Une semaine après la victoire de Benoit Hamon, Carole Delga est à l’origine de l’initiative. Lundi 6 février, la présidente de Région a réuni, dans les locaux du PS de l’Aude, les parlementaires, présidents de départements, des maires et responsables fédéraux d’Occitanie. Les discussions ont porté sur Emmanuel Macron, son soutien montpelliérain Philippe Saurel, les Frondeurs ou encore le programme de Benoît Hamon.
La réunion a débuté vers 17 heures 15. Elle s’est achevée bien après 19 heures. Pendant plus de deux heures, 60 grands élus et responsables socialistes ont échangé derrière les murs de la fédération départementale de l’Aude. Des parlementaires de la Haute-Garonne (Martine Martinel, Gérard Bapt, Claude Raynal, Kader Arif), de l’Hérault (Christian Assaf, Sébastien Dénaja), du Gers (Philippe Martin, Franck Montaugé), du Tarn-et-Garonne (Valérie Rabault) se sont réunis dans une salle autour de Carole Delga.
Delga à fond derrière Hamon !
La présidente de Région a ouvert la « séance ». Carole Delga a fortement soutenu Manuel Valls pendant la primaire. La défaite cinglante de l’ancien Premier ministre au niveau national mais aussi en Occitanie est un peu la sienne. Mais, dans son discours d’ouverture, Carole Delga a insisté sur un fait : Benoît Hamon est le vainqueur et les socialistes d’Occitanie doivent le soutenir.
La présidente de Région a également insisté sur une qualité de Benoît Hamon. Selon Carole Delga, le candidat à la présidentielle sait parler aux jeunes. Il fait revenir vers le PS des catégories de la population qui tournaient le dos aux socialistes.
Un participant salue la lucidité de la position de Carole Delga : « Je ne sais pas si elle le pensait vraiment. Mais elle paraissait sincère et franchement elle a été claire et sans aucune ambiguïté. C’est bien ce qu’elle a dit, c’était clair et net« .
Dans la salle, certains n’ont pas caché leur doute sur le programme de Benoît Hamon. Notamment au sujet du fameux revenu universel. Des parlementaires ont également exprimé leur agacement et même leur ressentiment envers les Frondeurs. Des Frondeurs proches de Benoît Hamon et qui ont « pollué », selon des députés, leur mandat.
Mais Carole Delga a réaffirmé le principe : tous derrière Benoît Hamon. Un autre participant a rapidement pris la parole pour aller dans le même sens. Conseiller d’un autre perdant de la primaire, Vincent Peillon, Kader Arif a plaidé pour un soutien sans faille de Benoît Hamon. L’ancien ministre de François Hollande a débuté son intervention par une critique de la primaire : une grave erreur. Mais une fois celle-ci organisée et les résultats connus, Kader Arif a insisté sur la nécessité d’être loyal et fidèle.
Pour appuyer ses propos, Kader Arif a insisté sur le fait qu’il a toujours été fidèle au parti. Même si cela lui a coûté. Un participant a vu dans ses propos une allusion à sa démission express et forcée du gouvernement de Manuel Valls.
Un meeting de Hamon à Toulouse ?
Pour passer du soutien politique à un appui pendant la campagne, un participant a proposé d’inviter Benoit Hamon en Occitanie. Les candidats socialistes clôturent, par tradition, leur campagne présidentielle à Toulouse. Les socialistes d’Occitanie vont proposer à Benoît Hamon de tenir son premier ou son dernier meeting dans notre région. Des participants ont également suggéré de faire remonter des propositions programmatiques à Benoît Hamon.
Ces pistes ont été jugée intéressantes mais insuffisantes par Valérie Rabault. De manière pragmatique, la rapporteure du Budget a insisté sur un fait : la victoire écrasante de Benoît Hamon en Occitanie. Puis, selon un participant, Valérie Rabault a demandé : on fait quoi maintenant ? Pour un des invités de Carcassonne, la question n’a pas vraiment reçue de réponse concrète.
Un député PS prêt à rejoindre Macron
Le seul véritable « accroc » de la réunion est venu d’un député de l’ex-Languedoc. Le parlementaire a ouvertement demandé du temps (15 jours) avant de se positionner. Il n’a pas caché son incompatibilité avec Benoît Hamon et son possible basculement chez Emmanuel Macron. Carole Delga est immédiatement montée au créneau pour contre-argumenter. Un participant retient deux choses de la séquence : l’argumentation de Carole Delga ne manquait pas de poids et le député en question a eu l’honnêteté de jouer la transparence.
L’évocation d’Emmanuel Macron ne s’est pas limitée au cas d’un député tenté par une sécession. Selon un participant, un de ses soutiens en Occitanie, Philippe Saurel a également été mis sur la sellette. Le député de l’Hérault, Kléber Mesquida a décoché des flèches. Pour un membre de la réunion, le ton n’était pas particulièrement virulent. Il s’agissait surtout de qualifier de « remake des régionales » l’implantation d’Emmanuel Macron en Occitanie. Philippe Saurel recyclerait les candidats de sa liste « Citoyens du Midi » des régionales de 2015.
Le dernier épisode Macron s’est déroulé à la fin de la réunion. Une partie des participants a quitté la salle lorsque une participante met en garde ses camarades. Attention de ne pas « insulter l’avenir ». Les sondages donnent une 2nd tour « Le Pen-Macron ». Si ce scénario se concrétise, les socialistes d’Occitanie (comme tous les autres socialistes de France et de Navarre) vont devoir voter Macron. Si les attaques sont trop brutales et frontales, ce ralliement (contraint et forcé) ne sera pas possible.
En attendant de voir si cette hypothèse se concrétise, les 60 socialistes réunis à Carcassonne ont décidé de préparer un appel. Un communiqué de presse doit « tomber » dans les prochains jours pour l’annoncer.
Laurent Dubois (@laurentdub)