La députée de la 6ème circonscription de la Haute-Garonne et coordinatrice de la loi El Khomri au sein du groupe socialiste est sanctionnée par les instances du PS pour avoir soutenu Philippe Saurel aux élections régionales face à Carole Delga.
La décision vient être notifiée par mail. L’exclusion est de 2 ans…avec 6 mois de sursis.
C’est la première fois, depuis 1986, qu’une exclusion frappe une parlementaire socialiste en Haute-Garonne.
La commission des conflits (composée à la proportionnelle des courants) du Parti Socialiste, réunie la semaine dernière à Paris, a tranché sur le cas de Monique Iborra, la députée socialiste de Haute-Garonne qui avait apporté son soutien aux dernières élections régionales à Philippe Saurel. Le maire de Montpellier a lui-même été exclu du PS depuis qu’il s’est présenté aux municipales face au candidat officiel. Malgré ce divorce consommé avec le parti socialiste, Philippe Saurel reste un proche de Manuel Valls. Le maire de la 8eme ville de France (seule métropole de gauche au Sud de la Loire) a d’ailleurs accueilli le premier ministre le 1er juillet et l’a fait citoyen d’honneur de Montpellier.
Les statuts du parti socialiste prévoient une exclusion automatique en cas de candidature dissidente. D’ailleurs, le seul précédent concernant l’exclusion d’un parlementaire en Haute-Garonne correspond à cette hypothèse. En 1986, l’investiture est refusée au député sortant, Gérard Hooteer. L’ancien journaliste ne plie pas et se lance dans une candidature dissidente. Il est exclu du parti.
Mais le cas de la députée de Haute-Garonne n’est pas celui d’une dissidence. Il s’agit plutôt d’une violation de la discipline du parti. Monique Iborra n’était pas elle-même candidate sur la liste Saurel en Haute-Garonne qui était menée par son assistante parlementaire et sur laquelle figurait sa fille en 5ème position.
Carole Delga, candidate du PS et victorieuse, ainsi que la fédération du PS de Haute-Garonne (qui avait déjà suspendu Monique Iborra dès le lendemain de l’annonce de son soutien à Saurel) ont donc plaidé pour l’exclusion de Monique Iborra.
Selon plusieurs sources, la présidente de Région a joué un rôle actif dans le dossier. Un socialiste historique parle de « haine entre les deux femmes« . Carole Delga souhaitait obtenir la tête de Monique Iborra. Lors de la nomination de la députée de la Haute-Garonne à la coordination du groupe PS sur la loi El Khomri, Carole Delga a notamment adressé un sms aux 1er fédéraux des 13 départements de la Grande Région pour demander l’exclusion de Monique Iborra.
Dans cette « croisade », Carole Delga a pu compter sur le soutien du 1er fédéral de Haute-Garonne, Sébastien Vincini. Comme le précise un militant de la fédération : » Vincini est un aubryiste et il était bien content d’épingler une Vallsiste« .
Selon nos informations, cette conjonction d’élément a fait pencher la balance et les instances nationales du PS ont tranché en excluant du PS Monique Iborra.
Une exclusion qui intervient à un an d’élections législatives qui s’annoncent extrêmement difficile pour le PS. En Haute-Garonne, la gauche détient 9 des 10 sièges et pourrait connaître un recul historique. Monique Iborra est très mal partie pour décrocher l’investiture du PS mais elle sera tout de même candidate. Cette division peut coûter très cher au parti socialiste.
« L’objectif clairement affiché est de m’empêcher d’être candidate aux législatives, réagit-elle ce mercredi interrogée par Le Blog Politique de France 3 Midi-Pyrénées, dans une fédération dirigée par des aubrystes que je n’ai jamais été ».
En outre la députée est actuellement coordonnatrice du groupe PS sur la réforme du travail, un sujet particulièrement chaud et elle ne manque pas de faire remarquer que, fidèle soutien au gouvernement, elle se retrouve sanctionnée quand des frondeurs du PS envisagent une motion de censure !
Fabrice Valéry (@fabvalery) et Laurent Dubois (@laurentdub)