Carole Delga est députée PS sortante de la Haute-Garonne mais n’est pas candidate. Mais la présidente de Région est très active dans la campagne des législatives.
Carmaux, Cahors, les Pyrénées-Orientales, la Haute-Garonne ou l’Aveyron. Carole Delga sillonne la campagne des législatives. L’ancien président (socialiste) de Région, Martin Malvy, a toujours soutenu les candidats de son parti. Mais Carole Delga va bien au-delà d’un réflexe militant. Son investissement est conforme à son tempérament. Carole Delga n’est pas vraiment du style « service minimum ». Un cadre PS déclare : « Carole est une vraie guerrière et elle est infatigable. Elle n’est pas du genre à regarder passer les trains ».
Cette mobilisation ne passe pas inaperçu. Et elle agace franchement l’adversaire le plus acharné de Carole Delga. La présidente du groupe FN au conseil régional, France Jamet, déclare :
Au lieu de s’occuper de la campagne électorale des législatives et d’entraver l’expression démocratique, Madame Delga serait bien inspirée de s’occuper des affaires régionales dont elle a obtenu la charge.
Carole Delga entretient des rapports houleux avec le principal groupe d’opposition au conseil régional. La confrontation a même dégénérée en incident (physique) en pleine séance plénière. Ce ne sont pas les remontrances du Front National qui vont modifier l’agenda et l’attitude de Carole Delga. Surtout que l’activisme de la présidente de Région a une dimension stratégique.
L’affirmation d’un leadership
Pendant la campagne présidentielle, Carole Delga est vraiment entrée dans la mêlée. A peine la page tournée, la présidente de Région est restée sur le terrain politique en fédérant les socialistes d’Occitanie. Difficile d’imaginer, après cette longue séquence, une mise en retrait de Carole Delga. Des primaires en passant par la présidence et maintenant les législatives, la présidente de Région déroule le même fil : asseoir son leadership.
Carole Delga reconnaît que le PS est, selon ses mots, « plutôt dans un cycle de faiblesse ». Dans ce contexte, l’ancienne ministre peut constituer un recours. Carole Delga vante sa méthode : « le terrain comme bureau ». Mais le présidente de Région met également en avant sa formule : « une alliance des gauches dans une majorité régionale ».
En réalité, Carole Delga mène une campagne dans la campagne. La tribune des législatives lui permet de promouvoir un modèle Delga. La présidente d’Occitanie revendique son appartenance au PS. Elle ne met pas sa carte au fond de sa poche. Mais elle a compris qu’une page se tourne : « Je ne crois pas que les idées socialiste vont mourir. Mais elles peuvent être portées au delà du PS, dans la gauche ». Carole Delga se situe dans une logique de recomposition. Impossible de participer au chantier, en restant sur le banc de touche;
L’intense campagne législative de Carole Delga repose sur un vieux principe : les absents ont gravement torts. Surtout en politique.
Impossible de squeezer l’agenda politique national. Surtout dans le contexte actuel. Le parti socialiste est en voie de dislocation. Les législatives (en Occitanie comme dans le reste de la France) s’annoncent désastreuses pour le PS. Carole Delga peut tirer bénéfice de cette déroute programmée. Les socialistes ont besoin de valeurs refuge. Carole Delga peut incarner un nouveau PS.
Pour la présidente de Région, les législatives ne sont pas uniquement un tremplin potentiel. Dans son ancienne circonscription, Carole Delga est directement impliquée. La 8ème circonscription de la Haute-Garonne, c’est son territoire. Une défaite de son successeur résonnerait comme un échec personnel.
Un enjeu personnel dans le Comminges
« Elle est terriblement impliquée ». Le constat émane d’un socialiste du Comminges et il faut être aveugle pour ne partager cette vision. Un détail est plus que révélateur. Sur les panneaux officiels, le nom de Carole Delga apparaît (sous forme de bandeau) à côté du visage du « vrai » candidat, Joël Aviragnet. Et avec l’image, il y a également le son. Carole Delga a participé à plus d’une demi douzaine de réunions publiques, sans parler des visites de communes.
Pour un élu du Comminges, cet investissement (lourd) est évident :
Le Comminges, c’est son terrain. Si Aviragnet gagne on dira Carle a gagné et si Aviragnet perd on dira Carole a perdu
Des signaux ont de quoi inquiéter la présidente de Région. Plusieurs élections au sein de communautés de communes et d’un PETR (Pôle d’Équilibre Territorial et Local) ont été défavorables au PS. Il s’agit uniquement de scrutins internes, entre élus. Mais ces revers ne sont pas bon signes.
Carole Delga n’a pas la chance de sa 1ère vice-présidente. Dans le Tarn-et-Garonne, Sylvia Pinel a obtenu un coup de pouce d’Emmanuel Macron : pas de candidat En Marche ! Joël Aviragnet, lui, doit affronter la concurrence du candidat « macroniste », Michel Montsarat.
Pour un militant socialiste, le candidat de Carole Delga bénéficie d’un vrai avantage face à l’étiquette Macron :
Carole Delga a une image. C’est la présidente de Région et ça pèse auprès des électeurs
Pour la présidente de Région, le pire ne serait pas un échec de son successeur. Le pire du pire serait que, dans d’autres circonscriptions, des candidats PS sauvent leur peau et que Joël Aviragnet trébuche.
Mais ce scénario reste de la pure politique fiction. Et, quoi qu’il se passe, Carole Delga restera, au lendemain des législatives, la présidente d’une des plus grandes régions françaises.
Laurent Dubois (@laurentdub)