Mais c’est le seul moyen pour qu’ils arrêtent. Ce n’est pas une affaire liée au droit de la presse. Mon père a été insulté et diffamé. Je ne pouvais pas laisser passer« .

Lors de l’audience, l’avocat de la défense a mis en avant le fait qu’un personnage public doit accepter (plus qu’un simple citoyen) d »être mis sur la sellette par la presse ou les humoristes. Jurisprudence européenne à l’appui, la plaidoirie a tourné autour d’une idée simple : par principe la liberté d’expression prime. D’éventuelles restrictions (liées à l’atteinte à l’honneur ou à la dignité d’une personne) doivent rester l’exception. Cette ligne de défense est conforme à une jurisprudence constante. En matière de diffamation, les condamnations sont rares.

Mais, en réalité, le débat juridique tourne autour d’un autre point. On est loin des grandes principes. Le dossier vire à une « simple » question de procédure. Christian Teyssédre a porté plainte en tant que maire. A ce titre, il bénéficie d’ailleurs d’une protection juridique et les frais de justice sont couverts par la municipalité. Mais la plainte ne concerne pas la fonction de maire. Elle émane d’un fils (Christian Teyssèdre) qui veut défendre l’honneur d’un père décédé. Un honneur « mis à mal » dans les colonnes d’un Blog satirique.

De ce fait, le Tribunal de Grande Instance risque tout bonnement d’annuler la procédure.

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Christian Teyssèdre admet que son avocat l’a informé sur cette (probable) voie sans issus.

En cas d’annulation de la procédure, le maire de Rodez ne semble pas déterminer à relancer la machine judiciaire en déposant une nouvelle plainte.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Conseil Régional : Christophe Rivenq probable successeur de Dominique Reynié à la présidence du groupe

La succession de Dominique Reynié s’organise. Dimanche matin, ce 5 juin, les conseillers de la droite et du centre vont se réunir. La réunion va (notamment) porter sur la présidence du groupe. Selon nos informations, deux candidats sont en course. L’élection va se jouer entre la toulousaine Elisabeth Pouchelon et l’alèsien Christophe Rivenq. Selon plusieurs sources, c’est ce dernier qui tient la corde et devrait succéder à Dominique Reynié.

Christophe Rivenq, conseiller régional LRMP

Christophe Rivenq, conseiller régional LRMP

La présidence de groupe. La réintégration de Bernard Carayon et de Joseph Francis (deux élus qui refusaient de siéger aux côtés de Dominique Reynié). L’attribution de l’ancienne place de Dominique Reynié en commission permanente. Dimanche 5 juin la droite et le centre vont devoir régler trois dossiers urgents. Trois dossiers liés à l’annulation de l’élection du politologue parisien. Le sujet le plus stratégique et le plus déterminant est, évidemment, l’élection d’un nouveau président de groupe.

Pendant quelques jours, trois noms ont circulé. Il en reste deux. Une « candidature » du maire de la Grande-Motte, Stephan Rossignol a été, pendant un temps, évoquée. Mais l’élu de l’Hérault (proche de Jacques Blanc)  n’a pas fait acte de candidature. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Stéphan Rossignol est très clair : « non je ne suis pas candidat« . Des réminiscences de la campagne des régionales (une complicité dans la retouche « sauvage » de la liste héraultaise par Dominique Reynié) mais aussi une image brouillée par la guérilla judiciaire menée à son encontre par l’ancien maire de la Grande-Motte, ont probablement fait reculer Stephan Rossignol.

Quoi qu’il en soit, Elisabeth Pouchelon et Christophe Rivenq sont les deux « présidendiables ». La conseillère régionale de la Haute-Garonne dispose d’un atout : son intégrité. Elisabeth Pouchelon est une femme de droite (avec un discours droitier) qui est droite dans ses bottes. Une anecdote révélatrice. A la fin d’une réunion, la semaine dernière, des élus s’attablent dans un bon restaurant. Parmi eux l’élue ex-midi-pyrénéenne.  L’addition arrive et un des convives propose de faire « glisser » la douloureuse sur le budget formation. La réaction est immédiate. Elisabeth Pouchelon ne mange pas de ce pain là.

Après la tempête judiciaire autour de Dominique Reynié, le profil Pouchelon est une garantie de stabilité. Et même de sérénité. Au moins sur le front des affaires. Néanmoins, Elisabeth Pouchelon a les défauts de ses qualités. Comme le précise un fin connaisseur de la droite régionale, « Elisabeth est sans compromis et sans compromission. Mais, du coup, elle peut être rude et même dure. Si je me souviens bien Martin Malvy a dit : elle n’est pas aimable Madame Pouchelon ».

Au delà d’un problème de feeling ou de comptabilité avec des camarades à l’échine parfois (trop) souple, Elisabeth Pouchelon souffre d’un handicap politique. Un vieux contentieux avec le maire de Toulouse va forcément jouer en sa défaveur. Les relais de Jean-Luc Moudenc au sein du conseil régional vont suivre une consigne de vote défavorable.

Pour un conseiller régional, la partie est pliée avant le début du match :  » Si elle sait compter sur ses doigts (ndlr Elisabeth Pouchelon) elle ne se présentera même pas ».

Elisabeth Pouchelon est, selon un de ses collègues, « courageuse« . Elle ne reculera pas forcement devant l’obstacle. Néanmoins, elle a en face d’elle un concurrent sérieux. Un candidat qui est le favori des pronostics. Christophe Rivenq est l’actuel vice-président du groupe. A ce titre, il est fréquemment intervenu lors de la dernière assemblée plénière. La première plénière sans Dominique Reynié.

Christophe Rivenq est  l’anti-Pouchelon. L’élue haute-garonnaise a eu une vie professionnelle avant d’entrer dans l’arène régionale. D’ailleurs, elle continue d’exercer son métier de cardiologue. Christian Rivenq est un pur produit de la politique languedocienne. Dans le « civil », il est le collaborateur d’un élu. Chose rare dans l’univers des collectivités, il cumule les casquettes de directeur de cabinet et de directeur général des services à la mairie d’Alès et à Alès Agglomération.

Au delà du cv, Christophe Rivenq est loin de l’austérité d’Elisabeth Pouchelon. Le conseiller régional du Gard a un coté « bon vivant ». C’est un atout auprès d’un collège électoral dans lequel tout le monde se connait et se fréquente. De plus, Christophe Rivenq passe bien auprès de ses camarades. Pas d’électricité dans l’air ou d’egos froissés. Politiquement, Christophe Rivenq est également plus « souple » qu’Elisabeth Pouchelon. Il est plus à même de faire une synthèse. Notamment avec les centristes. Il a un autre atout dans sa manche. Christophe Rivenq a fait toute sa carrière auprès de Max Roustan, à Alès, sur un territoire rural qui a connu de graves difficultés économiques. Ce profil de rural ayant connu l’épreuve du feu peut constituer une plus-value.

Une élection interne (plus que tout autre scrutin) contient une part d’inconnue. Mais, visiblement, un consensus se dégage autour de la personnalité de Christophe Rivenq.

Un consensus sans forcement beaucoup d’enthousiasme.

Un des supporters de Christophe Rivenq déclare : « ce n’est une personnalité écrasante. Mais on n’a pas besoin d’une personnalité écrasante. Il fera le job ».

Mais ce consensus permettra rapidement de combler le vide laissé par Dominique Reynié.

Laurent Dubois (@laurentdub)