27 Juin

La gauche de Carole Delga bascule dans la fronde

Un nom peut cacher un non. Le 24 juin dernier l’assemblée plénière du conseil régional a adopté le  nouveau nom de la nouvelle Grande Région. Mais cette décision symbolique a occulté une autre décision (prise le même jour) tout aussi emblématique. Une composante de la majorité plurielle de Carole Delga s’est heurtée à une fin non recevoir. Des élus appartenant au groupe Nouveau Monde En Commun voulaient tirer les conséquences de divergences de fonds et constituer un nouveau groupe.

Suite à une modification du règlement intérieur, les dissidents sont maintenus de force au bercail. Ils dénoncent un « coup bas » et répliquent par « une fronde permanente« .

Jean-Luc Mélenchon et Liêm Hoang Ngoc conseiller régional NGS LRMP, Photo Max PPP

Jean-Luc Mélenchon et Liêm Hoang Ngoc conseiller régional NGS LRMP, Photo Max PPP

Abstention lors de l’élection de Carole Delga à la présidence de région. Abstention et vote contre lors de l’adoption du budget. Opposition sur la LGV et le financement de la gare de Montpellier-La Mogère. Une consultation sur le nom de la région jugée « onéreuse et non représentative« . Abstention lors du vote « Occitanie » et dénonciation de l’ouverture d’une « boite de Pandore des identités ethno-régionalistes« . La liste des conflits est longue et suffisamment lourde pour justifier un divorce.

Comme le précise, Liêm Hoang Ngoc (conseiller régional Nouvelle Gauche Socialiste) « depuis le début de la mandature, de nombreux différents divisent à l’évidence le groupe Nouveau Monde En Commun…des divergences clés sont apparues et justifiaient (de) former un nouveau groupe ».

Mais c’était sans compter sur une modification du règlement intérieur.

Un amendement déposé par le PS a relevé le seuil de constitution des groupes. Le passage de 4 à 7 élus condamne 3 représentants du Parti de Gauche et 1 représentant de la Nouvelle Gauche Socialiste à un maintien (contraint) dans le groupe Nouveau Monde En Commun. Un groupe hétéroclite composé d’Ecologistes, d’élus du Partit Occitan, du Front de Gauche, de la Nouvelle Gauche Socialiste et du Parti de Gauche.

Pour les dissidents aucun doute. Gérard Onesta est derrière le verrouillage. L’amendement a été déposé par le groupe Socialiste Républicain et Citoyen (SRC). Mais il est téléguidé par le président (Nouveau Monde En Commun) du bureau de l’assemblée régionale. Motif : remettre les trublions dans le rang et en finir avec l’épée de Damoclès d’un schisme. Selon une source, Gérard Onesta aurait ouvertement avoué son ras-le-bol d’un chantage permanent au « on part, on part pas« .

Le cadenas de 7 élus (pour constituer un groupe) est censé assainir la situation.

Un proche de Carole Delga nuance le tableau : « de toute manière, ils n’avaient pas les 4 pour monter le groupe avant la modification du règlement intérieur. Ils ont fait une pression terrible sur une personne pour qu’elle les suive mais elle ne souhaitait pas quitter Nouveau Monde ».

Selon nos informations, il s’agit de Muriel Ressiguier. La conseillère régionale PG de l’Hérault s’est abstenue lors du vote du budget. Mais elle a (longtemps) été réticente à franchir le rubicon d’une démission du groupe Nouveau Monde. Sous la pression des instances nationales de son parti, l’élue héraultaise a évolué mais après la modification du règlement intérieur. C’est trop tard.

Le maintien forcé d’un sous groupe au sein du groupe Nouveau Monde En Commun ne règle rien sur le fond. Au contraire.

Liêm Hoang Ngoc refuse d’entériner la décision actée par le nouveau règlement intérieur. Il précise surtout que, désormais, lui et ses camarades ne participeront plus aux réunions de Nouveau Monde et arrêteront en « sous-groupe » leur position sur les dossiers régionaux.

Plus que jamais les dissidents sont dissidents. La manœuvre tactique se retourne contre ses instigateurs. Un membre de la majorité dément l’idée de fers aux pieds : « Ils peuvent parfaitement partir s’ils le souhaitent et faire ce qu’ils veulent« . Néanmoins, un fait est indéniable. Avant la réforme du règlement intérieur, la liberté était possible. Après le vote du nouveau règlement intérieur, les élus du PG et NGS sont condamnés à rester.

En politique, les amputations sont parfois thérapeutiques.

Mais les greffes forcées sont rarement une (bonne) solution.

 

Laurent Dubois (@laurentdub)