09 Juin

L’intense campagne législative de la non-candidate Carole Delga

Carole Delga est députée PS sortante de la Haute-Garonne mais n’est pas candidate. Mais la présidente de Région est très active dans la campagne des législatives.

Photo : MaxPPP

Photo : MaxPPP

Carmaux, Cahors, les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne ou l’Aveyron. Carole Delga sillonne la campagne des législatives. L’ancien président (socialiste) de Région, Martin Malvy, a toujours soutenu les candidats de son parti. Mais Carole Delga va bien au-delà d’un réflexe militant. Son investissement est conforme à son tempérament. Carole Delga n’est pas vraiment du style « service minimum ». Un cadre PS déclare : « Carole est une vraie guerrière et elle est infatigable. Elle n’est pas du genre à regarder passer les trains ».

Cette mobilisation ne passe pas inaperçu. Et elle agace franchement l’adversaire le plus acharné de Carole Delga. La présidente du groupe FN au conseil régional, France Jamet, déclare :

Au lieu de s’occuper de la campagne électorale des législatives et d’entraver l’expression démocratique, Madame Delga serait bien inspirée de s’occuper des affaires régionales dont elle a obtenu la charge.

Carole Delga entretient des rapports houleux avec le principal groupe d’opposition au conseil régional. La confrontation a même dégénérée en incident (physique) en pleine séance plénière. Ce ne sont pas les remontrances du Front National qui vont modifier l’agenda et l’attitude de Carole Delga. Surtout que l’activisme de la présidente de Région a une dimension stratégique.

L’affirmation d’un leadership

Pendant la campagne présidentielle, Carole Delga est vraiment entrée dans la mêlée. A peine la page tournée, la présidente de Région est restée sur le terrain politique en fédérant les socialistes d’Occitanie. Difficile d’imaginer, après cette longue séquence, une mise en retrait de Carole Delga. Des primaires en passant par la présidence et maintenant les législatives, la présidente de Région déroule le même fil : asseoir son leadership.

Carole Delga reconnaît que le PS est, selon ses mots, « plutôt dans un cycle de faiblesse ». Dans ce contexte, l’ancienne ministre peut constituer un recours. Carole Delga vante sa méthode : « le terrain comme bureau ». Mais le présidente de Région met également en avant sa formule : « une alliance des gauches dans une majorité régionale ».

En réalité, Carole Delga mène une campagne dans la campagne. La tribune des législatives lui permet de promouvoir un modèle Delga. La présidente d’Occitanie revendique son appartenance au PS. Elle ne met pas sa carte au fond de sa poche. Mais elle a compris qu’une page se tourne : « Je ne crois pas que les idées socialiste vont mourir. Mais elles peuvent être portées au delà du PS, dans la gauche ». Carole Delga se situe dans une logique de recomposition. Impossible de participer au chantier, en restant sur le banc de touche;

L’intense campagne législative de Carole Delga repose sur un vieux principe : les absents ont gravement torts. Surtout en politique.

Impossible de squeezer l’agenda politique national. Surtout dans le contexte actuel. Le parti socialiste est en voie de dislocation. Les législatives (en Occitanie comme dans le reste de la France) s’annoncent désastreuses pour le PS. Carole Delga peut tirer bénéfice de cette déroute programmée. Les socialistes ont besoin de valeurs refuge. Carole Delga peut incarner un nouveau PS.

Pour la présidente de Région, les législatives ne sont pas uniquement un tremplin potentiel. Dans son ancienne circonscription, Carole Delga est directement impliquée. La 8ème circonscription de la Haute-Garonne, c’est son territoire. Une défaite de son successeur résonnerait comme un échec personnel.

Un enjeu personnel dans le Comminges

IMG_6017« Elle est terriblement impliquée ». Le constat émane d’un socialiste du Comminges et il faut être aveugle pour ne partager cette vision. Un détail est plus que révélateur. Sur les panneaux officiels, le nom de Carole Delga apparaît (sous forme de bandeau) à côté du visage du « vrai » candidat, Joël Aviragnet. Et avec l’image, il y a également le son. Carole Delga a participé à plus d’une demi douzaine de réunions publiques, sans parler des visites de communes.

Pour un élu du Comminges, cet investissement (lourd) est évident :

Le Comminges, c’est son terrain. Si Aviragnet gagne on dira Carle a gagné et si Aviragnet perd on dira Carole a perdu

Des signaux ont de quoi inquiéter la présidente de Région. Plusieurs élections au sein de communautés de communes et d’un PETR (Pôle d’Équilibre Territorial et Local) ont été défavorables au PS. Il s’agit uniquement de scrutins internes, entre élus. Mais ces revers ne sont pas bon signes.

Carole Delga n’a pas la chance de sa 1ère vice-présidente. Dans le Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel a obtenu un coup de pouce d’Emmanuel Macron : pas de candidat En Marche ! Joël Aviragnet, lui, doit affronter la concurrence du candidat « macroniste », Michel Montsarat.

Pour un militant socialiste, le candidat de Carole Delga bénéficie d’un vrai avantage face à l’étiquette Macron :

Carole Delga a une image. C’est la présidente de Région et ça pèse auprès des électeurs

Pour la présidente de Région, le pire ne serait pas un échec de son successeur. Le pire du pire serait que, dans d’autres circonscriptions, des candidats PS sauvent leur peau et que Joël Aviragnet trébuche.

Mais ce scénario reste de la pure politique fiction. Et, quoi qu’il se passe, Carole Delga restera, au lendemain des législatives, la présidente d’une des plus grandes régions françaises.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : une réunion de La France Insoumise interrompue par la police municipale à Toulouse

Jeudi 7 mai, La France Insoumise a organisé une fête pour clore la campagne des législatives. La police municipale a interrompu le rassemblement.

Police municipale à Toulouse. Photo : MaxPPP

Police municipale à Toulouse. Photo : MaxPPP

Une fin de campagne qui se voulait festive. 72 heures avant le 1er tour, la France Insoumise a organisé place Arnaud Bernard, à Toulouse, une soirée. Prise de parole et musique orientale. Vers 23 heures 30, en plein concert, l’ambiance a changé avec l’arrivée de la police municipale. Selon l’organisatrice, Claire Dujardin, 15 fonctionnaires ont troublé la fête.

En début de soirée, les forces de l’ordre sont passées. Un simple passage pour vérifier l’existence d’une autorisation. Mais la seconde intervention s’est soldée par la menace d’un renfort de le police nationale. La perspective d’un contrôle d’identité des participants a produit son effet. Claire Dujardin a préféré arrêter les festivités.

Avocate de profession, Claire Dujardin affirme avoir déposé en mairie et en préfecture une demande d’autorisation. Pour la juriste de formation, aucun doute, la France Insoumise était en règle. Pour Claire Dujardin, rien ne justifiait l’intervention (massive) de la police municipale. Une intervention qui pourrait déboucher sur une verbalisation pour tapage nocturne.

Claire Dujardin s’interroge. La candidate aux législatives (sur la 1ère circonscription) a décliné son identité. Selon elle, les policiers municipaux savaient parfaitement qu’ils avaient affaire à une candidate en campagne. La nature du rassemblement était également transparent, évident. Ce n’était pas un meeting. Mais le caractère politique de la réunion ne faisait aucun doute. Des panneaux et un marquage au sol, sans parler du logo de la France Insoumise, étaient en place.

Préparation de la réunion la France Insoumise place Arnaud Bernard, à Toulouse. Photo : Facebook/CDujardin

Préparation de la réunion la France Insoumise place Arnaud Bernard, à Toulouse. Photo : Facebook/CDujardin

Claire Dujardin se demande si la « France Insoumise » n’a pas eu droit à un traitement particulier. Son concurrent de droite, François Chollet, est adjoint au maire de Toulouse. Mais la représentante de Jean-Luc Mélenchon ne fait pas de lien entre ce statut et l’intervention de la police municipale.

Contactée par France 3 Occitanie, la mairie de Toulouse précise :

Il s’agissait d’une patrouille normale. La police municipale ne s’est pas déplacée et elle n’a pas été appelée. Ce qui a attiré l’attention des policiers, c’est la musique amplifiée. Les fonctionnaires ont demandé si les organisateurs avaient une autorisation pour l’occupation du domaine public et une autorisation pour la musique. Ce n’était pas le cas. Ils ont donc procédé au relevé d’identité de Claire Dujardin pour pouvoir verbaliser les deux infractions.

La maire de Toulouse précise également que les policiers municipaux ont bien identifié la nature politique du rassemblement.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : voyante, la candidate En Marche ! en Haute-Garonne a-t-elle prédit son élection dans les astres ?

Candidate aux législatives et astrologue, c’est possible. En Haute-Garonne, la représentante d’Emmanuel Macron sur la 3ème circonscription fait des consultations de voyance.

Corinne Vignon

Corinne Vignon

Il existe une boule de cristal. Celle des sondages. Mais la boule est (parfois) fêlée et les prévisions se révèlent (de temps en temps) trompeuses. C’est fâcheux et mauvais pour le rythme cardiaque. Mais, pour éviter le stress des résultats, les candidats aux législatives ne peuvent pas (vraiment) compter sur IPSOS ou OpinionWay. Une candidate de la Haute-Garonne a (peut-être) trouvé une solution.

A la place de la technique des quotas, Corinne Vignon, investie par En Marche ! sur la 3ème circonscription de la Haute-Garonne, dispose d’un outil de haut-vol : les astres.

La candidate La République En Marche ne se contente pas d’un coin de table ou d’un hobby. Corinne Vignon a exercé à titre professionnel.

Problème de travail et de cœur, famille ou boulot, la candidate a éclairé la lanterne de clients. La consultation est facturée 90 euros. Pour éviter les foudres du ciel (ou plutôt du fisc, ce qui revient au même), un chèque est demandé.

Ce prix permet (éventuellement) d’éclaircir son avenir. Mais, moins hypothétique, le montant de la consultation débouche sur deux biens matériels.

Un graphique illustrant le thème astral et une chose encore plus rare. L’expression « Astralement Votre ». La candidate-voyante signe en effet ses mails « astralement votre ».

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut croiser, dans son courrier électronique, une telle signature.

Contactée par France 3 Occitanie, Corinne Vignon, relativise son activité d’astrologue :

Ce n’est pas mon métier. C’est très anecdotique. Je m’intéresse à l’astrologie comme je m’intéresse aux tortues marines. C’est très personnel.

Les astres sont, visiblement, favorables à Emmanuel Macron. Le nouveau président est donné vainqueur et pourrait décrocher une (solide) majorité parlementaire.

Corinne Vignon peut parfaitement être élue et passer de la mairie de Flourens (qu’elle occupe depuis mars 2014) au Palais-Bourbon.

A un nouveau visage, la 3ème circonscription de la Haute-Garonne pourrait ajouter un usage très utile en politique : le sens de la prédiction.

Laurent Dubois (@laurentdub)

08 Juin

Législatives : le candidat Pierre Cabaré porte plainte après un « faux » tract signé… En Marche !

L’ex-candidat (désinvesti) La République En Marche ! dans la 1ère circonscription de la Haute-Garonne, Pierre Cabaré, porte plainte (pour usurpation d’identité) au sujet d’un tract signé…La République En Marche !

L'affiche de campagne de Pierre Cabaré (Photo : T. Bordas / MAXPPP)

L’affiche de campagne de Pierre Cabaré (Photo : T. Bordas / MAXPPP)

La Haute-Garonne est le seul département d’Occitanie pouvant revendiquer un candidat désinvesti par La République En Marche !

Et ce n’est pas tout. Ce même candidat déclare avoir porté plainte au sujet d’un tract signé…LREM. Le dépôt aurait eu lieu le jeudi 7 juin.

En soi, la démarche est cocasse.

Pierre Cabaré veut agir en justice à la place du parti d’Emmanuel Macron. Mais il a (officiellement) perdu son investiture LREM.

On comprend le sens de la démarche : entretenir une confusion entre la situation réelle de Pierre Cabaré (la perte de son étiquette LREM) et une apparence trompeuse (représenter les intérêts du parti macroniste).

Politiquement, l’idée d’un dépôt de plainte a du sens. Même si cela relève d’un brouillage, version « piratage ».

Mais, juridiquement, une action en justice  est franchement « foutraque ».

Pour défendre en justice les intérêts d’une personne morale (parti, association, entreprise), il faut disposer d’un mandat. Seule la présidente de LREM peut saisir les tribunaux. Par délégation de pouvoir, un représentant local La République En Marche ! peut saisir les tribunaux à la place de Catherine Barbaroux. En Haute-Garonne, c’est (éventuellement) Michaël Nogal qui peut (sur la base d’un mandat) défendre judiciairement les intérêts de LREM.

Mais ce n’est pas Pierre Cabaré qui (de sa seule initiative) peut porter plainte. La seule mention du nom et du prénom du candidat ne suffit pas à ouvrir une voie de droit. Pierre Cabaré est au cœur du tract. Le texte distribué sur la voie publique a un seul sujet et un objet unique : la perte d’investiture de Pierre Cabaré. Mais cela ne suffit pas à constituer ce que les juristes appellent : l’intérêt à agir.

Pas d’intérêt, pas de plainte recevable.

L’ex candidat LREM peut toujours se rendre au guichet d’un commissariat de police ou écrire au Procureur de la République. La plainte finira au panier et la « salade » ne prendra pas auprès des autorités judiciaires.

Piment supplémentaire. Le tract est un « vrai-faux » tract. Il porte la signature LREM. Mais il a été rédigé et distribué par…le candidat de la droite et du centre, François Chollet.

Autrement dit, en évoquant une plainte pour usurpation d’identité, Pierre Cabaré vise François Chollet. Pierre Cabaré affirme avoir déposé une plainte contre X.

Mais François Chollet a « avoué » les faits. Il a déclaré au Blog Politique qu’il est l’auteur du tract.

L’information est donc sur la place publique. Inutile de demander au SRPJ de mobiliser ses plus fins limiers. Le laboratoire scientifique n’a pas besoin de dégainer son microscope.

Le « coupable » revendique sa responsabilité et assume.

Mais, cela ne change rien au fond du dossier. La justice a des lois plus complexe que la presse.

Il ne suffit pas de faire une déclaration pour avoir raison.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : la France Insoumise dénonce une « anarchie » dans la distribution des professions de foi

Professions de foi non distribuées, bulletins de vote absents ou en triple exemplaire. La distribution du matériel électoral connaît des « couacs » dans la région Occitanie.

Photo MaxPPP

Photo MaxPPP

Avant chaque élection, les électeurs reçoivent dans leur boîte des professions de foi et des bulletins de vote. C’est une formalité. Mais, s’agissant des législatives 2017, le rituel dérape dans les Hautes-Pyrénées. Cet éventuel dérapage est (plus que) relatif. Les professions finissent généralement en allume barbecue ou au fond de la poubelle. Les bulletins attendent les électeurs dans les bureaux vote. Mais le code électoral est le code électoral. Tous les électeurs doivent recevoir, à domicile, la prose des candidats.

Et dans les Hautes-Pyrénées, deux candidats de la France Insoumise dénoncent un dysfonctionnement :

C’est le cirque. C’est l’anarchie. Des professions de foi sont absentes de plis. Parfois, on trouve six fois le même bulletin. On lance un appel pour mesurer l’ampleur du phénomène.

Une question d’intendance pourrait expliquer le chaos décrit par les candidats de Jean-Luc Mélenchon. Les législatives 2017 inaugurent un nouveau système de distribution. La mise sous pli a été centralisé à Mérignac, en Gironde. Dans le passé, l’opération se déroulait au niveau départemental. Les candidats faisaient livrer (par leur imprimeur) les documents dans un entrepôt local. Cela permettait une vérification des « pièces » sur place.

La délocalisation en Gironde interdit cet auto-contrôle. Les bulletins de foi et les bulletins de vote ont quitté l’entrepôt girondin pour les préfectures et leur envoi a été effectué sans droit de regard des candidats. Bref, le grain de sable pourrait se situer dans la mise sous pli effectué en région bordelaise. Au delà d’un problème « géographique », une difficulté liée à l’automatisation des mises sous pli pourrait expliquer le « couac » pointé par la France Insoumise.

De son côté, la préfecture des Hautes-Pyrénées relativise :

Nous n’avons aucun retour d’électeur. Un seul candidat nous a signalé un problème et cela concernait 4 plis. A la marge, il peut y avoir des difficultés. Il suffit que les électeurs concernés s’adressent à la préfecture et nous renverrons les documents. Des documents qui sont d’ailleurs dématérialisés et consultables en ligne sur le site du ministère de l’Intérieur.

Les Hautes-Pyrénées n’est pas le seul département concerné. En Haute-Garonne, sur la 9ème circonscription, des plis contenant plusieurs bulletins de vote d’un même candidat ont été distribués.

Laurent Dubois (@laurendub)

02 Juin

Polémique autour du financement de la permanence parlementaire de Philippe Folliot

Une polémique agite la campagne des législatives dans le Tarn. Elle porte sur le financement de la permanence parlementaire de Philippe Folliot. Le député sortant a-t-il financé son local albigeois avec l’argent public ? Le contribuable a-t-il payé un bien qui enrichit le patrimoine (privé) de Philippe Folliot ? Enquête.

Philippe Folliot (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

Philippe Folliot (Photo : Vincent Isore / MaxPPP)

Le PS tarnais veut des réponses et le fait savoir par un communiqué de presse. Un concurrent de Philippe Folliot, Pierre Laporte, demande des éclaircissements et le dit publiquement. Le financement de la permanence parlementaire de Philippe Folliot aiguise la curiosité. Ce coup de projecteur est lié à un article publié dans la livraison hebdomadaire de L’Obs. Un article qui précise un point (potentiellement) sulfureux : la permanence parlementaire de Philippe Folliot a été financée par une enveloppe de l’Assemblée. La fameuse Indemnité Représentative de Frais de Mandats (IRFM).

D’un montant mensuel de 5 840 euros brut, l’IRFM vient s’ajouter à l’indemnité du député et à l’enveloppe permettant de rémunérer les collaborateurs. L’IRFM permet de faire face à des dépenses ordinaires : déplacements, restaurants…S’agissant de Philippe Folliot, l’IRFM aurait servi à financer l’achat de sa permanence. Autrement dit, le député sortant aurait payé les mensualités de son crédit immobilier en piochant dans l’IRFM.

Contacté par France 3 Occitanie, Philippe Folliot confirme l’utilisation de ce procédé. Mais il concerne uniquement son local castrais.

Un achat financé par l’IRFM à Castres jusqu’en 2012

Avant 2012 et une modification du règlement de l’Assemblée, des député(e)s pouvaient faire une excellente affaire. Un prêt à taux zéro pour acheter un bien immobilier. En soi, c’est déjà une jolie opération. Mais ce n’était pas tout. Les heureux bénéficiaires pouvaient rembourser les mensualités de leur crédit grâce à l’argent de l’Assemblée.

Philippe Folliot le reconnaît. En 2002, il a pu bénéficier (en toute légalité) de ce dispositif. Le député tarnais a bénéficié d’un crédit de l’Assemblée pou acheter sa permanence castraise en 2002. Et, cerise sur le gâteau, Philippe Folliot a remboursé l’emprunt avec l’argent de…l’Assemblée. Le député a utilisé l’IRFM.

Le député tarnais a fini de rembourser en 2012 ce prêt « royal ». Royal est le mot. Un taux d’intérêt imbattable et des remboursements financés par le…préteur. Tous les emprunteurs rêvent d’un telle générosité.

Une générosité particulièrement prodigue. En effet, l’Assemblée ne permettait pas seulement d’acquérir un bien quasiment à titre gracieux. Cet incroyable système permettait à des député(e)s d’accroître leur patrimoine personnel. Une fois acquise et même en cas de non-réélection, la permanence reste propriété du député. Il peut la transformer en commerce et en tirer des bénéfices ou la revendre avec une belle plus-value.

Tout cela appartient au passé. L’enrichissement personnel des député(e)s sur le dos des contribuables faisait tâche. Le règlement de l’Assemblée a été modifié. Il est désormais impossible (et illégal) de financer l’achat une permanence en utilisant l’IRFM.

Philippe Folliot a bénéficié d’un système aujourd’hui interdit. Ce n’est pas le seul. Dans le département du Tarn, un autre parlementaire aurait fait de même. Dans le Lot, selon nos informations, une parlementaire a également financé l’achat de sa permanence en utilisant l’IRFM.

Après le redécoupage électoral de 2010, la circonscription de Philippe Folliot a intégré une partie d’Albi. Le député de la « 1ère » a décidé d’ouvrir une permanence dans la préfecture tarnaise.

Mais, cette fois-ci, Philippe Folliot a opté pour une location.

Une location à Albi à partir de 2012

Philippe Folliot est formel. Il n’est pas propriétaire de son permanence albigeoise. La question de l’utilisation de son IFRM pour un éventuel achat ne se pose pas selon lui. Effectivement, vérification faite, Philippe Folliot n’apparaît pas dans la Société Civile Immobilière (SCI) propriétaire du local utilisé par Philippe Folliot.

La SCI en question a été enregistrée aux greffes du Tribunal de Commerce de Castres, le 12 novembre 2012. Cet enregistrement fait suite à un sous-seing privé en date du 19 septembre 2012. Le nom de Philippe Folliot n’apparaît pas dans la liste des associés.

Le député sortant évoque un bail signé entre lui et la SCI. Un bail qui se termine le 18 juin prochain et qui donc correspond à une location. La gérante de cette SCI n’est autre que son ex-épouse et ex-assistante parlementaire et que les membres de cette société sont… ses trois enfants !

La nature « familiale » de la SCI n’est pas neutre.

Les loyers versés par Philippe Folliot sont financés par l’Assemblée. C’est valable pour tout(e)s les député(e)s de France et de Navarre. L’IRFM (abondée par les caisses du Palais-Bourbon) a (notamment) comme vocation de permettre le règlement des frais de logement.

Les enfants et l’ex-épouse de Philippe Folliot bénéficient donc d’un financement public.

C’est parfaitement légal. Le règlement de l’Assemblée n’interdit absolument pas les locations « familiales ».

Le projet de loi (présenté François Bayrou) veut renforcer la « moralisation » de la vie publique et prévoit l’interdiction des emplois « familiaux ». Mais le nouveau Garde des Sceaux ne pousse pas les feux jusqu’aux SCI des parlementaires.

Cela étant, en pleine campagne des législatives, le « grand déballage » autour du patrimoine immobilier de Philippe Folliot ne sera pas sans conséquence. Les adversaires du député sortant ne vont pas manquer de saisir le bâton…pour essayer de le battre. Et même de l’abattre.

 

Laurent Dubois (@laurentdub)

01 Juin

Législatives : Sylvia Pinel perd son procès face au FN dans le Tarn-et-Garonne

Le juge des référés de Montauban déboute Sylvia Pinel. L’ancienne ministre a attaqué en justice le candidat FN sur sa circonscription. Sylvia Pinel souhaitait obtenir le retrait d’affiches électorales dénonçant une pratique clientéliste.

Sylvia Pinel. Photo : MaxPPP

Sylvia Pinel. Photo : MaxPPP

Le juge de Montauban n’a pas suivi la demande de Sylvia Pinel. L’ex-ministre, candidate à sa propre succession comme députée de la 2ème circonscription du Tarn-et-Garonne s’était insurgée face à une affiche de son adversaire du Front National, Romain Lopez.

Voici l’affiche en question :

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En saisissant la justice, Sylvia Pinel espérait obtenir le retrait de ce matériel électoral qu’elle jugeait diffamatoire. Le juge l’a non seulement débouté mais l’a condamné à payer 600 euros au titre de l’article 700 du code de procédure civile pour prendre en charge une partie des frais de justice de son adversaire.

Romain Lopez (FN) peut donc continuer à placarder ses affiches.

Laurent Dubois (@laurentdub) et F. Valéry (@fabvalery)

Législatives : LREM retire son investiture à Pierre Cabaré à Toulouse

La République en marche a retiré son investiture à Pierre.

Pierre Cabaré Photo : MaxPPP

Pierre Cabaré Photo : MaxPPP

Dans un précédent article, le Blog Politique annonçait  le retrait de l’investiture du candidat LREM sur la 1ère circonscription de la Haute-Garonne. C’est désormais officiel.

Le parti d’Emmanuel Macron annonce la retrait de l’investiture LRMP s’agissant de Pierre Cabaré. Ce dernier faisait déjà l’objet d’une suspension suite à une révélation : sa condamnation à une peine d’éligibilité.

Désormais, l’ex-candidat En Marche ne peut plus revendiquer l’étiquette de son parti et LREM n’a plus de représentant sur la 1ère circonscription de la Haute-Garonne.

En revanche, Pierre Cabaré peut parfaitement maintenir sa candidature. C’est d’ailleurs son intention.

Cette situation brouille les cartes et risque d’embrouiller les électeurs. En effet, comme le précise un responsable LREM :

Les professions de foi sont parties. Les électeurs peuvent croire que Pierre Cabaré est toujours notre candidat alors qu’il ment s’il prétend toujours l’être. Je ne pense pas qu’il existe une procédure juridique pour interdire la distribution.

Dans les rangs de LREM, l’affaire Cabaré laisse un goût d’amer. Sentiment de gâchis et d’une occasion perdue sur une circonscription considérée comme « gagnable ».

Un autre sentiment prédomine. Ou plutôt un ressentiment en forme d’interrogation : qui est à l’origine des révélations parues dans la presse ?

Un candidat LREM pointe la gauche. Un autre évoque une torpille venue de la droite. Peu importe.

Seul le résultat compte et il se résume à un solde négatif : le parti d’Emmanuel Macron a perdu un candidat en Haute-Garonne.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : la 2CV de campagne de Sandrine Mörch (En Marche!) incendiée à Toulouse

Le véhicule, aux couleurs de la candidate de la majorité présidentielle sur la 9ème circonscription, a été incendié durant la nuit de mercredi à jeudi. La candidate dénonce un « incendie politique ».

La 2 CV a été totalement détruite

La 2 CV a été totalement détruite

L’équipe de campagne de Sandrine Mörch faisait campagne avec elle depuis des semaines. Les JEM (Jeunes avec Macron) de la 9ème circonscription de la Haute-Garonne l’avait d’ailleurs décorée aux couleurs d’En marche et de leur candidate : la 2 CV de campagne de Sandrine Mörch, candidate LREM à Toulouse, a été détruite dans un incendie durant la nuit. L’incendie a eu lieu a proximité du local de campagne de la candidate, avenue du Lauragais.

 

« Vers 3 heures du matin, des voisins du local de campagne ont alerté les jeunes de mon équipe, explique la candidate. La voiture brûlait et des voisins ont vu un individu qui tournait auparavant autour à plusieurs reprises. La voiture était macronisée, avec des affiches. C’est un incendie politique, ça ne fait pas de doute ! »

La candidate a décidé de porter plainte.

FV (@fabvalery)

30 Mai

Affaire Richard Ferrand : un « Macroniste » de l’Aude demande la démission du ministre

Député (sortant) de l’Aude et candidat « macroniste » aux législatives, Jean-Claude Perez demande la démission de Richard Ferrand.

Jean-Claude Perez, député sortant de l'Aude et candidat "majorité présidentielle" aux législatives. Photo : MaxPPP

Jean-Claude Perez, député sortant de l’Aude et candidat « majorité présidentielle » aux législatives. Photo : MaxPPP

C’est un véritable feuilleton. Chaque jour apporte son lot de révélations. Les dernières datent de ce mardi 30 mai. Le journal Le Monde apporte de nouveaux éléments sur un possible conflit d’intérêt entre le statut de député de Richard Ferrand et une activité de conseil auprès des Mutuelles de Bretagne.

C’est dans ce contexte qu’un « macroniste » audois demande la démission de Richard Ferrand.

Jean-Claude Perez revendique son appartenance à la « majorité présidentielle ». Ex-socialiste, l’élu audois brigue un nouveau mandat sous l’étiquette « macroniste ». Même s’il n’est pas investi par la République En Marche ! C’est au nom de son « marconisme » que Jean-Claude Perez souhaite le départ d’un pilier de la Macronie :

Il serait préférable que Richard Ferrand protège le président Macron, en démissionnant. Je demande la démission de Mr Richard Ferrand…L’élection d’Emmanuel Macron est le signe de la transparence, d’éthique, de moralité, d’une nouvelle ère qui ne doit pas ressembler au passé.

Sur le terrain judiciaire, l’affaire Ferrand est (pour le moment) une non affaire. Au terme d’une analyse juridique, le parquet de Brest n’a pas ouvert d’enquête préliminaire. De son côté, le Parquet National Financier (PNF) ne s’est pas (auto) saisi du dossier. Cette position est justifiée par les règles qui régissent la compétence des magistrats financiers : les interrogations autour du dossier Ferrand ne portent pas sur une utilisation de l’argent public.

Les Mutuelles de Bretagne sont des organismes de droit privé.

Néanmoins, au delà de l’aspect purement judiciaire, l’affaire Ferrand tombe à un mauvais moment.

La semaine prochaine, le nouveau Garde des Sceaux, François Bayrou, doit présenter un projet de loi pour renforcer la moralité publique.

Laurent Dubois (@laurentdub)