La défaite de Pierre Cohen. Le retour de Philippe Martin dans le giron midi-pyrénéen. Gérard Onesta revient sur la séquence des municipales. L’amateur de guitare pointe les fausses notes. Le vice-président de la Région fait entendre sa partition sur la répartition des cartes entre « Europe-Ecologie » et le PS. Municipales à Toulouse. Les relations entre le PS et les écolos. Et un mot sur la succession de Martin Malvy. Gérard Onesta ne joue pas du pipeau. Il parle sans sourdine. Cela va écorcher quelques oreilles.
– Pierre Cohen a perdu le Capitole. Quelle analyse faites vous de cette défaite ?
– Gérard Onesta. Cette défaite ne remonte pas à dimanche dernier ni au dimanche d’avant. Elle a commencé au lendemain même de l’élection de Pierre Cohen (en 2008). Le lundi suivant son élection, les urnes étaient encore tièdes, il a remis en cause l’accord qu’il avait passé avec nous (Europe-Ecologie) en disant que la vice-présidence à la Communauté Urbaine, ce n’était plus possible. Dans la tête de l’électorat écologiste, ça s’est traduit par une petite musique : «Vous vous faites berner, on ne vous respecte pas». Il faut se mettre à la place de l’électeur écolo de base. Pendant six ans, il se dit que le PS local ne nous entend pas. Pourquoi voter pour des gens qui ne sont pas en capacité de se faire respecter ? Les socialistes ont réduit la crédibilité d’Europe Ecologie. Il ne faut pas s’étonner que les réserves de voix soient plus faibles et les reports plus chiches qu’espérés. A Toulouse, nous ne sommes pas à la maille nationale. Nous sommes 5 points sous le niveau d’Europe Ecologie au niveau national. Ce n’est pas la faute d’Antoine Maurice. Il a fait une bonne campagne, chiffrée, sérieuse, jeune. Cette décote est liée à l’attitude du PS. En voulant réduire les écologistes, le PS c’est réduit lui même. Le PS va-t-il faire cette analyse ? Ils sont capables de rester dans le déni et de dire que les écolos n’ont pas été gentils. Ils auraient du nous rejoindre au premier tour. On l’aurait fait, on perdait complètement notre électorat.
– Jean-Luc Moudenc, suite à son élection au Capitole, va démissionner de son mandat de député. Une législative partielle va se dérouler dans les prochaines semaines. Souhaitez-vous que le PS réserve l’ancienne circonscription de Jean-Luc Moudenc (la 3ème de Haute Garonne) à « Europe Ecologie » comme en 2012 ?
– Le PS nous a réservé la 3ème circonscription de Haute Garonne en 2012, une circonscription taillée par la droite pour la droite. On l’a accepté. Mais ensuite mettre en scène une dissidence (celle d’Alain Fillola) et la soutenir de manière aussi éhontée…Pour moi il y a une dette morale du PS sur cette circonscription. C’est aussi une question d’intelligence politique Est ce que les socialistes ont tiré les conséquences de ce qui s’est passé aux municipales ? On va le savoir très vite au travers de cette législative partielle. Si le PS est toujours dans «on est les meilleurs, on gagne tout seul», il y aura d’autres Pierre Cohen et Alain Fillola enterrés. Si, sur cette circonscription très difficile, les socialistes sont encore dans «on va recaser les sortants qui viennent d’être battus» et on va empêcher une offre plurielle à gauche, alors on en prend pour un moment dans la région.
– Autre conséquence des municipales : le remaniement gouvernemental. Philippe Martin n’est plus ministre. Il retrouve le chemin du Gers. Pour un Vert, c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle ?
– Gérard Onesta. Une grande part d’indifférence. La capacité d’action d’un ministre est surdéterminée par les décisions du Président de la République. Que l’on mettre un écolo pur jus ou un socialo bon teint, quand la vanne est fermée elle est fermée. Ce sont dans les étages supérieurs de Philippe Martin ou de Ségolène Royale que cela se joue.
– Et sur le retour de Philippe Martin, une réaction ?
– Gérard Onesta : Le marigot local dans le cadre de l’éventuelle succession Malvy vient de se garnir un petit peu plus. Il y avait déjà entre 5 et 12 candidatures possibles pour succéder au président Malvy, Philippe Martin en fait partie.
Propos recueillis par Laurent Dubois