Depuis l’affaire Fillon, les collaborateurs parlementaires sont sous les projecteurs. Une liste doit être publiée par l’Assemblée. Mais, en Occitanie, des député(e)s ont fait leur choix.
Soupçon d’emplois fictifs. Recrutement d’enfants ou de conjoint(e)s. Les collaborateurs parlementaires ont défrayé l’actualité ces derniers mois. L’affaire Fillon est à l’origine d’un grand déballage. L’Occitanie n’a pas échappé à cette « lessiveuse » avec, notamment, des doutes sur l’assistant familial d’une ancienne députée du Lot. Pour lutter contre des dérives, Emmanuel Macron a promis, pendant la campagne présidentielle, d’interdire les emplois familiaux. Le texte est actuellement en discussion au Sénat.
Des interrogations autour des recrutements en amis
Sans attendre une réforme législative, l’Assemblée a rendu public, en plein Pénélope Gate, les noms des collaborateurs de la XIVe législature. S’agissant des nouveaux député(e)s et de la nouvelle législature, il va falloir attendre quelques semaines. Les noms des assistants seront mis en ligne avant la fin de l’été. Autrement dit, la transparence interviendra plusieurs mois après l’élection de l’Assemblée 2017-2022. Cela peut paraître long. Mais, comme le précise, un député de la majorité, « les services sont débordés et justifient un certain flottement par l’arrivée massive de nouveaux députés ».
Une autre source parlementaire estime que la divulgation du nom des collaborateurs est « noyée » sous des problèmes pratico-pratiques : l’attribution des bureaux.
A priori, l’identité des assistants parlementaires est moins sensible qu’autrefois. Le vote imminent d’une loi anti-emploi familiaux rend la transparence moins stratégique. Après l’affaire Fillon et avant l’élection d’Emmanuel Macron, le patronyme permettait d’identifier « la femme ou le mari de…. », la fille ou le fils. La pratique du fiston ou de la conjointe doit être prochainement encadrée.
Dans ce contexte, la publicité autour des assistants parlementaires semble perdre de son intérêt. Mais ce n’est pas évident.
La loi n’est pas encore votée et des pratiques peuvent perdurer. Mais, surtout, l’adoption de la loi peut laisser en suspens des problèmes. C’est notamment le cas des « emplois croisés ». Le » tu emploies ma fille, j’embauche ta femme » peut être un moyen de contourner la future barrière juridique. Dans le projet gouvernemental, les recrutements croisés sont encadrés. Un encadrement relatif. Les conjoints ou enfants d’un(e) député(e) employé(e) par un(e) autre parlementaire doivent simplement figurer dans la déclaration d’intérêt déposée auprès de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique.
Le problème des beaux-fils ou des belles filles est également en suspens. S’agit-il d’emplois familiaux et qui, à ce titre, sont interdits ou seuls les liens du sang sont-ils visés ?
Il faut attendre la fin des travaux législatifs pour connaître la réponse. Mais le projet de loi ne prévoyait rien s’agissant des belles familles. Seuls les descendants, les ascendants et les conjoints sont visés. Les parlementaires vont-ils durcir le cadre ?
En attendant la loi, des recrutements dans le Tarn et Haute-Garonne
En attendant ces éclaircissements, la connaissance de l’identité des collaborateurs parlementaires permettrait de savoir si les nouveaux député(e)s ont « intériorisés » les leçons de l’affaire Fillon. En l’absence de communication officielle de l’Assemblée, France 3 Occitanie a contacté plusieurs député(e)s d’Occitanie pour leur demander le nom et le profil de leurs assistants.
La députée (LREM) de la Haute-Garonne, Monique Iborra précise qu’elle a recruté 3 emplois à temps complet. Une secrétaire et une assistante en circonscription, une collaboratrice à Paris. Députée sortante, Monique Iborra a reconduit son équipe. Peu de temps avant la fin de son précédent mandat, Monique Iborra a arrêté sa collaboration avec sa fille. C’est le staff issu de ce remaniement qui rempile. La député du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault a également bouclé son équipe. Elle continue avec les mêmes collaborateurs.
En revanche, les nouveaux élus sont toujours en recherche de collaborateurs. Les candidatures ne manquent pas. Elles sont nombreuses et correspondent, selon une députée, à des profils. Mais ce vivier ne suffit visiblement à boucler les recrutements. Dans le Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas (LREM) déclare :
Pour l’instant, je n’ai contractualisé qu’avec la personne sur Paris. Pour les deux autres sur ma circonscription, je suis en train de finaliser et ne peux donc rien avancer
Toujours dans le Tarn, le député (LREM) Jean Terlier est également en train de boucler son staff et joue la transparence :
Je n’ai pas encore finalisé le recrutement de mes collaborateurs. Je communiquerai leur CV dès que cela sera fait
Selon nos informations, plusieurs nouveaux député(e)s envisageraient de recruter comme assistant leur suppléant. Ce serait notamment le cas de trois député(e)s LREM de la Haute-Garonne, Sandrine Mörch, Mickaël Nogal et Corinne Vignon. Cette formule pourrait se heurter à la loi sur le rétablissement de la confiance publique. Ce jeudi 6 juillet, le groupe LR au Sénat vient de déposer un amendement afin d’interdire le recrutement des suppléants.
Laurent Dubois (@laurentdub)