Ce dimanche 10 décembre, les adhérents du parti Les Républicains doivent élire leur président. Le maire (LR) de Lavaur, Bernard Carayon, est, en Occitanie, le directeur de campagne du favori, Laurent Wauquiez. 48 heures avant le scrutin, l’élu tarnais livre son pronostic sur la participation du vote de dimanche et évoque le positionnement du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.
Le Blog Politique. Vous êtes le coordinateur de campagne de Laurent Wauquiez en Occitanie. Quel bilan faites-vous de la campagne ?
Bernard Carayon. Tous ses déplacements, à Lavaur, Toulouse et Montauban, ainsi que dans l’ancienne région Languedoc-Roussillon ont été des succès. J’ai observé les réactions des militants : pour ceux qui ne le connaissaient guère, il est une vraie bonne surprise. Il a pris le temps, après toutes ses réunions publiques, de parler avec nos amis, ce qui n’est pas le cas des « ténors » en politique. Dans ses discours, il mêle l’humour et la gravité, sa vision de la France et son expérience de président de région. Et puis il s’assume comme seul représentant en France d’une opposition forte et crédible au macronisme.
Le Blog Politique. Le premier enjeu de l’élection de dimanche est la participation. Un pronostic ?
Bernard Carayon. Quand tout le monde, à part lui, à droite et au centre, a jeté les armes à terre, il est l’espoir de ceux qui ne renoncent jamais. Ses fidèles sont, toutes choses égales par ailleurs, dans la situation des pêcheurs de l’île de Sein qui ont rejoint de Gaulle dès 40. Dans un beau dialogue, en 1945, entre le Révérend Père dominicain Bruckberger – un vrai résistant – et l’écrivain Jean Giraudoux, consul à Berne du gouvernement de Vichy, celui-ci, alors que le premier se désole du délitement de la France après le départ du général de Gaule, lui rappelle : « il y a toujours eu, dans notre pays des moments de faiblesse et des moments d’honneur. Mais dans les premiers, il y avait toujours 300 ou 400 français, unis par un fil invisible, qui seraient le levain de la France de demain. ». Je vous rassure, nous serons évidemment des dizaines de milliers à soutenir Laurent, dimanche. Et s’il fait mieux qu’Alain Juppé, élu à la tête de l’UMP en 2002, avec 37 000 voix, ce sera un premier signe…
Nous serons des dizaines de milliers à soutenir Laurent, dimanche
Le Blog Politique. Laurent Wauquiez est donné vainqueur. Il n’a pas vraiment de concurrent en face. C’est quand même une vraie élection dimanche ou une simple formalité ?
Bernard Carayon. Laurent a deux concurrents de qualité, qui ont eu le courage – et l’ambition – d’exprimer leur tempérament, et même leurs idées. Calan a même reçu le soutien d’Alain Juppé qui conserve de vrais fidèles dans notre mouvement.
Le Blog Politique. En cas de victoire de Laurent Wauquiez, l’UDI refuse toute alliance avec LR. Votre réaction.
Bernard Carayon. Qui a le plus à perdre ? Quand les temps seront meilleurs, et que les appâts du pouvoir seront moins goûteux, ils reviendront tous.
Le Blog Politique. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, ne cache pas son côté son « macron-compatible ». Comment pourra exister cette tendance au sein de LR alors que Laurent Wauquiez a demandé aux membres de LR de choisir : Macron ou Les Républicains ?
Bernard Carayon. C’est votre interprétation. Jean-Luc Moudenc a assisté à Toulouse à la réunion de Laurent Wauquiez, au premier rang, avec tous ceux qui l’ont aidé à être élu maire. Il a souvent applaudi notre candidat, et « senti », parce qu’il est fin, la ferveur de nos militants. On ne peut reprocher à M. Moudenc d’aimer sa ville et de chercher les concours qu’elle mérite, fût-ce auprès d’un président qui continue le matraquage des collectivités locales engagé en 2013 par les socialistes.
Le Blog Politique. Quelle sera votre place dans un parti LR version Laurent Wauquiez ?
Bernard Carayon. Celle d’un homme libre qui lui dira la vérité, sans courtisanerie, et l’aidera avec fierté à reconstruire la droite. Parce que celle-ci porte en elle les valeurs nationales, libérales et républicaines que partagent une majorité de français quand les partis traditionnels, rejoints par LREM, cherchent dans l’Europe une substitution à la France. L’« ancien monde », c’est celui qui n’a pas compris la révolte d’un peuple que ne veut pas mourir ou se diluer dans un marché mondial effaçant les frontières morales et géographiques. C’est la nuit qu’il est beau de croire à la lumière. Et c’est donc le moment… « d’allumer le feu », comme le chantait notre cher Johnny.
Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)