Dans sa longue journée de visite de ce jeudi, le 1er Ministre s’est arrêté déjeuner au Conseil Départemental de Haute-Garonne. Son président socialiste ne veut toujours pas contractualiser avec l’Etat et a tenté de faire la preuve de l’indispensable maillon territorial que constitue le Département. Interview.
Le Blog Politique : Avez-vous expliqué au 1er Ministre pourquoi vous ne vouliez pas contractualiser avec l’état sur la maîtrise de la dépense locale ?
Georges Méric : D’une part, nous ne voulons pas de la tutelle du Préfet. Pour nous c’est un retrait par rapport à la loi de décentralisation de 1982. Le 1er Ministre a contesté toute mise sous tutelle. D’autre part, vues nos dépenses sociales, une augmentation annuelle de 1,2% n’est pas tenable. Si on enlève ce qui n’est pas dû à notre fonctionnement normal (NDLR : en dehors des missions que le département gère pour l’Etat), on pourrait le faire. Depuis que je suis président, nous n’avons pas augmenté les impôts, et cette année nous avons augmenté nos investissements de 17%. Les efforts budgétaires, nous les faisons déjà. Donc cette tutelle de Bercy et du Préfet qui nous est proposée est une position de force que nous n’acceptons pas. On sera jugé par les citoyens pas par le 1er Ministre.
Sans département pas de solidarité et d’équilibre territorial »
Le Blog Politique : Avez-vous également évoqué la menace qui plane sur l’entité département qui dans d’autres villes de France comme à Lyon a dû fusionner avec la Métropole ?
Georges Méric : Nous avons eu un échange franc et constructif à ce sujet. J’avais invité mes quinze vice-présidents. Jean-Luc Moudenc le Président de la métropole et Jean-Louis Puissegur pour l’Association des Maires de France étaient également là. J’ai dit à Edouard Philippe que nous étions prêts à contractualiser avec la Métropole, que la coopération entre nous était déjà faite. Mais le département c’est le trait d’union entre les zones riches et les zones pauvres. Notre action sociale, nous la menons d’ailleurs également dans la métropole où il n’y a pas que des foyers aisés. Si le département n’est pas là, il n’y a pas de solidarité et encore moins d’équité territoriale.
Le Blog Politique : Autre thème abordé, celui de la gestion des ressources en eau. Pourquoi avoir voulu mettre cette thématique en exergue ?
Georges Méric : Nous avons pris le leadership régional sur ce dossier. Nous travaillons sur les ressources de la Garonne amont pour les trente prochaines années. Au rythme où vont les choses, il manquera un milliard de mètres cube d’eau d’ici 2050. C’est un vrai problème non seulement pour les agriculteurs et les zones rurales mais aussi pour l’alimentation de Toulouse. Nous faisons œuvre de courage de prendre ce problème à bras-le-corps après ce qu’on a connu à Sivens.
C’est un 1er Ministre à l’écoute. J’ai essayé d’être constructif »
Le Blog Politique : Ces réserves d’eau, vous savez déjà où vous allez les construire ?
Georges Méric : Nous nous sommes donnés quinze mois pour étudier la question, notamment pour savoir quels modèles de réserves seront choisis. Et puis nous le ferons aussi en concertation avec les populations.
Le Blog Politique : Au menu du déjeuner également, le numérique. Qu’aviez-vous à mettre en valeur auprès d’Edouard Philippe ?
Georges Méric : Nous lui avons expliqué que notre département luttait contre la fracture numérique. Notre objectif est d’installer la fibre optique partout d’ici 2022.
Le Blog Politique : A votre niveau, quel bilan tirez-vous de la visite d’Edouard Philippe ?
Georges Méric : C’est un 1er Ministre à l’écoute. De mon côté, j’ai essayé d’être constructif.
Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)