15 Juin

Bac Philo – Les copies de Jean-Luc Moudenc et Philippe Martin

Travailler moins est-ce vivre mieux ? Le désir est-il par nature illimité ? Descartes, Arendt et Marleau-Ponty. Comme tous les ans à la même époque, les candidats au bac ont phosphoré sur la philo. France 3 Midi-Pyrénées a proposé au maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et à l’ancien ministre-président du Gers, Philippe Martin de plancher. Les deux élus ont accepté de reprendre, le temps d’une copie, le chemin du bac philo.

Le sujet est taillée sur mesure. Mais il a vraiment été posée au bac philo 2016. La politique est-elle l’affaire de tous ?

Pour la notation, c’est à l’appréciation des lecteurs du Blog Politique.

En revanche, s’agissant de l’application et de la bonne volonté, c’est 20/20.

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

La question peut sembler binaire. La réponse ne l’est pas.
La politique est-elle l’affaire de tous ? Oui, mais pas tout le temps. Oui, mais pas encore.
S’agissant de l’organisation collective de la société, la « politeia » incline à considérer que l’assentiment explicite de ses membres doit être recherché par tous moyens. Que l’action publique menée n’en sera que plus robuste politiquement si elle est le fruit d’une délibération large, qui la rende légitimement opposable à ceux qui en contesteraient ultérieurement le bien fondé.
Encore faut-il que la chose publique à mettre mise en oeuvre – décision, loi – soit intelligiblement, préalablement et honnêtement présentée à ce « tous » qui fait Nation.
Oui donc, mais pas tout le temps si, comme Socrate, on ne croit pas à « l’universelle compétence des citoyens », où si l’on juge que celle-ci que doit être précédée d’une indispensable éducation philosophique et politique.
Oui, mais pas encore.
« L’affaire de tous » pose implicitement la question de la représentation politique et de sa légitimité dans la durée.
Dans le système démocratique que nous connaissons en Europe, « l’affaire de tous » est d’abord « l’affaire de ceux qui veulent », de ceux qui s’engagent, et l’on peut se désoler qu’en réalité elle devienne sous nos yeux « l’affaire de moins en moins ».
La politique ne peut pas être l’affaire de tous par intermittence, ni laisser le pouvoir politique démocratiquement élu exercer celui-ci, même au nom du peuple, à l’abri des regards et du contrôle de ce « tous », indéfinissable et curieux. C’est toute là question de l’aspiration nouvelle des citoyens pour une « démocratie continue » qui ne se résume pas son un aspect participatif, lui aussi discriminant, mais qui envisage aussi que des jurys tirés au sort puissent, autant et aussi bien que les 925 élu(e)s du peuple, faire en sorte que la politique devienne vraiment l’affaire de tous.
Philippe MARTIN

©PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI / XAVIER DE FENOYL / TOULOUSE / LE 29/08/15 LE MAIRE JEAN LUC MOUDENC, MAIRE DE TOULOUSE A L'OCCASION DE LA FIN DE L'EDITION ETE 2015 DE TOULOUSE PLAGE. (MaxPPP TagID: maxnewsworldthree820853.jpg) [Photo via MaxPPP]

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse. Photo @MaxPPP

Malheureusement, la vie politique nationale provoque un sentiment d’éloignement chez les citoyens.
En revanche, la vie locale génère davantage de proximité. Le projet choisi par les citoyens lors du vote devient la priorité pour l’élu : l’affaire est à faire !
Après une campagne électorale qui a souvent cristallisé des clivages, l’élu, manches retroussées, doit rassembler, chercher sans cesse le consensus autour de son action. Il doit agir pour tous et non pour défendre tel ou tel intérêt particulier. Rassembler, c’est nécessaire pour impulser une dynamique, créer une émulation collective, favoriser les liens sociaux.
Élus et citoyens : ce couple doit être l’un à l’écoute de l’autre : c’est toujours ensemble que les choses avancent, et pas les uns contre les autres.

J’exhorte tous les jeunes, qu’ils passent le bac ou non ces jours-ci, à s’engager dans la vie publique, pour que les décisions ne se prennent pas sans eux, pour que le quotidien ne soit pas changé sans qu’ils se soient exprimés, sans qu’ils aient enrichi le débat public. Parce que, comme l’écrivait si justement l’académicien Charles de Montalembert : « Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de vous tout de même. ».

Jean-Luc Moudenc

Copies relevées par Laurent Dubois (@laurentdub)