Un an après sa création, le groupe Union des Elus de la Droite et du Centre est en mode « service minimum ». Des tweets, des communiqués de presse et parfois des coups d’éclats. Mais l’opposition régionale manque de souffle et de visibilité. La disparition brutale de l’ancien président de groupe, Dominique Reynié, peut expliquer cette léthargie. Néanmoins, c’est une raison politique qui est déterminante. Deux conceptions de l’opposition s’opposent. Des élus du groupe plaident pour un choc frontal et direct. D’autres sont adeptes d’un style plus soft.
Séance plénière à Montpellier. Sur consigne de son président, Christophe Rivenq, l’opposition quitte la salle. Comparé au Front National (principale force d’opposition dans l’hémicycle Régional), ce geste reste bon enfant. Mais cela prouve que la droite et le centre savent donner de la voix. Ce coup d’éclat reste toutefois exceptionnel. S’agissant d’une action au long cours, c’est plutôt morne plaine. Dans l’ancienne région Midi-Pyrénées, l’opposition au socialiste Martin Malvy menait une bataille rangée. Y compris sur le terrain judiciaire.
Ce sont deux élus d’opposition qui sont à l’origine de l’affaire AWF. Une affaire impliquant le conseil régional et ayant découché sur la démission du ministre Kader Arif et l’ouverture d’une information judiciaire.
Dans la nouvelle Grande Région, la nouvelle opposition est beaucoup plus timide. Un seul exemple. La presse a révélé l’existence d’un marché entre le groupe de presse de Jean-Michel Baylet et la Région Occitanie. Malgré un vrai tohu-bohu médiatique, le communiqué de presse est sorti tardivement. Selon nos informations, l’opposition de droite a manqué ne pas réagir publiquement. Le président du groupe, Christophe Rivenq, aurait invoqué un risque (juridique) de diffamation. Le dossier étant sur la place publique, le risque était totalement virtuel et même inexistant. La prudence traduisait en réalité une réticence.
Pour un élu régional, l’exemple du marché entre la Région et le groupe La Dépêche du Midi révèle une vraie différence (culturelle). Et même une véritable divergence sur le fond. Les conseillers régionaux ex-Languedociens seraient des adeptes d’une opposition light. Moins active et agressive que celle prônée par leurs collègues ex-Midi-Pyrénéens. Une autre source ajoute un élément conjoncturel. L’opposition (musclée) de l’époque Malvy reposait sur une task-force. Notamment un secrétaire général affûté. Ancien Directeur Général de Service de plusieurs collectivités, Jean-Pierre Villespy disposait d’une capacité d’expertise. Sans cette cheville ouvrière, l’affaire AWF et d’autres patates chaudes seraient restées au frigo.
Un responsable du Centre met également en avant le président de groupe :
On n’a pas de chef. Rivenq devrait être dans la presse régionale deux ou trois fois par semaine ».
Un responsable de la droite est franchement incisif et pointe une proximité entre le directeur de cabinet de Carole Delga, Laurent Blondiau, et le patron de la droite régionale.
La discrétion médiatique de Christophe Rivenq peut se justifier par un agenda surchargé. En effet, le président de groupe cumule plusieurs casquettes. Conseiller régional, chef de cabinet de la mairie d’Alès, directeur général de services d’une commune et d’une agglomération. A gauche, le président du groupe PS cumule mandat régional et de député. S’agissant de Christophe Rivenq ce ne sont pas les mandats qui s’additionnent mais les fonctions qui s’empilent.
Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, son entourage dément l’idée d’un président en sous-régime :
Christophe Rivenq a des contacts quotidiens avec le groupe. Il commence ses journées très tôt et reste joignable très tard. A la différence de Dominique Reynié, il connaît très bien les dossiers locaux. Il organise des réunions avant chaque commission sectorielle et chaque assemblée plénière. Il a organisé aussi des séminaires de travail, avec des actions de formation, pour les élus et un séminaire de travail pour les collaborateurs.
Comme la majorité, l’opposition de droite essuie les plâtres d’une Région forte de 13 départements et qui ne facilite pas les contacts entre les élus. Des élus issus d’horizons différents et qui ne partagent ni la même culture politique ni la même histoire. Avec le temps, l’approche ex-Midi-Pyrénéenne d’une opposition frontale finira peut-être par l’emporter.
Rendez-vous dans un an, pour le second anniversaire.
Laurent Dubois (@laurentdub)