08 Déc

Fusion des listes « Onesta-Delga » : l’étrange parcours des candidats « volants »

Des candidats volants. Ce sont les drôles de créatures issues de la fusion « Onesta-Delga ». Depuis ce soir, mardi 8 décembre à 18 heures, une nouvelle liste est née. Elle est issue d’un rapprochement des deux listes de gauche ayant passé la barre (fatidique) des 5% des suffrages exprimés. Une barre permettant de fusionner. Cette liste « fusionnée » contient une « bizarrerie » épinglée sur Twitter. Des candidats présents au 1er tour dans un département s’envolent vers un autre territoire au 2nd. Simple anecdote ou vrai tour de passe-passe ? Réponse.

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Carole Delga et Gérard Onesta (photo : AFP)

Un abonné de twitter ne s’est pas endormi sur son clavier et reste fidèle à un précepte de base : les réseaux sociaux veillent et surveillent. L’encre de la liste Delga-Onesta à peine sèche, un tweet fait dans la douche froide et dénonce une manoeuvre. Un candidat « Nouveau Monde » change d’univers électoral. Il passe du Tarn-et-Garonne au département voisin (dans lequel coule toujours le même fleuve) de la Haute-Garonne.

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Serge Regourd (tête de liste de Gérard Onesta dans le département des « Tontons-Fingleurs ») n’est pas le seul à  changer de terre d’élection. Une autre tête de liste déménage du Gers et pose ses valises dans l’Hérault. Pour un spécialistes des élections, aucun problème. 

Il est parfaitement possible de changer de département entre les deux tours. On peut changer l’ordre de classement. Un candidat peut gagner ou perdre 10 places. D’ailleurs, de mémoire, en 2010, Carole Delga a gagné une dizaine de places entre les deux tours. Mais un candidat peut également changer de département à condition qu’il ait été candidat au 1er tour. Bien évidemment. Et en respectant bien sur la parité puisqu’elle est exigée par la loi électorale.

Du côté du Code Electoral, il n’y a rien à dire.

Mais impossible de ne pas redire une évidence…politique. Un déménagement peut permettre de résoudre un blocage. On déplace un candidat car la place n’est pas disponible. Mais, comme c’est le cas pour Serge Regourd dans le Tarn-et-Garonne, une « exfiltration » permet également d’assurer l »éligibilité d’un « protégé ». Dans le département de Sylvia Pinel, les places éligibles sont très chères. Des places chères et plus que protégées : réservées. Impossible de déplacer la ministre de Jean-Michel Baylet et le PS ne peut pas lâcher la 2eme position. C’est la dernière place éventuellement éligible (à partir de la 3ème, l’échec est garanti) et les socialistes se sont suffisamment sacrifiés pour les radicaux de gauche. S’il faut en plus que les camarades de Carole Delga tendent le cou pour les amis de Gérard Onesta…

Bref, dans ce contexte, une délocalisation de Serge Regourd était la seule « assurance vie » possible.

D’un point de vue purement pragmatique, c’est parfaitement compréhensible.

Du côté de l’opinion publique, c’est une autre histoire.

Laurent Dubois