27 Sep

Monique Iborra : « Je n’aurai pas peur de porter les couleurs d’Emmanuel Macron »

Dimanche 25 septembre, Emmanuel Macron a participé, à Lyon, au sommet des réformistes européens. La présence de l’ancien ministre des Finances a transformé une simple conférence et des tables rondes en pré-campagne présidentielle. Traque de la petite phrase. Pointage et comptage des soutiens et des ralliements.

Parmi la photo de famille « macronienne » la députée de Haute-Garonne, Monique Iborra. L’ancienne coordinatrice de la loi Travail annonce son soutien à Emmanuelle Macron. Exclue du PS en juillet 2016, Monique Iborra est candidate à sa succession sur la 6eme circonscription de la Haute-Garonne. Elle est prête à endosser le dossard d’Emmanuel Macron.

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon

Emmanuel Macron et la députée de la Haute-Garonne, Monique Iborra à Lyon au sommet de Réformistes Européens

Le Blog Politique. Vous étiez ce week-end avec Emmanuel Macron à Lyon. Pourquoi ?

Monique Iborra. J’y étais invitée par Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon, qui appartient au groupe des Réformateurs, le thème de l’Europe s’invite légitimement dans les prochaines échéances électorales, réfléchir à son évolution et à sa restructuration est indispensable.

Le Blog Politique. Que retenez-vous de cette nouvelle séquence ultra-médiatisée d’Emmanuel Macron ? Au delà de la couverture media, il y a eu des débats de fonds à Lyon ?

Monique Iborra. Si la séquence a été partiellement médiatisée, elle est sans doute le fait que certains ont cru bon d’avoir des stratégies d’empêchement… Il y a eu de véritables débats de fond dans les ateliers préparés depuis de longs mois avec des questions, des remises en cause et des perspectives.

Le Blog Politique. C’est un pas de plus vers une candidature Macron à la présidentielle de 2017 ?

Monique Iborra. Je pense qu’il faut dissocier cet événement de la candidature d’Emmanuel Macron. Je pense qu’aujourd’hui bien qu’il ne l’ait pas annoncé qu’il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle.Il n’est pas dans une démarche d’opposition mais de dépassement et de clarification, de mobilisation de ceux qui se sont désengagés souvent avec raison, ses discours et sa pensée sont très structurés et il agit par étapes, sortir des postures et des incohérences, et il y en a de nombreuses à droite comme à gauche.

Bien qu’il ne l’ait pas annoncé, il se présente dans la perspective de l’élection présidentielle

Le Blog Politique. Etes vous prête à soutenir Emmanuel Macron s’il déclare sa candidature ?

Monique Iborra. Aujourd’hui quel est le paysage politique et l’offre politique ? A gauche la division, le retour d’alliances qui se sont fracassées à l’épreuve du pouvoir, à droite la surenchère irresponsable, en embuscade l’extrême droite qui peut déboucher sur l’organisation d’une véritable « guerre civile » en France.Tout ce qui correspond à une alternative possible est à prendre en compte. Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin.

Macron peut représenter cette réelle alternative dont le pays a besoin

Le Blog Politique. Quels sont, d’après vous, les atouts d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Sa capacité et son honnêteté intellectuelles, sa détermination appuyée sur des convictions, son courage et son goût des autres… Sa liberté d’action et d’expression vis à vis des appareils politiques qui ne sont plus adaptés à la société telle que nous la vivons aujourd’hui.

Le Blog Politique. Quels sont, selon vous, les défauts et les failles d’Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Les défauts de ses qualités : sa propension à penser, je crois, qu’il suffit de convaincre pour transformer… Mais c’est en même temps sa force… Mais nous ne sommes qu’au début du processus.

Le Blog Politique. Vous avez annoncé votre candidature pour les législatives. Etes vous prête à porter les couleurs Macron sur votre circonscription en Haute-Garonne ?

Monique Iborra. J’ai été la seule députée aux primaires de 2012 à promouvoir la campagne de François Hollande sur ce département, comme j’étais seule à porter celle de Ségolène Royal, je n’aurais pas peur de porter celle d’Emmanuel Macron car je serai cohérente avec mes choix politiques.

Je n’aurai pas peur de porter la couleur d’Emmanuel Macron

Le Blog Politique. Pensez que d’autres députés sortants ou des candidats peuvent également suivre Emmanuel Macron ?

Monique Iborra. Je pense que d’autres députés pourraient être tentés, ailleurs que sur ce département qui lui, est adepte du soutien à Martine Aubry et à Arnaud Montebourg en ce qui concerne l’appareil politique et les responsables départementaux dans leur majorité, mais ils sont contrairement à moi, tenus par les anathèmes de Jean-Christophe Cambadélis pour les désignations… En ce qui me concerne je suis selon celui-ci devenue la jurisprudence Iborra et donc…

D’autres députés pourraient être tentés

Le Blog Politique. Une candidature Macron à la présidentielle et des candidats Macron aux législatives, cela revient à prendre la responsabilité de la division et d’une défaite de la gauche ?

Monique Iborra. Je trouve injuste et formidablement hypocrite de faire porter à Emmanuel Macron la responsabilité d’une défaite de la gauche, quand nous avons vécu pendant 4 ans à l’Assemblée les coups de boutoir des frondeurs, de ceux qui ont déposé à 2 reprises des motions de censure contre le Gouvernement, qui aujourd’hui pour certains sont candidats aux primaires socialistes et qui n’espèrent qu’une chose… l’échec de François Hollande ! Un grand nombre de militants socialistes, que je salue, partage également cette analyse.

Le Blog Politique. Vous avez été exclu du PS. Des parlementaires socialistes, dont le président du groupe parlementaire, Bruno Le Roux, demande votre réintégration. Le fait de soutenir Manuel Macron signifie que vous rompez définitivement les amarres avec le PS. Vous assumez ?

Monique Iborra. Je salue Bruno Le Roux, président du groupe qui a exercé pendant 4 ans une mission impossible. Je ne romps avec la gauche, avec mes convictions qui sont aujourd’hui compatibles avec celles d’Emmanuel Macron. Je n’approuve pas le sectarisme et les manœuvres de l’appareil socialiste qui résume sa stratégie à des accords d’appareil dont hélas, nous en avons la preuve tous les jours, y compris dans cette nouvelle grande région, constituent un échec dissimulé certes, mais un échec tout de même, qui fait que je ne regrette rien de mes choix passés.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)