Au moment où les candidats à l’élection présidentielle s’épanchent dans l’émission « Confessions intimes », Gérard Trémège, le maire LR de Tarbes, lève un coin du voile sur sa personnalité dans un livre d’entretien intitulé « Mon chemin » (éditions Cairn) où il revient sur ses démêlés judiciaires et « charge » son adversaire politique Jean Glavany.
« C’est un document pour ouvrir le cœur » indique le maire. « J’ai pris un certain plaisir à procéder à cette introspection, poser les valises, voir ce qui s’était passé dans ma vie » poursuit l’édile. « Quand on s’occupe des affaires des autres, on ne s’occupe pas de ses affaires… Pour ma famille, j’ai été trop souvent absent, ce livre c’est un peu de moi qui subsistera ». Avant de lâcher : « la vie publique a saccagé ma vie privée ».
Roger Vincent Calatayud, adjoint au maire et qui a réalisé avec l’universitaire Jean-François Soulet, les entretiens parle « d’une mise au jour en tous cas pas une mise au point… On connait Gérard Trémège en tant que maire mais on ne le connait pas en tant qu’homme » poursuit l’ami et le confident. Un chapitre de l’ouvrage « l’entrée en jeu de la justice », est entièrement consacré aux déboires judiciaires de Gérard Trémège, mis en examen en avril 2015 pour favoritisme, prise illégale d’intérêt et trafic d’influence dans le cadre de marchés publics passés par la ville. Avec détails et chiffres à l’appui, Gérard Trémège s’explique et revient sur ce douloureux épisode avec 48 heures de garde à vue.
Gérard Trémège décrit les « deux nuits passées en cellule… sur un banc en pierre avec une couverture douteuse ». Le maire de Tarbes reconnait « avoir connu pire dans certaines pensions ». Mais il dénonce un traitement dont le « véritable but » est de « casser, avilir humilier, faire subir mille pressions à charge avec de faux témoignages, de fausses affirmations, pour nous faire craquer et nous faire dire ce que l’on veut entendre ». Un plaidoyer qui rappelle les propos tenus par une autre élue LR mise en examen, Brigitte Barèges, lors du meeting de campagne de Nicolas Sarkozy à Montauban la semaine dernière.
Gérard Trémège consacre un seul paragraphe à sa garde à vue. En revanche, tout au long de 11 pages, le maire de Tarbes revient sur les accusations qui pèsent sur lui. Cession d’une maison et opérations immobilières. Vente de deux bâtiments sur le terrain de l’Arsenal. Attributions de marchés publics. Gérard Trémège passe en revue les charges et présente sa défense.
Mais c’est le début du chapitre judiciaire qui est le plus pimenté. Gérard Trémège revient sur l’origine de ses déboires avec la justice. Pour le maire de Tarbes, aucun doute, c’est Jean Glavany qui met le feu aux poudres et tire les ficelles. La thèse du règlement de compte politique n’est pas nouvelle dans la bouche de Gérard Trémège. Mais, sous sa plume, la dénonciation tourne au réquisitoire :
Jean Glavany a organisé le 12 juillet 2012 une réunion à Aureilhan pour remettre des dossiers à certains élus et leur suggérer d’engager une action judiciaire contre moi ».
Pour Gérard Trémège, « l’objectif est clair : on ne peut pas battre Gérard Trémège aux élections municipales, donc a va le démolir avant par des calomnies ! ».
Le maire de Tarbes explique comment, selon lui, les « calomnies » vont se traduire par des mises en examen, une garde en vue et un contrôle judiciaire. « Jean Glavany a fait pendant plusieurs mois le siège de la Chancellerie jusqu’à ce que le garde des sceaux demande une enquête ». Autrement dit, les magistrats ont obéis aux ordres et cédés à une pression politique. Gérard Trémège dénonce une collusion entre le parquet de Tarbes et Jean-Glavany :
Le 18 février 2013, le vice procureur de Tarbes Jean-Luc Puyo, transmettait à la procureure de la République de Tarbesun rapport qui lui avait été remis à l’occasion d’une soirée privée ainsi que plusieurs pièces produites produites par un ancien avocat de Tarbes…ami et laquais de Jean Glavany ».
Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, Jean-Glavany n’a pas souhaité réagir à la charge contenue dans le livre de Gérard Trémège. Et pour cause. « Je ne pourrai vous en parler que lorsque je l’aurai lu ! Ce qui suppose que je puisse me le procurer ».
Le livre arrive cette semaine dans les librairies. Jean Glavany va pouvoir prochainement consulter l’ouvrage qui l’épingle. Il est possible que l’épisode littéraire vire à la séquence judiciaire. La réponse de l’accusé au procureur risque de prendre la forme d’une plainte en diffamation.
Régis Cothias (@france3tarbes) et Laurent Dubois (@laurentdub)