Elus, directeurs d’institutions publiques, acteurs du monde de l’entreprise, du milieu associatif et sportif, représentants des cultes. Martin Malvy les avaient tous conviés hier soir à l’Hôtel de Région, officiellement à « l’occasion de la clôture de la mandature 2010-2015 ». Plutôt une manière de leur dire « au revoir et merci ».
Les discours d’adieu ne sont souvent pas les plus brillants. Martin Malvy le reconnaît lui-même à l’issue de son énoncé. Mais ces discours-là sont sans doute les plus difficiles à prononcer et les plus émouvants aussi. Tout à coup, alors qu’il a bien entamé sa « conclusion », le président de région sortant marque une pause. Le rhume qui voile sa voix depuis quelques jours n’est pas le seul responsable, une larme parcourt son visage. Les secondes qui s’écoulent sont lourdes. L’assistance, saisie, lance une salve d’applaudissements.
Etre utile
Martin Malvy reprend ses esprits : « si ce que j’ai cherché à faire avec ceux qui furent mes compagnons de route a pu être utile, alors je m’absenterai satisfait ». Et le président sortant de ne pas demander de la reconnaissance mais « un peu d’estime » qui « au terme d’un parcours vaut toutes les récompenses ». Ce sera le seul moment de ce long discours où le socialiste lotois fendra l’armure parce que pour le reste, l’animal politique est toujours là.
Dès le début de l’allocution, Martin Malvy rappelle le moment historique que sont en train de traverser nos régions : « ce que nous sommes en train de vivre ne se reproduira pas de sitôt ». Et de dénoncer le pessimisme ambiant, le « c’était mieux avant » qui « veut que toute réforme soit vouée à l’échec ». Il croit en cette nouvelle carte de France et le répète à l’envie.
Carole Delga au premier rang
Celui qui présidera encore jusqu’au 4 janvier martèle aussi les faits marquants de son bilan (le plan rail, la création du Sisqa…) Il parle d’une région visionnaire qui a su coller aux priorités nouvelles comme l’environnement. Il revient sur les 200 agents territoriaux à la création de Midi-Pyrénées aux 3400 actuels, preuve concrète selon lui d’une réelle décentralisation et non d’une gabegie. Il rappelle également à une Carole Delga, toute ouïe au premier rang, la salve de projets en cours qu’il faudra mener à bien. Même message de vigilance adressé au Préfet concernant les Contrats de Plan Etat Régions attendus pour continuer à financer la rénovation des universités.
Et puis sur le terrain plus politique encore il cherche Gérard Onesta dans la salle tout en insistant sur le devoir de travailler ensemble, notamment pour une majorité : « On ne décide jamais seul ». Martin Malvy sait pertinemment que le leader de « Nouveau Monde » (EELV et FG) sort à peine d’un nouveau round de négociation avec Carole Delga. Dans l’assistance aussi, d’autres partenaires, ceux du PRG emmenés par Jean-Michel Baylet, Sylvia Pinel ou encore Didier Codorniou.
Catastrophes et beaux gestes
Egalement dans le public des directeurs d’établissements de santé qui entendent Martin Malvy se remémorer les catastrophes auxquelles il a assisté sous ses différents mandats : AZF, l’affaire Mérah… Mais ces drames humains comme la fermeture de l’usine Molex à Villemur-sur-Tarn et bien d’autres entreprises. Mais il y eut aussi « des beaux gestes » tempère-t-il. Face à tout cela, mais pas seulement, « ce qu’on a pu faire un jour et qu’on a alors cru majeur sera oublié. Ainsi va la chose publique » nuance celui qui s’apprête à laisser la place.
Martin Malvy dit partir « sans nostalgie » et assure qu’il continuera à suivre la vie politique locale restant évasif et malicieux sur le rôle qu’il pourrait y jouer ou pas. Dans une période trouble pour le pays, il en appellera à ne pas oublier la jeunesse et cette phrase qu’il a faite graver sous un buste de Jaurès à l’entrée de l’hôtel de région : « Il n’y a qu’une race, l’humanité ».
Martin Malvy ne s’en va pas encore tout à fait, il sera le premier président de la nouvelle grande région qui naitra officiellement le premier janvier. Son successeur sera élu quatre jours plus tard.
Patrick Noviello