La succession de Dominique Reynié s’organise. Dimanche matin, ce 5 juin, les conseillers de la droite et du centre vont se réunir. La réunion va (notamment) porter sur la présidence du groupe. Selon nos informations, deux candidats sont en course. L’élection va se jouer entre la toulousaine Elisabeth Pouchelon et l’alèsien Christophe Rivenq. Selon plusieurs sources, c’est ce dernier qui tient la corde et devrait succéder à Dominique Reynié.
La présidence de groupe. La réintégration de Bernard Carayon et de Joseph Francis (deux élus qui refusaient de siéger aux côtés de Dominique Reynié). L’attribution de l’ancienne place de Dominique Reynié en commission permanente. Dimanche 5 juin la droite et le centre vont devoir régler trois dossiers urgents. Trois dossiers liés à l’annulation de l’élection du politologue parisien. Le sujet le plus stratégique et le plus déterminant est, évidemment, l’élection d’un nouveau président de groupe.
Pendant quelques jours, trois noms ont circulé. Il en reste deux. Une « candidature » du maire de la Grande-Motte, Stephan Rossignol a été, pendant un temps, évoquée. Mais l’élu de l’Hérault (proche de Jacques Blanc) n’a pas fait acte de candidature. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Stéphan Rossignol est très clair : « non je ne suis pas candidat« . Des réminiscences de la campagne des régionales (une complicité dans la retouche « sauvage » de la liste héraultaise par Dominique Reynié) mais aussi une image brouillée par la guérilla judiciaire menée à son encontre par l’ancien maire de la Grande-Motte, ont probablement fait reculer Stephan Rossignol.
Quoi qu’il en soit, Elisabeth Pouchelon et Christophe Rivenq sont les deux « présidendiables ». La conseillère régionale de la Haute-Garonne dispose d’un atout : son intégrité. Elisabeth Pouchelon est une femme de droite (avec un discours droitier) qui est droite dans ses bottes. Une anecdote révélatrice. A la fin d’une réunion, la semaine dernière, des élus s’attablent dans un bon restaurant. Parmi eux l’élue ex-midi-pyrénéenne. L’addition arrive et un des convives propose de faire « glisser » la douloureuse sur le budget formation. La réaction est immédiate. Elisabeth Pouchelon ne mange pas de ce pain là.
Après la tempête judiciaire autour de Dominique Reynié, le profil Pouchelon est une garantie de stabilité. Et même de sérénité. Au moins sur le front des affaires. Néanmoins, Elisabeth Pouchelon a les défauts de ses qualités. Comme le précise un fin connaisseur de la droite régionale, « Elisabeth est sans compromis et sans compromission. Mais, du coup, elle peut être rude et même dure. Si je me souviens bien Martin Malvy a dit : elle n’est pas aimable Madame Pouchelon ».
Au delà d’un problème de feeling ou de comptabilité avec des camarades à l’échine parfois (trop) souple, Elisabeth Pouchelon souffre d’un handicap politique. Un vieux contentieux avec le maire de Toulouse va forcément jouer en sa défaveur. Les relais de Jean-Luc Moudenc au sein du conseil régional vont suivre une consigne de vote défavorable.
Pour un conseiller régional, la partie est pliée avant le début du match : » Si elle sait compter sur ses doigts (ndlr Elisabeth Pouchelon) elle ne se présentera même pas ».
Elisabeth Pouchelon est, selon un de ses collègues, « courageuse« . Elle ne reculera pas forcement devant l’obstacle. Néanmoins, elle a en face d’elle un concurrent sérieux. Un candidat qui est le favori des pronostics. Christophe Rivenq est l’actuel vice-président du groupe. A ce titre, il est fréquemment intervenu lors de la dernière assemblée plénière. La première plénière sans Dominique Reynié.
Christophe Rivenq est l’anti-Pouchelon. L’élue haute-garonnaise a eu une vie professionnelle avant d’entrer dans l’arène régionale. D’ailleurs, elle continue d’exercer son métier de cardiologue. Christian Rivenq est un pur produit de la politique languedocienne. Dans le « civil », il est le collaborateur d’un élu. Chose rare dans l’univers des collectivités, il cumule les casquettes de directeur de cabinet et de directeur général des services à la mairie d’Alès et à Alès Agglomération.
Au delà du cv, Christophe Rivenq est loin de l’austérité d’Elisabeth Pouchelon. Le conseiller régional du Gard a un coté « bon vivant ». C’est un atout auprès d’un collège électoral dans lequel tout le monde se connait et se fréquente. De plus, Christophe Rivenq passe bien auprès de ses camarades. Pas d’électricité dans l’air ou d’egos froissés. Politiquement, Christophe Rivenq est également plus « souple » qu’Elisabeth Pouchelon. Il est plus à même de faire une synthèse. Notamment avec les centristes. Il a un autre atout dans sa manche. Christophe Rivenq a fait toute sa carrière auprès de Max Roustan, à Alès, sur un territoire rural qui a connu de graves difficultés économiques. Ce profil de rural ayant connu l’épreuve du feu peut constituer une plus-value.
Une élection interne (plus que tout autre scrutin) contient une part d’inconnue. Mais, visiblement, un consensus se dégage autour de la personnalité de Christophe Rivenq.
Un consensus sans forcement beaucoup d’enthousiasme.
Un des supporters de Christophe Rivenq déclare : « ce n’est une personnalité écrasante. Mais on n’a pas besoin d’une personnalité écrasante. Il fera le job ».
Mais ce consensus permettra rapidement de combler le vide laissé par Dominique Reynié.
Laurent Dubois (@laurentdub)