Ouvrir un local de campagne, c’est banal pour un candidat aux municipales. Sauf que les gilets jaunes et la grogne sociale sont passés par là. Les assureurs traînent les pieds et, en cas de casse, des candidats prennent de vrais risques financiers.
Permanences envahies et façades taguées. Les locaux politiques sont dans l’œil du cyclone. Réforme du CETA ou gilets jaunes, les permanences parlementaires sont en première ligne depuis plusieurs mois. Mais le phénomène s’étend aux élections municipales de mars prochain. Ce n’est pas complètement nouveau. En 2008, le local de campagne du maire sortant de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a été fracassé à coup de masse.
En 2019, les tensions sont fortes avant que la campagne n’ait vraiment commencé.
Une candidate tarnaise en fait l’expérience la semaine dernière.
Ce climat a une conséquence prévisible : les assureurs hésitent à signer des contrats avec les candidats. Selon nos informations, une grande compagnie d’assurance a même donné une consigne à ses antennes locales : pas de signature pour les locaux de campagne. Il s’agit de bail précaire, généralement d’une durée de 3 mois. Le risque de casse ou de dégradation est trop important et la durée du contrat trop courte.
Un responsable de la campagne de Jean-Luc Moudenc confirme les réticences des assureurs. « Cela a été difficile. Il a fallu faire le tour des assureurs. Je ne donnerai pas de nom. Mais nous avons essuyé plusieurs refus » précise Emilion Esnault. Finalement, le maire sortant a pu souscrire une couverture multirisque mais auprès d’un assureur spécialisé dans les locaux commerciaux.
Dans le Tarn, c’est le même constat. Le directeur de campagne d’un candidat évoque un vrai problème : le refus de couvrir le vandalisme. Le local a pu être assuré. En revanche, « si on prend un cocktail molotov ou simplement une pierre dans la vitrine, c’est pour nous », précise ce responsable qui préfère conserver l’anonymat.
Le risque financier est réel. En effet, comme le précise un avocat spécialisé, « les frais de remise en état d’un local ne peuvent pas être intégrés dans le compte de campagne car ils ne sont pas considérés comme des frais de campagne. Autrement dit, c’est au candidat de financer sans pouvoir être remboursé par l’Etat ».
Laurent Dubois (@laurentdub)