La frondeuse monte d’un cran. Septembre 2014, Linda Gourjade s’abstient et refuse de voter la confiance au deuxième gouvernement Valls. Mai 2016, la députée PS du Tarn donne sa signature et endosse une motion de censure. Le geste est symbolique. Il manque deux noms pour déposer la motion et même déposée il n’existait pas de majorité (de gauche) pour l’adopter. Néanmoins, le franchissement du Rubicon ne sera pas sans conséquence. Au plan national, le Haut Comité Ethique est saisi. L’addition présentée aux frondeurs par les instances nationales du PS risque d’être salée. Des menaces de sanction et d’exclusion planent. Localement, la seule et unique apprentie-censeure de l’ex midi-pyrénées risque (également) de payer une facture politique dans son département.
« C’est vraiment du spectacle; Il n’y avait pas la volonté d’aller jusqu’au bout« . La coordinatrice de la loi El-Khomri au sein du groupe PS, la députée de Haute-Garonne Monique Iborra relativise la portée et l’importance du casus belli. Mais la tentative de présenter une motion de censure de gauche marque une vraie rupture. C’est une première. C’est la première fois que les dissidents socialistes vont aussi loin.
Linda Gourjade justifie cette « escalade » par un projet de loi comportant des « propositions libérales et régressives » et la volonté de « marquer (un) refus« . Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, son très présent et influent collaborateur parlementaire enfonce le clou en disant : « il s’agit de marquer un désaccord profond« . Selon les mots de Marc Gauché, « les loups ont été lâchés et les pressions très fortes avec notamment un chantage aux investitures« . Mais la député socialiste tarnaise a franchi un pas de plus dans l’escale des tensions. en approuvant le recours à l’arsenal nucléaire.
A quelques mois des investitures, cette dissidence va forcement laisser des traces.
Au sein du PS 81, les législatives sont déjà lancées. Une nouvelle candidature de Jacques Valax (député sortant de la 2ème) anime les dîners en ville et les discussions entre camarades. Sur sa circonscription, Linda Gourjade pourrait affronter une concurrence. Une concurrence pas vraiment sérieuse. Sur la 2eme circonscription, le nom d’une figure socialiste locale circule beaucoup. La Graulhétoise Claire Fita (nouvellement élue au conseil régional) est, selon plusieurs sources, tentée par une candidature. Face à elle, Linda Gourjade ne doit pas redouter un(e) opposant(e) interne de poids. Sur ses terres, il n’existe pas une « Claire Fita » Mais, même un poids plume, peut suffire à faire perdre une investiture.
Dans ce contexte, Linda Gourjade va-t-elle ressortir affaiblie de l’épisode tumultueux de la motion de censure ?
Pour le 1er Fédéral du Tarn (à qui on prête d’ailleurs des ambitions législatives), cela ne va pas être simple pour la frondeuse. Patrick Vieu déclare : « Je sens monter une forte réaction, trop de divisions ça suffit. Les militants n’aiment pas l’idée qu’un élu socialiste puisse voter une censure et que ceux qui tapent le plus sur le gouvernement soient de gauche. Cela risque de tendre les relations avec elle et sa motion. Après, sur le fond, le projet de loi peine à rassembler. Les militants ont du mal à avaler la couleuvre. Mais je ne pense pas que cela suffise à racheter le geste de Linda Gourjade ».
Laurent Dubois (@laurentdub)