La menace planait. Elle se concrétise. D’après nos informations, deux recours viennent d’être déposés devant le Conseil d’Etat contre Dominique Reynié. Ils émanent du sénateur de l’Hérault, Jean-Pierre Grand, et du Front National. Le juge administratif est saisi de la question de son éligibilité. En octobre dernier, le politologue aveyronnais s’est englué dans une longue et lourde polémique sur son inscription sur les listes électorales et sa domiciliation chez sa mère.
Dominique Reynié a toujours considéré que l’affaire de son inéligibilité est une pure calomnie. Totalement infondée et fomentée par ses adversaires. Le Conseil d’Etat ne va pas se contenter de cette version des faits. Le Palais-Royal va devoir examiner des pièces qui sont déjà largement sur la place publique : un bail de location, des factures de téléphones et d’eau, une domiciliation bancaire…. Ce faisceau d’éléments doit permettre de vérifier si Dominique Reynié est bien, comme il le prétend, domicilié (au sens juridique du terme) sur la commune d’Ornet-le-Chateau.
La saisine n’a pas d’effet suspensif. Le juge électoral a trois mois pour se prononcer et ,en attendant sa décision, Dominique Reynié va pouvoir siéger au Conseil Régional.
Mais le nouvel élu régional est sur la sellette. L’enregistrement de sa candidature par la préfecture ne vaut pas blanc-seing. En novembre dernier, le préfet de Région, Pascal Mailhos, s’est contenté de constater un fait : Dominique Reynié est inscrit sur les listes électorales. Or c’est cette inscription qui pose question et qui est contestée par les requérants. De plus, d’après nos informations, le préfet de Région n’a pas appuyé sa décision sur une analyse juridique. Le Conseil d’Etat va donc ouvrir le dossier Reynié pour la première fois.
Une éventuelle déclaration d’inéligibilité ne débouchera pas sur une nouvelle élection régionale. Le juge applique toujours un critère. Celui de l’écart des voix. Dominique Reynié a terminé 24 points derrière le vainqueur du scrutin : Carole Delga. Il a fini en troisième position lors des deux tours de l’élection. Dans ce contexte, une annulation des Régionales est plus qu’improbable. Les 183 collègues de Dominique Reynié (157 candidats et 26 suppléants) peuvent se rassurer.
Si la foudre doit tomber, elle ne frappera que le conseiller régional élu dans l’Aveyron.
Mais, en toute hypothèse, l’épisode judiciaire qui s’ouvre alimente un film noir. Après des scores extrêmement mauvais, une contestation interne qui monte, Dominique Reynié reprend (en pleine tête) le boomerang de son inéligibilité.
Il lui reste toutefois un espoir. Le Conseil d’Etat peut toujours lui donner raison. Ce serait une véritable revanche.
Réponse dans les prochains mois.
Laurent Dubois