12 Nov

Ma vie aux urgences

« Les urgences, parfois, ont des allures de Vaudeville. Il manque le placard et l’amant caché dedans. Certains jours, l’opérette cède la place à la tragédie antique. L’hôpital est un théâtre : on y chante ce que nous sommes, ce qui nous détermine ou nous émeut. En bien, en mal, ce lieu est un athanor alchimique où se distille lentement l’humanité malade de la vie »

 

CVT_Alors-voilaLes-1001-vies-des-Urgences_484Le décor est ainsi planté. Baptiste Beaulieu est interne à l’hôpital d’Auch alors qu’il écrit ces lignes. Il raconte comme au théâtre mais en même temps il vit dans cet endroit et en ressent tous les sentiments inhérents.

L’auteur se prend d’affection pour une patiente en soin palliatifs, condamnée par un cancer et qui attend pour mourir que son fils, coincé par le nuage d’un volcan en Islande, puisse reprendre un avion pour venir la voir une dernière fois.
Elle lui dit :
– Une question me tarabuste depuis des années ? Pourquoi attendons-nous aussi longtemps aux urgences ? Y-a-t-il un secret ? Une sorte de mystérieux triangle des Bermudes qui naîtrait dans les salles d’attente et dilaterait les minutes en heures ?

L’interne rit intérieurement et repense à un patient vu quelques heures auparavant parce qu’il avait le coude douloureux seulement quand il l’agitait dans tous les sens. Quelle idée de faire ça à son coude… Ou encore un autre qui lui dit préférer venir à l’hôpital plutôt que de déranger pour rien son médecin généraliste !

Le narrateur reste toutefois objectif : le problème ne vient pas toujours des patients. Et Baptiste Beaulieu d’habiller certains de ses chefs pour l’hiver.
« Le chef Gueulard tient le téléphone devant le vide-ordure qui lui sert de bouche. Je l’entends vociférer au téléphone sa haine des Urgences, du personnel des Urgences, etc. pour lui, les Urgences sont le paillasson sur lequel il essuie ses frustrations ».

Les urgences un univers à part que Baptiste Beaulieu humanise par sa façon parfois onirique de voir les choses ou les situations. Il parvient à cet enchantement tout en remettant régulièrement les choses à plat :
« Aux urgences, les patients viennent puis repartent. Chez eux ou dans les services. On ne sait pas ce qu’ils deviennent : vie ? mort ? guérison ? aggravation ? Mystère… Pire on ignore qui est vraiment le coupable. »

Ce qui marquera le lecteur dans cette compilation de notes et de souvenirs (au départ un blog) c’est la description au plus près de la mort que fait le soignant. Sans fard mais sans pathos, sans pincettes mais sans volonté de choquer pour choquer. En atteste cette rencontre entre un de ses chefs et une patiente : « Je le vois se confier à cette parfaite inconnue sans m’en étonner : au seuil du grand passage, les convenances et les frontières sont abolies. Nous ne sommes jamais vraiment étrangers à une personne qui va mourir ».

Baptiste Beaulieu ne tombe pas plus dans l’angélisme quand il s’agit de décrire l’environnement économique dans lequel il évolue, un milieu où l’argent reste le nerf de la guerre (voir l’actualité sociale) : « L’argent est un sujet tabou à l’hôpital. Officiellement, la santé des gens ne se monnaye pas ! Officieusement ? il en est question partout. C’est comme une grosse pépite d’or qui roule dans les couloirs. On court après. Tout le temps. Le directeur, l’administration, les chefs de service, c’est une vraie chasse au trésor. A l’hôpital, officiellement, on ne parle pas d’argent. Le silence est d’or et cet or est joueur… ».
Lisez « Alors voilà » et vous ne verrez plus votre attente aux urgences de la même façon. C’est en partie pour ça que Baptiste Beaulieu a écrit ce livre, un ouvrage également hommage au personnel soignant.

Patrick Noviello

« Alors Voilà. Les 1001 vies des urgences ». Baptiste Beaulieu. Fayard.

Baptiste Beaulieu sera l’invité de « La Voix est Libre » consacrée aux urgences le 16 novembre.

08 Nov

Municipales Montauban : une liste PRG face à celle du PS

Un conditionnel de plus en plus affirmatif. A Montauban, la constitution d’une liste PRG se précise. L’hypothèse circule depuis plusieurs jours. Sur les antennes d’une radio locale, Dominique Salomon a évoqué, sans donner de détails, cette possibilité. Mais, visiblement, les choses avancent. La représentante de Jean-Michel Baylet livre un calendrier. D’après elle, une décision sera prise dans la semaine qui vient. Au maximum dans une dizaine de jours. Dominique Salomon reste prudente. Elle précise que « rien n’est définitif ». Néanmoins, elle estime « qu’il existe un espace pour les couleurs du PRG ». Des couleurs qui, d’ailleurs, pourraient être rehaussées par celles du MRC. Et pourquoi pas du Modem.

Les relations avec la tête de liste du PS expliquent cette envie d’autonomie. Le parti socialiste a fait le choix de l’ancien maire, Roland Garrigues. Et ça ne passe pas. C’est même ce qui peut faire trépasser un accord PS-PRG.

Depuis cet été, une impression de mépris et un sentiment d’arrogance gatent l’atmosphère. Ces derniers jours, les choses se sont dégradées.
Dominique Salomon ne « se reconnait pas du tout dans la vision et dans le projet » de Roland Gariggues. Le divorce est consommé. Un mariage était possible. Dominique Salomon était prête à convoler avec la députée socialiste Valérie Rabault. Les deux femmes s’entendent bien. Une place de numéro 2 sur une liste Rabault était envisageable. Mais, avec Roland Garrigues toute entente semble impossible.

Mercredi après midi le PRG a tenu une réunion nationale sur les municipales. Tous les coins et recoins de l’Hexagone ont fait l’objet d’une étude attentive et exhaustive. Listes autonomes, négociations avec les partenaires, demande de validation stratégique de la part des « cercles » (équivalents radicaux des sections locales socialistes)… Tous les aspects des municipales ont été passés en revue.

Jean-Michel Baylet et son responsable des élections, Guillaume Lacroix, ont délivré des feux rouges, oranges ou verts. Montauban a forcément été mis sur la table. C’est un poids lourds de Midi-Pyrénées. La deuxième ville de la Région. Mais c’est aussi et surtout une enclave dans le fief de Jean-Michel Baylet. Montauban est dans le Tarn-et-Garone. Et le Tarn-et-Garonne c’est le département du président du PRG. Si on ajoute à cela, l’actuel maire de Montauban, Brigitte Barèges et son duel permanent avec le système Baylet, impossible pour Dominique Salomon de parler d’une liste PRG sans l’aval du « patron ».

Un indice ne trompe pas. Dominique Salomon précise :  » il y a 8 jours on n’était pas dessus ». Et effectivement, il a fallu attendre le mercredi 6 novembre pour que le PRG tienne son conclave.

Une tentative de négociation musclée est toujours possible. « Retenez-nous, faites notre bonheur (en terme de places) ou ce sera un malheur ». C’est une tactique habituelle en période pré-électorale. Les partenaires se menacent et finissent par s’embrasser. Dominique Salamon fait peut être pression. Mais l’élue régionale est droite dans ses escarpins. Les veilles recettes ne semblent pas être sa tasse de thé. De plus, le rejet de Roland Garrigues (qui touche d’ailleurs une partie du PS) est très fort. Trop fort pour permettre une réconciliation sur le matelas d’un confortable accord.

Dominique Salomon fixe une échéance. Une décision devrait intervenir au plus tard vers le 17 novembre.

A suivre

Laurent Dubois

04 Nov

Exclusif : Municipales Albi, incendie au PS

Un couteau à deux lames. La première a tranché hier après-midi. Après des jours d’incertitudes, Bernard Gilabert a annoncé, dans un communiqué de presse, son retrait de la course aux municipales. Ce matin, dans un mail envoyé aux militants, il « coupe » avec la section du PS Albigeois.

Le candidat malheureux à l’investiture démissionne de son poste de secrétaire de section. Bernard Gilabert récuse toute division. Il appelle ses camarades à poursuivre la bataille des municipales. Mais, dans le même temps, il utilise des mots très durs contre Jacques Valax : « autoritarisme », « invective », absence de « valeurs de confiance et de respect ».

Ce coup d’éclat annonce et amorce une guerre des Roses. Bernard Gilabert assume seul une décision personnelle. Mais, évidemment, cette division va coûter des divisions à Jacques Valax. Des militants vont rester chez eux. Des petites mains, pour distribuer des tracs ou sonner aux portes, vont faire défaut. Evidemment, le choix des 25 000 électeurs albigeois ne dépend pas de l’action d’une poignée de sympathisants. Mais une dynamique interne, c’est toujours bon à prendre. Et mauvais à perdre.

Le courrier de démission de Bernard Gilabert

 

Du côté des partenaires potentiels, c’est également un mauvais message. Comme en 2008, le PS renvoie l’image d’une machine à perdre. Pour attirer à sa table, il faut avoir un menu attractif. Le goût de cendre d’une maison en feu n’a rien de très appétissant. EELV, le PRG et le Front de Gauche risquent de mal digérer le cocktail incendiaire du PS.

Enfin, s’agissant de l’opinion publique, le spectacle est désastreux. Dans un contexte national pesant, les socialistes dépensent leur énergie dans des querelles domestiques. L’électorat est bousculé par des mesures fiscales. Son seuil de tolérance envers les « gauloiseries » du village socialiste est égal à zéro.

Nous sommes encore loin du scrutin. De l’eau va couler sous le Pont Neuf, avant que les albigeois plongent dans le bain électoral.

Néanmoins les polémiques et les piques laissent fatalement des traces.

Laurent Dubois

Lire aussi Bernard Gilabert ne figurera pas sur la liste PS de Jacques Valax

01 Nov

EXCLU : Louis Aliot, le vice-président du FN défie le président du Sénat

Le début du commencement. Le décor des municipales se met progressivement en place. Constitution des listes. Tricotage des partenariats. Pour Louis Aliot, la pré-campagne prépare une autre campagne. Le vice-président du FN a les yeux braqués sur les mairies. Mais il a l’esprit tourné vers une autre échéance : les européennes.

Louis Aliot, vice-président du FN dans les locaux de France3 Midi-Pyrénées. Photo : LDubois/F3MidiPy

Louis Aliot, vice-président du FN dans les locaux de France3 Midi-Pyrénées. Photo : LDubois/F3MidiPy

Louis Aliot va être la tête de liste du Front National, dans le Sud Ouest, en mai prochain. De Bordeaux à Perpignan en passant par Toulouse, à cheval sur trois régions et dix huit départements, il va monter au front pour un décrocher un siège de député européen. Mais, avant le mois de mai il y a le mois de mars. Avant l’immense circonscription des européennes, il y a les petites et grandes communes de Midi-Pyrénées.

Louis Aliot lie les deux séquences. Le leader frontiste se dit « en pré-campagne » pour les européennes. Sa présence, sur le terrain local, est « l’occasion de faire une tournée ». Néamoins, Louis Aliot ne réduit pas les municipales à un tour de chauffe. Il rappelle les ambitions et l’implantation du FN dans notre région : « 14 listes en Haute-Garonne, 3 candidats en Ariège, 3 dans le Tarn-et-Garonne, 1 dans le Gers, 1 dans l’Aveyron et 1 dans les Hautes-Pyrénées ».

Le parti de Marine Le Pen est confronté à une « crise de croissance ». Les sondages traduisent une montée en puissance. Mais le parti manque de cadres et de militants. En Midi-Pyrénées, ce déficit de ressources humaines s’ajoute à la difficulté du terrain. Les départements de la région sont ancrés à gauche. Cet obstacle renforce le poids et l’impact de certains gestes.

Louis Aliot annonce que « Marine viendra certainement à Toulouse et (il) ne désespère pas de la faire venir à Carmaux ». La présidente du FN dans deux villes Roses vifs. Toulouse, c’est la ville dans laquelle Mitterrand, Jospin et Hollande ont terminé leurs campagnes présidentielles. Carmaux, c’est le pays de Jaurès.

Louis Aliot est vraiment de la génération Marine. Il a le gout de la communication. Il a également un vrai sens politique. Louis Aliot a compris un point essentiel : les victoires politiques ne passent pas uniquement par les urnes. La conquête des esprits est aussi un objectif stratégique. Le simple fait de monter une liste à Carmaux est une réussite. Cela permet d’adresser un message : on gagne du terrain. Et pas n’importe lequel. Un terrain autrefois interdit.

Dans cette (con)quête des symboles, Louis Aliot ajoute une nouvelle étape : un défi au président du Sénat. Ariégois d’origine, le vice président du FN « aimerai(t) monter une liste à Lavelanet, dans la ville de Jean-Pierre Bel. Ce serait symboliquement fort ». Il reconnait que « ce n’est pas facile ». Mais « il étudie attentivement la possibilité ».

Décidément, entre Carmaux et Lavelanet, Midi-Pyrénées est au cœur de la stratégie du FN.

Le parti de Marine Le Pen peut espérer des maires dans l’Est et le Sud-Est de la France. Mais c’est dans le Sud-Ouest qu’il déploie ses symboles.

Laurent Dubois

26 Oct

José Bové s’attaque aux lobbies du tabac et de l’agroalimentaire : « Holp Up à Bruxelles »

« Hold Up à Bruxelles ». Josè Bové dénonce une bande organisée. Dans son prochain livre, le député européen dévoile l’action concertée des lobbies. Industrie du tabac. Magnats agro-alimentaire. Auprès de la Commission ou du Parlement, ces puissances de l’ombre frappent à toutes les portes. Elles s’invitent et s’incrustent dans toutes les arcanes européennes.

« Ouvrage-témoignage » et « essai-porteur-de-solutions », le livre est construit autour de cinq exemples. Cinq exemples concrets et vécus. Au travers d’anecdotes croustillantes, José Bové arrache les masques. Il éclaire la face sombre du Pouvoir Bruxellois.

Bruxelles souffre d’une mauvaise image. Les sondages pointent une poussée des partis europhobes. Dans ce contexte, le grand déballage de José Bové peut mettre du sel sur les plaies. Son livre risque de faire le miel d’une Marine Le Pen. José Bové s’en défend. Il se définit comme un « pessimiste constructif ». Dans son esprit, ses révélations doivent permettre d’améliorer les choses. De la dénonciation d’un Mal doit naitre un Mieux. Belle philosophie.Joli pari.

« Holp Up » à Bruxelles. A paraitre mi janvier aux éditions de La Découverte.

Laurent Dubois

22 Oct

Léonarda : le contre-exemple ?

Voilà presque une semaine que l’encre et le fiel des déclarations coulent sur ce qui est devenu une affaire d’Etat : le dossier Léonarda. Mais que retenir au fond de cette histoire ? Surtout pas qu’il s’agit là d’un exemple de durcissement de la politique migratoire française. Le seul point positif à en tirer, s’il devait y en avoir un, c’est que désormais les forces de l’ordre ne pourront plus procéder à l’interpellation d’un mineur en situation irrégulière dans le cadre scolaire. Quoi de plus normal ? Arrêter un enfant dans ce qui doit rester un sanctuaire républicain est inadmissible et la nouvelle circulaire prise en ce sens devrait éviter toute bévue à l’avenir.

Asile refusé

Pour revenir sur le fond de l’affaire, Manuel Valls précise que la demande d’asile formulée par la famille Dibrani a été refusée à sept reprises. Des fraudes auraient même été relevées par l’administration. Ce à quoi le père répond dans « Le journal du dimanche » : « A l’Ofpra, ils savent bien que les demandeurs d’asile ne disent pas la vérité à 100% ». Les associations d’aide à ces demandeurs d’asile et aux sans-papiers apprécieront le tort que peut faire ce type de déclaration dans l’opinion publique. D’ailleurs, il est à noter que ces mêmes associations et autres organismes d’aide ont été très silencieux sur le cas Léonarda (sauf pour dénoncer ses conditions d’arrestation et la proposition de François Hollande).

Erreur politique

Beaucoup plus silencieux en tout cas que la classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues. Malek Boutih désormais député socialiste mais ancien patron de « SOS racisme » s’indigne en expliquant que « c’est la première fois qu’on demande à une enfant mineure de choisir entre sa scolarité et ses parents ». Ce que certains qualifient de « geste de générosité » de la part de François Hollande est considéré par beaucoup comme une erreur politique. Et c’en est sûrement une. Maintenant de là à dire qu’elle marquera irrémédiablement son mandat…

Instrumentalisation

L’ancien ministre UMP Bruno Le Maire, lui, ne fait pas dans la nuance qualifiant de « faute inexcusable » cette proposition présidentielle qui « bafoue » les lois de la République. Dans un langage plus brut de décoffrage, le père de Léonarda, décidément très disert, déclare dans le JDD « M.Hollande, vous avez merdé ! ». Alors que lui, en faisant de fausses déclarations, a sans doute eu l’attitude adéquate. Un peu de mesure que diable y compris de notre part, médias nationaux mais aussi internationaux, qui avons fait passer le dossier Léonarda d’abord comme un exemple d’intégration bafouée puis comme le symbole de l’incapacité de Hollande à présider aux destinées d’un pays.
Le vrai exemple dans cette histoire, c’est avant tout celui d’une instrumentalisation, celle qui a été faite d’une adolescente de quinze ans, dont se sont servis son père, puis une partie de la classe politique. Ces derniers ont certainement déjà oublié Léonarda et cherchent dès à présent un autre cas d’actualité à ériger en exemple.

Patrick Noviello

14 Oct

Municipales : Pour qui et pourquoi voter ?

Menaces de vote sanction contre l’actuelle majorité socialiste, appel à l’alternance, ombre du FN sur le scrutin. N’est-il pas temps de se poser les bonnes questions ?

Voilà que l’on nous fait d’une Cantonale partielle, un évènement majeur. Je parle évidemment de celle de Brignoles, dans le Var, pour ceux qui rentreraient d’un voyage de quinze jours au Groenland et ne seraient pas au courant. Quoi ? Le FN peut emporter une élection locale partielle avec 5000 voix ? Eh bien oui. Ce n’est pas une première et sûrement pas une dernière.

Les analystes de notre belle et palpitante vie politique n’ont pas attendu les résultats définitifs pour s’emparer du dossier. La mèche avait été allumée dès le premier tour. J’aurais bien aimé avoir autant d’échos et de téléspectateurs au moment où Laurent Dubois et moi-même, essayions d’expliquer les enjeux des dernières cantonales et à quoi sert un conseil général.

Brignoles et après ?

Donc les analyses sur l’effet Brignoles se multiplient mais pour nous dire quoi ? Principalement que le FN pourrait jouer un rôle majeur dans les prochaines Municipales et majoritairement dans les communes de moins de 3000 habitants. Mais ce parti a-t-il envie de gérer des petites villes ou des villages ? Eux-mêmes, j’en suis sûr, sont bien conscients qu’ils n’en auraient pas les forces vives. Mais le prochain scrutin est une caisse de résonnance formidable pour les Marinistes. Quant au suivant ? « Front National : le premier parti de France aux Européennes de juin » selon un sondage IFOP pour le Nouvel Observateur. Au nom de quoi ? Sur quels critères ? Décidément, le FN fait vendre du papier et des sondages.

Et puis nous sommes dans un pays qui aime bien se faire peur : « Imaginez si les frontistes entraient en force dans les Conseils Municipaux à la faveur du nouveau mode de scrutin ! », « Imaginez si la droite se décide à faire alliance dans l’entre-deux tours, comme ça, ni vu ni connu, avec des candidats sans étiquette mais qui seraient à la solde du FN ! », « Imaginez si telle ou telle commune venait à être conquise ! » et si, et si…

Hommes ou étiquette ?

« Pour qui et pourquoi vont voter les électeurs » reste sans aucun doute les seules questions qui vaillent d’être posées. N’est-il pas rabâché que pour des Municipales plus que pour toute autre élection, le citoyen vote pour un homme ou une femme qu’il connaît de près ou de loin, plutôt que pour une étiquette. Oui mais par exemple à Toulouse, quel nouvel arrivant connaît Cohen, Moudenc, Maurice, De Veyrac…. et Laroze.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que le FN puisse figurer au second tour à Toulouse. Et Serge Laroze, le candidat frontiste, n’y croit d’ailleurs pas lui-même à vrai dire ou tout du moins la dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il ne m’en a pas convaincu. Mais ailleurs qu’à Toulouse ? Dans les villes préfectures, les communes moyennes ou même dans les campagnes où les dernières Législatives ont été teintées d’un bleu très foncé sur certaines circonscriptions ?

Contestation et alternative

Là encore certains s’inquiètent, lancent des incantations menaçantes comme cette tête de liste socialiste désigné dans le Tarn et Garonne qui prédit un grand risque F.N à Moissac. D’autres ne voudraient pas que, l’année du centenaire de la mort de Jaurès, ses terres tarnaises plébiscitent le parti de Marine Le Pen. Des listes se préparent à Saint-Benoît de Carmaux et Carmaux.

Mais pourquoi utiliser le bulletin FN alors ? Pour contester, faire-valoir sa déception de « l’UMPS » comme on dit chez les frontistes ? Pour une alternative ? Pour changer ? Pour bien voir ce qu’ils seront capables de faire que n’ont pas réalisé les parti traditionnels (en dehors des sempiternels thèmes de la sécurité et de l’émigration) ? Les trottoirs seront-ils plus propres repeints en bleu marine ? Les routes seront-elles moins embouteillées ? Les impôts locaux vont-ils baisser ?

Parce que les véritables problématiques de ces élections, ce sont celles-là. Une vague plus ou moins bleue foncée au soir du 30 mars prochain ne renversera pas le gouvernement. François Hollande restera à l’Elysée jusqu’en 2017 et se représentera dans la foulée (je dis ça pour les impatients de droite comme de gauche).

En revanche :

  • si vous vous demandez pourquoi vous avez encore écrasé une déjection canine alors que vous leviez les yeux au ciel pour compter les étages de l’immeuble qui se construit en face de chez vous,
  • si vous vous rendez-compte qu’une heure de stationnement en centre-ville coûte désormais un euro cinquante mais qu’il y a plus de pistes cyclables ou encore que votre bus passe plus fréquemment qu’avant et qu’il est plus confortable,

là vous pourrez vous demander pour qui et pourquoi vous allez voté le 23 mars prochain.

Patrick Noviello

13 Oct

Exclusif : Municipales. Marine au pays de Jaurès. Des listes FN à Saint-Benoît-de-Carmaux et Carmaux

Un garage Renault à l’entrée de ville. Un bureau de poste. Une place de la mairie, un bar et une pharmacie. Saint Benoît de Carmaux ressemble à de nombreuses communes françaises. L’architecture des maisons et une cité rappellent un passé minier. Les plaques des rues mentionnent les noms de Jaurès et Blum. Mais d’autres villes sous d’autres cieux présentent le même visage. La présence, à une intersection, d’une affiche de Marine Le Pen n’est pas non plus caractéristique. Les « municipales » approchent. Un automobiliste tarbais ou lillois peut croiser, sur sa route, la figure du Front National. Et pourtant. Saint-Benoît de Carmaux n’est pas un endroit comme les autres. A deux kilomètres de son centre ville, dans la commune voisine de Carmaux, se trouve le célèbre monument de Jean-Jaurès. Saint Benoit c’est le pays de Jaurès. Ses 2152 habitants vivent et votent sur une terre emblématique. Ils vivent et votent dans la circonscription du tribun socialiste.

 

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

Le Front National s’invite dans le paysage. Marine Le Pen s’affiche sur les murs de Saint Benoît. Elle sera probablement présente dans les urnes. Tout un symbole. Le responsable départemental du FN, Jean-Paul Piloz, annonce l’existence d’une liste. A sa tête, une femme, Nicole Bousquet. Derrière elle, 11 noms. Au total, la liste doit obligatoirement compter 19 membres. il reste à trouver 7 candidats. Mais, d’après Nicole Bousquet, cela ne pose aucun problème :  » oh oui, on va boucler« . Elle en profite pour évoquer au passage la constitution d’une autre liste sur Carmaux. Si tout cela se confirme, Saint Bénoît, Carmaux et toutes les autres listes du département seront présentées à la presse dimanche prochain.

Membre du FN depuis 2000, Nicole Bousquet a déjà participé à des cantonales et des législatives. Mais, s’agissant des municipales, c’est inédit.

C’est une première pour elle. Mais surtout pour son parti. Jamais, auparavant, le FN n’est parvenu à fédérer des personnes et à susciter des candidatures. Saint Benoît a une municipalité communiste depuis 1977. Et, dans le carmausin, le rose et le rouge sont ultra dominants. La droite est quasiment inexistante. L’UMP peine à constituer une liste sur Carmaux. Les ressources humaines font défaut. Le principal parti de l’opposition n’est même pas certain de pouvoir présenter des candidats.

Dans ce milieu « hostile », le FN est resté sur le banc de touche pendant des années. Faute de candidats, le parti était exclu de la compétition municipale. Cette époque semble révolue.

C’est une « révolution » politique au pays de Jaurès.

L’UMP déserte la scène. En revanche, Marine Le Pen entre en piste. Au delà de la symbolique jaurésienne, le contraste est saisissant. Dans les rangs du FN, la satisfaction est évidente. Et l’enthousiasme ne se limite pas à une présence sur la ligne de départ. Frédéric Cabrolier est content de participer. Mais il espère bien gagner.

Candidat sur Albi, il regarde les municipales de Saint Benoît en voisin. Mais il est convaincu que des élus frontistes siégeront bientôt au conseil municipal de Carmaux et de Saint Benoît. Bien évidemment, il prêche pour sa paroisse. Frédéric Cabrolier a la foi du croyant. Mais des faits accréditent la thèse d’une implantation carmausine du FN.

En effet, le contexte localo-localiste est difficile pour la gauche. Dans le carmausin, des retraités qui autrefois ne payaient pas d’impôts sont désormais fiscalisés.

Le changement, c’est maintenant. C’est le temps des nouveaux contribuables. Du côté de carmaux, plus qu’ailleurs, le basculement dans l’impot a touché de nombreux retraités et des foyers modestes. Dans l’isoloir, les feuilles du Trésor Public vont peser. De plus le chomage frappe durement une région qui n’a jamais retrouvé, depuis la fin de la mine, le chemin de l’Emploi. Bref, impot et chomage composent un coktail explosif. L’abstention
et le vote sanction sont les deux alliés du FN. La faiblesse d’une offre UMP finit de jouer en faveur du FN. Frédéric Cabrolier est dans son rôle en (sur)vendant sa boutique.

Mais, objectivement, un « territoire-symbole » de la Gauche peut devenir un symbole de la poussée du FN.

Au pays de Jaurès, le Rose risque de prendre une couleur « Bleu Marine ».

Laurent Dubois

08 Oct

Pascal Bugis et le FN : « Je suis consterné » réagit Philippe Folliot, « c’est scandaleux » pour Christophe Borgel

Martin Malvy, Philippe Folliot, Christophe Borgel, Jean-Luc Moudenc et d’autres personnalités réagissent aux propos tenus, sur notre Blog et le site de France 3 Midi-Pyrénées, par le maire de Castres, Pascal Bugis. Des propos qui concernent le FN et d’éventuels rapprochements entre la droite et le parti de Marine Le Pen.

Voici un florilège de réactions dans la région :

Martin Malvy, Ancien ministre, Président PS du Conseil Régional de Midi-Pyrénées :

        « Une fraction de la Droite est tentée par le rapprochement avec le Front National et ses thèses extrêmes. Nous le savons depuis quelques mois. De nombreux Républicains de Droite se sont indignés. Ce n’est pas en faisant des offres de services au FN, comme le fait M. Bugis, que la Droite se reconstruira. Par contre, elle prend le risque d’abîmer sérieusement la République »

Philippe Folliot. Député UDI du Tarn :

« Je suis consterné. Pascal Bugis prépare les esprits à une alliance sur Castres avec le FN »

Jean-Paul Pilloz. Candidat FN municipales à Castres :

Au premier tour, on le jouera au FN. Au second, on peut s’entendre et négocier si Pascal Bugis respecte les dix points de la Charte édictée par Marine Le Pen. Mon adversaire c’est la gauche. Mon combat n’est pas contre la droite ».

Jacques Thouroude. Conseiller régional UMP, adjoint au maire de Pascal Bugis :

Je suis surpris. Il faut que je parle avec Pascal Bugis. Je suis sur la ligne de Jean-François Copé. La position de l’UMP au niveau national est très claire. Pas d’accords politiciens. Le vrai débat c’est de répondre aux attentes de nos concitoyens. Autrement ils se réfugient vers les extrêmes »

Samuel Cèbe, premier fédéral du parti socialiste du Tarn :

Il est urgent que tous les républicains de Castres unissent leurs voix pour rejeter en bloc le national populisme proposé par Pascal Bugis »

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne, responsable des élections du PS :

Une déclaration invraisemblable et scandaleuse qui part d’un présupposé erroné. Le discours du FN n’est pas entendu par la population. C’est faux. A Brignolles (une cantonale partielle dans laquelle le FN est arrivé en tête au premier tour), seul 13 % des électeurs ont voté pour le FN. Le maire de Castres accepte un parti dont les orientations sont contraires aux valeurs de la République. La question pour la droite et la gauche c’est de mobiliser leurs électorats. Pas d’aller chercher les électeurs du FN ».

Jean-Luc Moudenc, député UMP de Haute-Garonne, candidat aux municipales à Toulouse

Je ne participe pas à ce débat polémique dont le seul résultat est de faire monter le FN. Et moi je ne veux pas la montée du FN ! »

Bernard Carayon, maire UMP de Lavaur (Tarn), ex-député : 

Que les électeurs de gauche votent directement au 1er tour pour l’UMP et le FN ne constituera plus une menace! (via Twitter)

Gérard Onesta, vice-président EELV du Conseil Régional : 

Tous les dérapages sont permis. Marine Le Pen n’a plus besoin de dédiaboliser le FN. Les petits diablotins de la droite se chargent, à sa place, de dédiaboliser le grand Satan. La déclaration de Pascal Bugis c’est le chœur de l’armée brune. Tous les quarts d’heure on apprend qu’un baron de la droite a mis l’orteil sur la ligne rouge »

07 Oct

Exclusif Municipales 2014 : à Castres, le maire Pascal Bugis laisse la porte ouverte au FN

Dans moins de 6 mois, les castrais vont prendre le chemin des urnes. A Castres, comme ailleurs, les municipales sont au bout de la route. Le maire actuel, Pascal Bugis, reste, pour le moment, sur le bas côté.

Stop ou encore. Il faut attendre. Pascal Bugis n’a pas décidé d’embrayer sur un troisième mandat. Pour le moment,officiellement, il n’a pris « aucune décision ». Il est « dans une phase de réflexion ». L’action viendra plus tard. En attendant, le maire sortant se dit en mode cogitation et observation.

Il se présente comme un « spectateur désolé ». Il dénonce une « coalition régionale qui n’est pas faite pour aider Castres ». Derrière ce (re)sentiment général pointe une amertume particulière. Pascal Bugis ne cite pas l’autoroute « Castres-Toulouse ». Mais on devine qu’il vise les atermoiements gouvernementaux et les contorsions des élus régionaux.

Pascal Bugis, maire DVD de Castres

Pascal Bugis, maire DVD de Castres

Pascal Bugis doit, selon ses mots, « se battre éternellement contre des moulins à vents ». L’avocat de profession veut bien continuer à défendre sa ville. Mais, face à l’obstruction de la partie adverse, il ressent l’appel du barreau. Il évoque, sans donner de détail, un possible retour à la vie civile.

En politique, il faut savoir se faire désirer. Le scénario « retenez-moi ou ce sera un malheur pour vous et votre ville » est un classique. Pascal Bugis mime une vraie-fausse retraite anticipée. Il entretient artificiellement le suspens.

Toutefois, son dépit semble sincère. Le maire de Castres paraît agacé et même affecté par les pesanteurs et les lourdeurs qui pèsent sur sa ville.

En revanche, un abandon en rase campagne ne cadre pas. Pascal Bugis parle facilement, comme n’importe quel candidat déclaré, de son éventuelle liste. Il ne livre pas de noms. Il donne toutefois des indications.

« Si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude »

Sur le terrain, il « entend un vrai, vrai ras-le-bol ». Il constate surtout que, « dans la population, le FN est vécu comme une solution« . Le Front National « véhicule un discours qui est entendu par la population et qui correspond à une attente ».

Dans ce contexte, Pascal Bugis s’interroge : « si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude ».

Cette interrogation est, en réalité, un début de réponse.

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La porte n’est pas fermée. Elle est donc ouverte. Pascal Bugis n’envisage pas un accord avec le FN. Mais des ralliements sont possibles.

Pascal Bugis justifie cette ouverture politique par un refus des clivages idéologiques. « Dans une ville de 45 000 habitants, il faut des discussions franches, ouvertes, cordiales ». Des discussions qui dépassent les frontières partisanes.

Pascal Bugis peut accueillir le FN. Mais il ne rejette pas le Front de Gauche. En 2008, son représentant, Philippe Guerineau a éliminé le PS au premier tour. Il s’est maintenu au second grâce à une triangulaire.

Pascal Bugis rappelle qu’il a su cohabiter avec le représentant castrais de Jean-Luc Mélenchon : « j’ai tenu compte à plusieurs reprises des propositions de Philippe Guerineau. J’ai parfois orienter mon action en fonction de ses critiques ». Avec le Front de Gauche, pas d’appel du pied ou de main tendue. Mais une oreille attentive.

A Castres, le ballon d’essai devient un sport municipal. Dans la ville du CO, les références au Front de Gauche permettent de masquer un marquage. Le marquage du Front National.

Laurent Dubois

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