23 Mai

David Cormand, Secrétaire National d’EELV : « On est sorti d’un cycle d’alliance avec le PS »

David Cormand, le secrétaire national d’Europe Ecologie Les Verts sera dans notre région demain. Au programme : tournée des projets inutiles mais aussi prise de pouls et consultation des militants. Dans une période plus qu’agitée pour le parti, l’un de ses leaders nous livre ses orientations et son sentiment sur l’écologie politique.

David Corman, Secrétaire National d'EELV sera demain et mercredi à Castres et Toulouse. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

David Cormand, Secrétaire National d’EELV sera demain et mercredi à Castres et Toulouse. AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Quelle est l’ambiance actuellement chez EELV ?

 

David Cormand :Je ne vous cache pas qu’avec la disparition de notre groupe à l’Assemblée Nationale, c’est un coup dur. Mais c’est une conséquence de divergences politiques avec la majorité depuis notre sortie du gouvernement. Plus on s’approche de la Présidentielle, plus Hollande fait tout pour qu’il n’y ait pas une tête qui dépasse. C’est le de la politique à la Attila et nous n’aimons pas ça.

 

Face à ces turbulences au sein d’EELV, quelles réponses apportez-vous aux interrogations de vos partisans ?

 

D.C : Que l’espace politique pour l’écologie n’a jamais été aussi grand.

Au niveau du constat, aujourd’hui nous ne sommes plus minoritaires. Mais maintenant c’est dans les propositions qu’il faut que l’on soit majoritaire. Il ne faut pas perdre confiance en nous. On est tributaire d’un paysage politique en décomposition mais nous pouvons réussir à nous imposer dans cet espace politique que doit occuper l’écologie.

 

Le parti EELV en lui-même est-il en danger dans sa forme actuelle ?

 

D.C : Je ne crois pas. La place d’un parti écologiste en France n’a jamais été aussi importante. Il faut réinventer EELV qui n’a souvent été qu’une addition d’individualités. Il faut que nous nous construisions une identité commune autour du « bien commun ». Très souvent on parle d’ « égologie » plus que d’écologie. Il faut que l’on soit plus sur le projet que sur nos préoccupations internes.

 

Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon est-elle une région au terreau favorable pour vous ?

 

D.C : Cette région a un potentiel important en termes d’écologie. Le tissu économique s’y prête que ce soit des grands groupes comme Airbus mais surtout un tissu d’entreprises où s’allient qualité de vie et savoir-faire. Tout cela est favorable à la préparation de la transition. Regardez l’agriculture par exemple. Mais à côté de ces atouts, il y a aussi des risques comme l’étalement urbain ou les projets inutiles.

 

Justement, parlons-en. Notre région est aussi celle de Sivens…

 

D.C : C’est un dossier emblématique d’une course en avant en matière agricole. Un dossier qui a également une charge symbolique et affective avec le décès de Rémi Fraisse. Ce drame annonçait hélas la montée en tension du dialogue social. Je ne remets pas en cause les forces de l’ordre, mais leur matériel et l’usage qui leur est demandé d’en faire par ceux qui nous dirigent.

 

Demain, vous viendrez également parler du projet d’autoroute Castres-Toulouse. Projet inutile selon vous ?

 

D.C : Vous savez des projets autoroutiers de ce type, il y en a partout en France actuellement. L’enjeu ce n’est pas simplement d’être contre. Avec tout l’argent nécessaire à ce chantier, on pourrait réaliser d’autres projets plus harmonieux. Le mythe du développement économique par l’autoroute hérité du passé ne fonctionne plus. Il faut que les politiques aient le courage de prendre position surtout après les décisions de la Cop 21. En plus, de nos jours, nous n’avons plus d’argent public à gaspiller pour ce genre d’infrastructures.

 

Les autoroutes toujours dans l’air du temps, comme les grandes zones commerciales en périphérie des villes. Ici Val Tolosa crée pas mal de remous. Qu’allez-vous dire à ce sujet lors de votre venue ?

 

D.C : Toulouse est l’une des métropoles qui a connu le plus grand étalement urbain ces dernières décennies en France. Là on parle d’un projet de 12 hectares qui va en impacter une quarantaine. Ce projet va également mettre en péril de nombreux commerces locaux. En plus, on parle ici d’un mode de consommation qui n’est absolument pas orienté vers les filières courtes et qui n’est donc pas bon pour l’emploi local. Même les Etats-Unis aujourd’hui reviennent sur ce type d’implantation.

 

Parlons à nouveau politique pure et dure pour terminer. Nous sommes à un an des Législatives. Dans notre région des accords avaient été conclus voilà cinq ans, qu’en est-il pour le scrutin de l’année prochaine ?

 

D.C : Ce sera au congrès de décider (à partir du 28 mai). Mais si vous voulez ma position personnelle, on est sorti d’un cycle d’alliance avec le PS. En 2012, nous étions parvenus à un accord en termes de programme. Mais sitôt cet accord signé, François Hollande l’a balayé d’un revers de main. On a aussi essayé de travailler avec les socialistes à l’Assemblée Nationale et on a vu que tous les arbitrages tombaient à côté. Ce n’est pas sectaire de dire ça, c’est une réalité. Nous, on a toujours été ouverts. Mais maintenant, on ne va pas rester pour les places. Pour les futures Législatives donc, je pense que nous opterons pour notre indépendance avec des candidats dans le plus de circonscriptions possibles.

 

Propos recueillis par Patrick Noviello