Mais qui sont donc ces Pirates ? Pour en savoir un peu plus nous les avons soumis à la question au même titre que les autres candidats plus « traditionnels ». Ils ont répondu en groupe, un collectif qui marque l’ensemble de leur action pour ce parti qui se dit « le seul à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres ». Parmi les moments forts de leur campagne, vous pourrez les rencontrer mercredi soir dans leurs locaux de campagne du Port Saint-Sauveur, salle des bateliers, à Toulouse pour une réunion publique à partir de 20h30.
Pourquoi êtes-vous candidat ?
Parti Pirate : L’Union Européenne a besoin de parlementaires qui sauront dépasser le simple intérêt national pour défendre l’intérêt de tous les citoyens de l’Union. C’est pourquoi nous nous sommes constitués au niveau européen, basé sur un programme commun avec tous les autres partis pirates d’Europe. Nous sommes candidats pour porter les idées des citoyens, améliorer la transparence de la politique européenne, défendre les idées transpartisanes de notre programme et renforcer la démocratie en Europe. Nous proposons une Europe qui résistera mieux à la fois aux idées nationalistes et aux traités internationaux.
À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?
P.P : C’est à nous, citoyens, de définir le rôle de l’Europe et nous, membres du Parti Pirate, souhaitons que l’Europe avance dans l’idéal des droits de l’homme : libertés individuelles et libertés politiques. Seule institution européenne élue, le Parlement doit devenir le moteur de cette politique. Si le peuple choisit la politique qu’il désire voir mise en œuvre, l’UE disposera de deux atouts de taille :
– négocier avec sérénité face aux grandes puissances économiques
– et proposer un cadre de vie harmonieux où chaque individu aura sa chance et ses droits garantis.
S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?
P.P : Le dossier prioritaire est la réforme du droit d’auteur. Nous sommes déjà impliqués dans le dossier puisque nous avons participé et aidé les citoyens à participer à la consultation publique de la Commission en 2013. Le Parti Pirate s’est créé en réponse à la criminalisation du partage de la culture. Depuis, il se bat entre autres pour une réforme du droit d’auteur. L’industrie du divertissement nous ment depuis plus de dix ans pour conserver son monopole et, de fait, refuse de s’adapter à l’ère numérique et d’évoluer. Avec les 6 mesures suivantes, nous proposons de rétablir la concurrence censée s’opérer dans un libre marché :
– Droits moraux inchangés
– Autorisation du partage non-marchand
– Pas plus de 20 ans de monopole commercial
– Enregistrement des œuvres tous les 5 ans pour éviter les œuvres orphelines
– Libre remix
– Interdiction des DRM
Existe-t-il selon vous une identité européenne ?
P.P : L’Union européenne a été bâtie sur la volonté de vivre en commun et de partager des compétences communes. En poursuivant cet idéal, oui, l’identité européenne existe. De nombreux programmes favorisent cette identité, des programmes sportifs comme la H Cup ou la ligue des champions, mais aussi des programmes éducatifs comme Erasmus qui permet aux étudiants de l’Union d’étudier dans tout état membre. Cependant, le concept d’identité est erroné à l’échelle d’un continent aussi vaste et culturellement diversifié. L’identité passe essentiellement par la langue, or nous n’avons pas de langue commune historique. Celle qui s’est imposée pour faciliter les interactions de développement du commerce et de l’informatique est l’anglais, mais ce fait n’est pas propre à l’Europe. L’identité ne passe pas par la somme des individus. C’est en faisant des choses ensemble que l’on va construire cette identité, c’est pourquoi il est nécessaire de continuer la promotion d’évènements communs, qu’ils soient sportifs, culturels ou politiques.
Le citoyen européen est un métis culturel.
Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?
P.P : Oui. Nous bougeons facilement en Europe. Nous n’avons pas besoin de visa, ni d’autorisation de travailler. Nous nous rencontrons via Erasmus, E-twinning (échange européen entre scolaires). Le sentiment d’appartenance passe par la culture.
Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?
P.P : Le manque d’intérêt médiatique pour les institutions européennes vient du désengagement politique. L’UE dispose d’un potentiel économique, juridique et stratégique qui est gâché par quelques frilosités nationales. Beaucoup de citoyens européens se méfient de l’Union Européenne à laquelle ils reprochent un manque de transparence démocratique (Commission Européenne non-élue par exemple), ainsi que de nombreux conflits d’intérêt (lobbyisme, etc.). Ce sont ces sources de méfiance que les Pirates dénoncent, sur lesquelles ils sont très vigilants et veulent agir.
Nous voulons également rompre avec cette fausse impression des citoyens qui pensent que les sujets européens ne les concernent pas directement. Il est nécessaire de démystifier ces sujets pour les rendre plus concrets et expliquer pourquoi ils font partie du quotidien de chaque citoyen. Le Parlement Européen souffre d’une mauvaise image parce que les gens le voient comme une entité qui impose des contraintes plutôt qu’autre chose. Il y a un véritable déficit d’informations sur ce qui s’y fait, ce qui est voté, qui décide quoi et quels sont les enjeux véritables.
Exemple symptomatique : le jour où a été votée une définition claire de la neutralité d’Internet qui protège les libertés d’expression et d’entreprise pour les citoyens de l’Union, les médias n’ont parlé que des frais d’itinérance gratuits au sein de l’Union ! Et c’est sans compter sur le fait que les gouvernements qui se sont succédé rejettent systématiquement la faute sur l’Europe quand ils n’arrivent pas à faire quelque chose, et s’attribuent pour eux-mêmes les réussites européennes. Au contraire, il est important de montrer que l’échelon européen peut être un moyen de dépasser les égoïsmes et les blocages nationaux pour faire avancer les droits des citoyens.
Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?
P.P : Nous pensons que s’abstenir de voter n’est pas une solution. Il est indispensable de faire connaître son opinion, que ce soit par un vote blanc ou non. Le Parti Pirate est le seul parti à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres. Les idées et les valeurs qu’il défend sont simples mais souvent oubliées par les partis dits traditionnels : défendre les libertés, partager le savoir et restaurer la démocratie. Voter pirate, c’est voter pour une liste qui défend nos intérêts et non ceux des grands groupes.
Nos objectifs sont la réforme du droit d’auteur, la défense de la vie privée, le retour des citoyens au cœur de la vie politique, la transparence des institutions, la non-professionnalisation de la vie politique. Quels politiques se soucient aujourd’hui des violations de votre vie privée par l’État Français ? De l’espionnage industriel de masse opéré par les américains ? Des absurdités qu’engendre l’application excessive du droit d’auteur ? Les pirates s’assureront pour nous tous que les piliers de nos sociétés ne soient pas méprisés pour les intérêts de certains ou la soif de contrôle des autres.
D’ailleurs après seulement un mandat des deux eurodéputés pirates suédois, les premiers résultats sont visibles :
– Abandon d’ACTA
– Fin de la riposte graduée
– Adoption de la proposition de réforme du droit d’auteur par le groupe des Verts / ALE
– Protection de la neutralité du net
Enfin, pour ceux qui sont déçus de la classe politique professionnelle actuelle, plutôt que de vous abstenir ou de voter à l’extrême, le vote pirate est aussi un vote contestataire. Notre transparence politique ne pourra que vous le prouver. Nous resterons disponibles pendant le prochain mandat pour continuer à échanger et éviter le syndrome « chèque en blanc ». Les élections européennes ne doivent pas être l’expression d’un ressentiment, qu’il soit envers les politiques ou envers les citoyens, ni se limiter à une simple lutte de pouvoir. Le vote que nous ferons doit être celui du futur que nous voulons construire ensemble.
Patrick Noviello