Colomiers, capitale hollandaise. Le temps d’une journée, le 29 août prochain, la deuxième ville de la Haute-Garonne va réunir les soutiens de François Hollande. La garde rapprochée du président de la République sera présente : Manuel Valls, Stéphane Le Foll et plusieurs autres membres du gouvernement.
La CGT est en embuscade et menace de perturber l’événement. Le choix d’une commune haute-garonnaise est perçue comme une véritable provocation. La Haute-Garonne est la terre de naissance d’une figure historique de la CGT qui est décédé le 13 août dernier. Le syndicat s’est violemment opposé au vote de la Loi El-Khomri et, pour lui, le premier ministre vient « cracher sur la tombe » de Georges Séguy.
Au delà de la polémique et d’une réunion qui s’annonce « épique », pourquoi les « hollandais » ont-ils choisi Colomiers ? Eléments de réponse.
Un bastion socialiste
Un peu moins de 40 000 habitants et surtout un ancrage socialiste qui remonte au temps de la SFIO et à…1944. Colomiers n’est pas seulement un des poids lourds démographiques de la Haute-Garonne. C’est surtout une citadelle électorale. Depuis la Libération, les maires se suivent et portent tous la même étiquette. Selon un sondage publié le 21 août, moins d’un quart des français font confiance au PS et a une bonne image du parti à la rose. Dans ce contexte, les amis de François Hollande ont intérêt à choisir une terre « amie ». Sur ce point, Colomiers offre au moins une garantie : l’atmosphère d’un bastion socialiste.
A cela on peut ajouter une tradition. Comme le précise un cadre du PS 31 : « Nous avons toujours organisé des meetings et des réunions à Colomiers. Il y a les structures et le personnel municipal pour aider à l’installation. Il nous est arrivé d’organiser des meetings salle Mermoz à Toulouse ou à Labège, comme en 1995. Mais je me souviens que lorsque François Hollande était 1er secrétaire, nous avons tenu des réunions et des meetings à Colomiers« .
Des Hollandais en terre Aubryiste
Une terre amie et accueillante. Des facilités d’organisation. Le poids des habitudes. Le choix de Colomiers semble évident. Et pourtant. L’évidence est trompeuse. Ce n’est pas tellement la sélection de la ville qui pose question. La maire de la commune, Karine Traval-Michelet est, selon un militant de la fédération, « une convertie de fraîche date au hollandisme« . C’est surtout la localisation de la grande messe hollandaise en Haute-Garonne qui étonne. Certes, le département dont Jaurès fut élu est celui du numéro 3 du PS, le député Christophe Borgel. Un numéro 3 qui est sur la ligne Valls-Cambadélis. En revanche, la fédération penche franchement à gauche du PS. Elle compte dans ses rangs une majorité d’Aubrystes et n’a pas ménagé ses critiques contre la politique gouvernementale. Deux sections ont même réclamé le retrait de la loi El Khomri. D’ailleurs, selon nos informations, des personnalistes socialistes du département pourraient refuser de se déplacer lundi à Colomiers.
Une initiative de Stéphane Le Foll et des proches de François Hollande
Pour un militant, la rentrée politique des hollandais est « une démonstration de force des hollandais dans un département qui ne l’est pas« . Comment expliquer alors une implantation dans une fédération favorable aux frondeurs et à la gauche du PS ? L’initiative n’est, visiblement pas, locale mais nationale.
C’est le discours de la fédération du PS 31. A la question : pourquoi Colomiers et pas la salle Mermoz à Toulouse ? Pourquoi la Haute-Garonne et pas un autre lieu dans l’Hexagone ? La réponse est : « aucune idée, c’est le national qui a décidé« .
Selon nos informations, la fédération haute-garonnaise a appris la tenue du meeting « Valls-Le Foll-Cambadélis » dans la toute dernière ligne droite. C’est le chef de cabinet de Stéphane Le Foll, Rémi Branco, qui a informé ses petits camarades du PS 31. Le lieutenant du plus hollandais des hollandais a des attaches dans le département de la Haute-Garonne. Il a été membre du conseil fédéral du PS 31 et militant dans une section. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Remi Branco précise : « en tant que proche de Stéphane Le Foll et hollandais, j’ai prévenu, comme on me l’a demandé, la fédération, la maire de Colomiers, le département et Carole Delga (ndlr présidente de la Région Occitanie). Au début de l’été, Stéphane Le Foll a souhaité un moment fort à la rentrée. A l’époque, il n’était pas question d’un meeting et la participation de Manuel Valls n’était pas encore d’actualité. On avait besoin d’un endroit ou la mobilisation militante est forte. Colomiers présente deux avantages. C’est la seconde ville de Haute-Garonne et la première ville socialiste du département. C’est également une ville à côté d’un aéroport ce qui permet de sécuriser les transports de ministres et de parlementaires qui viennent de Paris ou d’ailleurs »
Selon une source, la fédération du PS31 a moyennement appréciée d’être mise devant le fait accompli. Le silence du 1er fédéral, Sébastien Vincini, et les réponses neutres de certains cadres de la fédération ne permettent pas d’accréditer cette version des faits. Mais une chose est certaine. Les socialistes de la Haute-Garonne n’ont pas choisi d’accueillir les hollandais. Ce sont les hollandais qui se sont invités.
Laurent Dubois (@laurentdub)