Le scénario était prévisible. Mais il se réalise moins de 24 heures après la fin du second tour. L’échec de Dominique Reynié vire au droit d’inventaire. Son mauvais score au 1er tour le condamnait à la défaite. Mais l’ampleur et la profondeur du revers débouche sur une critique quasi immédiate de la tête de liste régionale des Républicains.
Sur l’antenne de France 3 Midi-Pyrénées, le soir des résultats, Brigitte Barèges et Vincent Terrail-Novès ont déploré une campagne pas assez à droite pour faire face au Front National. L’allusion est transparente. Mais les apparences sont sauves. La critique ne ciblait pas ouvertement le candidat Reynié.
En revanche, du côté de Bernard Carayon, l’attaque est frontale. C’est le premier acte d’un troisième tour qui se prépare et s’annonce sanglant : la présidence du groupe de la droite à la Région.
Dans un communiqué de presse, Bernard Carayon analyse les causes de la défaite électorale de son camp. Mais, surtout, il pointe du doigt une erreur de casting :
« La défaite de Dominique Reynié est humiliante : son résultat est pire encore que celui de Brigitte Barèges en 2010. C’est aussi le plus mauvais de France. Son score, par exemple, à Toulouse (22%), notre capitale régionale, loin de refléter la popularité de Jean-Luc Moudenc, traduit bien l’échec personnel de notre candidat. C’est aussi l’échec d’un représentant de la « société civile » à laquelle certains prêtaient la vertu de la nouveauté et la capacité à mobiliser les abstentionnistes, visiblement ignorées des électeurs ».
Les mots sont clairs et tranchants. En coulisses, dans les rangs Républicains et Centristes, les propos tenus ne sont pas plus cléments. Mais, à la différence de ses camarades, Bernard Carayon le dit publiquement. Le timing et la forme choisie (un communiqué de presse) ne sont évidemment pas neutres. Le maire de Lavaur prend date. Il se positionne dans la perspective de l’élection du futur président de groupe à la Région. Dominique Reynié a annoncé son ambition. Il brigue la présidence de groupe. Mais, sur sa route, il va trouver Bernard Carayon.
Dans l’entre-deux tours, des tractations téléphoniques et des contacts sont allés dans ce sens.Du côté de Bernard Carayon et de ses soutiens, on a commencé à compter les divisions et à comptabiliser les voix. Cette préparation du terrain n’a pas attendu le résultat des urnes pour être lancée. Il faut dire que les résultats étaient prévisibles.
Mais le match « Reynié-Carayon » peut également être réglé par une scission. Il ne sera pas forcément nécessaire de lancer une campagne interne et de dépouiller des bulletins. D’un fauteuil pour deux, on peut parfaitement passer à deux présidences pour deux…groupes. En Midi-Pyrénées, cette formule a déjà existé dans le passé. Elle pourrait bien retrouver une actualité… cuisante.
Laurent Dubois