18 Déc

La lettre qui récuse : une militante PS face aux « arguments » des président(e)s de région cumulards

Stéphanie Calas, élue locale et militante PS

Stéphanie Calas, élue locale et militante PS

« Je trouve dommage que je sois obligée de faire une lettre publique moi petite élue et petite militante qui souhaite juste travailler sur la probité des élus ». Au bout du fil, la voix est douce mais ferme. Stéphanie Calas explique simplement et clairement pourquoi elle a publié sur sa page Facebook un texte dénonçant le cumul des mandats. Depuis sa mise en ligne, la lettre publique fait le buzz. Stéphanie Calas interpelle Carole Delga, Alain Rousset, Jean-Yves Le Drian, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau, Didier Robert. Toutes ces nouvelles « éminences » régionales ont un point commun. Homme ou femme, de droite ou de gauche, ce sont des « cumulards ».

« Si nous voulons détourner les électeurs du FN et faire revenir nos concitoyens vers les urnes, vous devez être exemplaire…Chacun de vous a de « bonnes » raisons de cumuler. Il y a M Superman capable de tout faire à même temps, Mr je reste connecté avec le terrain, Mr le ministre indispensable pour des Raisons d’Etat, le Député qui ne veut pas donner le sentiment d’abandon à ses électeurs mais qui ne se posaient pas la question depuis 6 mois ».

Le style direct et cinglant fait mouche. Mais Stéphane Calas se défend de toute envie de faire un « carton ». Le buzz qui entoure sa lettre l’étonne. Et, surtout, elle récuse toute « agressivité » ou envie d’en découdre. L’élue locale et militante PS insiste :  » j’ai défendu bec et ongle Carole Delga et il n’y a pas le moindre conflit entre nous. Simplement, Carole et d’autres députés ont voté la loi sur le non-cumul (NDLR applicable en 2017) et la moindre chose c’est qu’ils se l’applique à eux-même. Il ne faut pas prendre les gens pour des idiots ».

Stéphanie Calas n’a pas (encore) eu Carole Delga au téléphone. Un échange pourrait intervenir prochainement. Il y a très peu de chances pour qu’une conversation convertisse la future présidente de Région. Mais la prise de contact pourrait être utile à une chose : le rappel d’une évidence. Stéphanie Calas se contente d’exprimer le ressenti de l’immense majorité des militants socialistes. L’élue locale et militante de base porte la voix d’une grande partie de ses concitoyens.

Tous les sondages le répètent en boucle. Les français sont allergiques au cumul des mandats.

Laurent Dubois

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Martin Malvy : le dernier discours

 Elus, directeurs d’institutions publiques, acteurs du monde de l’entreprise, du milieu associatif et sportif, représentants des cultes. Martin Malvy les avaient tous conviés hier soir à l’Hôtel de Région, officiellement à « l’occasion de la clôture de la mandature 2010-2015 ». Plutôt une manière de leur dire « au revoir et merci ».

Martin Malvy, hier soir à l'Hôtel de Région de Toulouse

Martin Malvy, hier soir à l’Hôtel de Région de Toulouse

Les discours d’adieu ne sont souvent pas les plus brillants. Martin Malvy le reconnaît lui-même à l’issue de son énoncé. Mais ces discours-là sont sans doute les plus difficiles à prononcer et les plus émouvants aussi. Tout à coup, alors qu’il a bien entamé sa « conclusion », le président de région sortant marque une pause. Le rhume qui voile sa voix depuis quelques jours n’est pas le seul responsable, une larme parcourt son visage. Les secondes qui s’écoulent sont lourdes. L’assistance, saisie, lance une salve d’applaudissements.

Etre utile

Martin Malvy reprend ses esprits : « si ce que j’ai cherché à faire avec ceux qui furent mes compagnons de route a pu être utile, alors je m’absenterai satisfait ». Et le président sortant de ne pas demander de la reconnaissance mais « un peu d’estime » qui « au terme d’un parcours vaut toutes les récompenses ». Ce sera le seul moment de ce long discours où le socialiste lotois fendra l’armure parce que pour le reste, l’animal politique est toujours là.

Dès le début de l’allocution, Martin Malvy rappelle le moment historique que sont en train de traverser nos régions : « ce que nous sommes en train de vivre ne se reproduira pas de sitôt ». Et de dénoncer le pessimisme ambiant, le « c’était mieux avant » qui « veut que toute réforme soit vouée à l’échec ». Il croit en cette nouvelle carte de France et le répète à l’envie.

Carole Delga au premier rang

Celui qui présidera encore jusqu’au 4 janvier martèle aussi les faits marquants de son bilan (le plan rail, la création du Sisqa…) Il parle d’une région visionnaire qui a su coller aux priorités nouvelles comme l’environnement. Il revient sur les 200 agents territoriaux à la création de Midi-Pyrénées aux 3400 actuels, preuve concrète selon lui d’une réelle décentralisation et non d’une gabegie. Il rappelle également à une Carole Delga, toute ouïe au premier rang, la salve de projets en cours qu’il faudra mener à bien. Même message de vigilance adressé au Préfet concernant les Contrats de Plan Etat Régions attendus pour continuer à financer la rénovation des universités.

Et puis sur le terrain plus politique encore il cherche Gérard Onesta dans la salle tout en insistant sur le devoir de travailler ensemble, notamment pour une majorité : « On ne décide jamais seul ». Martin Malvy sait pertinemment que le leader de « Nouveau Monde » (EELV et FG) sort à peine d’un nouveau round de négociation avec Carole Delga. Dans l’assistance aussi, d’autres partenaires, ceux du PRG emmenés par Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel ou encore Didier Codorniou.

Catastrophes et beaux gestes

Egalement dans le public des directeurs d’établissements de santé qui entendent Martin Malvy se remémorer les catastrophes auxquelles il a assisté sous ses différents mandats : AZF, l’affaire Mérah… Mais ces drames humains comme la fermeture de l’usine Molex à Villemur-sur-Tarn et bien d’autres entreprises. Mais il y eut aussi « des beaux gestes » tempère-t-il. Face à tout cela, mais pas seulement, « ce qu’on a pu faire un jour et qu’on a alors cru majeur sera oublié. Ainsi va la chose publique » nuance celui qui s’apprête à laisser la place.

Martin Malvy dit partir « sans nostalgie » et assure qu’il continuera à suivre la vie politique locale restant évasif et malicieux sur le rôle qu’il pourrait y jouer ou pas. Dans une période trouble pour le pays, il en appellera à ne pas oublier la jeunesse  et cette phrase qu’il a faite graver sous un buste de Jaurès à l’entrée de l’hôtel de région : « Il n’y a qu’une race, l’humanité ».

Martin Malvy ne s’en va pas encore tout à fait, il sera le premier président de la nouvelle grande région qui naitra officiellement le premier janvier. Son successeur sera élu quatre jours plus tard.

Patrick Noviello

L’accord de « 3ème tour » a été trouvé entre Carole Delga et Gérard Onesta

Les deux représentants des principales composantes de la majorité de gauche au nouveau Conseil régional de Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées ont trouvé un accord de gouvernance, selon nos informations. Carole Delga sera bien la candidate de la gauche le 4 janvier pour l’élection à la présidence.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Après un premier rendez-vous un peu tendu mercredi après-midi, d’une durée de 4 heures, au cours duquel chacun a rappelé ses positions notamment Gérard Onesta (EELV) qui souhaitait obtenir la présidence de l’assemblée laissant à Carole Delga l’exécutif, les deux parties se sont retrouvées jeudi 17 décembre, « dans un esprit plus constructif » selon une source.

Désormais, « les eaux sont calmes » affirme cette source. Carole Delga sera bien le 4 janvier prochain la candidate de la gauche pour la présidence du Conseil régional. Gérard Onesta devrait obtenir « d’autres responsabilités » dans le cadre de cet accord sur des « pratiques démocratiques partagées et renouvelées ».

Chacun va désormais réunir ses colistiers pendant le week-end, l’accord devant être formellement entériné lundi 21 décembre.

F. Valéry et P. Lagorce

17 Déc

L’élection de Dominique Reynié visée par des recours devant le Conseil d’Etat

La menace planait. Elle se concrétise. D’après nos informations, deux recours viennent d’être déposés devant le Conseil d’Etat contre Dominique Reynié. Ils émanent du sénateur de l’Hérault, Jean-Pierre Grand, et du Front National. Le juge administratif est saisi de la question de son éligibilité. En octobre dernier, le politologue  aveyronnais s’est englué dans une longue et lourde polémique sur son inscription sur les listes électorales et sa domiciliation chez sa mère.

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Dominique Reynié a toujours considéré que l’affaire de son inéligibilité est une pure calomnie. Totalement infondée et fomentée par ses adversaires. Le Conseil d’Etat ne va pas se contenter de cette version des faits. Le Palais-Royal va devoir examiner des pièces qui sont déjà largement sur la place publique : un bail de location, des factures de téléphones et d’eau, une domiciliation bancaire…. Ce faisceau d’éléments doit permettre de vérifier si Dominique Reynié est bien, comme il le prétend, domicilié (au sens juridique du terme) sur la commune d’Ornet-le-Chateau.

La saisine n’a pas d’effet suspensif. Le juge électoral a trois mois pour se prononcer et ,en attendant sa décision, Dominique Reynié va pouvoir siéger au Conseil Régional.

Mais le nouvel élu régional est sur la sellette. L’enregistrement de sa candidature par la préfecture ne vaut pas blanc-seing. En novembre dernier, le préfet de Région, Pascal Mailhos, s’est contenté de constater un fait : Dominique Reynié est inscrit sur les listes électorales. Or c’est cette inscription qui pose question et qui est contestée par les requérants. De plus, d’après nos informations, le préfet de Région n’a pas appuyé sa décision sur une analyse juridique. Le Conseil d’Etat va donc ouvrir le dossier Reynié pour la première fois.

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Une éventuelle déclaration d’inéligibilité ne débouchera pas sur une nouvelle élection régionale. Le juge applique toujours un critère. Celui de l’écart des voix. Dominique Reynié a terminé 24 points derrière le vainqueur du scrutin : Carole Delga. Il a fini en troisième position lors des deux tours de l’élection. Dans ce contexte, une annulation des Régionales est plus qu’improbable. Les 183 collègues de Dominique Reynié (157 candidats et 26 suppléants) peuvent se rassurer.

Si la foudre doit tomber, elle ne frappera que le conseiller régional élu dans l’Aveyron.

Mais, en toute hypothèse, l’épisode judiciaire qui s’ouvre alimente un film noir. Après des scores extrêmement mauvais, une contestation interne qui monte, Dominique Reynié reprend (en pleine tête) le boomerang de son inéligibilité.

Il lui reste toutefois un espoir. Le Conseil d’Etat peut toujours lui donner raison. Ce serait une véritable revanche.

Réponse dans les prochains mois.

Laurent Dubois

 

 

 

15 Déc

Le CESER Midi-Pyrénées demande un plan d’urgence en faveur de l’apprentissage et de l’alternance.

Suite aux déclarations de Manuel Valls sur l’emploi, le Conseil Economique Social et Environnemental Régional et son Président Jean-Louis Chauzy dressent un constat sans concession : « Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées arrive avec le Nord-Pas de Calais-Picardie en tête des régions françaises pour le taux de chômage : 12,5% ».

 

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social régional. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social régional. AFP PHOTO / JACQUES DEMARTHON

552 000 demandeurs d’emplois et des taux de chômage supérieurs à 18% en Ariège et sur le littoral, pour le Ceser la situation est grave. Son plan : optimiser l’apprentissage et l’alternance, deux compétences majeures des régions.

 

L’institution précise que sa proposition remonte à un an déjà et qu’elle avait été décidée entre la Région et l’Etat. Seulement pour l’appliquer correctement, il faudra s’appuyer sur les partenaires économiques, sociaux et associatifs.

11000 jeunes décrochent chaque année

Jean-Louis Chauzy rappelle aussi l’urgence à agir « au moment où plus de 11 000 jeunes par an décrochent du système éducatif avant de décrocher de la société ». Le Conseil qui se revendique « deuxième assemblée régionale » se voit en rassembleur pour mener cette opération d’urgence.

 

Pour parvenir à stopper l’hémorragie, il prône une concertation par filière pour identifier les objectifs de formation et les besoins des entreprises. Le plan devra être décliné à l’échelon des bassins d’emplois. « Ce serait l’occasion de revoir les cartes des formations pour des raisons d’efficacité et de coûts ».

 

Avec cette initiative le Ceser semble vouloir se rappeler au bon souvenir de la nouvelle assemblée élue. Il n’hésite pas pour cela à dresser un bilan du scrutin en forme d’avertissement.

Que le discours politique ne soit plus une langue morte !

« La cartographie des élections des 6 et 13 décembre illustre le cocktail explosif : chômage de masse, précarité, abstentions massives et rejet d’un système qui exclue des milliers d’hommes et de femmes. Défendre la démocratie et la République, c’est aussi et d’abord offrir une perspective à des hommes et des femmes qui n’en ont pas afin que le discours politique ne soit plus une langue morte ! »

 

Le ton est donné.

 

Patrick Noviello

 

 

13 Déc

Gérard Onesta futur président de l’Assemblée Régionale ?

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Les urnes sont encore chaudes et le champagne va couler à flot dans le camp de Carole Delga. Au milieu de la fête, moins de 3 heures après les résultats, Gérard Onesta casse l’ambiance.

Sur le plateau de France 3 Midi-Pyrénées, le leader de Nouveau Monde a lancé un appel qui résonne comme une véritable menace : « nous allons voir si on peut constituer une majorité ».

Visiblement, Gérard Onesta a fait ses comptes. Ses voix ont permis la victoire de la socialiste. Mais ce sont ses sièges qui permettront de gouverner la nouvelle région. D’après les calculs de son entourage Carole Delga ne peut compter que sur une cinquantaine de sièges, dans la nouvelle assemblée la majorité se situera à 80 sièges.

L’allié électoral se transforme en partenaire incontournable. Gérard Onesta parle d’une « victoire par défaut » et de la nécessité d’inventer une nouvelle gouvernance.

Cela ressemble à un programme de gouvernement. Mais aucun détail sur son contenu. Une répartition de l’exécutif n’a pas été abordée lors des négocations d’entre-deux tours. D’après nos informations, seule la question de la présidence a été mise sur la table.

Les propos de Gérard Onesta restent au niveau d’une position de principe. Mais, le message est clair. Le leader de « Nouveau Monde » ne veut pas se contenter de faire élire Carole Delga. Gérard Onesta ne vise pas une vice-présidence pour lui ou ses colistiers.

Ses exigences vont plus loin. D’après nos informations, il pourrait proposer un partage du pouvoir pour le moins original. Un partage dont il a esquissé le schéma au moment de la fusion des régions : un découplage entre la présidence de l’Assemblée et l’exécutif. Une présidence que Gérard Onesta pourrait occuper au nom de Nouveau monde.

Laurent Dubois

11 Déc

[Sondage] Le dernier de la campagne et ultimes commentaires

De l’abondance à la rareté. Avant le 1er tour, plus d’une dizaine de sondages a été publié. En revanche, s’agissant de l’entre-deux tours, le compteur affiche une seule enquête d’opinion. Une étude BVA circule sur les portables. Mais un IFOP est l’unique enquête d’avant 2nd tour publiée en bonne et due forme. Une publication dans la toute dernière ligne droite. Quelques heures avant la clôture de la campagne officielle. 

Le commentaire des sondages obéit à un rituel et à des règles : les écarts et les scores, les progressions et les tendances, la taille de l’échantillon et la date de réalisation.

Mais, de manière beaucoup plus informelle, chaque étude fait également l’objet d’appréciations au coin d’un café, autour d’une table ou au détour d’une conversation. Ces appréciations n’ont rien de « scientifiques ». Elles émanent de collaborateurs politiques ou d’élus. Il faut les prendre pour ce qu’elles sont. De simples opinions. Néanmoins, sans exagérer leurs portées ou leur intérêt, elles donnent la « température ».

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De plus, ces « analyses » et réactions émanent de personnes traînant les semelles sur les marchés ou dans les meetings. L’expérience et le « feeling » ne remplacent pas le scalpel du commentateur « professionnel ». Mais ces « amateurs » éclairés ont un atout sur le sondeur ou le politologue : la fréquentation du terrain et du landerneau politique . 

Petit florilège de commentaires.

Un consensus se forme autour de l’écart de voix entre Carole Delga et Louis Aliot.

Le sondage de l’IFOP pointe un écart de 8 points. Au PS comme à droite, on ne croit pas à un tel chiffre. Un responsable centriste déclare : « un écart de 8 points cela veut dire que Reynié remonte et passe à 22 points. C’est contraire au ressenti que j’ai. Personnellement, je ressens plutôt un effondrement. Je ne vois pas comment Reynié peut récupérer des électeurs chez les abstentionnistes ou même chez Aliot. Moi je le mets plutôt à 15 ou 16. Pour son meeting à Toulouse, il a du mal à remplir sa salle et il monterait dans les urnes. Je n’y crois pas ».

Un élu de gauche est sur la même ligne.  » Cela va être serré entre Carole et Aliot. Le sondage pointe un renforcement du PS en Midi-Pyrénées. C’est crédible car il peut y avoir une mobilisation de la gauche face au FN. Mais côté Languedoc Aliot peut continuer à monter. En plus on ne sait absolument pas comment vont se reporter les voix de Gérard Onesta. On me dit que les taux de report sont très bons. Mais j’attends aussi beaucoup de gens qui ne veulent pas voter socialiste. En tout cas, c’est bien que le sondage de Baylet ne sorte pas un écart trop important. Cela pourrait démobiliser ».

Un autre élu de gauche est plus optimiste. « Il y a de nombreuses procurations et je pense qu’elles traduisent une mobilisation anti-FN. Nous avons fait de bons scores sur Toulouse et Montpellier. On peut passer la barre des 50 points dans les deux plus grandes villes de la Région. Un écart de 8 points c’est peut-être trop optimiste. Mais je crois que Carole peut profiter d’une dynamique ».

Autre consensus. Le sondage IFOP montre que le maintien de Dominique Reynié fait perdre le FN. Un colistier de Carole Delga est formel : « sans Dominique Reynié, il est évident que le FN gagne largement.Il gèle des voix. Nous avons évité deux dangers mortels : un quadrangulaire avec Gérard Onesta et un retrait de Dominique Reynié. Dans les deux cas, on était cuit ».

A droite, un responsable Républicain déclare : « Dominique Reynié a eu totalement raison de se maintenir. Les centristes qui ont demandé son retrait sont complètement à côté de la plaque. Il n’ont rien compris. Notre électorat veut se débarrasser de la gauche, des Pinel et Delga. Il se serait reporter massivement sur Aliot. Tous les jours j’entends des sympathisants qui me disent qu’ils vont voter Aliot car il est le mieux placer pour virer la gauche. Alors imaginez si Reynié n’était pas resté en piste. Cela aurait un raz de marée ».

Laurent Dubois

 

08 Déc

Et la Fusion on en parle quand ?!!

Les scores défilent et le temps file. Les résultats du 1er tour tournent en boucle et le verdict du 2nd est une affaire de jours. Mais, pendant que les élections accaparent toute la lumière, un sujet capital reste dans l’ombre. La Fusion est éclipsée par la bataille électorale. Une éclipse toute relative. Dans les couloirs de l’Hotel de Région la question devient brulante. 

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Drôle de paradoxe.

Les élections régionales sont totalement conditionnées par la fusion de Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Politiquement, nous avons déjà basculé dans une Grande Région à 13 départements. Mais la question de la fusion (effective au 1er janvier prochain) reste étonnement absente de l’actualité. Pas de débat entre les candidats. Aucune proposition véritable et une absente abyssale de vision.

En revanche, les premiers concernés ont bien la fusion en tête. Et côté midi-pyrénéen, le moral n’est pas au beau fixe. Dans les services de l’Hotel de Région, à Toulouse, la fusion est vécue comme une échéance improbable. Obligation de réserve oblige, les propos restent confiner à la machine à café ou tables de la cantine. Mais ils se résument à une formule parlante : « le français est la seule langue que nous avons en commun avec les languedociens ».

Une préoccupation revient en boucle : l’objectivité et la gestion des carrières. En Midi-Pyrénées, des règles encadrent les évolutions de carrière et les augmentations salariales. Du côté de Montpellier, ce sont les syndicats qui coupent et qui tranchent. Copinage et réseaux sont la règle.

Cette vision des choses est peut-être caricaturale. Mais elle est majoritaire au Conseil Régional.

Dans les services financiers, une préoccupation supplémentaire se rajoute. A la fusion des personnels s’ajoute la fusion de la dette. Un cadre soulève la question du classement de la dette : « en Midi-Pyrénées la dette est classée en catégorie A. Une dette saine. En Languedoc, il existe de la dette A mais aussi une dette classée B ou C et même D. Une dette toxique. Et les candidats n’en parlent pas. Je veux bien que ce soit un sujet aride et pas populaire mais c’est un sujet essentiel ».

Laurent Dubois

 

Fusion des listes « Onesta-Delga » : l’étrange parcours des candidats « volants »

Des candidats volants. Ce sont les drôles de créatures issues de la fusion « Onesta-Delga ». Depuis ce soir, mardi 8 décembre à 18 heures, une nouvelle liste est née. Elle est issue d’un rapprochement des deux listes de gauche ayant passé la barre (fatidique) des 5% des suffrages exprimés. Une barre permettant de fusionner. Cette liste « fusionnée » contient une « bizarrerie » épinglée sur Twitter. Des candidats présents au 1er tour dans un département s’envolent vers un autre territoire au 2nd. Simple anecdote ou vrai tour de passe-passe ? Réponse.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Un abonné de twitter ne s’est pas endormi sur son clavier et reste fidèle à un précepte de base : les réseaux sociaux veillent et surveillent. L’encre de la liste Delga-Onesta à peine sèche, un tweet fait dans la douche froide et dénonce une manoeuvre. Un candidat « Nouveau Monde » change d’univers électoral. Il passe du Tarn-et-Garonne au département voisin (dans lequel coule toujours le même fleuve) de la Haute-Garonne.

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Serge Regourd (tête de liste de Gérard Onesta dans le département des « Tontons-Fingleurs ») n’est pas le seul à  changer de terre d’élection. Une autre tête de liste déménage du Gers et pose ses valises dans l’Hérault. Pour un spécialistes des élections, aucun problème. 

Il est parfaitement possible de changer de département entre les deux tours. On peut changer l’ordre de classement. Un candidat peut gagner ou perdre 10 places. D’ailleurs, de mémoire, en 2010, Carole Delga a gagné une dizaine de places entre les deux tours. Mais un candidat peut également changer de département à condition qu’il ait été candidat au 1er tour. Bien évidemment. Et en respectant bien sur la parité puisqu’elle est exigée par la loi électorale.

Du côté du Code Electoral, il n’y a rien à dire.

Mais impossible de ne pas redire une évidence…politique. Un déménagement peut permettre de résoudre un blocage. On déplace un candidat car la place n’est pas disponible. Mais, comme c’est le cas pour Serge Regourd dans le Tarn-et-Garonne, une « exfiltration » permet également d’assurer l »éligibilité d’un « protégé ». Dans le département de Sylvia Pinel, les places éligibles sont très chères. Des places chères et plus que protégées : réservées. Impossible de déplacer la ministre de Jean-Michel Baylet et le PS ne peut pas lâcher la 2eme position. C’est la dernière place éventuellement éligible (à partir de la 3ème, l’échec est garanti) et les socialistes se sont suffisamment sacrifiés pour les radicaux de gauche. S’il faut en plus que les camarades de Carole Delga tendent le cou pour les amis de Gérard Onesta…

Bref, dans ce contexte, une délocalisation de Serge Regourd était la seule « assurance vie » possible.

D’un point de vue purement pragmatique, c’est parfaitement compréhensible.

Du côté de l’opinion publique, c’est une autre histoire.

Laurent Dubois

07 Déc

Fusion des listes Onesta-Delga : les 2 principales victimes en Haute-Garonne

Une nuit de négociation et une matinée de finalisation. Dans la foulée des résultats du 1er tour, dimanche 6 décembre, Carole Delga et Gérard Onesta ont lancé le chantier de la fusion. Vers 23 heures, le leader de Nouveau Monde attendait toujours un top départ. Mais une fois autour de la table, le marathon s’est conclu plutôt rapidement. Aux alentours de midi, lundi 7 décembre, la fumée blanche est sortie et la perspective d’une conférence de presse est annoncée. D’après nos informations, dans la foulée, la nouvelle liste (issue de la fusion) a été dépôsée en Préfecture.

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

Gérard Onesta et Carole Delga photo @FabriceValery/France3

En Haute-Garonne, deux noms retiennent l’attention.

Un brille par son absence. Il s’agit de Patrick Jimena.

Un autre se signale par une glissade de la 14eme à la 24eme place. Bernard Keller est la victime de cette chute « fatale ».

Patrick Jimena disparait de la liste des Régionales. Il était en 9eme position avant le 1er tour. D’après nos informations, il est exclu du sprint final. L’intéressé prend la chose avec philosophie : « je ne suis pas quelqu’un qui s’accroche aux branches ». Mais l’élu columérien ajoute : « d’un point de vue stratégique, ce n’est peut-être pas très judicieux de se priver de la deuxième ville de Haute-Garonne. Je suis membre de l’opposition PS à la mairie, je ne sais pas si cela a pu jouer ».

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Lors des municipales 2014, Patrick Jimena a manqué remporter et emporter la mairie de Colomiers. Un bastion du PS. Moins de 200 voix d’écart on permis la victoire de la socialiste Karine Traval-Michelet. La bataille politique a été âpre. Elle s’est même continuée sur le terrain judiciaire par un recours en annulation. Depuis l’adversaire socialiste de Patrick Jimena est  devenue la directrice de campagne d’une autre socialiste : Carole Delga.

Sur Colombiers, au 1er tour, la liste de Gérard Onesta a obtenu 16 points. Mais, visiblement, cela n’a pas suffit à sauver Patrick Jimena.

Sur le papier, le maire PRG de Blagnac, Bernard Keller a plus de chance que son « voisin » columérien. Mais ce n’est qu’une apparence. Le radical de gauche figure encore sur le document déposé en préfecture. Néanmoins sa relégation en 24eme position équivaut à un « trappage ».

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Avant le grand « bonneteau » de la fusion des listes, Bernard Keller était confiant. Il estimait que sa 14eme place était « verrouillée ». Les faits lui donnent tort. Il entre dans la zone « fatidique » des places inéligibles. En 2010, avec un score de 60% en Haute-Garonne, Martin Malvy a repêché la 28eme candidate sur sa liste.

Pour sauver le radical Keller, Carole Delga devrait dépasser la barre des 40%. C’est loin d’être évident.

Il faudrait même un petit « miracle ».

Selon nos informations, Bernard Keller est lucide et a bien compris les choses.

D’après un de ses proches, il ne décolère pas.

Les infortunes d’entre deux tours du radical risquent toutefois de faire un « heureux » : le patron du PRG.

Jean-Michel Baylet était opposé (au nom d’une vielle rivalité) à une candidature aux Régionales du maire de Blagnac.

Laurent Dubois