21 Avr

Municipales à Toulouse et Coronavirus : Antoine Maurice n’exclut pas de refaire un 1er tour

Antoine Maurice est le challenger des municipales 2020 à Toulouse. Le 15 mars dernier, au soir du 1er tour, il est arrivé en seconde position derrière le maire sortant, Jean-Luc Moudenc. Depuis ce résultat, le confinement et l’épidémie de coronavirus ont « trappé » le 2nd tour et bouleversé le quotidien des Toulousains. Comment Antoine Maurice perçoit et gère cette période hors norme ? Que pense-t-il de la gestion de la crise et notamment de la prochaine réouverture des écoles ? Interview.

Antoine Maurice. Photo : MaxPPP/ANowak

Le Blog Politique. Le gouvernement doit s’exprimer dans quelques jours sur la date du second tour. Deux hypothèses circulent : juin ou septembre. Avez-vous une préférence ?

Antoine Maurice. Ma préférence est la santé des Français. En cette période de crise sanitaire majeure, nous devons faire bloc malgré des errements très problématiques au sommet de l’État. Une loi a été votée et détermine le 23 mai comme prochain rendez-vous pour fixer une date. Si cela devait être reporté après juin, il conviendrait de faire voter une nouvelle loi. Je fais confiance aux parlementaires pour concilier santé des Français et exigence démocratique.

Concilier santé des Français et exigence démocratique

Le Blog Politique. Faut-il refaire les 2 tours ?

Antoine Maurice. Le Conseil d’État juge pour l’heure qu’il convient d’avoir entre les deux tours un délai raisonnable. Si c’est en juin, ce délai me semble pouvoir être jugé comme raisonnable. Si c’est en septembre ou plus tard, il me semble que refaire un premier tour serait plus conforme à l’esprit de nos pratiques électorales et du respect des électeurs.

Refaire un premier tour

Le Blog Politique. Quel bilan tirez vous du vote de mars dernier ? L’épidémie a-t-elle influencée le vote selon vous ?

Antoine Maurice. Le contexte de l’élection a été singulier et l’abstention a touché toutes les catégories d’électeurs. Le bilan sur le fond est qu’il y a eu une très claire aspiration à bâtir dans cette ville une nouvelle ère. Le score d’Archipel citoyen a prouvé que l’impératif de faire vivre une écologie heureuse, de combattre les inégalités et de renouveler la démocratie locale étaient des objectifs en phase avec les aspirations des Toulousains. Nous sommes aujourd’hui en situation de remporter les élections lorsqu’elles se tiendront. Pour moi c’est à l’échelle de la ville que se trouve le terreau fertile pour l’émergence d’un nouveau modèle de société. La ville doit devenir le lieu où se pense et où prend vit le paradigme nouveau qui conjugue préservation de l’environnement, justice sociale, emploi, et réinvention de la démocratie. Notre ambition est de faire de Toulouse un modèle de villes de cette nouvelle ère.

Nous sommes en situation de remporter les élections

Le Blog Politique. D’un point de vue juridique, nous sommes en campagne électorale. Comment gérez vous cette drôle de campagne ?

Antoine Maurice. Pour l’heure, je fais principalement le choix de me consacrer à mon rôle d’élu d’opposition c’est-à-dire à être de suivre la gestion de la crise sanitaire en étant vigilant vis-à-vis des décisions de Jean-Luc Moudenc et du gouvernement et force de propositions. C’est ce que nous avons fait dès le début du confinement en faisant une série de propositions à Jean-Luc Moudenc et en me rendant disponible pour échanger et aider à la construction de l’action de la ville, mais aussi chaque semaine en alertant pour protéger les SDF, nos aînés, les femmes victimes de violences, les associations, mais aussi en interpellant les bailleurs sociaux, et enfin c’est ce que nous faisons en travaillant à construire un bouclier social et écologique municipal à la crise à proposer au prochain conseil municipal.

Je fais principalement le choix de me consacrer à mon rôle d’élu d’opposition

Le Blog Politique. Comment jugez-vous la gestion du confinement par le maire de Toulouse ?

Antoine Maurice. Je regrette d’abord que l’association de l’opposition municipale soit trop timorée. Elle existe, mais elle me semble trop faible. En ces temps de crise, il faut sortir des réflexes partisans et associer toutes les énergies et les bonnes idées. Pour l’heure, Monsieur Moudenc prend des décisions et nous propose de les ajuster à la marge. Ce n’est pas ma conception de l’exigence démocratique actuelle. Sur le fond, Monsieur Moudenc applique les directives des autorités sanitaires, et c’est une bonne chose. Je serai, et nous serons très attentifs à ce que les plans d’accompagnement et de sorties de crise accompagnent tout à la fois les entreprises qui sont en grande difficulté, mais aussi les citoyens qui sont frappés de plein fouet par des pertes de salaire et des coûts nouveaux liés à la vie en confinement. Ce n’est pas aux plus modestes de payer deux fois le prix de cette crise.

Je suis favorable à la réouverture des écoles

Le Blog Politique. Le 11 mai prochain les écoles toulousaines doivent rouvrir. Que pensez-vous de cette décision ?

Antoine Maurice.  Je suis favorable à la réouverture des écoles, car leur fermeture creuse des inégalités entre les enfants, en particulier sur la question de l’accès au numérique. Mais dans l’état actuel des informations dont je dispose, je suis plus que dubitatif sur les moyens mis en œuvre. Il est impératif que cette ouverture se fasse dans des conditions sanitaires sécurisées pour les enseignants, les personnels, les enfants et les familles. Je demande donc au gouvernement d’informer au plus vite les élus locaux des mesures qu’il entend prendre pour répondre à ces exigences et je souhaite que cela soit fait à l’échelle locale comme nationale en lien étroit avec les syndicats enseignants et de l’ensemble des personnels mairie. 

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Avr

Déconfinement et réouverture des écoles : « un pari audacieux » pour le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc

Les écoles doivent rouvrir le 11 mai prochain. Le maire (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, estime qu’il reste 15 jours pour obtenir des garanties sanitaires. Mais il considère que le challenge peut être relevé.

Jean-Luc Moudenc Photo MaxPPP

Dans 3 semaines, les élèves toulousains doivent (progressivement) retrouver le chemin de l’école. Le maire de la ville Rose, Jean-Luc Moudenc, reconnait que cette perspective  » suscite beaucoup de critiques, de méfiance et de questions » et pose un préalable. « Ce sera possible que s’il y a de soldes garanties sanitaires » précise Jean-Luc Moudenc.

De solides garanties sanitaires

Le maire de Toulouse attend des éclaircissements de la part du gouvernement. La première incertitude concerne le nombre d’élèves qui peuvent revenir sur les bancs des écoles. « On n’attend pas plus d’un tiers des élèves au départ et les 206 écoles de la ville devraient suffire afin que les classes soient constituées de petits groupes. Mais si le besoin augmente il faudra d’autres bâtiments et mettre à disposition des gymnases ou encore des centres culturels ».

Des gymnases ou des centres culturels pour des classes en petits groupes

Jean-Luc Moudenc fixe une échéance mais reste optimiste. « Dans 15 jours, tout doit être prêt. Il reste 15 jours pour réussir le challenge et même ce pari audacieux. Mais, il s’agit uniquement d’une rentrée de 6 semaines, avant le début des vacances d’été. On doit pouvoir y arriver. Tout le monde a un devoir de bonne volonté, les parents d’élèves, les syndicats d’enseignants, l’Etat mais aussi les élus locaux » souligne le maire de Toulouse. Des syndicats ou l’opposition contestent l’opportunité  d’une réouverture des écoles. Le maire de Montpellier, Philippe Saurel, est ouvertement hostile à la décision prise par le chef de l’Etat.

Jean-Luc Moudenc n’est pas sur cette ligne. Le maire de Toulouse reprend un argument du gouvernement : le décrochage scolaire. Jean-Luc Moudenc « constate que, ce qui remonte, ce sont des élèves en difficulté et qui décrochent ».

Cela n’empêche pas Jean-Luc Moudenc de demander au ministère de l’Education de détailler ses objectifs pédagogiques. Le maire de Toulouse (également président de l’association des grandes villes de France) a eu Jean-Michel Blanquer au téléphone ce week-end.

Une réunion est également prévue ce mercredi, avec les services de l’Etat, à la préfecture de la Haute-Garonne.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

17 Avr

Un masque pour chaque Français : attention aux inégalités prévient le président (PS) du département du Tarn, Christophe Ramond

Emmanuel Macron a promis un masque « grand public » pour chaque Français. Le président (PS) du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, attend des éclaircissements et met en garde contre un risque d’inégalité.

Christophe Ramond. Président (PS) du conseil département du Tarn. Photo : CR/FB

Après des semaines de déclarations contradictoires et de doute, la question du port du masque est enfin tranchée. Lors de sa dernière intervention télévisée, Emmanuel Macron a annoncé que tous les Français vont disposer d’un masque « grand public ». Cette mesure doit devenir effective avant le 11 mai prochain, date du déconfinement.

Pour le président du département du Tarn, « il y a urgence à anticiper les problématiques opérationnelles et logistiques ». Christophe Ramond attend des précisions de la part de l’Etat. « La capacité de production de masques industriels en tissu sera-t-elle à la hauteur des 66 millions de Français, si oui quand ? » s’interroge l’élu tarnais.

La capacité de production sera-t-elle à la hauteur ?

« Nous ne savons pas si l’Etat fournira les masques ou s’il demandera aux collectivités de relais. Je demande au gouvernement de clarifier la répartition des rôles entre l’Etat et les collectivités en matière de commande, d’approvisionnement, de stockage et de circuits de distribution » précise le président du conseil départemental du Tarn.

Une demande de clarification en matière de commande, de stockage et de distribution

Christophe Ramond souhaite que le gouvernement définisse une stratégique et établisse une « feuille de route ». Pour le président du département du Tarn, il est « impensable de laisser les territoires se débrouiller ». C’est le seul moyen pour ne pas « laisser s’installer une concurrence entre les territoires en France et des disparités territoriales en fonction de la proximité avec une usine ou la capacité à payer plus cher » prévient l’élu tarnais.

Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Avr

Carnet de confinement (5) : « Virez de bord » !

Peut-on encore parler de politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du lundi 13 avril. Photo Martin Bureau AFP

En ce lundi de Pâques, la France était donc les yeux rivés à son écran (36,7 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie)) ou les oreilles tendues vers sa radio pour entendre la troisième allocution présidentielle depuis le début de la crise du coronavirus. Face à l’inconnue qui est toujours devant nous, il ne fallait pas s’attendre à plus de précisions que les quelques jalons posés.

Faute avouée…

En revanche, deux éléments se détachent sur l’analyse politique de l’exercice : une reconnaissance de l’impréparation face à cette pandémie et une annonce de changement de cap politique. Sur le premier point, Emmanuel Macron a annoncé qu’il faudrait attendre la fin de la crise pour en tirer les conséquences.

« Je salue la franchise du propos et l’humilité dont a su faire preuve le Président Emmanuel Macron » souligne dans un communiqué le maire (LR) de Toulouse, soutenu par LREM aux Municipales. « La reconnaissance des failles et des ratés du mois écoulé crédibilise la parole de l’Etat » ajoute Jean-Luc Moudenc.

L’opposition en revanche voit dans cette forme de mea-culpa présidentiel quelques manques. « Je regrette qu’il ait tenté de s’exonérer dans la première partie de son discours du mouvement de déstabilisation des hôpitaux dont il est responsable depuis deux ans en ayant engagé une politique d’affaiblissement du service public » assène le président socialiste du Département de Haute-Garonne.

« Emmanuel Macron annonce une date mais toujours pas de plan de déconfinement » tacle Manuel Bompard. « On a compris que le Médef a décidé qu’il fallait retourner travailler mais pas ce qu’a prévu de faire le pouvoir pour permettre que ce soit possible » rajoute dans un tweet le député européen toulousain de La France Insoumise. Avant de conclure : « l’improvisation est-elle la politique de ce gouvernement ? ».

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Bas les masques et changement de cap ?

Symbole de cette impréparation en partie avouée : la cruelle pénurie de masque à laquelle doit faire face notre pays. Y mettre un terme est la condition sine qua non à la fin du confinement. Pour accompagner cette sortie de crise et « revenir à une situation normale », Jean-Luc Moudenc explique qu’une « feuille de route co-construite entre l’Etat et les collectivités devra être élaborée dans les semaines à venir. » « Au-delà des intentions, les Français, comme les élus locaux, jugeront aux faits » prévient le maire de Toulouse.

« Concernant la « société d’après », les termes de concorde, d’humanité et de vivre ensemble sont apparus dans le discours présidentiel. Ils semblent remplacer les valeurs du libéralisme économique mondialisé et de la théorie du ruissellement qui jusque-là étaient présentes » note Georges Méric. Le président du conseil départemental de Haute-Garonne enchaîne toutefois : « C’est une évolution qui devra cependant être confirmée en acte ».

La résurrection du Revenu Universel

Georges Méric fait partie des 19 présidents de départements à avoir signé une tribune dans le Journal du Dimanche pour demander un revenu universel. L’objectif est « d’amortir le choc social qui risque de faire basculer bon nombre de nos concitoyens dans la précarité » expliquent ces élus socialistes. Rappelons que le concept avait été porté à la Présidentielle par Benoît Hamon alors encore au PS.

En l’état, il s’agirait de verser automatiquement 900 euros toute personne de plus de 18 ans en situation de précarité avec une dégressivité en fonction des revenus d’activité. Le gouvernement (socialiste) espagnol a annoncé vouloir le mettre en place pour soutenir les personnes laissées sans revenus par la crise du Covid-19. L’idée a également circulé en Allemagne.

Appel à la participation citoyenne

Une annonce présidentielle de changement de cap qui aura peut-être entrouvert la porte mais pas forcément convaincu les signataires d’une autre tribune publiée dans le JDD intitulée : « D’un plan de relance à un plan de transformation : la démocratie pour préparer le monde d’après ». Parmi les signataires : la présidente socialiste de Région Occitanie, Carole Delga, mais encore une figure de proue du mouvement des Gilets Jaunes, Priscilla Ludosky.

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« Une fenêtre inédite dans notre histoire contemporaine est ouverte : au moment où les Français sont confinés chez eux pour au moins un mois et où la France entière découvre les outils de travail à distance, mettons leur intelligence à contribution pour sortir de cette crise par le haut. Faisons entrer le citoyen dans les mécanismes de conception des politiques publiques en organisant un chantier participatif avec tous les citoyens pour imaginer et construire les bases « du monde d’après » est-il écrit dans ce texte.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

09 Avr

Carnet de confinement (4) : quel après ?

Peut-on encore parler de politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Désinfection du mobilier urbain à Toulouse par un agent municipal (Photo MaxPPP Xavier De Fenoyl)

Penser à l’après, c’est la meilleure façon de se donner de l’espoir. Ou pas. Dans une tribune, une soixantaine de parlementaires (aucun de l’ex-Midi-Pyrénées) appellent à préparer le jour d’après. A peine avais-je poster un article relayant l’initiative sur les réseaux sociaux que le boomerang me revenait en pleine tête. Le commentaire disait ceci en substance : « comment faire confiance pour nous en sortir à ceux qui nous ont mis dedans ? ».

Revoir le système, d’autres y pensent pour le secteur des assurances notamment. Un parlementaire de notre région, Pierre Cabaré (majorité présidentielle) a écrit à la présidente de la Fédération Française des Assurances pour lui demander de contribuer plus à l’effort national. Le groupe Socialistes et apparentés, à l’Assemblée, emmené par la députée du Tarn et Garonne Valérie Rabault, a déposé une proposition de loi pour revoir carrément les clauses en cas de pandémie (Voir notre article dans ce blog).

Revoir le(s) système(s) voilà donc une expression qui revient à la mode par la force des choses. Contrairement à d’autres pays, l’Etat français a décidé de prendre à son compte le chômage partiel d’ores et déjà déclaré. Mais jusqu’à quand ? Le président d’une chambre consulaire de notre région m’expliquait que quasiment un quart des petites structures qu’il accompagne risquait de disparaître après cette crise sanitaire. Et leurs emplois avec…

Quel redémarrage économique ?

L’après c’est effectivement (et surtout ?) le redémarrage économique. Parce qu’au-delà de la finance, c’est de l’économie réelle dont il est ici question, celle qui crée des emplois et qui nous rend service au quotidien, y compris en ce moment. Cette économie, c’est aussi celle du tourisme. Et l’après, pour beaucoup d’entre nous qui cherchent à se remonter le moral, a la saveur des vacances d’été.

Alors que la Présidente de Région nous appelle à les passer en Occitanie, certains campings de notre littoral savent, eux, que leur saison est fortement compromise. Fréquentés traditionnellement à 70% par des touristes allemands, ils viennent de découvrir que nos voisins germaniques travailleront en juillet et aout pour renflouer leur PIB.

De son côté, Marc Ivaldi, économiste à la Toulouse School of Economics défend la même théorie. Il propose « d’abandonner tout ou partie de nos droits aux vacances pour relancer la machine ». « Les vacances d’été sont compromises. Donc autant être solidaire » estime l’ancien candidat LR aux élections régionales de 2015.

 

Levée de boucliers des socialistes locaux à l’image du président de Haute-Garonne Tourisme. « Si la saison estivale ne se tient pas, ce sont des centaines d’emplois qui seront en difficulté en Haute-Garonne, et des centaines de milliers en France » rappelle Didier Cujives dans un communiqué.

Relire « l’administration de la peur »

Penser à l’après, pour se donner aussi du courage, n’empêche pas non plus de regarder dans le rétro. Comme j’ai plus de temps pour lire en ce moment, je me suis replongé dans un livre d’entretien avec Paul Virilio : « L’administration de la peur » (1). L’urbaniste-essayiste y expliquait, voilà dix ans déjà, que nous savions qu’il y avait de quoi avoir peur de notre monde : « guerres, famines, épidémies » … Mais que ce n’est pas en cherchant à aller plus vite et être partout que nous parviendrons à nous sauver. Je terminerai ce carnet en le citant.

« On se s’en sortira pas au moyen d’un quelconque anarcho-syndicalisme, fut-il vivace et convaincu. Ou bien même au moyen d’une logique qui ferait de l’anti-progrès, son alpha et son oméga. D’où ma réserve, au passage, sur la notion de décroissance. Je ne crois pas davantage qu’il existe de solutions locales : c’est à l’échelle du monde que cette réflexion doit se mener, que quelque chose qui ressemblerait à la naissance ou à la renaissance de l’Université (un intellectuel collectif majeur de l’Histoire) doit prendre cours. »

Patrick Noviello (@patnoviello)

  • (1) « L’administration de la peur », Paul Virilio, entretien avec Bertrand Richard, éditions Textuel.

03 Avr

Covid-19 et solidarité : nos parlementaires interpellent les assureurs

Des députés de la majorité écrivent à la Fédération Française des Assurances. Le groupe Socialiste et apparentés, lui, a rédigé une proposition de loi. Les assureurs sont priés par nos parlementaires de participer davantage à l’effort national pour redresser l’économie.

Rue commerçante de Toulouse déserte (Photo Xavier De Fenoyl MaxPPP)

« Bien qu’ils aient souscrit un contrat d’assurance « perte d’exploitation », de nombreux artisans, commerçants et entreprises ont essuyé un refus de la part de leur assureur de les dédommager pour la perte d’activité qu’ils subissent suite à la crise du coronavirus ». Le constat établi dans la proposition de loi rédigée par le groupe socialiste présidé par la députée du Tarn et Garonne, Valérie Rabault.

Les pandémies ne font pas partie des « sinistres » pris en charge par les assurances et donc ouvrant droit à des dédommagements. « Dans de nombreux cas, ce dédommagement conditionne la pérennité économique de l’entreprise » est-il encore écrit dans la proposition de loi.

L’assurance n’intervient jamais en cas d’épidémie »

« Les pertes d’exploitation des entreprises françaises dues au confinement vont sans doute se chiffrer à des dizaines de milliards d’euros, somme qu’aucun acteur à part l’Etat ne peut supporter seul. C’est pour cette raison que l’assurance n’intervient jamais en cas d’épidémie, de révolution ou de guerre car les conséquences de tels événements sont tout simplement hors de portée » explique dans une tribune, publiée sur le site de la FFA, la présidente de la Fédération Française des Assurances.

Dès le 23 mars dernier toutefois, la FFA s’est engagée à contribuer à hauteur de 200 millions d’euros au fonds de solidarité bénéficiant notamment aux TPE et aux indépendants. Mais pour Pierre Cabaré, député majorité présidentielle de Haute-Garonne et d’autres parlementaires de son bord, ça ne suffit pas.

Un confinement et moins de sinistres »

Le parlementaire a donc écrit à la présidente de la FFA pour faire valoir ses arguments. « Nos cotisations d’assurance sont encaissées et pourtant le nombre de sinistres actuellement déclaré est de très faible importance : voitures aux garages, personnes confinées donc peu de sinistres domestiques ou d’accidents de la vie ou même de dégâts de tous ordres, entreprises à l’arrêt, etc. »

Et Pierre Cabaré de demander aux assureurs « d’abonder pour un montant de 15% des cotisations annuelles, ce qui représente la partie perçue durant la période de confinement et de consacrer également 10% de leurs dividendes de l’exercice en cours ». Une « contribution significative » selon le député et qui serait consacrée aux petites et moyennes entreprises.

De 200 à 500 millions de contribution »

La demande du groupe socialiste et apparentés est, elle, plus précisément chiffrée mais repose sur les mêmes arguments : « Nous proposons un montant total de 500 millions d’euros (qui inclut les 200 millions d’euros déjà annoncés). Ce montant est calibré au regard de la différence entre une moyenne de primes reçues par les assureurs et une moyenne de dommages versés. »

Mais au-delà de cette demande de contribution immédiate, la proposition de loi se veut plus large que cette contribution exceptionnelle des assureurs. Elle demande que soit « étendu pour les futurs contrats, la garantie « pertes d’exploitation » dans le cadre d’un nouveau risque, celui de l’état de catastrophe sanitaire ».

Réflexion autour d’un nouveau régime »

« Si nous voulons anticiper de nouvelles crises comme celle-ci, nous pouvons réfléchir dès à présent aux bases d’un régime de type assurantiel qui permettrait de couvrir des catastrophes sanitaires de très grande ampleur » propose le 2 avril dernier la présidente de la FFA, dans la même tribune citée précédemment.

« Mais ne nous y trompons pas prévient Florence Lustman, les assureurs ne pourront pas couvrir seuls de tels événements et ce régime devra s’appuyer sur un partenariat avec l’Etat. C’est pourquoi la FFA a décidé dès aujourd’hui de lancer une réflexion pour faire des propositions aux pouvoirs publics en ce sens. »

Patrick Noviello (@patnoviello)

02 Avr

Covid-19 et état d’urgence : Arnaud Viala veut un « Parlement 2.0 »

Le député LR de l’Aveyron a déposé une proposition de loi constitutionnelle. Son objectif : que les parlementaires puissent participer à tous les travaux à distance via un système sécurisé.

Arnaud Viala, député L.R de l’Aveyron à l’Assemblée Nationale en février dernier. Photo Vincent Isore/IP3 MaxPPP

L’initiative est partie d’un « fort sentiment de frustration ». « Moi, j’étais candidat pour retourner siéger à Paris. Mais il y a eu des restrictions. Vous le voyez bien, maintenant c’est un député par groupe » soupire Arnaud Viala.

Un problème de fonctionnement institutionnel grave »

Pour lui il est paradoxal qu’on n’ait pas les moyens de faire fonctionner le Parlement au moment où on en a le plus besoin. « Ça m’évoque un problème de fonctionnement institutionnel grave » affirme-t-il sans détour. « Le Conseil des Ministres, lui, se tient bien par visioconférence » rappelle-t-il. Et de conclure : « Nous sommes certes dans une situation exceptionnelle, mais imaginez que la Seine en crue se mette à inonder le Palais Bourbon. C’est déjà arrivé par le passé. Où se réunirait-on alors ? Rien n’est prévu. »

Sollicité par ses soins, la Présidence de l’Assemblée réfléchirait selon lui à des solutions palliatives pour le court terme. « Ça a été le cas ce mercredi pour la mission d’information. Elle était accessible par tous les députés via un code sécurisé » nous explique-t-on au cabinet de la présidence de l’Assemblée Nationale. « Les commissions peuvent également se réunir ainsi » complète ce même cabinet.

Obligé de toucher à la Constitution ? »

Mais Arnaud Viala, lui, souhaiterait voir le système se généraliser pour tous les débats afin que l’Assemblée puisse retravailler au complet. Mais faut-il pour en arriver là une proposition de loi constitutionnelle ? « J’aurais voulu ne pas toucher à la Constitution mais selon les experts juridiques que j’ai consultés, on y est obligé » précise l’élu aveyronnais.

L’unique article de cette proposition de loi dit ceci : « Lorsqu’une situation exceptionnelle empêche les parlementaires de se réunir, le Parlement peut exercer ses pouvoirs à distance ».

Pour l’heure, loin d’Arnaud Viala, l’idée de prêter de mauvaises intentions à l’exécutif. « Mais imaginez qu’on se retrouve demain dans une telle situation avec un gouvernement moins républicain au pouvoir… » prévient-il.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

01 Avr

Covid-19 et gestion de la crise : maires battus mais toujours en première ligne

Ils ont perdu dès le soir du premier tour des élections municipales le 15 mars dernier, mais ils sont toujours en poste. Comment vivent-ils cette position si particulière ? Leur motivation est-elle intacte ? Et leurs adversaires vainqueurs dans tout ça ?

Photo MaxPPP Julio Pelaez

« Ce premier tour n’aurait jamais dû avoir lieu ! » Plus il y repense, plus il en est persuadé. Jean-Paul Raynaud n‘en démord pas. Pour le (toujours) maire de Saint-Juéry dans le Tarn « la démocratie locale a été impactée ». Selon l’élu Divers Gauche, ce sont près de 1250 votants qui auraient manqué à l’appel sur sa commune qui compte six fois plus d’habitants.

Un autre maire battu partage cette analyse d’un scrutin faussé par le coronavirus. « On a clairement été empêché » affirme Bruno Costes. Le maire LR de Pibrac, en Haute-Garonne, estime que toute sa fin de campagne a été impactée.

« Nous devions assurer en tant qu’élus la gestion de cette crise sanitaire, et contrairement à certains de nos adversaires nous avons préféré annuler nos réunions publiques ». Lui estime les votants de plus de 65 ans de sa commune à environ 2000 personnes. Autant d’électeurs probablement dissuadés par les annonces d’Edouard Philippe le vendredi précédent le scrutin selon lui.

On est passé à autre chose »

« Ceci dit, nous en sommes là. Et la seule chose qui compte maintenant, c’est de rendre le meilleur service à notre population dans cette crise » assène Jean-Paul Raynaud, un brin fataliste. Accompagnement des personnes isolées via le CCAS, éventuelle réouverture de la crèche pour les enfants de personnel soignants, cellule de veille téléphonique trois jours par semaine et une présence physique quotidienne à la mairie, voilà de quoi l’occuper. « Et lundi prochain, nous tiendrons un bureau municipal par conférence téléphonique » annonce l’élu tarnais.

« On est passé à autre chose » reconnaît également Bruno Costes. Le maire de Pibrac assure être dans « une gestion de crise au plus près des habitants ». « On ne sait pas combien de temps ça peut durer. On a réorganisé tous nos services en conséquence pour aider les plus vulnérables et nous efforcer de créer une solidarité ».

Et leurs adversaires vainqueurs dans tout ça ?

« Aucun contact ! C’est quelqu’un que je ne connais pas, que j’ai dû croiser trois ou quatre fois » évacue Jean-Paul Raynaud, sans acrimonie pour David Donnez, avant de livrer le fond de sa pensée. « Moi, je crois que dans cette période-là, il ne faut pas tout mélanger. Je travaille avec mes huit adjoints. Si on vient rajouter de nouvelles personnes avec qui on n’aura pas forcément la même vision, on sera moins efficace » se justifie le maire de Saint-Juéry.

« Camille Pouponneau m’appelle » reconnaît Bruno Costes à Pibrac. « Mais les responsables c’est nous ! » prévient-il dans la foulée. « Ce sont les maires et les adjoints en place qui ont la capacité à gérer cette crise. Or quand une majorité change, il y a toujours une période d’incertitude et de l’inexpérience. L’important actuellement c’est qu’il n’y ait pas d’interférence. Chacun à sa place » recadre le maire de Pibrac.

Et après ?

« Je n’y pense pas vraiment » assure Jean-Paul Raynaud. A demi-mot, il avoue qu’il s’était finalement habitué à ne plus être maire et à pouvoir souffler. « Mais aucune date butoir n’est fixée. Et c’est bien normal vue la situation. Tout ne reprendra pas du jour au lendemain » reconnaît-il. « Notre prolongation est due à cette crise, on le sait. C’est pour ça que je ne m’avancerai pas dans la suite de la gestion de la mairie » prévient-il.

L’après ? La question ne se pose pas non plus pour Bruno Costes. « Moi je faisais partie de ces maires qui travaillaient » clame-t-il sans détour. L’homme occupe un poste aux affaires institutionnelles chez Airbus doublé d’une mission importante à l’AFNOR. « J’y pilote toute la stratégie normative pour la France. Nous nous sommes notamment mobilisés pour aider les sociétés qui fabriquent aujourd’hui des masques alors qu’elles ne le faisaient pas jusqu’à présent » précise-t-il avec fierté.

Oubliera-t-il pour autant son mandat de maire une fois la crise sanitaire passée ? « Sous réserve que les élections ne soient pas annulées… » conclue-t-il.

Patrick Noviello (@patnoviello)

Carnet de confinement (3) : la confiance règne…

Peut-on encore parler politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Conférence de presse du Premier Ministre et du Ministre de la Santé le 28 mars dernier à Paris (Photo Geoffroy Van Der Hasselt/AFP.

Selon un sondage commandé la semaine dernière par France Info, plus d’un citoyen sur deux estiment que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation. Et ils sont près de 8 sur 10 à considérer que l’exécutif ne sait pas où il va. Paradoxe à relever, ce dimanche, le JDD, lui, publiait un autre sondage dans lequel la côte de popularité d’Emmanuel Macron bondit de 11 points et celle de son Premier Ministre de 6.

Une méfiance contagieuse

En période difficile, plus que jamais, la France se cherche peut-être un ou des Hommes providentiels… Enfin, et je m’arrêterai là pour les sondages, une dernière étude, elle, annonce que plus d’un quart des Français sont persuadés que le Covid-19 a été fabriqué en laboratoire. Bref la méfiance semble, elle aussi, contagieuse.

D’ailleurs plus le temps passe, plus l’union sacrée qui semblait se dessiner autour de l’état d’urgence sanitaire se fissure. La Ligue des Droits de l’Homme par exemple surveille la police après le vote du Parlement. « La Cellule de veille urgence sanitaire de Toulouse regrette l’installation d’un climat de défiance et d’une logique de répression, en lieu et place d’une réelle volonté d’apaisement et de pédagogie » explique son antenne locale dans un communiqué.

« En raison des restrictions drastiques apportées à nos libertés fondamentales dans la situation actuelle, la section de Toulouse de la Ligue des droits de l’Homme entend maintenir une vigilance rigoureuse à l’égard des mesures et décisions prises par les pouvoirs publics. Elle a en conséquence décidé de mettre en place une cellule de veille pour collecter toutes informations relatives à des mesures et décisions qui ne respecteraient pas scrupuleusement ces principes » poursuit la LDH.

(A nouveau) médecin malgré lui

Alors en qui avoir encore confiance ? La médecine ? Même là tout est contesté, jusqu’aux procédures elles-mêmes. L’appel de Philippe Douste-Blazy en atteste. L’ancien maire de Toulouse est aussi membre de la fondation de l’IHU de Marseille où l’infectiologue Didier Raoult a lancé des essais cliniques de traitement du Covid19 par chloroquine.

Philippe Douste-Blazy qui vient de renfiler sa blouse à Garche, lance un appel au Président de la République et au Ministre de la Santé pour l’utilisation de ce traitement. « Nous n’avons pas le temps d’attendre des essais cliniques qui seraient parfaits certes, mais qui arriveraient beaucoup trop tard pour beaucoup trop de malades ».

A l’opposé, le chef du service des maladies infectieuses au CHU de Toulouse est beaucoup plus mesuré. « Il y a eu un emballement très important sur des données virologiques de l’équipe de Marseille de niveau de preuve faible, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’intérêt mais cela veut dire que la démonstration est insuffisante pour l’instant » relativise le professeur Pierre Delobel.

Une grève et ça repart ?

Pas facile dans ce climat ambiant de défiance de rester un confiné serein. D’autant que le redémarrage ne s’annonce pas des plus guillerets. La CGT Service-Public a déposé un préavis de grève d’un mois en avril « contre les mesures antisociales de l’état d’urgence sanitaire », une façon aussi de rappeler que la réforme des retraites n’a pas eu le temps d’être adoptée.

« La situation de crise sanitaire ne doit pas servir à affaiblir les droits et protections des salariés. Au contraire, elle met en avant que rien ne sera plus comme avant et qu’il est plus que jamais urgent de donner satisfaction aux revendications des travailleuses et des travailleurs » précisent dans un communiqué la CGT Haute-Garonne, FSU et l’Union Syndicale Solidaire

Une fin de confinement qui démarrerait par une grève… Comme si la vie pourrait reprendre comme avant ? Je crois que je deviens méfiant moi aussi…

Patrick Noviello (@patnoviello)

27 Mar

Carnet de Confinement (2) : A la guerre comme à la guerre…

Peut-on encore parler politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Emmanuel Macron à l’hôpital de Mulhouse mercredi 26 mars. Photo Mathieu CUGNOT / POOL / AFP

Opération Résilience

J’ai craint un moment qu’il apparaisse en treillis tel Georges W Bush en son temps. Emmanuel Macron s’est à nouveau exprimé, cette fois-ci de l’hôpital de Mulhouse, mercredi 25 mars, au beau milieu de tentes militaires. Je m’imagine les conseillers qui ont préparé cette sortie : « Cette fois-ci, il faut parler du terrain, plus de l’Elysée Monsieur le Président ! Mulhouse c’est bien ! » Ceux qui attendaient des informations sur la durée probable du confinement en seront pour leurs frais. La grande annonce du soir était « un plan massif d’investissement pour l’hôpital » après cette crise sanitaire.

Attribuer la décrépitude des moyens affectés aux hôpitaux à la seule mandature Macron serait malhonnête. Mais quand certaines voix se sont élevées pour demander un changement de cap, elles ont œuvré dans le vide. Y compris des élus du groupe majorité présidentielle à l’Assemblée Nationale. Le député de Haute-Garonne Sébastien Nadot, désormais « Non Inscrit » s’en souvient encore.

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