26 Oct

François Fillon à Toulouse : une expérience unique

François Fillon est loin d’être le favori de la Primaire de la droite et du centre. L’ancien premier ministre et ses 10% d’intention de vote est largement distancé, dans les sondages,  par le tandem Juppé-Sarkozy. Mais François Fillon a un motif de satisfaction : être venu à Toulouse. Le concurrent de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé est reparti satisfait. Dans la voiture le transportant vers son avion, François Fillon a fait un débriefing téléphonique avec son équipe parisienne. Pour lui, la réunion de la salle Mermoz, c’était « une vraie salle, active, chaleureuse et avec des questions que l’on ne pose pas ailleurs ». 

François Fillon à Toulouse (Photo : L. Arribagé / Twitter)

François Fillon à Toulouse (Photo : L. Arribagé / Twitter)

Mardi 25 octobre, François Fillon a tenu un meeting salle Mermoz. Le premier challenge était de remplir un espace pouvant accueillir 1300 personnes. Le staff parisien de François Fillon était modérément optimiste et même  exagérément pessimiste. Une demande est tombée sur les organisateurs locaux : retirer des chaises. Au final, des personnes se sont retrouvés debout et le compteur de la presse (présente) affiche plus de 500 personnes. Le président du Comité de François Fillon en Haute-Garonne, Jean-Marie Belin est plus que satisfait : « Fillon a été le seul a osé joue Toulouse et en plus la salle Mermoz. Sarkozy s’est contenté de Montauban. C’était trop facile et pour Fillon c’est réussi. Il y avait 650 personnes plus des personnes debout ».


François Fillon à Toulouse

Au delà de la quantité, le staff de François Fillon est surtout satisfait de la qualité. Qualité des personnalités présentes. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc est resté « de bout en bout ». Jean-Marie Belin insiste sur ce point. Mais c’est la surtout qualité des échanges qui a frappé François Fillon. La première partie de la réunion a la pris la forme (classique) d’un discours. François Fillon a égrené les thèmes de son programme : fin des 35 heures…

Derrière son image lisse, François Fillon continue à bombarder un programme de droite décomplexé.

Mais, ce qui a séduit l’ancien premier ministre, c’est la qualité des questions posées. François Fillon a mis son public dans sa poche avec une boutade sur François Hollande :

François Hollande a tellement envie que Nicolas Sarkozy soit élu, qu’il va prendre son casque et venir en scooter pour voter à la primaire ! »

Cette pointe d’humour (en forme de pique) a  (peut être) désamorcé les traditionnelles questions sur Nicolas Sarkozy et la « bagarre » entre les concurrents à la Primaire. C’est la famille, la stratégie de la France en Irak, la GPA qui ont été mis sur la table au travers d’une douzaine de questions. A Toulouse, François Fillon a déroulé un discours bien rodé. En revanche, il a découvert un public. C’est toujours ça de pris et c’est très probablement une expérience unique.

François Fillon est censé revenir sur Toulouse après entre les deux tours de la Primaire. Mais cela suppose une chose : être qualifié pour le second tour.

Laurent Dubois (@laurentdub)

24 Oct

Bernard Carayon : « Vous voulez des services publics, vous avez des migrants »

Le démantèlement de la « jungle de Calais » a débuté ce matin, lundi 24 octobre. Les premiers bus acheminant les occupants commencent à arriver dans les communes d’accueil. Un accueil qui est parfois hostile. Un (futur) centre d’hébergement a été incendié dans le Puy-de-Dôme.

En région Occitanie, le Front National a publié la liste des hébergements prévus par la préfecture dans la ville de Lourdes. Dans l’Hérault, des élus sont passés des paroles aux actes. Le conseil municipal de Saint-Bauzille-de-Putois a démissionné pour marquer son refus d’accueillir des migrants.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Dans le Tarn, pas de démission, de divulgation de liste ou d’incendie volontaire, mais le maire (LR) de Lavaur tire à boulets rouges. Ce n’est pas la première fois que Bernard Carayon s’insurge contre l’accueil des migrants venus de Calais. L’élu déclare ouvertement : « je ne veux pas de migrants« . Cette prise de position frontale a, d’ailleurs, suscité la colère du 1er fédéral du PS 81, Patrick Vieu.

Mais, ce lundi 24 octobre, le ton monte d’un cran. Dans un communiqué de presse, le maire de Lavaur accuse le gouvernement :

Alors que le gouvernement se désintéresse de la ruralité et ferme des services publics, comme la trésorerie de Saint-Amans-Soult, il installe les migrants à la campagne : à Saint-Amans et Lacaune »

Bernard Carayon ne se contente pas de dire « vous voulez des services publics, vous avez des migrants ». L’élu Les Républicains, président de la fédération LR 81, évoque une « double peine » pour les Tarnais :

C’est le rasoir à deux lames pour les habitants : le premier signe l’abandon par l’Etat de la ruralité. Le second impose une coexistence dangereuse avec des hommes déracinés, originaires des régions du monde les plus éloignées de notre mode de vie »

« Coexistence dangereuse ». « Régions les plus éloignées de notre mode de vie ». L’avocat de profession pèse soigneusement ses mots. Pas de référence à la religion, à la nationalité ou simplement aux origines. Mais Bernard Carayon emploie des mots forts et transparents : selon lui les migrants ne sont pas des demandeurs d’asile ou des réfugiés, le sont des dangers et ils n’ont pas leur place dans le Tarn. Cette rhétorique ne dénoterait pas… au Front National. Mais ne déplaît non plus à une partie de sa famille politique !

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : l’ancien patron de l’UDI de l’Aude rejoint Louis Alliot et le Rassemblement Bleu Marine

Après les régionales, les législatives. Louis Aliot continue son ouverture et « débauche » une nouvelle personnalité centriste. Cette fois, la  cible n’est pas Toulouse et l’entourage de Dominique Baudis. La « prise » est Audoise. L’ancien président de l’UDI 11, Jean-François Daraud portera les couleurs du Rassemblement Bleu Marine (RBM) sur la seconde circonscription de l’Aude.

Louis Aliot, député européen et n°2 du Front National

Louis Aliot, député européen et n°2 du Front National

Personnage plein de faconde et haut en couleur, Jean-François Darraud (surnommé « Monsieur Scoumoune ») est un vieux routier de la politique audoise : deux candidatures aux Municipales à Carcassonne, trois candidatures à des législatives sur la 1ère circonscription, une aux cantonales.

L’ancien centriste a officialisé son ralliement à Louis Aliot ce samedi 22 octobre lors d’une conférence de presse. Gilbert Collard était présent. La participation de l’avocat médiatique et député RBM du Gard véhiculait un message politique. Un message que Louis Aliot explicite sans ambiguïté : « On continue à constituer l’aile radicale ». Gilbert Collard a porté l’étiquette Nouveau Centre lors des municipales de 2008 à Vichy. Jean-François Daraud s’affiche comme un soutien de Jean-Louis Borloo. Deux personnalités (très) différentes. Mais une même stratégie politique : l’ouverture au Centre.

Comment est-il possible de passer du Centre à Marine Le Pen ? Pour Jean-François Daraud, c’est la faute de Jean-Christophe Lagarde. C’est le patron de l’UDI qui l’a poussé dans les bras du RBM :

Depuis le départ de Jean-Louis Borloo, l’UDI est une bateau ivre. Le vrai esprit centriste est mort et c’est la faute de Jean-Christophe Lagarde. Cet homme est dangereux pour la démocratie française. Il ne pense qu’à son ambition. L’ascenseur centriste se casse la gueule. Pour la première fois, le centre n’a pas de candidat pour la présidentielle et on ne fera avaler à personne que la primaire de la droite est également celle du centre ». 

Au delà des péripéties du moment, le centrisme c’est (tout même) un corpus idéologique. Une idée appartient (notamment) à la doctrine du Centre : l’Europe. Le Front National est profondément euro-sceptique. Les centristes sont pour une Europe Fédérale et une intégration européenne qui conduit à la fin des Etats-Nations. Une nation que le Front National porte jusque dans son nom. Pour Jean-François Daraud ce n’est pas contradictoire : « je suis un européen convaincu mais contre cette Europe que l’on nous impose« .

Autre point d’achoppement : les valeurs humanistes. Là encore, Jean-François Darraud refuse d’opposer le RBM et le Centrisme. Pour lui son ralliement n’est pas un reniement. L’ancien centriste et futur candidat aux législatives met, toutefois, un bémol :

Je n’aurai jamais rejoint ce camp si Jean-Marie Le Pen était toujours le patriarche. Si c’était toujours lui, je ne serai pas venu »

Visiblement Jean-François Daraud a de la mémoire. Dans le Panthéon Centriste figure Simone Veil. L’ancienne ministre de la Santé a dénoncé régulièrement l’extrémisme du Front National. Un Front National dirigé, à l’époque, par Jean-Marie Le Pen. Simone Veil (déportée en 1944 à Auschwitz-Birkenau) s’est notamment indignée du « Durafour crématoire » qui, plus de vingt ans après, colle toujours à la peau de Jean-Marie Le Pen.

Pro-Aliot mais anti-Le Pen, Jean-François Darraud revendique des racines humanistes : « Ma vie passée parle pour moi. L’Abbé Pierre m’a remis l’étoile civique nationale et je me suis occupé pendant des années d’une équipe de foot pour les aveugles ».

Pour Jean-François Daraud, il n’y a pas de contradiction entre les valeurs humanistes du Centrisme et le Rassemblement Bleu Marine : « j’ai été accueilli à bras ouverts et je ne trouve que humanisme, tendresse et bonheur. A l’UDI ce n’était que des tensions internes et des bagarres. On m’a ouvert les bras ».

Les bras sont ouverts. Mais Marine Le Pen et son parti militent pour une fermeture des frontières. La « France Terre d’Accueil » est un thème défendu par la gauche, une partie de la droite et le Centre. Mais ce n’est pas la tasse de thé du Front National. Comment l’ancien centriste concilie ses anciennes convictions et sa récente conversation ? Avec une formule en forme de pirouette :

Je suis prêt à accueillir mais quand on a une maison avec 3 pièces alors qu’il en faudrait 4 ou 5, je dis stop. Je ne vais pas m’expatrier pour laisser ma place »

Jean-François Daraud a démissionné de la présidence de l’UDI 11 en mars dernier. Cette démission a mis fin à un parcours centriste débuté à l’âge de 18 ans. Mais il a fallu seulement quelques mois pour adopter la ligne de Marine Le Pen.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Migrants en Hautes-Pyrénées : la gauche monte au créneau face au Front National

Les premiers bus quittent Calais. Le démantèlement du camp a débuté ce matin, lundi 24 octobre. Des migrants quittent la « jungle » et sont dirigés vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) dans toute la France. C’est dans ce contexte qu’une polémique, soulevée par le Front National, agite depuis plusieurs jours la ville de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées.

Des migrants lors du démantèlement de la jungle de Calais ce 24 octobre.

Des migrants lors du démantèlement de la jungle de Calais ce 24 octobre.

Dans un communiqué de presse, le FN a dénoncé l’existence de 250 migrants, « camouflés » par les pouvoirs publics. Un conseiller régional du parti de Marine Le Pen, Olivier Montel, a également publié, sur sa page page Facebook, une note mentionnant les logements des migrants. Fait rarissime, la préfecture et le procureur de la République ont publié un communiqué commun dénoncant l’opération du Front National et en évoquant des poursuites judiciaires.

Sur le terrain politique, les réactions s’enchaînent également. Le parti socialiste des Hautes-Pyrénées parle d’une « triste polémique » et souhaite « des suites judiciaires« . Dimanche 23 octobre, le parti communiste est monté au créneau :

Il s’agit de surfer sur la peur sociale pour développer la haine anti-étranger… Monsieur Montel devant l’émoi suscité et rattrapé par les autorités départementales, a fait machine arrière prétextant qu’il ne s’agissait pas de délation mais de la volonté d’en informer les lourdais… On pourrait presque en rire si ce n’était pas à pleurer »

La réaction des communistes des Hautes-Pyrénées clôt le volet politique de la polémique. Mais le (véritable) point final pourrait venir de la justice. A suivre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

21 Oct

Colère des policiers : tirs tendus entre FO Police et l’intersyndicale Alliance-Unsa Police

Policiers en colère à Toulouse, le mercredi 19 octobre Photo MaxPPP

Policiers en colère à Toulouse, le mercredi 19 octobre Photo MaxPPP

Tension entre les syndicats de policiers. Le deuxième syndicat des gardiens de la paix et gradés, SGP FO Police, souhaite organiser une « marche silencieuse policière et citoyenne » à Toulouse, Tarbes, Albi et Montauban. Cette manifestation (sans logo syndical) est prévue le mercredi 26 octobre. Cet événement fait suite à la mobilisation spontanée de centaines de policiers, dans toute la France, Une mobilisation liée à l’attaque de quatre policiers en région parisienne.

L’intersyndicale refuse de participer à la marche du 26 octobre. La réaction de SGP FO Police ne s’est pas faite attendre :

Avec une grande consternation que nous prenons connaissance de la décision de la pseudo intersyndicale Alliance / Unsa-police de rejeter l’appel à la marche neutre, silencieuse, et citoyenne programmée mercredi 26 octobre alors qu’ils s’approprient une autre initiative de manifestation devant les tribunaux. Nous sommes catastrophés par ce suicide assumé de concurrents  qui n’ont aucun scrupule ni états d’âme face à la détresse de nos collègues. Unité SGP ne peut que maintenir son appel à l’union SANS ETIQUETTE à une marche policière, citoyenne. Nous déplorons profondément ces positionnements politiques inopportuns et dévastateurs.

Du côté d’Alliance Police, la contre-attaque fuse. Un représentant du syndicat déclare :

Les collègues dans leur mouvement de colère avaient décidé de se rassembler le 26 octobre pour une marche silencieuse, Unité Police FO a lancé une marche silencieuse le même jour trahissant ainsi la volonté des collègues d’évoluer hors syndicats. Pour ne pas participer à cette opération de récupération, Alliance police nationale ne s’associera pas à cette marche et organise avec d’autres syndicats dont UNSA Police des rassemblements silencieux devant les palais de justice tous les mardis de 13 heures à 13 heures 30

Selon nos informations, une contre-marche pourrait se dérouler face à la marche organisée par FO Police.

On connaissait la guerre des polices. On découvre la bataille en ordre dispersé des syndicats policiers.

Laurent Dubois (@laurentdub)

17 Oct

Toulouse : comment Futurapolis a offert une carte blanche à Emmanuel Macron

« Voitures sans pilote, drones du troisième type, robots médecins, ceci n’est pas de la science-fiction » affirme l’événement Futurapolis sur son site internet. Mais la vedette de cette édition 2016 (4 et 5 novembre à Toulouse) sera sans aucun doute Emmanuel Macron qui y bénéficiera d’une carte blanche et ça ce n’est pas non plus de la science-fiction !

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Emmanuel Macron. Photo MaxPPP

Il ne vient pas pour piloter un drone ou faire découvrir une innovation extravagante dont il serait l’auteur. Non, à Toulouse, pour Futurapolis (événement sur l’innovation piloté par Le Point avec Toulouse Métropole et depuis cette année Montpellier Métropole), l’ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron a une « carte blanche » pour s’exprimer sur le sujet qu’il souhaite.

Une carte blanche « orientée »

« C’est en fait une carte blanche orientée, explique Sophie Iborra, la coordinatrice de Futurapolis. Il parlera des nouveaux enjeux, de la nouvelle économie. On reste dans le thème général de Futurapolis mais sans thème précis comme pour les autres conférences. Mais vu le contexte politique actuel et son statut d’éventuel futur candidat à la présidentielle, ce ne serait pas étonnant que la discussion glisse sur d’autres sujets« .

Emmanuel Macron aura donc 40 minutes pendant lesquelles il pourra faire du Emmanuel Macron. Et puisque l’on parle de contexte, il n’y a pas que le national. Localement, la venue de Macron coïncide avec un jeu de chaises musicale chez les soutiens financiers de Futurapolis.

Accrochez-vous, il faut suivre !

Un étonnant jeu de chaises musicales

Cette année, Futurapolis n’est plus soutenu par la Région Occitanie. Il semble que le Conseil régional ait décidé de cesser sa subvention jugeant l’événement un peu trop au service de Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse et président de la Métropole. La région est donc remplacée cette année par la Métropole de Montpellier, qui soutient donc un événement qui se déroule exclusivement… à Toulouse. Le président de Montpellier Métropole est Philippe Saurel, l’ancien socialiste, ex-candidat aux régionales face à Carole Delga, qui s’entend très bien avec Jean-Luc Moudenc et n’est pas insensible à l’éventuelle candidature d’Emmanuel Macron. Ajoutez que la coordinatrice de Futurapolis, Sophie Iborra, est la fille de la députée de Haute-Garonne Monique Iborra, proche d’Emmanuel Macron et ancien soutien de Philippe Saurel aux régionales.

Digérez bien toutes ces infos. Il n’est donc pas interdit (ni imbécile) de penser que la sortie de la Région, l’entrée de Montpellier et la venue d’Emmanuel Macron sont liées !

Une visite prévue avant sa démission

Mais c’est apparemment avoir l’esprit mal tourné. Que nenni, tout cela n’a rien de commun, nous explique-t-on. « Emmanuel Macron devait venir l’an passé, explique Sophie Iborra, mais ses obligations au gouvernement ne lui en ont pas laissé le temps. Cette année, sa venue était calée bien avant sa démission du ministère de l’économie (NDLR : en août dernier) et avant donc qu’il devienne un possible candidat à la présidentielle. Quant à l’arrivée de Montpellier Métropole, c’était pour nous, après la sortie de la Région, une évidence d’associer les deux métropoles à l’événement« .

N’empêche, la présence du candidat putatif le 4 novembre risque d’éclipser les robots médecins et autres drones du troisième type… et ça ce n’est pas de la politique fiction. 

Fabrice Valéry (@fabvalery)

14 Oct

Jean Glavany dénonce les « élucubrations » de Gérard Trémège

Mis en cause dans le livre « Mon chemin » publié par le maire LR de Tarbes cette semaine, pour avoir été selon lui à l’origine de ses ennuis judiciaires, le député PS Jean Glanany a choisi de ne pas répondre… tout en répondant tout de même un peu !

Jean Glavany (Photo : AFP)

Jean Glavany (Photo : AFP)

Pas content Jean Glavany. Pas content du tout d’avoir été mis en cause le maire LR de Tarbes, qui, dans le livre d’entretien « Mon chemin » qu’il publie cette semaine, lui fait porter toute la responsabilité de ses ennuis judiciaires, comme nous l’avons expliqué ici dans un précédent article.

« Pourquoi je ne répondrai pas au Maire de Tarbes » explique dans un communiqué le député PS des Hautes-Pyrénées, tout en prenant le temps de répondre un peu en dénonçant les « élucubrations, inventions, contre-vérités ».

Le Maire de Tarbes vient de publier un livre et c’est bien son droit. Pendant plusieurs pages, il se livre à une attaque en règle contre moi qui, selon ses dires, serais à l’origine de tous ses maux judiciaires en ayant manipulé la justice depuis des années à des fins politiciennes. C’est me prêter beaucoup de pouvoirs. Face à toutes ces élucubrations, inventions, contre-vérités, j’ai décidé de ne pas répondre au maire de Tarbes » (Jean Glavany)

Jean Glavany évoque son « respect profond pour la justice de la République, pour son indépendance et les principes qui la régissent, à commencer par la présomption d’innocence et le secret de l’instruction. Durant toute ma vie politique, j’ai toujours respecté cette indépendance et ces principes, toujours. Et je n’ai pas l’intention d’y déroger aujourd’hui » avant de décliner toute envie de polémiquer : « une fois de plus, le maire de Tarbes veut m’entraîner dans la polémique, les attaques personnelles et la calomnie. Il veut me pousser à la faute. Je ne tomberai pas dans ce piège. C’est une question de respect pour les citoyens des Hautes-Pyrénées qui attendent mieux de leurs élus ».

Fabrice Valéry (@fabvalery)

On en parle cette semaine dans « Politic Café » :

13 Oct

Pas d’accès aux listes de « fichés S » pour les maires : Brigitte Barèges en colère

La maire LR de Montauban ne digère pas la décision du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve de refuser de communiquer aux maires les listes des fichés S de leur commune.

Brigitte Barèges (photo : AFP)

Brigitte Barèges (photo : AFP)

Brgitte Barèges dénonce dans un communiqué transmis ce 13 octobre « la mise à l’écart des maires sur l’épineux sujet de la radicalisation et des fichés S, alors que dans le même temps, l’Etat demande toujours plus d’implication des communes sur la sécurité publique, notamment par le développement du volet « prévention de la radicalisation » dans les Comités Locaux de Sécurité et de Prévention de la Délinquance (CLSPD) ».

Dans une interview au JDD dimanche dernier, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve avait opposé une fin de non-recevoir à la demande de certains maires qui voulaient avoir connaissance du nombre et des identités des personnes fichés S dans leur commune et soupçonnées de radicalisation. Pour le ministre, la confidentialité est nécessaire pour le bon déroulement de l’enquête et la communication des listes poserait un problème judirique.

Mais Brigitte Barèges rappelle qu’il « ne s’agit pas bien sûr de diffuser ces informations dans la presse, elles doivent rester dans un cadre confidentiel réservé à un petit nombre de personnes : le directeur des services, celui de la Police Municipale, l’adjoint à la sécurité, par exemple ».

Pour la maire de Montauban, « la Police Municipale, véritable lien de proximité, par son maillage et sa connaissance du territoire de la commune est une source majeure d’informations concernant la radicalité. Cependant, une fois les signalements faits aux services de l’Etat, la commune n’a aucun suivi des personnes signalées« .

Elle insiste aussi sur le risque encouru par le personnel municipal : « Au-delà de la Police Municipale, les agents municipaux des centres sociaux, par exemple, mais aussi de tous les services de proximité, étant du fait de leurs missions en première ligne, ne peuvent être exposés sans précaution ».

Bref, la décision de Bernard Cazeneuve ne plaît pas du tout, mais alors pas du tout à Brigitte Barèges.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

11 Oct

« Mon Chemin » : Gérard Trémège se livre sur ses déboires judiciaires

Au moment où les candidats à l’élection présidentielle s’épanchent dans l’émission « Confessions intimes », Gérard Trémège, le maire LR de Tarbes, lève un coin du voile sur sa personnalité dans un livre d’entretien intitulé « Mon chemin » (éditions Cairn) où il revient sur ses démêlés judiciaires et « charge » son adversaire politique Jean Glavany.

Gérard Trémège, maire de Tarbes présente son livre avec ses deux co-auteurs. Photo : France 3 Midi-Pyrénées

Gérard Trémège, maire de Tarbes présente son livre avec ses deux co-auteurs. Photo : R. Cothias / France 3 Tarbes

« C’est un document pour ouvrir le cœur » indique le maire. « J’ai pris un certain plaisir à procéder à cette introspection, poser les valises, voir ce qui s’était passé dans ma vie » poursuit l’édile. « Quand on s’occupe des affaires des autres, on ne s’occupe pas de ses affaires… Pour ma famille, j’ai été trop souvent absent, ce livre c’est un peu de moi qui subsistera ». Avant de lâcher : « la vie publique a saccagé ma vie privée ».

Roger Vincent Calatayud, adjoint au maire et qui a réalisé avec l’universitaire Jean-François Soulet, les entretiens parle « d’une mise au jour en tous cas pas une mise au point… On connait Gérard Trémège en tant que maire mais on ne le connait pas en tant qu’homme » poursuit l’ami et le confident. Un chapitre de l’ouvrage « l’entrée en jeu de la justice », est entièrement consacré aux déboires judiciaires de Gérard Trémège, mis en examen en avril 2015 pour favoritisme, prise illégale d’intérêt et trafic d’influence dans le cadre de marchés publics passés par la ville. Avec détails et chiffres à l’appui, Gérard Trémège s’explique et revient sur ce douloureux épisode avec 48 heures de garde à vue.

Gérard Trémège décrit les « deux nuits passées en cellule… sur un banc en pierre avec une couverture douteuse ». Le maire de Tarbes reconnait « avoir connu pire dans certaines pensions ». Mais il dénonce un traitement dont le « véritable but » est de « casser, avilir humilier, faire subir mille pressions à charge avec de faux témoignages, de fausses affirmations, pour nous faire craquer et nous faire dire ce que l’on veut entendre ». Un plaidoyer qui rappelle les propos tenus par une autre élue LR mise en examen, Brigitte Barèges, lors du meeting de campagne de Nicolas Sarkozy à Montauban la semaine dernière. 

Gérard Trémège consacre un seul paragraphe à sa garde à vue. En revanche, tout au long de 11 pages, le maire de Tarbes revient sur les accusations qui pèsent sur lui. Cession d’une maison et opérations immobilières. Vente de deux bâtiments sur le terrain de l’Arsenal. Attributions de marchés publics. Gérard Trémège passe en revue les charges et présente sa défense.

Mais c’est le début du chapitre judiciaire qui est le plus pimenté. Gérard Trémège revient sur l’origine de ses déboires avec la justice. Pour le maire de Tarbes, aucun doute, c’est Jean Glavany qui met le feu aux poudres et tire les ficelles. La thèse du règlement de compte politique n’est pas nouvelle dans la bouche de Gérard Trémège. Mais, sous sa plume, la dénonciation tourne au réquisitoire :

Jean Glavany a organisé le 12 juillet 2012 une réunion à Aureilhan pour remettre des dossiers à certains élus et leur suggérer d’engager une action judiciaire contre moi ».

Pour Gérard Trémège, « l’objectif est clair : on ne peut pas battre Gérard Trémège aux élections municipales, donc a va le démolir avant par des calomnies ! ».

Le maire de Tarbes explique comment, selon lui,  les « calomnies » vont se traduire par des mises en examen, une garde en vue et un contrôle judiciaire. « Jean Glavany a fait pendant plusieurs mois le siège de la Chancellerie jusqu’à ce que le garde des sceaux demande une enquête ». Autrement dit, les magistrats ont obéis aux ordres et cédés à une pression politique. Gérard Trémège  dénonce une  collusion entre le parquet de Tarbes et Jean-Glavany :

Le 18 février 2013, le vice procureur de Tarbes Jean-Luc Puyo, transmettait à la procureure de la République de Tarbesun rapport qui lui avait été remis à l’occasion d’une soirée privée ainsi que plusieurs pièces produites produites par un ancien avocat de Tarbes…ami et laquais de Jean Glavany ».

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Jean-Glavany n’a pas souhaité réagir à la charge contenue dans le livre de Gérard Trémège. Et pour cause. « Je ne pourrai vous en parler que lorsque je l’aurai lu ! Ce qui suppose que je puisse me le procurer ».

Le livre arrive cette semaine dans les librairies. Jean Glavany va pouvoir prochainement consulter l’ouvrage qui l’épingle. Il est possible que l’épisode littéraire vire à la séquence judiciaire. La réponse de l’accusé au procureur risque de prendre la forme d’une plainte en diffamation.

Régis Cothias (@france3tarbes) et Laurent Dubois (@laurentdub)

07 Oct

Arnaud Montebourg en terre conquise à Toulouse

Arnaud Montebourg passe la journée sur Toulouse. C’est sa première sortie après l’officialisation de sa candidature à la primaire du Parti Socialiste. L’ancien ministre a choisi une terre « conquise ». Arnaud Montebourg doit (encore) convaicre les électeurs toulousains. Mais il est déjà solidement implanté chez les socialistes de la ville rose.

Arnaud Montebourg en visite à Toulouse. Photo @France3Midi-Pyrénées

Arnaud Montebourg en visite à Toulouse. Photo @France 3 Midi-Pyrénées

Arnaud Montebourg dispose de soutiens historiques au sein du PS31. Des soutiens qui remontent au temps du Nouveau Parti Socialiste, dans les années 2000. Au premier rang, la députée, Catherine Lemorton. Des ralliements viennent renforcer les effectifs. Dernier en date, celui d’une proche de Benoît Hamon, la vice-présidente du Conseil Régional, Nadia Pellefigue. Comme le précise un cadre du parti, « c’est un soutien de poids. Elle bascule avec armes et bagages ».

En réalité, ce basculement spectaculaire est le point culminant d’un mouvement beaucoup plus ancien et profond. Un fin connaisseur du PS31 fait remonter le début de la conquête « montebourgeoise » aux précédents sénatoriales :

« L’éliminiation du 1er des « hollandais », Jean-Jacques Mirassou (ndlr ancien sénateur) a ouvert une brèche dans laquelle se sont engouffrés les « montebourg ». En partie en cause de la faute des « hollandais » qui ont très mal géré les choses, les « hollandais » ont été écrasés et l’appareil a basculé. Quasiment tous les cadres sont Montebourg. Quand on tient l’appareil, c’est fini. On a toutes les manettes : les cartes et autre ».

Parmi les cadres, on compte l’animateur fédéral du MJS. A titre personnel, Daniel Molina soutient Arnaud Montebourg. Le 1er fédéral, Sébastien Vincini, ne s’est pas encore exprimé. Mais il n’existe pas de doute sur son inclinaison « montebourgeoise ». Résultat de l’ancrage Montebourg au sein PS31, il n’existe pas de concurrence. Une autre candidate à la primaire, Marie-Noëlle Lienemann est venue sur Toulouse. Mais ce n’était pas la foule et impossible de parler d’un ancrage local. Du côté de François Hollande, pas de réunion ou de mobilisation en dehors du meeting de rentrée à Colomiers. Et encore. l’initiative ne vient pas du PS31 mais directement de Paris.

Comment expliquer cette « Montebourg Mania » ? Le style d’un personnage haut en couleur ? Le discours « Made in France » de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande ? Son positionnement « souverainiste » sur l’Europe ? La critique du bilan de François Hollande ? Un de ses soutiens dévoile une des raisons de son succès : « les sondages montrent clairement que deux hommes se détachent (NDRL François Hollande et Arnaud Montebourg) et c’est entre les deux que cela va se jouer. Les sondages déclenchent des vocations ».

Un ancien hollandais est encore plus clair : « Si Montebourg gagne, cela va permettre à ses soutiens et notamment à Nadia Pellefigue de peser encore davantage et de peser face à la présidente de Région (NDLR, Carole Delga, soutien de François Hollande)  mais il y a également un enjeu du côté des municipales et d’une candidature à la mairie de Toulouse ».

La primaire du PS, c’est l’occasion de se positionner. Au sens propre comme figuré. Sur le plan des idées comme des places.

Laurent Dubois (@laurentdub)