Dans la sixième circonscription de la Haute-Garonne, les législatives c’est maintenant. L’exclusion du PS de la députée sortante rebat les cartes. Une pétition de parlementaires (lancée par un proche de Manuel Valls) demande à Jean-Christophe Cambadélis de revenir sur la sanction frappant Monique Iborra. Mais l’ex-socialiste tourne la page et a annoncé sa candidature.
Quel peut être l’impact d’une division à gauche sur une circonscription détenue, sans interruption, par le parti socialiste depuis 1997 ? Eléments de réponse.
La sixième, une « circo » socialiste
Les communes de Colomiers et Tournefeuille. Les cantons de Cadours, Lèguevin et Saint Lys. Anciennement les quartiers du Mirail, des Pradettes, de Bellefontaine. La géographie de la 6ème circonscription de la Haute-Garonne a évolué avec le temps. Le découpage de 2010 a modifié son périmètre. Mais l’inclinaison reste la même : une terre qui penche à gauche. Entre 1993 et 1997, l’UDF a réussi à décrocher une victoire. Mais l’épisode Christine de Veyrinas reste une parenthèse dans une histoire électorale qui s’écrit en rose.
Les quartiers populaires du canton 12 (Le Mirail, Bellefontaine, la Reynerie, les Pradettes) ont été retiré de la sixième circonscription en 2010. L’amputation du canton toulousain (dont les bureaux de vote ont massivement voté François Hollande en 2012) a modifié la physionomie de la circonscription.
Mais il existe des viviers de voix pour le PS : Colomiers, Tournefeuille. Aux Régionales de 2015 les deux communes ont majoritairement voté pour la candidate socialiste au second tour (33,35% à Colomiers et 34% à Tournefeuille).
A priori l’histoire de la circonscription peut rassurer les socialites. Sur le papier, la candidature de Monique Iborra peut être endiguée. Des digues existent et assurent un réservoir de voix au parti socialiste.
Ce n’est pas certain. Il ne faut pas sous-estimer une (éventuelle) équation personnelle de Monique Iborra. La députée sortante est un bourreau de travail et va continuer à labourer le terrain. Mais, surtout, le vote PS de 2012 est relatif. Le résultat des précédentes législatives est fortement lié à un anti-sarkozysme. Ce ressort ne jouera plus en 2017. Ou du moins il jouera moins dans l’hypothèse d’un nouveau duel Sarko-Hollande. Le quinquennat de François Hollande est marqué par un vrai divorce avec l’électorat socialiste. La loi Travail mais aussi l’augmentation des impôts, la querelle Valls-Macron et la fronde de l’aile gauche du PS va laisser des traces profondes. La 6ème de Haute-Garonne n’échappera pas à ce bilan.
La circonscription reste toujours (sociologiquement) une circo « favorable ». Mais attention à la pente glissante. Une division et une dissidence, ce n’est jamais bon. Dans un contexte national houleux et hostile, c’est encore pire. Monique Iborra est connue pour sa hargne et son opiniâtreté. La bataille électorale ne se fera pas dans la dentelle. Comme le précise un cadre du PS : « Monique Iborra ne gagnera peut-être pas mais elle peut faire perdre, c’est certain« .
Le PS doit trouver un(e) bon(ne) candidat(e)
Une législative est surtout une affaire d’étiquettes. C’est encore plus vrai depuis l’inversion du calendrier électoral : la présidentielle (en avril-mai) puis les législatives (en juin). La personnalité des candidats n’est pas un critère décisif. Bien évidemment, il existe des figures nationales et des députés réputés qui drainent (sur leur nom) des voix. Mais, quelle que soit la plus-value personnelle, les électeurs se déterminent en fonction du résultat de l’élection présidentielle ou de leur opinion politique.
Ce principe général (élection législative=élection politique) connaîtra un tempérament dans la 6ème de Haute-Garonne. En effet, le PS a tout intérêt (pour contrer la dissidence de Monique Iborra) a peaufiner son casting et à éviter toute déchire au moment des investitures internes. Le PS31 doit proposer un(e) candidat(e) avec un bon profil et surtout son investiture doit se faire dans de bonnes conditions. Autrement, ce sera une double peine : vote sanction pour sanctionner le bilan Hollande et démobilisation face à une guerre des Roses.
Le nom de deux Columérines circule : Muriel Cabrit (chef de cabinet de la mairie de Colomiers, ancienne assistante parlementaire de Monique Iborra) et Camille Pouponneau (conseillère départementale, ancienne assistante parlementaire de la députée du Tarn-et-Garonne, Valérie Rabault). Les deux femmes ont un avantage sur Monique Iborra : la nouveauté. Elles peuvent incarner un renouvellement politique.
En revanche, une élue à peine arrivée au conseil départemental et qui brigue un nouveau mandat, ce n’est pas très « vendeur ». Tous les sondages montrent et démontrent une allergie au cumul des mandats.
De même, une professionnelle de la chose publique ça ne transpire pas non plus de l’air frais.
En attendant décembre prochain et les investitures du PS, une chose est certaine. Le jeune candidat pré-investi par Les Républicains, Damien Laborde, cache à peine sa joie : « je ne vais pas entrer dans les querelles intestines du PS mais si le PS veut me faire un cadeau avant Noël« .
Laurent Dubois (@laurentdub)