Peut-on encore parler politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.
Selon un sondage commandé la semaine dernière par France Info, plus d’un citoyen sur deux estiment que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation. Et ils sont près de 8 sur 10 à considérer que l’exécutif ne sait pas où il va. Paradoxe à relever, ce dimanche, le JDD, lui, publiait un autre sondage dans lequel la côte de popularité d’Emmanuel Macron bondit de 11 points et celle de son Premier Ministre de 6.
Une méfiance contagieuse
En période difficile, plus que jamais, la France se cherche peut-être un ou des Hommes providentiels… Enfin, et je m’arrêterai là pour les sondages, une dernière étude, elle, annonce que plus d’un quart des Français sont persuadés que le Covid-19 a été fabriqué en laboratoire. Bref la méfiance semble, elle aussi, contagieuse.
D’ailleurs plus le temps passe, plus l’union sacrée qui semblait se dessiner autour de l’état d’urgence sanitaire se fissure. La Ligue des Droits de l’Homme par exemple surveille la police après le vote du Parlement. « La Cellule de veille urgence sanitaire de Toulouse regrette l’installation d’un climat de défiance et d’une logique de répression, en lieu et place d’une réelle volonté d’apaisement et de pédagogie » explique son antenne locale dans un communiqué.
« En raison des restrictions drastiques apportées à nos libertés fondamentales dans la situation actuelle, la section de Toulouse de la Ligue des droits de l’Homme entend maintenir une vigilance rigoureuse à l’égard des mesures et décisions prises par les pouvoirs publics. Elle a en conséquence décidé de mettre en place une cellule de veille pour collecter toutes informations relatives à des mesures et décisions qui ne respecteraient pas scrupuleusement ces principes » poursuit la LDH.
(A nouveau) médecin malgré lui
Alors en qui avoir encore confiance ? La médecine ? Même là tout est contesté, jusqu’aux procédures elles-mêmes. L’appel de Philippe Douste-Blazy en atteste. L’ancien maire de Toulouse est aussi membre de la fondation de l’IHU de Marseille où l’infectiologue Didier Raoult a lancé des essais cliniques de traitement du Covid19 par chloroquine.
Philippe Douste-Blazy qui vient de renfiler sa blouse à Garche, lance un appel au Président de la République et au Ministre de la Santé pour l’utilisation de ce traitement. « Nous n’avons pas le temps d’attendre des essais cliniques qui seraient parfaits certes, mais qui arriveraient beaucoup trop tard pour beaucoup trop de malades ».
A l’opposé, le chef du service des maladies infectieuses au CHU de Toulouse est beaucoup plus mesuré. « Il y a eu un emballement très important sur des données virologiques de l’équipe de Marseille de niveau de preuve faible, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’intérêt mais cela veut dire que la démonstration est insuffisante pour l’instant » relativise le professeur Pierre Delobel.
Une grève et ça repart ?
Pas facile dans ce climat ambiant de défiance de rester un confiné serein. D’autant que le redémarrage ne s’annonce pas des plus guillerets. La CGT Service-Public a déposé un préavis de grève d’un mois en avril « contre les mesures antisociales de l’état d’urgence sanitaire », une façon aussi de rappeler que la réforme des retraites n’a pas eu le temps d’être adoptée.
« La situation de crise sanitaire ne doit pas servir à affaiblir les droits et protections des salariés. Au contraire, elle met en avant que rien ne sera plus comme avant et qu’il est plus que jamais urgent de donner satisfaction aux revendications des travailleuses et des travailleurs » précisent dans un communiqué la CGT Haute-Garonne, FSU et l’Union Syndicale Solidaire
Une fin de confinement qui démarrerait par une grève… Comme si la vie pourrait reprendre comme avant ? Je crois que je deviens méfiant moi aussi…
Patrick Noviello (@patnoviello)