05 Mar

Jean-Pierre Bel : un adieu et du panache

 

Qui l’aurait cru ? Surtout venant d’un politique que rien n’obligeait, à notre connaissance, à abandonner ses fonctions et tous les privilèges qui vont avec (nous parlerons des devoirs plus loin) ? Jean-Pierre Bel a annoncé ce jour au Monde qu’il ne sera pas candidat pour un nouveau mandat au Sénat, assemblée qu’il préside. Une décision a priori mûrement réfléchie puisque l’élu de l’Ariège explique : « dès les premiers jours qui ont suivi mon élection à la présidence, j’en ai informé François Hollande ».

Jean-Pierre Bel, un personnage politique plus que jamais hors norme. Je le revois encore, un jour où nous l’avions invité dans « La Voix est libre », débarquer en jean et polo, et demander où il pouvait se changer. Sans détour, je lui avais demandé en plaisantant s’il venait de Paris ainsi vêtu ou s’il se préparait déjà à son week-end en Ariège. Il m’avait répondu, sans en faire trop non plus, qu’il arrivait d’Empalot. Dans ce quartier qui l’a vu grandir, il était allé à la rencontre des jeunes, à la fois pour leur prouver qu’un « politique » reste accessible et que quelqu’un qui a grandi dans le même quartier qu’eux peut, un jour, devenir président du Sénat.

Jean-Pierre Bel MaxPPP

Jean-Pierre Bel MaxPPP

 

 

Aujourd’hui, il nous prouve qu’un haut personnage d’Etat peut aussi tirer sa révérence, sans apparemment y être obligé. « Je suis convaincu que pour redonner confiance dans la parole politique on ne peut pas s’en tenir à proclamer des principes, il faut être capable de se les appliquer (…) Rien ne m’oblige, et pour répondre par avance à certains commentaires orientés ou ignorants, en particulier pas la crainte des échéances à venir ».

Et le président du Sénat d’annoncer qu’il est sûr que ce dernier restera à gauche en septembre. « Ni déçu, ni blasé », il lance un appel à « tous ceux qui veulent donner du sens à leur citoyenneté à servir la République, à s’engager dans la vie politique ». Un appel à du sang neuf alors que lui-même laisse sa place à un âge où beaucoup d’élus sont loin de raccrocher.

 

Patrick Noviello