Cette journée du 10 mai devrait être sacrée. C’est la journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Un moment où tous les Français devraient se retrouver autour de la même pensée : celle de se féliciter qu’en 1848, la France mit fin à cette abomination de croire qu’un être humain pouvait en posséder un autre et le réduire en esclavage.
Cette journée mérite à elle seule un instant de communion. Pourtant, certains pensent que d’autres combats peuvent être menés en parallèle, en se raccrochant à cette commémoration de manière intellectuellement contestable.
C’est de « La Manif pour tous » dont on parle ici. Mais si, souvenez-vous, ce mouvement né contre la loi Taubira sur le mariage pour tous et qui depuis la promulgation en 2013 survit de manière groupusculaire mais néanmoins spectaculaire en sautant sur toutes les occasions pour faire passer ses messages.
Dernier en date, donc, faire de ce 10 mai, la « journée d’action contre la GPA à l’occasion de la journée de commémoration de l’esclavage », avec un slogan-choc : « GPA = esclavage ».
Plusieurs rassemblements sont prévus en France, dont un mardi soir à Toulouse.
La GPA, c’est la gestation pour autrui. Autrement dit, une « mère porteuse » porte pendant 9 mois l’enfant d’un couple qui pour des raisons physiologique ne peut pas avoir d’enfant. Rappelons-le, cette pratique est interdite en France.
Bien-sûr, il ne s’agit pas ici d’empêcher quiconque de participer au débat (qui d’ailleurs n’a pas véritablement lieu actuellement en France) pour ou contre la GPA. Chacun à le droit de penser ce qu’il veut. D’ailleurs, certains intellectuels (de gauche) s’étaient mobilisés en 2015 contre la GPA sur le thème de « l’exploitation des femmes les plus démunies », un argument tout à fait audible
Non, ce qui choque, c’est la méthode. Rattacher le débat sur la GPA à la journée de commémoration de l’esclavage, c’est souiller la mémoire des esclaves, ne pas respecter leurs descendants.
« La Manif pour tous » n’en est plus à un coup d’éclat près. Mais en agissant de la sorte, elle ne sert pas ses idées. Faut-il rappeler que la France est le seul pays à avoir déclaré la traite négrière et l’esclavage « crimes contre l’humanité » ?
Cette journée appelait donc recueillement et silence. Pas de gesticulations idéologiques. Dommage.
Fabrice Valéry (@fabvalery)