Au menu (de Noël) :
- les Radicaux, sitôt ré-unis, déjà séparés
- Jean-Luc Moudenc pourra-t-il rester aux Républicains, désormais présidés par Laurent Wauquiez ?
- le bilan des trois jours d’Edouard Philippe dans le Lot
15 Déc
14 Déc
La députée européenne de l’Hérault, Virginie Rozière, crée le mouvement « Les Radicaux de Gauche ». Cette création intervient après la disparition du parti Radical de Gauche.
La parlementaire de l’Hérault n’a jamais caché son hostilité à une fusion entre radicaux de gauche et de droite. Des paroles, Virginie Rozière, passe aux actes. La députée européenne justifie clairement la création de son nouveau mouvement par la réunification des radicaux : Ce samedi 9 décembre, le parti radical de gauche (PRG) a disparu. Né d’un schisme avec l’aile droite des radicaux en 1972, le PRG a cessé d’exister suite à une reconstitution de la famille radicale. Après 45 ans d’existence, le parti des radicaux des gauche a été absorbé dans une fusion avec les anciens rivaux « Valoisiens ». Et, pourtant, ce jeudi 14 décembre, cinq jours après la disparition du PRG, les « radicaux de gauche » renaissent. La député européenne, Virginie Rozière, lance le mouvement « Les Radicaux de Gauche ».
Cette création (ndlr : du mouvement « Les Radicaux de Gauche ») fait suite à la fusion du Parti Radical de Gauche et du Parti Radical Valoisien, officialisée lors du congrès de réunification du 9 décembre dernier
Virginie Rozière revendique un positionnement à gauche. La députée européenne estime que le « centrisme », désormais revendiquer par ses ex-camarades du PRG, n’est pas conforme au radicalisme. Virginie Rozière se réclame des « valeurs historiques du PRG : européenne, de gauche, laïque, ouverte, soucieuse de l’humain, ferme sur ses racines« . Virginie Rozière partage la présidence des « Radicaux de Gauche » avec une autre figure de l’ex-PRG, Stéphane Saint-André.
Virginie Rozière et Stéphane Saint-André revendiquent « une cinquantaine d’élus, militants et cadres de l’ex PRG ».
Laurent Dubois (@laurentdub)
La présidente de la région Occitanie réagit à la délocalisation de Matignon et d’Edouard Philippe dans le Lot. Carole Delga livre son opinion sur cette initiative et met en garde contre le risque d’un « coup de com' » qui aggraverait la colère et la défiance des élus envers le gouvernement. Mais l’ancienne ministre propose également à Emmanuel Macron d’ouvrir un grand débat sur un nouvel élan « décentralisateur ».
Le Blog Politique. Que pensez-vous de l’idée de la venue du premier ministre, Edouard Philippe, dans le Lot durant 3 jours ?
Carole Delga. Par nature, j’apprécie tout ce qui favorise une proximité plus grande avec les citoyens. Vous le savez, je crois en la République des Territoires, celle qui fortifie la République une et indivisible . C’est ce que j’ai d’ailleurs dit lors de la table ronde organisée avec le Premier ministre. Si le rôle de l’Etat est selon moi de fixer des ambitions fortes au niveau national, l’échelle locale, et notamment régionale, permet de rendre concret ces politiques. Economie, transition énergétique, formation professionnelle, mobilités… La Région peut être l’organisatrice efficace de ces politiques vitales pour l’avenir du pays. Il faut vraiment changer de logiciel entre l’Etat et les territoires, sinon beaucoup de choses décidées depuis Paris, restent des slogans.
Il faut changer de logiciel entre l’Etat et les territoires
Le Blog Politique. La venue d’Edouard Philippe est une bonne idée ou coup de com ?
Carole Delga. J’espère que ce n’est pas un coup de com’ sinon cela ne fera qu’augmenter la colère et la défiance des élus, des citoyens, déjà échaudés par certaines décisions venues d’en haut et mal vécues parce que sans aucun dialogue préalable. Nous sommes en 2017 et il serait temps que chacun admette, à Paris, qu’on ne gère plus le pays comme dans les années 60. La question des mobilités (trains du quotidien, LGV, routes) en est l’illustration : les décisions se prendraient d’en haut avec uniquement une logique comptable ? les concitoyens, les élus que je rencontre chaque jour, ne le comprennent plus , ne le supportent plus.
« J’espère que ce n’est pas un coup de com’ sinon cela ne fera qu’augmenter la colère et la défiance des élus
Le Blog Politique. Les Régions ont claqué la porte de la Conférence nationale des territoires. Le dialogue est-il rompu avec le gouvernement ?
Carole Delga. Des engagements n’ont pas été tenus en matière budgétaire. Notamment les 450 millions d’euros pour les régions inscrits dans la Loi de Finances 2017, rayés d’un simple trait de plume, sans discussion. Ce trou d’air budgétaire ne sera pas sans conséquence sur les politiques que nous menons. Pour la Région Occitanie, on parle d’un total de 50 millions d’euros ! Je vous laisse imaginer ce que cela pourrait représenter, par exemple, en nombre d’entreprises qui seront moins aidées, d’aides concrètes à des projets structurants du territoire qui seront diminuées, si justement cette majorité régionale ne faisait pas le choix clair de l’investissement… Je suis évidemment pour le dialogue et la co-construction, mais cela veut dire abandonner l’idée de mise sous tutelle des collectivités, accepter que les Régions pilotent dans la proximité un certain nombre de grandes politiques (mobilités, transition énergétique, emploi et formation) pour agir plus près, plus vite et mieux. Je suis une pragmatique et je suis cohérente avec mes valeurs . Je constate les besoins des territoires, des populations. Ce pays ne doit pas se re-centraliser mais au contraire pousser les feux d’une décentralisation responsable et efficace. J’invite le gouvernement, le président de la République, à ouvrir ce grand débat.
J’invite le gouvernement, le président de la République à ouvrir le grand débat…d’une décentralisation responsable et efficace
Le Blog Politique. Dans le Lot, le Premier Ministre doit annoncer des mesures pour le haut débit. L’Etat est-il à la hauteur sur ce sujet ?
Carole Delga. 100 millions de plus sur les foyers les plus isolés, la 4G sur tous les territoires : les annonces de ce jour du Premier Ministre répondent à une grande colère sur certains territoires que je partage. Je reçois beaucoup de courriers d’entreprises ou de particuliers sur ce sujet. L’Etat doit effectivement plus se mobiliser. En Occitanie, le haut débit est mis en place par les Départements mais la Région investit 220 millions d’euros à leurs côtés. Au-delà, il y a un vrai problème d’accès à toutes les mobilités. Attirer des entreprises et donc favoriser l’emploi, et notamment local, dans certains territoires nécessitent surtout de ne pas fragiliser les services publics d’éducation, de santé ou de transports.
Le Blog Politique. Edouard Philippe doit annoncer des mesures sur les villes moyennes. Quelles sont selon vous les mesures les plus urgentes et pertinentes ?
Carole Delga. La question de la mobilité (rail, routes) est fondamentale. Pour les déplacements, mais surtout pour attirer les entreprises. La question numérique aussi, avec le haut-débit, la 4G. Et puis j’insiste sur les services publics qui doivent garantir une présence forte de l’Etat. Quand une entreprise, ou une famille, s’installe, elle regarde s’il y a des écoles, des médecins, des hôpitaux. Si la France a su attirer de grands investisseurs nationaux, et notamment dans ses métropoles, c’est bien parce que le service public a souvent fait la différence. Il y a véritablement un grand plan national à construire sur les villes moyennes mais aussi la ruralité. Ce pays a été capable de mettre des moyens sur les quartiers urbains en difficulté en créant l’ANRU. Il faut désormais se pencher, et rapidement, sur ces territoires. Car tout le monde ne pourra pas vivre dans les métropoles ou leur périphérie. Voilà pourquoi par exemple la Région investit dans l’enseignement supérieur dans les villes moyennes ou dans la revitalisation des bourgs centre ( commerces de proximité , logement , espaces publics …) Moi, je veux irriguer la croissance. Mais il y a encore, hélas, dans ce pays un regard différent sur « la campagne », comme on dit souvent « la province » à Paris. Beaucoup de nos compatriotes vivent et travaillent dans ces territoires. Il faut les respecter.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)
12 Déc
Le maire de Toulouse ne cache pas son incompatibilité avec le nouveau président de Les Républicains. Jean-Luc Moudenc peut-il quitter LR suite à l’élection de Laurent Wauquiez ?
L’élection, dimanche 10 décembre, de Laurent Wauquiez à la présidence des Républicains a fait une première « victime ». Le président de la région « Les Hauts de France », Xavier Bertrand, ne « reconnait plus (sa) famille politique » et quitte LR. Cette décision peut-elle faire tâche d’huile ? En dessous de la Loire, à Toulouse, une personnalité n’a pas attendu le coup d’éclat de Xavier Bertrand pour exprimer publiquement sa méfiance et même sa défiance envers Laurent Wauquiez. Avant l’élection de dimanche, Jean-Luc Moudenc a émis plus que des réserves. Le maire de Toulouse a pris ouvertement ses distances avec la ligne Wauquiez. Quelques heures après l’élection du nouveau patron de la droite, Jean-Luc Moudenc a renouvelé sa position et a adressé un avertissement à Laurent Wauquiez.
Pour le moment, Jean-Luc Moudenc est sur la ligne Raffarin : placer Laurent Wauquiez sous « observation vigilante ». La position du maire de Toulouse peut-elle évoluer?
Un familier du Capitole n’exclut pas complètement l’hypothèse : » avec Jean-Luc Moudenc, tout est toujours ouvert. Y compris de rester chez Les Républicains; Jean-Luc Moudenc ne ferme jamais une porte ». Un vieux routier de la droite toulousaine est plus catégorique : » Si Estrosi ou Juppé partent Jean-Luc peut emboîter le pas. Mais il ne prendra jamais l’initiative seul. Il va attendre une opportunité pour se mettre en retrait. Mais il est condamné à une jeu d’équilibriste. Il ne peut pas se couper de la base des Républicains et des militants qui distribuent des tracts pour lui ».
Pour un membre de la droite locale, c’est l’ADN de Jean-Luc Moudenc qui interdit une rupture nette : « l’équation de Jean-Luc est d’aller jusqu’au centre gauche sans se couper de la droite républicaine. Jean-Luc est quelqu’un qui se place au dessus des partis, c’est son truc. Son idéal est de placer un homme à lui dans chaque parti ».
Cette approche est a priori compatible avec une formation politique, une formation qui réunit des personnalités de droite et de gauche : La République En Marche d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Moudenc ne cache pas sa « macron-compatibilité ». De plus, le maire de Toulouse dispose de deux relais en « macronie » : Gérald Darmanin et Edouard Philippe. L’élection de Laurent Wauquiez à la tête de LR peut-elle précipiter un ralliement au parti d’Emmanuel Macron ?
Le patron d’En Marche !, Christophe Castaner, a immédiatement tendu la main à Xavier Bertrand, après son départ de LR. On peut facilement imaginer le même tapis rouge pour le maire de la 4ème ville de France. Néanmoins, un parlementaire LREM de la Haute-Garonne ne croit pas à ce scénario : « Je ne le vois pas arriver directement. Par contre, il peut parfaitement aller chez « Les Constructifs ». Ce n’est pas complètement chez nous ce qui lui éviterait des problèmes sur sa droite mais ce n’est pas chez Wauquiez ».
Laurent Dubois (@laurentdub)
11 Déc
Les chiffres viennent juste de tomber. Ce dimanche 10 décembre, en Haute-Garonne, 1847 votants ont participé à l’élection interne pour la présidence du parti Les Républicains. Cette participation est supérieure au niveau national. Et, s’agissant des scores des candidats, c’est Laurent Wauquiez qui arrive largement en tête avec 1396 suffrages et 75,6% des voix. Les concurrents du nouveau patron de la droite sont largement distancés. Florence Portelli arrive en deuxième position (299 voix, 16,2% des suffrages exprimés). Maël de Calan termine dernier (152 voix, 8,2% des suffrages exprimés).
Le résultat de Laurent Wauquiez est légèrement supérieur à son score national. Pourtant, en Haute-Garonne, Laurent Wauquiez ne disposait pas d’appuis forts parmi les personnalités de la droite départementale.
Laurent Dubois (@laurentdub)
L’élection de Joël Aviragnet fait l’objet d’un recours devant le juge électoral. Le député (PS) de la Haute-Garonne a été auditionné ce lundi 11 décembre par le conseil constitutionnel.
La procédure n’a rien d’extraordinaire. Mais elle n’est pas systématique. Tous les parlementaires dont l’élection est contestée ne sont pas forcement auditionné par le conseil constitutionnel. Mais le juge électoral a estimé utile d’entendre Joël Aviragnet. L’audition s’est déroulée cet après-midi en début d’après-midi. Les deux plaignants, Michel Monsarrat et Jean-Luc Rivière, ayant déposé le recours ont également été convoqués. Selon nos informations, la décision sera rendue en fin de semaine.
A noter que 9 recours ont été déposés, en ex-Midi-Pyrénées, s’agissant des législatives 2017. La procédure visant Joêl Aviragnet est la dernière en instance. Tous les autres dossiers ont débouché sur une validation des élections contestées.
Laurent Dubois (@laurentdub]
Un militant déchire sa carte du Parti Radical de Gauche et écrit à la présidente de l’ex PRG, Sylvia Pinel. La réunification des radicaux n’est pas la seule raison de cette démission. L’action politique de Sylvia Pinel est également épinglée.
La lettre fait le tour des réseaux sociaux. Postée sur Facebook, elle circule de mains en mains ou plutôt de messagerie en messagerie. Elle est signée par un adhérent du Parti Radical de Gauche ou, plus précisément, par un ex-militant du PRG. En effet, l’objet du courrier adressé à Sylvia Pinel est de présenter une démission. Après 10 ans dans les rangs des radicaux de gauche, un militant quitte le PRG. Ce départ est justifié par l’actualité du moment, à savoir la réunification des radicaux :
Nous nous sommes retrouvés à entamer des discussions « très poussées » avec le Parti Radical, nos cousins de droite. Dans la foulée de cette nouvelle apprise par la presse, nous avons su qu’un calendrier de fusion des deux partis était envisagé et qu’une date pour un « congrès de la réunification » était plus ou moins arrêtée…tu ne t’es même pas souciée du point de vue des militants. Jamais on ne nous a demandé notre avis sur ce rapprochement et/ou ses modalités. Et ce n’est pas le simulacre de consultation qui me fera dire le contraire. Là Sylvia, trop c’est trop !
Les conditions de la Fusion entre radicaux et la création d’un nouveau Mouvement radical ne sont pas les seuls griefs. Au delà de la méthode, c’est l’idée même d’une « maison commune » qui est critiquée :
Quand on réunit deux partis avec pour seule stratégie politique la réunification à marché forcée pour permettre aux dirigeants de l’un et de l’autre de ne pas disparaître…on court à la ruine collective.
Le « démissionnaire » ne justifie pas simplement sa décision par le baptême, ce samedi 9 décembre, d’un nouveau parti radical. Un parti qui revendique d’aller « d’Alain Juppé à Manuel Valls ». L’action et le bilan de Sylvia Pinel sont visés. Dès la première phrase de son courrier, l’ex-militant confesse avoir « beaucoup d’amertume ». Cet aveu se confirme pleinement s’agissant du rôle joué par Sylvia Pinel dans la réunion de la famille radicale.
En un an, tu as détruit tout ce que tes prédécesseurs avaient patiemment construit. Tu as dilapidé ce que les militants comme moi avaient pu mettre de leur énergie et de leur temps personnel pour faire vivre nos valeurs sur le terrain, de campagne en campagne, et au quotidien. Et pour finir, tu as choisi d’enterrer un parti que des hommes et des femmes (j’ai une pensée pour Robert Fabre et Michel Crépeau) ont contribué à ancrer dans le paysage politique par le biais d’alliances naturelles pour constituer des majorités sur des idées et des valeurs communes et dans le rassemblement clairement à gauche
Evidemment, la position d’un seul militant ne constitue pas un mouvement de fond. Mais le mécontentement est réel dans les rangs du PRG. Dans le fief radical de gauche du Tarn-et-Garonne, des militants ont quitté le parti. En Haute-Garonne, la fédération a adopté à une large majorité le principe d’une Réunification des Radicaux. Mais, là aussi, des oppositions se sont exprimées. La députée européenne de l’Hérault, Virginie Rozière, a publiquement exprimé son refus d’une fusion entre radicaux de gauche et radicaux de droite.
Laurent Dubois (@laurentdub)
Le maire (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc salue l’élection de Laurent Wauquiez à la présidence du parti Les Républicains. Mais les réserves sont plus importantes que les félicitations.
Laurent Wauquiez est élu à la tête des Républicains. Ce n’est pas une surprise. Le président de l’Auvergne n’avait pas de candidat sérieux en face de lui. Mais autre chose n’est pas surprenant. C’est la réaction de Jean-Luc Moudenc. Le président de France Urbaine a déjà exprimé publiquement des réserves sur la ligne défendue par Laurent Wauquiez. Il n’est pas étonnant que la large victoire de Laurent Wauquiez ne suscite pas l’enthousiasme du maire de Toulouse. Le message adressé aux militants est un message de félicitation adressé au nouveau patron de la droite. Mais c’est d’abord une mise en garde et une critique parfaitement transparente de Laurent Wauquiez.
La partie « félicitation » se résume à une phrase :
Depuis ce soir, notre parti a un nouveau président, Laurent Wauquiez, élu largement dès le premier tour de scrutin : je lui adresse mes félicitations
L’essentiel du message de maire de Toulouse résonne comme un véritable avertissement :
Le temps de la campagne étant passé, il (ndlr Laurent Wauquiez) lui appartient, désormais, de rassembler l’ensemble des sensibilités qui composent la grande famille de la droite et du centre. Pour renouer avec la confiance des Français lors des prochaines échéances, il ne nous suffira pas de marteler que « nous sommes fiers d’être de droite », il nous faudra aussi faire vivre la sensibilité du centre et sa ligne humaniste
Jean-Luc Moudenc met en garde Laurent Wauquiez contre une éventuelle « caporalisation » du parti Le Républicains et invoque des figures historiques du Centrisme :
On ne peut, au sein des Républicains, envisager que ne soit entendue qu’une voix, unique, issue d’une seule ligne politique, laquelle imposerait sa loi au détriment des autres sensibilités. Ce serait une faute politique majeure que de laisser à d’autres l’héritage et la philosophie d’un courant de pensée qu’incarnaient avec constance Simone VEIL ou Dominique BAUDIS !
Le maire de Toulouse ne se contente pas d’invoquer l’héritage et la lignée centriste. Il se pose en véritable « gardien du Temple » :
Vous pouvez compter sur ma détermination afin de porter ces sujets dans le temps : au-delà des déclarations ce soir, nous attendons avec vigilance leur application concrète, sincère et efficace, au service de l’unité de notre Famille politique.
Le message est clair. Jean-Luc Moudenc attend des gages et des actes de la part de Laurent Wauquiez. Un premier moment de vérité se situera lors de la composition de la nouvelle équipe du nouveau président de LR. Une absence de main tendue envers la ligne Moudenc pourrait conduire à des claquements de portes. Le maire de Toulouse n’est pas un adepte des éclats de voix et des coups de force. Mais Jean-Luc Moudenc joue son avenir politique. Dans la perspective d’une nouvelle candidature aux municipales à Toulouse, Jean-Luc Moudenc a impérativement besoin d’une base électorale élargie. Le positionnement « droitier » de Laurent Wauquiez n’est pas « toulosou-compatible ». Cette équation locale pourrait conduire Jean-Luc Moudenc a franchir le Rubicon.
A suivre
Laurent Dubois (@laurentdub)
08 Déc
Ce dimanche 10 décembre, les adhérents du parti Les Républicains doivent élire leur président. Le maire (LR) de Lavaur, Bernard Carayon, est, en Occitanie, le directeur de campagne du favori, Laurent Wauquiez. 48 heures avant le scrutin, l’élu tarnais livre son pronostic sur la participation du vote de dimanche et évoque le positionnement du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.
Le Blog Politique. Vous êtes le coordinateur de campagne de Laurent Wauquiez en Occitanie. Quel bilan faites-vous de la campagne ?
Bernard Carayon. Tous ses déplacements, à Lavaur, Toulouse et Montauban, ainsi que dans l’ancienne région Languedoc-Roussillon ont été des succès. J’ai observé les réactions des militants : pour ceux qui ne le connaissaient guère, il est une vraie bonne surprise. Il a pris le temps, après toutes ses réunions publiques, de parler avec nos amis, ce qui n’est pas le cas des « ténors » en politique. Dans ses discours, il mêle l’humour et la gravité, sa vision de la France et son expérience de président de région. Et puis il s’assume comme seul représentant en France d’une opposition forte et crédible au macronisme.
Le Blog Politique. Le premier enjeu de l’élection de dimanche est la participation. Un pronostic ?
Bernard Carayon. Quand tout le monde, à part lui, à droite et au centre, a jeté les armes à terre, il est l’espoir de ceux qui ne renoncent jamais. Ses fidèles sont, toutes choses égales par ailleurs, dans la situation des pêcheurs de l’île de Sein qui ont rejoint de Gaulle dès 40. Dans un beau dialogue, en 1945, entre le Révérend Père dominicain Bruckberger – un vrai résistant – et l’écrivain Jean Giraudoux, consul à Berne du gouvernement de Vichy, celui-ci, alors que le premier se désole du délitement de la France après le départ du général de Gaule, lui rappelle : « il y a toujours eu, dans notre pays des moments de faiblesse et des moments d’honneur. Mais dans les premiers, il y avait toujours 300 ou 400 français, unis par un fil invisible, qui seraient le levain de la France de demain. ». Je vous rassure, nous serons évidemment des dizaines de milliers à soutenir Laurent, dimanche. Et s’il fait mieux qu’Alain Juppé, élu à la tête de l’UMP en 2002, avec 37 000 voix, ce sera un premier signe…
Nous serons des dizaines de milliers à soutenir Laurent, dimanche
Le Blog Politique. Laurent Wauquiez est donné vainqueur. Il n’a pas vraiment de concurrent en face. C’est quand même une vraie élection dimanche ou une simple formalité ?
Bernard Carayon. Laurent a deux concurrents de qualité, qui ont eu le courage – et l’ambition – d’exprimer leur tempérament, et même leurs idées. Calan a même reçu le soutien d’Alain Juppé qui conserve de vrais fidèles dans notre mouvement.
Le Blog Politique. En cas de victoire de Laurent Wauquiez, l’UDI refuse toute alliance avec LR. Votre réaction.
Bernard Carayon. Qui a le plus à perdre ? Quand les temps seront meilleurs, et que les appâts du pouvoir seront moins goûteux, ils reviendront tous.
Le Blog Politique. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, ne cache pas son côté son « macron-compatible ». Comment pourra exister cette tendance au sein de LR alors que Laurent Wauquiez a demandé aux membres de LR de choisir : Macron ou Les Républicains ?
Bernard Carayon. C’est votre interprétation. Jean-Luc Moudenc a assisté à Toulouse à la réunion de Laurent Wauquiez, au premier rang, avec tous ceux qui l’ont aidé à être élu maire. Il a souvent applaudi notre candidat, et « senti », parce qu’il est fin, la ferveur de nos militants. On ne peut reprocher à M. Moudenc d’aimer sa ville et de chercher les concours qu’elle mérite, fût-ce auprès d’un président qui continue le matraquage des collectivités locales engagé en 2013 par les socialistes.
Le Blog Politique. Quelle sera votre place dans un parti LR version Laurent Wauquiez ?
Bernard Carayon. Celle d’un homme libre qui lui dira la vérité, sans courtisanerie, et l’aidera avec fierté à reconstruire la droite. Parce que celle-ci porte en elle les valeurs nationales, libérales et républicaines que partagent une majorité de français quand les partis traditionnels, rejoints par LREM, cherchent dans l’Europe une substitution à la France. L’« ancien monde », c’est celui qui n’a pas compris la révolte d’un peuple que ne veut pas mourir ou se diluer dans un marché mondial effaçant les frontières morales et géographiques. C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. Et c’est donc le moment… « d’allumer le feu », comme le chantait notre cher Johnny.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)
Le député (LR) du Lot, Aurélien Pradié, réagit à la menace de l’UDI de ne plus faire d’alliance avec Les Républicains si Laurent Wauquiez est élu à la présidence du parti. Le jeune parlementaire ne mâche pas ses mots et déclare : « Je ne suis pas inquiet. L’UDI n’est pas notre partenaire le plus fidèle depuis quelques années. Je vois mal comment ils peuvent faire pire dans l’alliance que nous avons avec eux« .
Voir l’interview d’Aurélien Pradié :
Laurent Dubois (@laurentdub)
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