Une petite phrase dans un article de presse a fait bondir l’entourage de la présidente PS de la région Occitanie. On est remonté à la source.
Carole Delga et Emmanuel Macron en juillet 2018 (Photo : Bob Edme / MaxPPP)
Comme une petite bombe ! Un article de la rédaction parisienne du groupe La Dépêche du Midi, diffusé dans Midi Libre et La Dépêche dimanche 24 novembre, revient sur l’intérêt que portent l’Elysée et Emmanuel Macron aux futures élections municipales.
Sans les guillemets
En fin d’article, il est question de l’Occitanie et de certains candidats que La République en Marche (LREM) ne soutient pas, jugés trop proches de Carole Delga, présidente PS de la région. Voici l’extrait en question :
«Macron a déjà en tête le coup d’après : les départementales et les régionales. Il pense le calendrier comme un cycle complet», explique un conseiller qui assure qu’en Occitanie, certains candidats très macroncompatibles n’ont pas été investis car trop proches de Carole Delga. La Présidente de la région Occitanie sera la femme à abattre lors des régionales de 2021.
L’expression la femme à abattre ne figure pas entre guillemets. Mais le terme est fort. Suffisamment pour faire réagir l’entourage de la présidente.
Bronca à gauche
Capture d’écran à la clé, même le directeur de cabinet du Conseil régional, Laurent Blondiau, habituellement avare en tweets, s’est exprimé pour prendre la défense de la présidente de région.
Au Conseil régional, d’autres lui ont embrayé le pas, notamment le responsable des réseaux sociaux et membre du PS, François Carbonnel :
Les réactions à l’expression « femme à abattre » sont nombreuses dans les rangs de la gauche et particulièrement du PS régional.
Dans un communiqué publié lundi matin, le mouvement des jeunes socialistes de la Haute-Garonne (MJS 31) s’adressent directement à Emmanuel Macron :
Nous ne pouvons accepter la bassesse des attaques personnelles contre une femme qui, elle, a voué son mandat à l’amélioration du quotidien des habitants de la région Occitanie. Monsieur le Président, soyez à la hauteur de votre fonction . Nous vous invitons à épouser nos combats, ici, contre l’extrême droite et abattre ceux qui la répandent. (communiqué MJS 31)
Sexisme, machisme, attaques personnelles. Une polémique est née.
Opération de désamorçage
Dan les rangs de la majorité nationale, ils sont moins nombreux à avoir réagi. Toutefois, la députée LREM (ex-PS) de Haute-Garonne, Monique Iborra, répondant à un tweet de la candidate PS aux municipales à Toulouse Nadia Pellefique, dénonce une polémique inutile, une « manipulation », une « manoeuvre » :
Ce qui a vraiment été dit
Nous avons contacté la journaliste auteure de l’article pour le groupe Dépêche du Midi. Dans son article, elle rapporte des propos entre guillemets d’un conseiller à l’Elysée. La phrase concernant Carole Delga femme à abattre ne figure pas entre guillemets.
Alors, propos de journaliste ou citation ? La journaliste nous confirme que ce conseiller lui a bien dit que la défaite de Carole Delga serait un objectif de LREM et de l’Elysée en 2021. Les propos tenus vont dans le sens d’une volonté de « dégager » l’actuelle présidente de région.
Pour la journaliste, il ne s’agit pas d’une citation dans le sens strict, mais de l’esprit de la discussion. La formulation n’a peut-être pas été exactement celle-là mais l’idée était la même.
L’article retranscrit donc exactement ce que ce conseiller (anonyme) de l’Elysée voulait faire savoir : en 2021, l’Occitanie sera un objectif pour LREM. Et, selon nos informations, les candidats potentiels ne manquent pas : Jean-François Portarrieu, Christian Teyssèdre, etc.
« Prendre de la hauteur »
Menacée de mort à plusieurs reprises, la présidente de la Région a sans peu apprécié le terme « femme à abattre » mais pendant que ses proches prenaient dimanche sa défense sur les réseaux sociaux, Carole Delga, elle, ne postait qu’un seul tweet sur son compte officiel.
Une photo des Pyrénées avec ce texte :
Randonnée en #Ariège, terre courage, pour prendre de la hauteur…
Elle n’est peut-être pas encore dans la « ligne de mire » de LREM mais elle sait, si elle l’ignorait encore, qu’elle ne pourra sans doute pas compter sur le soutien de l’Elysée en 2021.
FV (@fabvalery) avec LD (@laurentdub)