Journée marathon ce lundi pour Virginie Rozière et son équipe. Elle organise une conférence de presse itinérante qui partira de Montpellier pour s’achever à Bordeaux en passant par Toulouse. L’occasion de faire mieux connaissance avec elle et son projet européen.
Par Patrick Noviello
Pourquoi êtes-vous candidate ?
Virginie Rozière : Je suis candidate parce que je suis convaincue que nous méritons une autre Europe : une Europe sociale, démocratique et humaniste. Vous savez, alors que je travaillais au Parlement européen, j’ai un jour entendu un député ultralibéral attaquer la notion même de service public. Un député UMP présidait la séance. Savez-vous ce qu’il a répondu ? Rien. Je ne me reconnais pas dans cette Europe conservatrice. Aujourd’hui, je m’engage pour faire bouger l’Europe. Pour que l’on arrête cette course vers l’ultralibéralisme et l’austérité.
À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?
V.R : L’Europe doit permettre à ses citoyens de s’épanouir dans un espace de stabilité et de prospérité. Le parlement est la seule institution de l’Union directement élue par les citoyens. Il incarne l’intérêt général européen. Il lui revient d’harmoniser par le haut les législations sociales des Etats membres, de défendre un modèle égalitaire et solidaire contre le dumping social, la concurrence entre les travailleurs des différents pays.L’Europe sociale permettra de réunir les peuples de notre continent autour d’une solidarité et d’un modèle de protection collective partagé.
S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?
V.R : L’instauration d’un SMIC européen. Sans hésitation ! Je vous le dis, ma priorité est la construction d’une Europe sociale. Les Etats membres sont prêts à le faire. Même l’Allemagne a évolué : un salaire minimum va être introduit dès 2015. L’étape d’après sera la création d’un véritable budget européen, qui permettra la redistribution de prestations sociales européennes. Mais cela ne pourra pas se faire sans une Europe politique.
Existe-t-il selon vous une identité européenne ?
V.R : Savez-vous quel est le premier texte commun signé en Europe ? Ce n’est pas un traité économique. Pas plus qu’un accord de libre échange. C’est la Convention européenne des droits de l’homme. Démocratie, liberté, dignité, égalité. C’est cette déclaration de valeurs qui a fondé ce qui allait devenir l’Europe. Elle a une histoire commune, une culture commune. C’est un lieu de brassage, d’échanges commerciaux, mais aussi intellectuels et culturels.
Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?
V.R : Tout citoyen sait qu’il fait partie de l’Europe. La question est plutôt de savoir si en faire partie le satisfait Soyons clairs. L’Europe a beaucoup apporté : pour l’industrie française, avec Airbus par exemple ; pour la formation de nos étudiants avec le programme Erasmus. Ou encore pour la sécurité, en favorisant la coopération des Etats en matière de police et de justice. Mais cette dynamique s’est enrayée depuis trop longtemps, et la reconnaissance envers l’Europe s’effrite. Hors de ses frontières pourtant, l’Europe continue de faire rêver. Les manifestations pro-européennes en Ukraine par exemple, montrent bien que l’UE est toujours synonyme de démocratie, de stabilité et de prospérité. L’Europe fait rêver à l’extérieur et déçoit ses citoyens. C’est ce paradoxe qu’il faut combattre. J’aime cette phrase de Jacques Delors : « l’Europe, c’est comme la bicyclette : si elle n’avance pas, elle tombe ».
Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?
V.R : La première solution, très simple est de demander aux députés européens d’expliquer leur action. Leur responsabilité est double : ils doivent d’abord porter la voix et les attentes des citoyens dans l’hémicycle. Mais ils doivent aussi revenir dans leur circonscription pour rendre compte de l’activité des parlementaires.Il y a trop peu de circulation d’information, trop peu de retour des politiques une fois élus vers leurs concitoyens! C’est pour cela que je me suis engagée à revenir très régulièrement dans le Sud-ouest, faire des comptes-rendus de mon mandat. Il faut ensuite que les politiques nationaux cessent d’accabler l’Union européenne pour se dédouaner de leur responsabilité, et n’oublient pas d’en présenter les avancées. Par exemple, le Parlement européen a voté la semaine dernière la suppression des frais d’itinérance mobile au sein de l’UE. L’Europe va devenir un véritable « continent connecté ». Je ne me souviens pas avoir entendu beaucoup de politiques en parler …
Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?
V.R : C’est le moment de choisir. Est-ce que vous souhaitez continuer à subir une Europe de l’austérité, une Europe des marchés ? Ou est-ce que vous voulez une Europe sociale, qui protège ses citoyens et travailleurs ? Vous pourrez choisir votre Europe pour la première fois ! Vous choisirez le président de la Commission européenne, qui en fixe les orientations. En votant pour les listes PS et PRG le 25 mai, vous choisirez Martin Schulz pour qui « l’austérité en Europe est une erreur ».