Des mobilisations qui se répètent mais souvent symbolisées par des cortèges en centre-ville dont on ne retient que les débordements. Face à ce constat, la CGT Haute-Garonne a décidé de passer en mode « explication de texte » et nous a fait parvenir, comme à d’autres confrères, son analyse du projet de loi et un argumentaire légitimant son retrait.
Non, les gens et surtout les jeunes ne sont pas « trop bêtes pour comprendre » ! Voilà en substance ce que veut prioritairement dire la Confédération Générale du Travail 31. En ce jour d’examen du projet de loi au Sénat, le syndicat veut croire que cette navette parlementaire « fait éclater la vérité ». « Le projet de loi El-Khomri n’est pas un projet de gauche qui s’opposerait au projet de droite au Sénat, les deux ne font qu’un ! »
Refus net de l’article 2
Dans son long communiqué à la fois explicatif et revendicatif, la tension monte encore d’un cran avec le syndicat dit « réformiste » CFDT, notamment sur l’inversion de la hiérarchisation des normes (vote en entreprise prioritaire sur l’accord de branche). « Si on l’accepte, il faut l’assumer et non pas mentir aux salariés ! ». Ainsi donc la CGT dirait la vérité et les autres non. Difficile d’envisager une reprise du dialogue sur cette base abrupte. Encore plus difficile d’entrevoir une discussion autour de l’article 2.
Donner la priorité à l’entreprise plutôt qu’à la branche reste totalement inenvisageable pour le syndicat. « C’est nier le pouvoir exorbitant des employeurs qui peuvent sanctionner, déplacer, licencier un salarié, lui imposer des conditions de travail nocives et même casser l’outil de travail comme AZF, Molex, Freescale, SANOFI et bien d’autres exemples en Haute-Garonne, en ont fait la preuve ! »
Et les indemnités prudhommales qui ne sont finalement plus plafonnées, n’est-ce pas une source de satisfaction ? « Un barème indicatif est instauré, ce qui peut revenir quasiment au même vu la pression qui sera mise sur les juges » rétorque la CGT 31. Quant à la médecine du travail ? « Elle est quasiment rayée de la carte dans ses prérogatives protectrices ».
Syndicalisme de proposition
« La CGT, c’est bien connu, ne signe jamais aucun accord » a-t-on l’habitude de plaisanter (ou pas) du côté de la CFDT. Faux s’insurge le syndicat pour qui, avec cette loi, « le syndicalisme de proposition est attaqué, seuls des syndicats « maison » prêts à accompagner le MEDEF et l’Europe auraient leur place ».
Enfin la CGT se dit également soutenue par « de nombreux syndicats de toute l’Europe, pour certains déjà victimes de la nocivité des mesures contenues dans le projet de loi ». Des organisations qui devraient tenir meeting le 20 juin prochain à Toulouse. Le débat continue. En attendant que les discussions reprennent ?
Patrick Noviello