Le démantèlement de la « jungle de Calais » a débuté ce matin, lundi 24 octobre. Les premiers bus acheminant les occupants commencent à arriver dans les communes d’accueil. Un accueil qui est parfois hostile. Un (futur) centre d’hébergement a été incendié dans le Puy-de-Dôme.
En région Occitanie, le Front National a publié la liste des hébergements prévus par la préfecture dans la ville de Lourdes. Dans l’Hérault, des élus sont passés des paroles aux actes. Le conseil municipal de Saint-Bauzille-de-Putois a démissionné pour marquer son refus d’accueillir des migrants.
Dans le Tarn, pas de démission, de divulgation de liste ou d’incendie volontaire, mais le maire (LR) de Lavaur tire à boulets rouges. Ce n’est pas la première fois que Bernard Carayon s’insurge contre l’accueil des migrants venus de Calais. L’élu déclare ouvertement : « je ne veux pas de migrants« . Cette prise de position frontale a, d’ailleurs, suscité la colère du 1er fédéral du PS 81, Patrick Vieu.
Mais, ce lundi 24 octobre, le ton monte d’un cran. Dans un communiqué de presse, le maire de Lavaur accuse le gouvernement :
Alors que le gouvernement se désintéresse de la ruralité et ferme des services publics, comme la trésorerie de Saint-Amans-Soult, il installe les migrants à la campagne : à Saint-Amans et Lacaune »
Bernard Carayon ne se contente pas de dire « vous voulez des services publics, vous avez des migrants ». L’élu Les Républicains, président de la fédération LR 81, évoque une « double peine » pour les Tarnais :
C’est le rasoir à deux lames pour les habitants : le premier signe l’abandon par l’Etat de la ruralité. Le second impose une coexistence dangereuse avec des hommes déracinés, originaires des régions du monde les plus éloignées de notre mode de vie »
« Coexistence dangereuse ». « Régions les plus éloignées de notre mode de vie ». L’avocat de profession pèse soigneusement ses mots. Pas de référence à la religion, à la nationalité ou simplement aux origines. Mais Bernard Carayon emploie des mots forts et transparents : selon lui les migrants ne sont pas des demandeurs d’asile ou des réfugiés, le sont des dangers et ils n’ont pas leur place dans le Tarn. Cette rhétorique ne dénoterait pas… au Front National. Mais ne déplaît non plus à une partie de sa famille politique !
Laurent Dubois (@laurentdub)