Dans moins de 6 mois, les castrais vont prendre le chemin des urnes. A Castres, comme ailleurs, les municipales sont au bout de la route. Le maire actuel, Pascal Bugis, reste, pour le moment, sur le bas côté.
Stop ou encore. Il faut attendre. Pascal Bugis n’a pas décidé d’embrayer sur un troisième mandat. Pour le moment,officiellement, il n’a pris « aucune décision ». Il est « dans une phase de réflexion ». L’action viendra plus tard. En attendant, le maire sortant se dit en mode cogitation et observation.
Il se présente comme un « spectateur désolé ». Il dénonce une « coalition régionale qui n’est pas faite pour aider Castres ». Derrière ce (re)sentiment général pointe une amertume particulière. Pascal Bugis ne cite pas l’autoroute « Castres-Toulouse ». Mais on devine qu’il vise les atermoiements gouvernementaux et les contorsions des élus régionaux.
Pascal Bugis doit, selon ses mots, « se battre éternellement contre des moulins à vents ». L’avocat de profession veut bien continuer à défendre sa ville. Mais, face à l’obstruction de la partie adverse, il ressent l’appel du barreau. Il évoque, sans donner de détail, un possible retour à la vie civile.
En politique, il faut savoir se faire désirer. Le scénario « retenez-moi ou ce sera un malheur pour vous et votre ville » est un classique. Pascal Bugis mime une vraie-fausse retraite anticipée. Il entretient artificiellement le suspens.
Toutefois, son dépit semble sincère. Le maire de Castres paraît agacé et même affecté par les pesanteurs et les lourdeurs qui pèsent sur sa ville.
En revanche, un abandon en rase campagne ne cadre pas. Pascal Bugis parle facilement, comme n’importe quel candidat déclaré, de son éventuelle liste. Il ne livre pas de noms. Il donne toutefois des indications.
« Si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude »
Sur le terrain, il « entend un vrai, vrai ras-le-bol ». Il constate surtout que, « dans la population, le FN est vécu comme une solution« . Le Front National « véhicule un discours qui est entendu par la population et qui correspond à une attente ».
Dans ce contexte, Pascal Bugis s’interroge : « si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude ».
Cette interrogation est, en réalité, un début de réponse.
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La porte n’est pas fermée. Elle est donc ouverte. Pascal Bugis n’envisage pas un accord avec le FN. Mais des ralliements sont possibles.
Pascal Bugis justifie cette ouverture politique par un refus des clivages idéologiques. « Dans une ville de 45 000 habitants, il faut des discussions franches, ouvertes, cordiales ». Des discussions qui dépassent les frontières partisanes.
Pascal Bugis peut accueillir le FN. Mais il ne rejette pas le Front de Gauche. En 2008, son représentant, Philippe Guerineau a éliminé le PS au premier tour. Il s’est maintenu au second grâce à une triangulaire.
Pascal Bugis rappelle qu’il a su cohabiter avec le représentant castrais de Jean-Luc Mélenchon : « j’ai tenu compte à plusieurs reprises des propositions de Philippe Guerineau. J’ai parfois orienter mon action en fonction de ses critiques ». Avec le Front de Gauche, pas d’appel du pied ou de main tendue. Mais une oreille attentive.
A Castres, le ballon d’essai devient un sport municipal. Dans la ville du CO, les références au Front de Gauche permettent de masquer un marquage. Le marquage du Front National.
Laurent Dubois