05 Sep

Sylvia Pinel, nouvelle présidente du PRG : rupture ou continuité ?

Une élection sans surprise. Mais un scénario inédit. Samedi 3 septembre, lors d’un congrès à La Rochelle, Sylvia Pinel a été élue à la tête du PRG. L’ancienne ministre succède à Jean-Michel Baylet. Une succession préparée de longue date. En revanche, cette passation (programmée) de relais ne prévoyait pas un duel avec un concurrent. Le challenger, Guilhem Porcheron, est parvenu à décrocher 34,5% des voix. Dans le camp du vainqueur, comme dans celui du vaincu, on salue la bonne tenue de la compétition et un esprit fair-play. Malgré un peu de tension, tous les acteurs s’accordent à dresser un bilan positif. Récit.

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet @Max PPP

Samedi 4 septembre, La Rochelle. Le parti socialiste a déserté une préfecture des Charentes-Maritimes qui habituellement héberge l’Université d’été du PS. Mais, pour la saison 2016, ce sont les radicaux de gauche qui ont pris la place. Pendant trois jours, du vendredi 2 septembre  au dimanche 4 septembre, environ 500 radicaux de gauche se sont réunis au Palais des Congrès, salle de l’Encan. Le programme prévoyait une séance de formation pour les élus (sur la transition énergétique) et  trois ateliers (l’Europe, Valeurs Républicaines, Ecologie et développement économique). Mais le moment phare a été l’élection à la présidence du parti.

Dans cette compétition, la présidente par intérim n’avait pas simplement une longueur d’avance sur son (seul et unique) concurrent. Sylvia Pinel disposait d’une carte maîtresse. Elle bénéficiait du soutien de Jean-Michel Baylet. Pendant 20 ans, le ministre de l’Aménagement du Territoire a régné sur le parti radical de gauche. Il a annoncé, à différentes reprises, l’entrée en politique de son fils, Jean-Benoit. Une entrée qui aurait pu aboutir sur une présidence du PRG. Néanmoins (malgré une absence de transmission père-fils) la présidence du PRG reste tout de même dans la « famille ». Sylvia Pinel était une candidate « naturelle » et sa désignation n’est absolument pas étonnante.

Une élection incontestée malgré la tension

La  seule surprise vient de l’éruption d’un trublion. La candidature inattendue de Guilhem Porcheron a secoué le cocotier. Une secousse toute relative. Mais réelle. Guilhem Porcheron ne faisait pas le poids face au rouleau compresseur Baylet-Pinel. Mais, selon plusieurs sources, la piqûre de « moustique » a agacé Jean-Michel Baylet. Lors du vote, l’agacement s’est transformé en nervosité. D’après un délégué présent à La Rochelle, ce sont les fédérations du Tarn et surtout du Tarn-et-Garonne (la plus importante avec 59 délégués) qui ont fait penché la balance du côté de Sylvia Pinel. Au moment du dépouillement, un certain suspens aurait plané. Au point de troubler les nerfs de Jean-Michel Baylet et de susciter un petit incident entre le ministre et un journaliste.

Selon un proche de Guilhem Porcheron, la candidature du challenger a mobilisé le camp Baylet-Pinel. Les statuts du PRG permettent des votes par procuration. Et l’afflux de procurations s’expliquerait par une mobilisation des soutiens de Sylvia Pinel. Nombreux appels téléphoniques. Appel au vote.

Malgré ces crispations et une certaine tension (lors du dépouillement ou avant le vote), les deux parties en présence dressent un tableau positif. Un parlementaire PRG parle d’un « bon Congrès » et « d’une ambiance agréable« . Du côté du perdant, même tonalité. Comme le précise Guilhem Porcheron, « l’ambiance était très agréable. Les gens étaient là pour voter« . Des doutes sur la sincérité du scrutin ? Des bourrages d’urnes ou des choses suspectes ? Guilhem Porcheron balaye le moindre doute : « L’élection a été parfaite. Il n’y a vraiment rien à dire. Ils n’ont pas tricher. Ils ont récupéré de beaucoup de procurations. C’est normal. Ils ont simplement fait le boulot. Ils disposaient des fichiers militants et pas moi ».

Sylvia Pinel : rupture ou continuité avec la présidence Baylet ?

Un participant au Congrès regrette que le candidat malheureux n’est pas pu prendre la parole pour remercier ses électeurs. Mais, Guilhem Porcheron préfère saluer l’élection de la nouvelle présidente : « Je pense que c’est quelqu’un de bien et avec qui je peux parfaitement travailler en bonne intelligence et dans une parfaite entente« .

Pour l’ex-concurrent l’objectif est clair. Il s’agit de transformer son capital électoral en une place dans l’organigramme. Guilhem Porcheron espère que son score va déboucher sur un poste de vice-président. Son intégration dans le staff aura valeur de test. Sylvia Pinel va-t-elle s’inscrire dans la continuité de Jean-Michel Baylet ou assumer une certaine rupture ? La nouvelle présidente du PRG n’est pas complètement neuve. Elle assure l’intérim depuis l’entrée de Jean-Michel Baylet au gouvernement. Dans cette phase intermédiaire, les équipes issues de l’époque Baylet sont restées en place. Le premier test va-être de voir si la présidente du PRG va imprimer sa marque en faisant son propre casting. Sylvia Pinel va-t-elle tendre la main à son ancien adversaire ?

Le second test sera beaucoup plus politique et peut même devenir polémique. En novembre prochain, le PRG va devoir se prononcer sur sa ligne par rapport à la présidentielle de 2017. Parmi les 35% d’électeurs de Guilhem Porcheron, on trouve des délégués qui plaident pour une autonomie par rapport au PS. L’adversaire de Sylvia Pinel a même fait campagne pour un candidat PRG face au candidat PS en 2017. Cette ligne politique va-t-elle se dissoudre dans la désignation de Sylvia Pinel ? La nouvelle présidente du PRG va-t-elle entendre une partie des voies de son parti ?

Après le Congrès consacrant son élection, Sylvia Pinel a partagé un plateau de fruits de mer avec Jean-Michel Baylet. Cet épisode gastronomique rappelle une évidence. Une élection marque un nouveau début mais pas forcemment une fin. Le vieux compagnonnage entre Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet est loin d’être terminé. Selon une source proche du ministre, Jean-Michel Baylet pense que la présidentielle de 2017 va laminer le PS et conduire à une recomposition de la gauche. Une recomposition dans laquelle Jean-Michel Baylet se voit jouer un rôle aux côtés de Manuel Valls.

Sylvia Pinel ne pourra pas ignorer ce positionnement.

Laurent Dubois (@laurentdub)

01 Sep

Carole Delga démissionne de la mairie de Martres-Tolosane

La présidente de Région conserve son siège de députée du Comminges. Mais elle quitte le conseil municipal d’une commune qui est son berceau politique et dont elle fut maire jusqu’en 2014.

Cette décision résulte d’une application du code électoral. La loi prévoit qu’un(e) parlementaire ne peut siéger que dans une seule assemblée locale. L’Assemblée ou le conseil régional. Députée ou la mairie de Martres-Tolosane (Haute-Garonne). Il fallait choisir. Carole Delga choisit l’Assemblée et le conseil régional. 

©PHOTOPQR/LE MIDI LIBRE ; PHOTOPQR/MIDI LIBRE/MICHAEL ESDOURRUBAILH/ HERAULT MONTPELLIER LE CORUM PREMIERE SEANCE PLENIERE DU CONSEIL REGIONAL CAROLE DELGA (MaxPPP TagID: maxnewsworldfour004635.jpg) [Photo via MaxPPP]

Carole Delga (Crédit photo : MaxPPP)

C’est le premier mandat obtenu par Carole Delga (2008) et c’est le premier mandat dont se démet la présidente de Région. Suite aux régionales de 2017, la présidente de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées a affirmé sa volonté de conserver son siège à l’Assemblée Nationale. Mais le compte à rebours est lancé. L’entrée en vigueur d’une loi anti-cumul (votée au début du quinquennat de François Hollande) doit conduire Carole Delga a quitté le Palais Bourbon. Elle ne se représentera pas aux législatives 2017.

Après Martres-Tolosane, c’est au tour de la 8ème circonscription d’être sur le billot. La succession se prépare. Et, selon nos informations, c’est le suppléant de Carole Delga, Joël Aviragnet qui tient la corde au sein du PS. 

Dans un courrier en date du 30 août, Carole Delga s’adresse à ses anciens administrés et écrit : « je continuerai, de manière indéfectible, à travailler pour Martes à vous apporter les meilleures conditions de vie au travers de mes mandats et de mon engament associatif communal« .

Un des opposants local de Carole Delga (récemment investi par l’UDI pour les législatives de 2017), Jean-Luc Rivière critique le choix de la présidente de Région : « Carole Delga a abandonné Martes en privilégiant le poste de député où elle ne siège pas à l’ancrage local. Bref l’argent et les indemnités parlementaires plutôt que le local ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

29 Août

Le député Christophe Borgel porte plainte après la dégradation de sa permanence

Des coups de masses ont été portés sur les vitres de la permanence toulousaine du député socialiste de Haute-Garonne qui dénonce cette tentative d’intimidation et a décidé de porter plainte.

Borgel dgradations

Deux coups de masses contre des vitres qui n’ont cependant pas explosé. Et pour cause : la permanence du député PS de la 9ème circonscription de la Haute-Garonne occupe une ancienne agence bancaire et les vitrages sont reforcées. Cependant, sur les photos transmises à la presse et sur les réseaux sociaux par le député lui-même, on voit bien les traces des dégradations (photo ci-dessus).

La permanence du député toulousain, numéro 3 du parti socialiste national, avait déjà été la cible de dégradations pendant les manifestations contre la loi Travail. Mais dans ce cas, le geste était presque revendiqué. Là, il s’agit pour Christophe Borgel d’atteintes « honteuses, nulles, désespérantes, lâches ».

Le député a indiqué à France 3 Midi-Pyrénées qu’il allait porté plainte. Ces actes n’ont pas été revendiqués. Ils interviennent cependant alors que la région toulousaine est l’épicentre de la gauche et du PS avec le « rassemblement de Colomiers » prévu ce lundi soir en présence notamment de Manuel Valls.

Fabrice Valéry (@fabvalery)

Ces socialistes qui n’iront pas au rassemblement du PS à Colomiers

Une rentrée politique en terre toulousaine. Lundi 29 août, les socialistes font leur rentrée à Colomiers. La garde rapprochée de François Hollande tient meeting en région. L’opération ne fait pas l’unanimité dans les rangs du PS. L’ancien maire de Toulouse, Pierre Cohen, ne fera pas le déplacement. Même chose pour le président du Gers et ancien ministre de l’Ecologie, Philippe Martin. La députée du Tarn-et-Garonne et rapporteure du budget, Valérie Rabault restera dans sa circonscription. Plus surprenant, les députés proches de Manuel Valls, les réformateurs, ne prendront pas non plus l’avion pour Toulouse.

Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse (Photos : MaxPPP)

Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse (Photos : MaxPPP)

Premier meeting pour la dernière rentrée du quinquennat. Lundi 29 août, quatre membres du gouvernement, le premier ministre et le premier secrétaire du PS sont à Colomiers. L’événement débute par des deux ateliers animés par les présidents de groupes parlementaires (Bruno Le Roux pour l’Assemblée Nationale et Didier Guillaume s’agissant du Sénat). Mais c’est, évidemment, la présence de Manuel Valls qui attire tous les projecteurs médiatiques. En pleine polémique sur le Birkini et après un week-end politique marqué par le discours de Jean-Luc Mélenchon, l’intervention du premier ministre est attendu.

Pourtant, le nom qui suscite le plus de commentaires est celui de Stéphane Le Foll. Et ce n’est pas la chaude actualité du ministre de l’Agriculture (avec la grogne des producteurs de lait) qui lui vaut d’être au centre du jeu. Stéphane Le Foll est à l’origine du meeting de Colomiers. Le plus hollandais des hollandais a eu l’idée d’une rencontre entre fidèles de François Hollande. C’est la région toulousaine qui a été retenue pour servir de lieu d’accueil.

Problème. Certains de ses camarades n’apprécient pas l’initiative et le font savoir. Dans un post sur Facebook, Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse, explique son « boycott » : « On nous propose une rencontre que je définirais comme un OVNI, après la Belle Alliance Populaire, Hé Ho la Gauche et toutes les tentatives infructueuses d’occuper un espace politique qui mérite plus qu’un coup médiatique pour faire oublier les rentrées avortées de la Rochelle ou de Nantes« .

Pierre Cohen est, comme une majorité de socialistes en Haute-Garonne, aubryiste. L’ancien maire de Toulouse le revendique et précise : « Nous, les Aubrystes, avions décidé de faire une rencontre intitulée « Carrefour citoyen des gauches et de l’écologie » fin Août. Cette décision intervenait après 8 mois de politique gouvernementale déplorable tant sur le plan moral que social. Il était grand temps de rassembler les forces de gauche à partir de réformes attendues et fondatrices. Suite à l’attentat de Nice, face à un terrorisme aveugle et barbare qui n’a que pour objectif de faire exploser notre vivre ensemble, nous avons décidé d’annuler cette rencontre ».

L’autre grand absent de Colomiers est l’ancien ministre de l’Ecologie Philippe Martin. Selon nos informations, le député restera dans le Gers. Il a informé de sa décision une proche de Stéphane Le Foll, la présidente d’Occitanie Carole Delga.

Selon son entourage, la décision de Philippe Martin n’est pas un signe subliminal par rapport aux prochaines présidentielles. Cela ne fait de lui ni un partisan d’Arnaud Montebourg, ni un partisan de Benoît Hamon. Les deux concurrents déclarés face au président sortant.

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

Philippe Martin, député du Gers, Photo MaxPPP

La députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault restera également dans sa circonscription. La rapporteur(e)d du budget déclare :

Je soutiens le président de la République et je suis pour le rassemblement. Mais annuler une Université d’été pour le remplacer par un meeting partisan ne me paraît pas bon. Quand on fait un rassemblement, il faut que tout monde soit présent. Si on annule une université d’été, on ne fait pas un meeting

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne

Valérie Rabault, députée du Tarn-et-Garonne

De manière plus surprenante, mais révélatrice, les proches de Manuel Valls risquent également de manquer à l’appel. Des députés membres du courant Vallsiste « Les Réformateurs » ne vont pas atterrir à Blagnac. La proximité de l’aéroport est censé favoriser la venue des parlementaires extérieurs à la Région Occitanie. Mais cette facilité de transport et de transfert ne suffit pas à motiver les troupes. Le manque de motivation n’est pas dirigé contre Manuel Valls. Bien évidemment. Mais des députés réformateurs trouvent que le meeting de Colomiers est « un truc fait par des hollandais, entre hollandais et pour marquer l’empreinte des hollandais et qui exclu les autres ».

Pour rappel les Vallsistes soutiennent pour l’instant… François Hollande. Un réformateur est lucide : « je comprends que les gens ne comprennent rien à tout cela. C’est vraiment un truc interne ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Août

Toulouse, capitale des gauches

Un arc-en-ciel politique allant de Manuel Valls à Jean-Luc Mélenchon, va défiler dans la Ville Rose. Lundi 29 août, les soutiens de François Hollande et une partie du gouvernement tiennent meeting dans une commune de la couronne toulousaine. La veille, dimanche 28 août, Jean-Luc Mélenchon sera monté à la tribune dans un quartier de Toulouse. Dans la salle, élus et militants du Parti de Gauche et de la Nouvelle Gauche Socialiste auront passé le week-end à débattre. Des débats qui se seront tenus dans une université…toulousaine.

En l’espace de quelques jours, à quelques kilomètres de distance, les « frères ennemis » de la gauche française vont se croiser et croiser le fer par tribunes interposées. La co-existence ne s’annonce pas vraiment pacifique. Mais elle est  le fruit du hasard. La proximité des dates et des lieux est un pur concours de circonstance.  Du côté du Parti de Gauche ou de la Nouvelle Gauche Socialiste, la situation fait sourire et ne déplaît pas.

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Jean-Luc Mélenchon à Toulouse, août 2014. Photo MaxPPP

Le samedi 27 août la Nouvelle Gauche Socialiste organise son séminaire de rentrée à Toulouse. Le dimanche 28 août, les participants vont rejoindre Jean-Luc Mélenchon qui va prononcer un discours dans les jardins d’Observatoire, dans le quartier Jolimont. Un discours de rentrée qui intervient le lendemain de la clôture de l’Université d’été (elle aussi toulousaine) du Parti de Gauche. Dans une terre de rugby cela s’appelle un Pack. Et un Pack qui va pouvoir jouer un match face à  une équipe adversaire qui foulera le même terrain le lundi suivant.

Loi El Khomri. Interdiction du Burkini. Allégement de la fiscalité des entreprises. Emmanuel Macron et « social-libéralisme » de Manuel Valls. Les points de friction ne manquent pas entre la majorité socialiste et les soutiens de Jean-Luc Mélenchon. La candidature déclarée du leader de la France Insoumise et l’approche de la présidentielle de 2017 ne calment pas le jeu. A la fin du mandat de François Hollande, la facture vire à la fracture. Dans ce contexte, la dernière rentrée du quinquennat revêt une double dimension : électorale et symbolique.

La localisation des premiers meetings en région toulousaine est une sorte de répétition générale des affrontements à venir. Que ce soit au moment de la primaire du PS ou du vrai scrutin de mai 2017, la présidentielle va (en partie) se jouer en « interne », au sein même de la gauche.

Le représentant de la Nouvelle Gauche Socialiste en Occitanie, Liêm Hoang-Ngoc précise : « c’est complètement le hasard, on s’est aligné sur le discours de Jean-Luc Mélenchon. Jean-Luc Mélenchon, pour la deuxième fois, a choisi Toulouse et donc notre séminaire se déroule à Toulouse. On ne savait pas que les socialos allaient organiser quelque chose« . Mais le conseiller régional ajoute immédiatement: « tant mieux. On va appuyer fort le discours de Montebourg et de Benoit Hamon (ndlr la gauche de la gauche socialiste) au PS« .

Pour Liêm Hoang-Ngoc le fait de se retrouver (quasiment simultanément) avec la garde rapprochée de François Hollande, est un clin d’œil. Dans une ville ou (comme le chante Claude Nougaro), « même les mémés aiment la castagne » c’est une mise en jambe bienvenue. Du côté du Parti de Gauche, c’est le même discours. Le conseiller régional (PG) Guilhem Seyriès déclare : « un hasard complet. L’essentiel c’est le discours de Jean-Luc Mélenchon, bien sur. Mais il ne faut pas oublier pourquoi l’appareil du PS a choisi Colomiers (ndlr commune de la 1ere couronne toulousaine). C’est suite à l’annulation de l’Université d’été du PS à Nantes et parce que les socialistes sont confrontés à la contestation sociale. Ils ne pouvaient pas organiser leur université. L’appareil socialiste pense que Colomiers est un bastion et que la section locale est légitimiste. Mais cela ne suffira pas. Je suis certain que tous ceux qui ont été bousculés par la loi El Khomri ou piétinés par le 49-3 (ndrl article de la constitution ayant permis l’adoption sans vote de la réforme) vont aller se rappeler au bon souvenir de Manuel Valls à Colomiers« .

Parmi ces contestataires va-t-on retrouver des militants ou des élus qui auront assisté la veille au discours de Jean-Luc Mélenchon ? Réponse de Guilhem Seyriès : « on ne construit pas contre. La France Insoumise veut porter un projet alternatif à François Hollande et porter un discours sur des questions essentielles comme le rejet des traités européens ou la casse sociale. On n’est pas là dedans ».

Le PG d’Occitanie ne va pas faire le coup de poing ou de coup d’éclat contre Manuel Valls. En revanche, les propos de Guilhem Seyriès ne sont pas des paroles en l’air. Ils peuvent se révéler prémonitoires. La CGT a déjà annoncé la couleur : le syndicat va s’inviter au meeting de Colomiers.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

La députée (LR) de Haute-Garonne Laurence Arribagé souhaite une loi anti-burkini

Un maillot de bain fait bouillir l’actualité. L’interdiction du Burkini est le sujet chaud de l’été 2016. Des municipalités prennent des arrêtés qui finissent devant les tribunaux. Le premier ministre, Manuel Valls, et sa ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, se déchirent publiquement et frontalement sur le sujet. Quelques centimes de tissus recouvrent l’horizon politico-mediatique et la région Occitanie n’échappe pas à cette ébullition.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Dans l’Aude, un maire est tombé dans le grand bain des arrêtés anti-burkini. Mais, à plus de 200 kilomètres du littoral méditerranéen, le débat est également arrivé sur les berges de la Garonne.

La seule plage toulousaine ne borde pas de l’eau salée. C’est celle du lac de Ramée. Mais la question du Burkini s’est tout de même posée. Le maire de la Ville Rose, Jean-Moudenc reprend (à la syllabe près) les mots utilisés, le mercredi  par Nicolas Sarkozy lors de son passage sur le plateau de TF1 : « un acte militant et politique et qui reléve de la provocation« .

Néanmoins, Jean-Luc Moudenc ne s’aligne pas sur la position de son collègue de Leucate. Dans les colonnes de l’hebdomadaire toulousain, La Voix du Midi, le maire de Toulouse déclare avoir « des doutes sur la pertinence de prendre un arrêté anti-Burkini« . Jean-Luc Moudenc pointe « un contexte d’incertitude juridique« . Pour le premier magistrat de la première métropole d’Occitanie « prendre un arrêté annulé par la suite (ndlr par la justice administrative) serait contre-productif, puisque les partisans de ce geste militant y verraient le triomphe de leurs provocations ».

Il serait plus judicieux de légiférer plutôt que de laisser les maires se débrouiller avec les arrêtés municipaux

La députée (LR) de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé, partage l’analyse du maire de Toulouse. La parlementaire ne souhaite pas déposer une proposition de loi. Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, elle déclare : « il serait plus judicieux de légiférer plutôt que de laisser les maires se débrouiller avec les arrêtés municipaux. Je pense qu’il est du rôle de l’Etat d’agir sur ses questions« .

En fait, la solution peut venir non pas du Palais Bourbon et des député(e)s mais du Palais-Royal et du juge administratif. Le Conseil d’Etat vient de se prononcer, ce vendredi 26 août, sur la légalité de l’un des arrêtés adopté cet été. La haute juridiction administrative censure l’interdiction édictée par le maire de Villeneuve-Loubet :

Les mesures de police que le maire d’une commune du littoral édicte en vue de réglementer l’accès à la plage et la pratique de la baignade doivent donc être adaptées, nécessaires et proportionnées au regard des seules nécessités de l’ordre public. Il n’appartient pas au maire de se fonder sur d’autres considérations.

Le Conseil d’Etat estime qu’un arrêté anti-Burkini ne peut être fondé sur le principe de laïcité. La décision du juge laisse une marge d’appréciation aux maires. Mais seule une atteinte à l’ordre public (risque de violence ou de trouble) peut juridiquement justifier une interdiction du port du Burkini. Cette position clarifie les choses. Mais le dossier est loin d’être clos. Il s’invite dans la campagne des présidentielles. Nicolas Sarkozy  plaide pour une loi interdisant le port de signe religieux à l’école, à l’université, dans les administrations et les entreprises. L’ancien chef de l’Etat n’a pas formellement cité les lieux de baignade. Mais, en cas de victoire de l’ancien de chef de l’Etat en 2017, le Burkini pourrait faire l’objet d’un débat parlementaire. L’adoption d’une loi permettrait de « casser » la jurisprudence du Conseil d’Etat et offrirait l’occasion à Laurence Arribagé de passer des paroles aux actes.

Cette semaine, Laurence Arribagé a déclaré son soutien à Nicolas Sarkozy. Un soutien rendu public avant la décision du Conseil d’Etat mais qui trouve, dans l’affaire du Burkini, une raison supplémentaire de s’exprimer.

Laurent Dubois (@laurentdub)

18 Août

Loi anti-cumul des mandats : les sénateurs d’Occitanie fer de lance de l’offensive…enfin presque

Des sénateurs bousculent la trêve estivale. En plein mois d’août, 11 locataires du Palais du Luxembourg ont déposé une proposition de loi concernant l’interdiction du cumul des mandats. Les signataires du texte proposent un aménagement du mécanisme qui doit entrer en vigueur en 2017. Dans un peu moins d’un an, les parlementaires qui dirigent un exécutif local devront choisir. Ce sera soit un mandat de député ou de sénateur soit la présidence d’une Région, d’un département ou un fauteuil de maire.

11 sénateurs proposent de repousser l’entrée en vigueur du dispositif. 5 signataires sont originaires d’Occitanie. Ils appartiennent tous au groupe RDSE. Le groupe qui réunit les radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet.

Hémicycle du Sénat. Photo : MaxPPP

Hémicycle du Sénat. Photo : MaxPPP

Nicolas Sarkozy promet un référendum pour remettre en cause l’interdiction du cumul des mandats. 160 députés de droite ont déposé une proposition de loi. C’est maintenant au tour de sénateurs de gauche de planter des banderilles dans la loi votée le 14 février 2014 et qui prévoit la fin d’une spécialité nationale : le cumul des mandats. Visiblement, la Région Occitanie (et plus particulièrement les départements de l’ex Midi-Pyrénées) est à la pointe de l’offensive. 5 des 11 signataires sont des « régionaux » : Françoise Laborde (Haute-Garonne), Yvon Collin (Tarn-et-Garonne), Raymond Vall (Gers), François Fortassin (Hautes-Pyrénées), Jean-Claude Requier (Lot).

Cette mobilisation ne reflète pas une résurgence de l’esprit Cathare et un goût pour l’hérésie. Les sénateurs de gauche ne souhaitent pas « brûler » la réforme voulue par François Hollande et adoptée par un gouvernement socialiste qu’ils soutiennent. L’explication est beaucoup plus prosaïque. Comme le précise un des signataires : « je ne suis pas un fou furieux du cumul des mandats. C’est vrai que la loi votée en 2014 pourrait être plus souple. Une dérogation au profit des maires des petites communes, moins de 2000 habitants, par exemple.Mais en fait c’est par solidarité avec le groupe ».

Voilà donc l’explication. L’initiative des sénateurs de l’ex Midi-Pyrénées (et actuelle Occitanie) est liée à une appartenance au groupe RDSE. Ce n’est pas un combat de fond mais une question « domestique ». Quand on vit sous le même toit, on signe les mêmes propositions de loi.  D’ailleurs, à la différence de nombre de leurs collègues, les sénateurs anti-cumul d’Occitanie ne sont pas des cumulards. Seul Raymond Vall est sénateur et maire de Fleurance.

Au delà du côté « corporate », c’est également le respect de la « tradition » et un sens du marketing qui a motivé le dépôt d’une proposition de loi. Un des signataires avoue sans détour : « Le groupe manque de lisibilité et le fait de déposer une proposition de loi permet d’exister. Et puis le groupe a toujours été favorable au cumul. Quand Jean-Michel Baylet était toujours dans le groupe (ndrl avant la perte de son mandat sénatorial), il plaidait pour le cumul et on respecte ainsi un certain état d’esprit« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

29 Juil

Une vice-présidente (PS) de la Région Occitanie condamnée pour abus de confiance

Une vice-présidente (PS) de la Région Occitanie condamnée pour abus de confiance. La peine est minimale : 4000 euros d’amende et aucune inéligibilité. En revanche, les sommes en jeu sont loin d’être négligeables : 356 415 euros.

Pendant plusieurs mois, Béatrice Négrier a confondu son compte bancaire personnel avec celui de son ancien parti (le MRC de Jean-Pierre Chevénement) et d’une association, Ensemble et solidaires pour Saint-André.

Béatrice Négrier, vice-président de la Région Occitanie

Béatrice Négrier, vice-présidente de la Région Occitanie

Selon une source judiciaire, l’affaire est née d’un signalement de Tracfin. Cet organisme (Traitement du Renseignement et Action Contre les Circuits Financiers Clandestins) est rattaché au ministère des Finances. Il est surtout connu pour sa lutte contre le blanchiment d’argent. Suite à cette intervention et après une enquête préliminaire ou une instruction, le juge correctionnel de Montpellier s’est prononcé. Le couperet est tombé le mardi 24 mai 2016. La lame n’est pas tranchante. Et pour cause. Béatrice Négrier a remboursé une partie des sommes détournées.

Selon son avocate, 316 000 euros sont retournés dans les caisses du MRC et de l’association Ensemble et Solidaire pour Saint André.

L’avocate de Béatrice Négrier justifie le comportement de sa cliente par des retards dans le remboursement de frais de campagne et « un manque d’argent à titre personnel ». L’élue socialiste a donc inventé une forme « originale » de financement : le prêt sans l’accord du « prêteur » et à taux zéro.

L’existence d’un remboursement évacue l’hypothèse d’un enrichissement personnel. C’est ce qui explique (très probablement) la « compréhension » du juge. Mais, sur le fond, la méthode est franchement douteuse.

Au delà de l’aspect judiciaire, il reste le volet politique. La vice-présidente du Conseil Régional est en charge d’un « porte-feuille » exposé : l’emploi, la formation professionnelle et l’apprentissage. Le juge correctionnel a décidé de ne pas inscrire la peine prononcée le 26 mai dernier à Montpellier au casier judiciaire (le fameux B2) de Béatrice Négrier. Mais l’élue socialiste est tout de même condamnée. Elle va devoir rencontrer des demandeurs d’emploi et des entreprises avec cette mauvaise « publicité » sur le dos.

Pour Béatrice Négrier l’affaire est classée. L’élue héraultaise estime même qu’elle n’a jamais existé. Sur sa page Facebook, Béatrice Négrier a posté une mise au point :

J’ai effectivement écopé d’une amende pour des faits datant de 2010. Une amende pour avoir effectué des transferts d’argent en espèces et rien d’autre car je n’ai lésé personne et surtout rien pris à personne ! Maintenant je termine mes courtes vacances et personne ne me fera baisser la tête ni apprécier les rares jours de repos que je m’octroie chaque été ».

Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le cabinet de la présidente de Région, Carole Delga, n’a pas répondu à la sollicitation

En revanche, le président du groupe PS au Conseil Régional, Christian Assaf accepte de s’exprimer :

Aucun commentaire sur une décision de justice. C’est une question de principe. A titre officiel, je peux  simplement dire que j’ai pas eu l’occasion de discuter du sujet ni avec le groupe ni avec Béatrice Négrier ».

Laurent Dubois (@laurendub)

 

 

28 Juil

Les blogueurs poursuivis par Christian Teyssèdre relaxés, le maire de Rodez fait appel.

L’audience s’est déroulée le 1er juin dernier. Après plus d’un mois de mise en délibéré, le verdict vient de tomber. Ce jeudi 28 juillet, le tribunal correctionnel de Rodez a prononcé une relaxe dans l’affaire Teyssèdre contre Aligorchie. Le maire de Rodez poursuivait pour diffamation et insulte publique deux blogueurs du site aveyronnais Aligorchie

Christian Teyssèdre, maire de Rodez

Christian Teyssèdre, maire de Rodez

Lors du prononcé de la décision, la présidente du tribunal n’a pas donné de détail sur les motivations de la relaxe.

Néanmoins, au moment de l’audience, en juin dernier, un argument de poids a été soulevé par la défense. Un argument de forme, concernant la procédure. Le maire de Rodez a saisi la justice. Mais il s’agit,en fait, d’une affaire privée, concernant l’honneur familial de Christian Teyssèdre.

C’est (très probablement) cet argument procédural qui a emporté la décision du tribunal.

Le jugement rendu ne clôture pas le dossier. Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Christian Teyssèdre déclare :

« J’estime être diffamé. J’irai jusqu’au bout. Ce n’est pas un artifice de procédure qui change quoi que ce soit ». 

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

Sylvia Pinel n’en voulait pas mais maintenant la primaire du PS c’est possible !!

Après les claquement de portes et les éclats de voix, le retour dans le rang. Le 17 juin, Sylvia Pinel critique violemment sur Twitter l’organisation d’une primaire pour la présidentielle de 2017. L’ancienne ministre de François Hollande parle d’un « simulacre ou d’une parodie de primaires« . Quelques jours plus tard, le 29 juin, le PRG passe des paroles aux actes et quitte la Belle Alliance Populaire inventée par le patron de socialistes, Jean-Christophe Cambadélis.

Toute cette agitation et ces gesticulations, c’était avant l’été. Le mois de juillet est passé par là. La préparation du Congrès de septembre prochain également. Dans une profession de foi adressée  aux militants du PRG, Sylvia Pinel ne rejette plus du tout l’idée d’une primaire. Au contraire, elle rappelle que « ‘les radicaux ont toujours été favorables au principe des primaires ». 

Sylvia Pinel, députée du Tarn-et-Garonne. Photo MaxPPP

Sylvia Pinel, députée du Tarn-et-Garonne. Photo MaxPPP

Les 2, 3 et 4 septembre prochains les radicaux de gauche vont élire leur président(e). Pour la première fois depuis des décennies, deux candidats sont en piste. C’est dans ce cadre que des professions de foi ont été échangées et que Sylvia Pinel revient sur la question des primaires. Dans le texte adressé aux cadres et aux militants du PRG, l’ancienne ministre de François Hollande est beaucoup moins catégorique que lors de ses précédentes déclarations : « en 2011, par la candidature de Jean-Michel Baylet, nous avons largement participé à leurs réussites (ndlr : primaires). Si pour l’instant, nous avons décidé…de suspendre notre participation à la Belle Alliance Populaire par manque de clarté et suite aux nombreux dysfonctionnement observés, il me paraît utile que notre congrès puisse débattre à ce sujet ».

Le vocabulaire employé par Sylvia Pinel est nuancé. Mais, derrière les mots diplomatiques et les formules prudentes, c’est bien un retour en arrière qui se dessine. Fini les postures martiales, la possibilité d’une participation des radicaux de gauche à la primaire (organisée par le PS) est clairement ouverte. Sylvia Pinel respecte la tradition Baylet. En moins de deux ans, l’actuel ministre de François Hollande a menacé quatre fois François Hollande d’une sortie du PRG du gouvernement. Ces menaces ne se sont jamais concrétisées. Visiblement, la polémique autour de la primaire relève du même registre.

Dans sa profession de foi, Sylvia Pinel ne se contente pas d’ouvrir le dossier de la primaire. La députée du Tarn-et-Garonne évoque également la question d’une candidature PRG à la présidentielle de 2017. Là encore, c’est très clair. Sylvia Pinel écrit : « Vous connaissez ma volonté de représenter notre singularité à gauche, et de lui donner sa nécessaire visibilité. Mais il s’agira de s’interroger sur l’espace disponible pour le PRG, dans un contexte si compliqué pour la gauche, et sur la cohérence de notre ligne politique, dans la mesure où nous sommes depuis le début du quinquennat de François Hollande les partenaires loyaux du gouvernement, pour préserver le rassemblement à gauche ».

Sylvia Pinel n’est (absolument) pas sur la ligne d’une partie du parti. Le président du groupe RDSE, Jacques Mézard revendique ouvertement un droit d’inventaire sur le quinquennat de François Hollande. Le concurrent de Sylvia Pinel pour la présidence du PRG, Guilhem Porcheron, est également critique et plaide pour une autonomie vis-à-vis du PS. L’ancienne ministre, quant à elle, reste fidèle à la doctrine de Jean-Michel Baylet. Preuve par les faits ou plutôt par l’image. La profession de foi de Sylvia Pinel se termine par une photo. Une photo avec…Manuel Valls.

Laurent Dubois (@laurentdubois)